3.3.3 Exploitation forestière
Elle est une activité d'envergure nationale. Elle
regroupe la fabrication du charbon du bois, l'exploitation du bois d'oeuvre et
du bois comme source d'énergie.
- Autrefois dans cette commune, l'exploitation à travers
la fabrication du
charbon du bois était une activité qui se faisait
avec des espèces spécifiques. Rappelons avec Idjigberou,
(2007) que le choix du point de carbonisation par le
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producteur, est souvent déterminé par la
présence dans l'environnement immédiat, d'essences produisant du
bon charbon de bois. Mais de nos jours, le charbon de bois se fait avec toute
sorte d'espèces à cause du manque ou de la rareté des
espèces spécifiques pour sa production. Cette activité n'a
pas d'affluence dans la commune car son écoulement est très lent.
Seule pendant la saison pluvieuse, on constate une évolution de la
production du charbon de bois destinée à la commercialisation
(photo 4). Ceci est remarquable dans l'arrondissement de Ouénou
où il est plus produit. L'augmentation de la production du charbon est
simultanée au degré de dégradation du couvert
végétal. Les enquêtes de terrain révèlent que
les producteurs de charbon de bois utilisent les arbres morts ou tués
par les agriculteurs et le reste des troncs d'arbres laissés par les
scieurs après avoir coupé le tronc pour les madriers. A la
lecture des résultats du tableau II, on retient que les habitants de
l'arrondissement de Ouénou sont plus impliqués dans la production
du charbon
de bois. Ceci s'explique par la présence dans cette
localité, des habitants originaires de l'Atacora qui
s'intéressent plus à cette activité.
Photo 4 : Sacs de charbon exposés
à la vente à Ouénou
Prise de vue : Guidigbi, octobre 2013
- L'exploitation forestière quant à elle, est
une activité sélective. Elle se pratique avec l'utilisation des
outils peu mécanisés (scies à main, les
tronçonneuses) et les techniques encore traditionnelles qui favorisent
son développement. Les
exploitants sélectionnent les espèces
végétales avant la coupe car, ils sont souvent assistés
par un agent des eaux et forêts lorsqu'il s'agit des exploitants
agréés. L'agent des eaux et forêts fait d'abord le constat
au lieu de coupe puis leur délivre un permis de coupe ainsi que des
redevances à payer, avant de passer à l'acte. Mais la plupart de
ces exploitants ne respectent pas ce processus : ils sont majoritairement des
frauduleux. Ils coupent les espèces un peu partout dans la commune et
précisément dans les localités où ils constatent la
densité des essences forestières. Les arrondissements les plus
fréquentés dans cette commune sont ceux de : Gnokourakali, Tasso,
Nikki-centre et Ouénou. Les espèces les plus recherchées
sont : Afzelia africana, Isoberlina doka, Pterocarpus erinaceus,
Khaya senegalensis. Ces espèces sont coupé puis
transformé en madriers qui sont destinés à la vente (Photo
5). Mais la rareté de ces espèces à l'âge
d'exploitation ou ayant une circonférence inferieure à 60 cm
poussent les exploitants à aller vers d'autres localités et
à couper les espèces autrefois négligées (Photo 6).
Certains parmi ces exploitants vont jusqu'à Kalalé,
Ségbana et dans la forêt classée du Nigéria pour la
coupe, à cause de l'abondance de gros arbres qui existent dans ces
localités. Ils utilisent en majorité les tronçonneuses
(Photo 7) : un outil interdit par les textes de l'exploitation
forestière en République du Benin et rarement les scies à
main.
Photo 5 : Dépôt de vente de
madriers à Nikki
Prise de vue : Guidigbi, septembre 2013
Photo 6: Pied de parkia coupé
à Sérékali Prise de vue : Guidigbi,
octobre 2013
Photo 7 : la coupe à l'aide d'une
tronçonneuse à Sérékali
Prise de vue : Guidigbi, septembre 2013
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Autrefois, pour cuire les aliments les populations rurales se
basaient sur le ramassage des bois morts et exploitaient quelques
espèces connues pour leur qualité en combustion. Mais de nos
jours la pression démographique avec pour corolaire la rareté des
ressources fait que les prélèvements se sont étendus aux
arbres sur pieds surtout aux arbres négligés auparavant et cela
favorise rapidement la surexploitation du couvert végétal. Le
bois de feu et ses dérivées constituent la principale source
d'énergie domestique utilisée pour la cuisson d'aliments,
l'artisanat, ou à diverses autres fins (Dossou-koÏ, 2012). Il
ressort enfin que le prélèvement du bois de feu est l'apanage des
femmes (Mouhamadou, 2005). Elles fendent les arbres morts, bois secs
tombés ou tués par les cultivateurs et abattent les gros arbres
en montant sur ces derniers puis les ébranchent. La collecte des
morceaux de bois ou fagots sont possibles grâce à l'utilisation
des machettes. Les bois fendus sont enfin transportés sous forme de
fagot dans les ménages par les femmes et par les cultivateurs du retour
des champs, ceci pour des fins socioéconomiques. Les espèces les
plus recherchées sont Isoberlina doka, Vitellaria paradoxa,
Diospyros mespiliformis, Prosopis africana, Piliostigma thonningii etc.
à cause de la qualité d'énergie qu'elles
fournissent.
On note aussi certaines pratiques endogènes dans cette
commune qui ne sont pas sans danger pour la régénération
des ressources forestières. Le prélèvement des
espèces à vertus médicinal par les guérisseurs
traditionnels participe également à la destruction du couvert
végétal. Ces derniers ôtent des espèces
forestières les feuilles, les écorces et les racines pour le
traitement des maladies des populations.
A l'instar des activités liées à
l'exploitation forestière, une activité non moins importante est
celle de la chasse : elle se pratique périodiquement et est
caractérisée par l'abattage des animaux et les feux de
végétation organisés par des groupes d'individus et
précisément en saison sèche. Elle représente un
facteur de destruction des espèces herbacées et constitue aussi
un handicap pour la croissance des espèces en voie de
régénération.
Notons également l'effet de dégradation des
espèces (végétales et animales) par des travaux publics
lors de la construction des infrastructures routières (bitumage des
voies, ouverture des déviations et exploitation des carrières de
sable) et la mise en
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place des infrastructures sanitaires (hôpitaux, centres
de santé...etc.), scolaires (écoles), et socioculturelles (centre
de loisirs, terrains, ...Etc.). Signalons de même la coupe du bois par
les scieurs sous autorisation des chefs villageois ou les collectivités
villageoises en vue de satisfaire leurs besoins en charpentes des toits de
maisons.
Une autre situation encore criard est celle de l'implication
des chinois dans le circuit commercial du bois autorisée par le
gouvernement béninois, ce qui entraine une dégradation galopante
du couvert végétal.
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