VI.2 Effet de la paille de riz sur le pH, le P
solubilisé, le nombre de bactérie et le COD
Les résidus organiques, comme la paille de riz,
apportés au sol sous forme de litières, de composts constituent
une source d'éléments nutritifs pour les organismes vivants du
sol, animaux ou végétaux et permettent d'améliorer le
rendement des cultures et certaines caractéristiques physico-chimiques
du sol (Lompo et al., 2009).
L'apport de la paille de riz dans le sol a montré une
baisse du pH du milieu après son incorporation au sol comparativement au
traitement sans paille. La baisse du pH s'expliquerait par le processus de
décomposition et de minéralisation de la paille de riz, à
travers la libération du carbone organique dissous (COD), comme le
montre cette étude, et anions d'acides organiques dans le milieu
(Chaibou, 2013). En effet, la dégradation de la paille de riz dont la
teneur en phosphore (1,6 mg/kg) va favoriser la minéralisation du
phosphore du sol et par conséquent va augmenter la teneur en P soluble
du milieu (Koulibaly et al., 2010). Pour Plassard et al.,
(2015), l'apport de matière organique (paille de riz) comme source
de carbone dans le milieu a stimulé la minéralisation de P du sol
et de de la paille.
Par ailleurs, en présence de la paille de riz, nos
résultats indiquent une augmentation du phosphore soluble du sol qui
s'accompagne de la production du carbone organique dissous dans le milieu, de
la prolifération des microorganismes solubilisateurs de phosphate (MSP)
et de l'acidification du milieu. Ce changement des paramètres (COD, P,
pH, MSP) du milieu serait probablement dû à la dégradation
des résidus organiques (paille de riz) par les microorganismes du sol et
à la libération d'acides organiques tels que les acides
oxaliques, citriques et tartriques lors de la décomposition de la paille
de riz, modifiant ainsi le pH du milieu. Ces résultats sont en accord
avec ceux de Bongoua-devisme et al., 2012, qui ont observé une
baisse du pH du sol et une augmentation du nombre de bactéries
après apport d'amendement organique dans les sols de rizières de
la Thaïlande, affecté par les problèmes de salinité,
dû probablement aux activités Ferri réductrices des
bactéries.
VI.3 Effet des amendements phosphatés sur les
paramètres du milieu
L'étude de l'efficience des amendements
phosphatés (AP) composés de différentes proportions de
roche phosphatée (RP) et de triple-super-phosphate (TSP) sur les
paramètres d'un sol a montré qu'au cours de l'incubation,
l'apport de l'AP augmente le pH du milieu comparativement au traitement sans
apport de AP. Cependant, nos résultats indiquent que la proportion de
roche phosphatée (RP) contenue dans l'amendement phosphaté
influence la variation du pH. En effet, lorsque l'AP contient une faible
proportion de RP (0 à 40%RP), le pH croît lentement et ce qui fait
que nous n'observons pas de différence significative entre le pH
déterminé sous ces traitements et le traitement sans AP. Par
contre, sous les
49
traitements riches en RP (60 à 100% RP) le pH
croît rapidement et se traduit par une différence significative
comparativement aux traitements sans AP. Pour Dabre et al., (2017),
cette augmentation rapide du pH serait liée au calcium contenu dans ce
phosphate naturel du Maroc (49 % Ca) qui, en se liant au complexe
argilo-humique permettrait de baisser la concentration des ions H+
dans la solution du sol et par conséquent augmenter le pH du milieu. Nos
résultats ont montré que plus les proportions de RP sont
élevées dans les traitements, plus le pH augmente, ce
résultat corrobore à ceux obtenu par Abbasi et al.,
(2015) qui ont montré que les traitements avec RP ont donné des
pH plus élevés que ceux avec des traitements avec un engrais
soluble (Simple Super Phosphate).
