CHAPITRE 4 : MISE EN OEUVRE DES
CLASSES PASSERELLES
Le chapitre 4 analyse les facteurs de la mise en oeuvre des
classes passerelles en Côte d'Ivoire. Il comporte quatre sections,
à savoir : le contexte et les acquis de la mise en oeuvre, les facteurs
explicatifs de l'efficacité des classes passerelles et leur renforcement
après 2014. Ces différentes sections visent à
présenter et à analyser les résultats obtenus par les
classes passerelles tout en tenant compte de leur contexte de mise en
oeuvre.
La première section relative au contexte relève
trois aspects environnementaux indissociables ; il s'agit du conflit
armé de 2002, de la crise post-électorale de 2010/2011 et du
contexte socioéconomique défavorable. L'analyse de ces trois
éléments devra permettre une compréhension des facteurs
exogènes de la mise en oeuvre. La seconde section présente neuf
sous-sections relatives aux acquis des classes passerelles, à savoir :
l'accès et la réouverture de l'école, l'accroissement de
l'offre éducative, la gratuité de l'école,
l'intégration des élèves à l'école
conventionnelles, l'implication de l'Etat au projet des classes passerelles,
l'inscription des classes passerelles sur la carte scolaire, les performances
post-passerelles satisfaisantes et l'adéquation du profil des
enseignants des classes passerelles.
La troisième section analyse les facteurs susceptibles
d'expliquer la bonne performance des classes passerelles. Il s'agit, notamment,
des facteurs organisationnels, des facteurs pédagogiques, des facteurs
individuels. Une analyse de variance permet de dégager les facteurs les
plus influentes et de les hiérarchiser. Dans cette veine, les variables
les plus influentes sont mises en exergue. Ce sont les variables
«participation communautaire», «gestion du projet» et
«mise en place du projet». Enfin, la dernière section
présente des actions de renforcement des classes passerelles
après 2014, à travers des actions diverses de formation. Dans
205
quelle mesure ces différentes sections
participent-elles à une meilleure compréhension de la mise en
oeuvre des classes passerelles ?
1. Contexte de la mise en oeuvre
Le projet pilote des classes passerelles est initié et
conduit par l'organisation non gouvernementale Ecole Pour Tous (EPT), avec son
partenaire technique et financier UNICEF. Créée en 2003,
c'est-à-dire en pleine crise militaro-politique en Côte d'Ivoire,
l'ONG EPT oeuvre exclusivement dans le domaine de l'éducation. Elle a
été suscitée par l'état de détresse des
écoles dans les zones dites « zones de guerre »
(appelées plus tard zones Centre Nord et Ouest).
Au plan stratégique, l'ONG EPT dispose d'un bureau
exécutif en charge des questions administratives. Au plan
opérationnel, elle a mis en place une équipe en charge de la
gestion des projets écoles. Pour réussir sa mission, EPT
collabore avec les partenaires de l'éducation. Dans le cadre des classes
passerelles, il s'est agi pour elle, de prendre le relais de l'école
officielle qui était absente, du fait de la crise. Le contexte de la
mise en oeuvre des classes passerelles se caractérise par une phase de
reconstruction post-crise et un environnement de scolarisation difficile. Cet
environnement est celui des zones CNO, lieu d'implantation des classes
passerelles. C'est un environnement où les infrastructures scolaires
sont encore dans un état de dégradation avancée et il est
caractérisé par une faible couverture de scolarisation à
l'image de la situation nationale. Le contexte socioéconomique est
décrit comme suit :
la pauvreté s'est fortement accrue en Côte
d'Ivoire entre 1985 et 2012, sous l'effet des différentes crises qui ont
secoué le pays sur la période. Avec le retour à la
normalité, qui a favorisé la reprise économique et la mise
en place de certaines politiques de soutien aux ménages (hausse des prix
des produits agricoles, gratuité de certains services sociaux), la
pauvreté a connu un recul en 2015 (ENV, 2015). En effet, de 10,0 % en
1985, le taux de pauvreté a atteint 48,9 % en 2008, avant de diminuer
à 46,3 % en 2015 (...). Comme pour les années antérieures,
la pauvreté est plus accentuée en milieu rural (56,8 %) qu'en
milieu urbain (35,9 %). Par ailleurs, de fortes disparités se-
206
lon les régions sont observées, le niveau de
pauvreté variant de 22,7 % dans la ville d'Abidjan à 71,7 % dans
la région du Kabadougou.282
Ces taux de pauvreté, à savoir 48,9% en 2008 et
46,3 en 2015 émanent de l'enquête sur le niveau de vie (ENV 2015).
Le rapport du PNUD 2014 estime que « d'autres mesures de la
pauvreté laissent présager une dégradation de la situation
entre 2008 et 2012. La population en situation de pauvreté
multidimensionnelle est estimée être passée de 50 % en 2005
à 59 % en 2012 283». Ces taux sont plus
élevés dans les zones CNO du fait des conflits. Les classes
passerelles interviennent ainsi dans une situation de
vulnérabilité des populations des zones CNO.
|