I.6. LES IFDs FACE A L'INSOLVABILITE DES DEBITEURS
Toutes les structures disposent d'un service de
remboursements, même s'il est embryonnaire à beaucoup
d'égard. Les taux de remboursement dans les délais des emprunts
contractés par les clients restent en général faibles. Ils
avoisinent pour certains 45% et d'autres 75%. Cela fait que le remboursement
des épargnes en pâtit également et que cela met souvent les
structures IMF en difficulté. Conformément à la spirale
habituelle déjà fortement documentée, les cas de
crédits considérés comme cadeau sont fréquents non
seulement pour les structures de financement initiées par l'Etat et pour
lesquelles les interférences politiques sont manifestes, mais aussi pour
les structures des ONG où certains responsables eux-mêmes servent
de filière pour le dérapage et le manque de sérieux dans
la collecte et la distribution des fonds. On finit par assister à ce que
Gentil et Fournier appellent ou qualifient de
solidarité perverse dans le non-remboursement,
surtout lorsque les attitudes et les actes des structures sont
observées par les
bénéficiaires.43 Nous n'avons pas
examiné en profondeur les taux de remboursements car les chiffres ne
nous ont pas été donnés, mais la plupart des
opérateurs du secteur se plaignent d'incapacité des emprunteurs
de rembourser dans les délais sans plusieurs rappels. Des motifs ou cas
sociaux sont très avancés, y compris les imprévus et les
aléas de conjoncture pour délayer et obtenir un moratoire sur les
fonds dus et les intérêts. Certains estiment qu'à ce
rythme, les agences ne sauront plus subvenir aux différents frais
d'exploitation et d'octroi de crédit. Les modalités de suivi des
prêts sont différentes d'une IMF à une autre. Dans les
COOPEC, on dénombre plusieurs types de suivi. Il s'agit notamment des
modèles suivants : le contrôle de surveillance des
activités, le contrôle après échéance de 15
jours par la commission de crédit, le suivi de conformité de
crédit, le suivi après retard d'un mois, le suivi au début
de l'activité après un mois par le gérant et les rondes
hebdomadaires auprès des débiteurs. Par contre dans les
mutualités d'épargne et de crédit on identifie des
mécanismes presque analogues tels que le suivi ordinaire en cas de
non-remboursement après chaque mois par la commission de crédit,
la vérification des écritures et de la conformité des
comptables, le contrôle interne de la tenue des écritures et des
données comptables et aussi les rondes hebdomadaires auprès des
débiteurs. Ce qui est intéressant par contre, c'est de voir les
difficultés et l'embarras dans lequel se retrouvent les structures de
financement la plupart de fois lorsqu'elles font face à des
impayées. La tendance est d'essayer d'être compréhensif et
d'accorder un nouveau moratoire. On effectue alors les descentes sur terrain,
on essaie de négocier et de convaincre de fournir un effort, et on
procède au retranchement des intérêts dans le compte du
débiteur. On envoie les avis de remboursement et ce n'est que lorsque
tous les mécanismes sont épuisés qu'on essaie alors de
saisir la justice et de procéder éventuellement au recouvrement
forcé. Il est important que les structures de micro-finance soient
alertées sur les coûts de recouvrement des crédits non
payés et que les
43 Dominique Gentil et Yves Fournier, Les paysans
peuvent-il devenir banquiers ? Epargne et crédit en Afrique, Syros,
Paris 1993 p. 44
47
mécanismes soient mis en place comme ailleurs pour
l'établissement d'une agence de recouvrement impersonnel et plus experte
qui centraliserait l'actionnement des garanties et avals de frères qu'on
accorde souvent tout en espérant que le cas de leur mise en jeux ne se
réalisera pas. Ici, il est alors capital pour les IFDs d'externaliser le
recouvrement car le changement de l'interlocuteur habituel peut arriver
à produire des effets très positifs sur la psychologie du
débiteur.
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