Nos travaux ont également révélé
que l'apport de l'amendement phosphaté augmente très
significativement à P=0,001 la teneur en P du milieu comparativement aux
traitements sans AP, mais cette teneur en P est plus élevée
lorsque la proportion de RP dans l'amendement phosphatée est faible (0
à 40% RP). Cela peut être lié au caractère des deux
types d'amendement. En effet, des études ont révélé
que les roches phosphatées naturelles sont peu solubles dans l'eau alors
que le triple super phosphate (TSP) est un engrais minéral facilement
soluble. Smalberger et al., (2010) ont abordé dans le
même sens en montrant que l'application d'engrais phosphatés
solubles libère rapidement du phosphore pour les plantes tandis que
l'application de RP seul libère lentement le phosphore mais son effet
s'étend sur plusieurs années (FAO, 2004; Smalberger et
al., 2010).
Toutefois, il ressort de cette étude, qu'en condition
naturel (c'est-à-dire sur le sol non stérile), la plus importante
quantité de P solubilisé ont été observé
sous les traitements avec 0 % RP et 100% TSP (sur sol non stérile non
inoculé) et avec 60% RP et 40% TSP (sur sol non stérile
inoculé). Ce qui traduit que le traitement 60% RP et 40% TSP
associé aux microorganismes pourra être proposée pour des
essais au champ afin de réduire le coût élevé des
intrants chimiques.
VI.4 Effet de l'inoculation sur l'efficience des
traitements
L'étude de l'effet de l'inoculation sur l'efficience
des différents traitements appliqués a indiqué que dans
l'ensemble l'apport de microorganismes solubilisateurs de phosphate (MSP) dans
le milieu baisse significativement le pH, augmente très hautement
significatif (P=0,0001) la quantité de carbone organique dissous COD, le
nombre de BSP. L'inoculation augmente également significatif la
quantité de P solubilisé excepté sur le sol non
stérile. Cette baisse progressive du pH du milieu sous les traitements
inoculés pendant l'expérience pourrait provenir de
l'activité des microorganismes du sol et particulièrement des MSP
qui en décomposant la matière organique (la paille de riz) ou en
minéralisant les amendements phosphatés pour leur croissance vont
secréter des acides organiques dans le milieu qui
50
vont affecter le pH (Salma, 2015 ; Yu et al., 2011).
Des résultats similaires ont été obtenus par Abbasi et
al., (2015) qui ont observé une baisse du pH baisse avec apport
d'inoculum au cours de la minéralisation du P. Par ailleurs, cette
minéralisation de la paille et des amendements phosphatés s'est
accompagnée d'une plus forte production de COD et une solubilisation de
P plus importante après inoculation comme déjà
signalé dans les travaux de Bongoua-Devisme et al., (2012).
Il ressort de cette étude que quel que soit le type de
sol, à l'exception du traitement avec 0%RP, l'apport de l'inoculum dans
chaque traitement augmente très hautement significatif à
p<0,0001 la quantité de P solubilisé dans le milieu
comparativement aux traitements sans inoculum, surtout quand l'AP est pauvre en
RP (20% à 40%RP). De même, l'inoculation affecte significativement
à p<0,0001 le pH du milieu surtout sous les traitements avec 90 % RP
et 60% RP et COD sous tous les traitements inoculés comparativement aux
non inoculés. Cette augmentation est plus marquée sous les
traitements contenant 40 à 80% RP. Ces résultats suggèrent
une combinaison des bactéries solubilisant le phosphate BSP aux roches
phosphatées pour améliorer la réactivité des RP. De
plus, les plus fortes solubilisations observées lorsque la roche
phosphatée est associée aux engrais solubles (TSP), confirment
les travaux de Begum et al., (2004) qui a constaté une
amélioration substantielle du P disponible en associant RP avec du SSP
(Simple superphosphate) et du MAP (phosphate monoammonique). Notre étude
a également révélé que les BSP sont aussi efficace
pour augmenter l'efficacité du triple super phosphate (TSP).
Il ressort de cette étude que la combinaison BSP / RP /
engrais phosphatés solubles pourrait augmenter l'efficacité de
ces derniers afin d'accroitre le P disponible pour les plantes.
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