2.2 Le contexte idéologique et
socio-économique : crise de confiance suite à la crise des
subprimes
Ces différentes évolutions techniques et
légales auraient pu rester confidentielles et confinées à
des niches à l'avenir limité, mais elles allaient rencontrer une
combinaison d'acteurs et d'événements catalyseurs aboutissant
à des innovations dont le grand potentiel s'est confirmé avec le
temps.
25 Clark, T. (1998), DigiCash loses U.S. toehold, CNET,
September.
25
2.2.1 La protection de la vie privée et
indépendance des institutions
De nombreux acteurs qui militaient en ce sens depuis le
début des années 90 participaient à un groupe informel
nommé les « cyberpunks ». Parmi ceux-ci se trouvaient le
créateur de WikiLeaks (Julian Assange), le développeur de Tor
(réseau Internet plus ou moins sous-terrain), l'inventeur du protocole
SSL qui protège entre autres nos paiements en ligne, le fondateur de
BitTorrent (site d'échange de fichiers, en particulier de musique et de
vidéo) ou le concepteur des smart contracts (Nick Szabo), dont nous
reparlerons par la suite.
Ceux-ci étaient animés entre autres par une
défiance vis à vis d'autorités régulatrices qui
leur semblaient menacer de plus en plus les libertés individuelles. Il
ne manquait qu'un catalyseur pour que ces divers éléments
débouchent sur la création d'une monnaie numérique
indépendante de toute autorité centrale.
2.2.2 La crise financière et monétaire
La bulle des prêts hypothécaires à risque
dit « subprimes » éclate aux US en 2007 suite à des
dépréciations d'actifs liés aux subprimes de la banque
HSBC, suivies par la faillite d'une cinquantaine de sociétés de
prêts hypothécaires en particulier en Californie et en Floride
où la bulle immobilière était la plus importante. Cette
bulle avait en partie été alimentée par les taux bas
pratiqués par la Réserve Fédérale
américaine.
L'éclatement de cette bulle conduisit à une
grave crise bancaire et monétaire menaçant le système
financier mondial. En effet, la présence de produits
dérivés contenant des subprimes dans le bilan d'un grand nombre
de sociétés financières provoqua une crise de confiance
entre les banques qui ne voulaient plus se prêter de l'argent entre
elles. Ceci déboucha sur une pénurie générale de
liquidités qui aurait pu conduire à un effondrement financier.
Les Banques centrales injectèrent fin 2008 des
liquidités à un niveau inconnu jusque-là : 2.500 Mds de $
pour racheter des dettes d'état et des actifs bancaires douteux et 1.500
Mds de $ pour recapitaliser les banques « too big to fail ». Elles
baissèrent leurs taux d'intérêt autour de 0% pour mettre
fin à la récession. Celle-ci dura aux Etats-Unis de 2007 à
2009 et la loi de protection des consommateurs et de réforme de Wall
Street,
26
dite loi Dodd-Franck, entra en vigueur en juillet 2010 pour
empêcher la réapparition de certaines causes de cette crise.
La confiance dans les banques, en particulier à cause
de la porosité entre les activités de banque commerciale et de
banque d'investissement et de marché, s'en est trouvée fortement
ébranlée. De même, la politique des Banques centrales en
matière de taux d'intérêt et de rachat d'actif n'a pas fait
l'unanimité.
2.3 Une réaction : la crypto-monnaie, le
Bitcoin
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