La puissance de la Blockchain ne se limite pas à des
transactions statiques : les contrats passés entre 2 agents peuvent
inclure des variables (performance ou valeur d'actif), d'où
l'utilisation des smart contracts.
En 1993, le concept du smart contract (ou contrat
`intelligent') est une invention pour automatiser les relations contractuelles,
en évitant toute intervention humaine. Tous les secteurs
économiques seront concernés (ex : obtention d'un prêt
bancaire, indemnisation d'un sinistre).
Selon Nick Szabo59 son promoteur, le smart
contract est un programme informatique mettant en application un contrat
traditionnel (non numérique) et exécutant automatiquement les
clauses de ce contrat dès que les conditions sont réunies. Il
doit améliorer l'efficacité et la
59 Szabo, N. (1997), Formalizing and securing relationships on
public networks, University of Illinois, First Monday, Vol. 2, n°
9, 1st September.
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rapidité d'exécution du contrat d'une part et
éliminer l'ambiguïté du texte écrit car il doit
être compris par une machine60, ce qui réduit le risque
de contentieux.
De plus, ces nouveaux processus appliqués à la
gouvernance des entreprises pourraient permettre une plus grande
réactivité61.
Le code est autonome, les parties prenantes (humaines) n'ont
plus à interagir et n'interférent pas dans son
déclenchement. Il est important de préciser que le smart contract
ne se substitue pas au contrat traditionnel, il n'est que sa reproduction en
langage informatique. Tout seul, il n'a pas de valeur juridique (Collomb,
2016), il faut donc au préalable qu'un contrat ait été
négocié et validé.
A ce jour, la technologie Blockchain renforce la tendance
à s'appuyer sur le code informatique plutôt que sur la
loi62.
Le juriste américain Lawrence Lessig l'a
synthétisé dans la formule « code is law »63
qui signifie que le code informatique et les contraintes inhérentes
à la programmation peuvent influencer la manière dont le droit
s'appliquerait, voire la manière dont la loi ou les contrats seraient
rédigés.
Nous nous trouvons face à un système où
la confiance est déléguée d'un tiers ou d'un
dépositaire à un protocole (le consensus) et à un code (le
smart contract). Ce code étant produit par des humains, il peut donc
être aussi faillible qu'eux et pourrait nécessiter des
procédures de résolution comme dans les domaines financiers ou
des assurances64.