Evaluation de la performance sociale d'une institution de microfinance cas de la FINCApar Paul NKANKA Université Notre dame du Kasayi - Graduat 2020 |
CHAPITRE I. CONSIDERATION GENERALE DES CONCEPTSLe présent chapitre, a pour objectif de construire un cadre conceptuel et théorique nous permettant de bien appréhender les différents concepts clés de ce travail qui sont : la performance sociale, la micro finance et la responsabilité sociale des entreprises SECTION 1 : LA PERFORMANCE SOCIALE DES INSTITUTIONS DE MICRO FINANCE (IMF) Le terme « performances sociales » est resté marginalisé pendant longtemps et il y a encore moins d'une dizaine d'années : il ne fallait pas « détourner » les institutions de micro finance de leurs performances financières, la mesure des performances sociales était jugée trop subjective et on estimait en somme qu'elle ne se traduirait que des par des contraintes additionnelles pour les opérateurs (Marie-Anna Bénard et All, 2011). Les performances sociales d'une organisation par rapport aux performances économiques et financières prennent en compte la nature des relations internes entre ses employés et des relations qu'elle entretient avec ses clients et avec les autres acteurs avec qui elle interagit. Plus globalement, on peut entendre par performance sociale les effets de l'institution sur les conditions sociales de ses clients : effet sur le niveau de vie (pauvreté), logement, santé, éducation etc...Ainsi sa politique sociale est de rechercher constamment à améliorer son impact social et environnemental pour : ses ressources humaines, son environnement écologique et sa clientèle.7(*) Rester en contact avec les exigences croissantes des partenaires financiers et se mettre à l'abris de toute mauvaise publicité et la stratégie des différentiations par rapport à ses concurrents à moindre coût la notion de développement durable a un poids croissant, pour les rapports Brundtland de la commission mondiale sur l'environnement et le développement soumis à l'ensemble général des nations unies fin 1987, donne la définition du développement durable comme étant « un développement qui permet aux générations présentes de satisfaire leurs besoins sans remettre en cause la capacité des générations futures à satisfaire les leurs ». Le développement durable conduit à évaluer la performance de l'entreprise sur les aspects ci-après8(*) : - L'environnement : compatibilité entre l'activité de l'entreprise et le maintien des écosystèmes. Il comprend une analyse des impacts de l'entreprise et de ses produits en termes des consommations des ressources, productions des déchets, et émission polluante. - Social : conséquence sociale de l'activité de l'entreprise pour l'ensemble de ses parties prenantes qui sont les employés (conditions de travail, le niveau de rémunération, et la non-discrimination...), Les fournisseurs, les clients (sécurité et impact psychologiques des produits) et la société en général.9(*) La préoccupation majeure de la FINCA, de ses actionnaires et de ses partenaires est : analyser le risque social et environnemental des projets qu'ils financent. Historiquement selon Cécile Lapenu (2005), la micro finance s'est construite comme un outil d'inclusion des exclus de système bancaire classique, offrant de service aux « non bancables » à ceux qui ne peuvent offrir des garanties physiques ou qui résident dans des zones reculées, enclavées, isolées de service financier. Pour répondre à ce souci d'inclusion, les bases de fonctionnement des institutions de micro finance (IMF) ont reposé sur les liens sociaux et la proximité avec le bénéficiaire : 1) La solidarité et la participation : on trouve ces ressorts dans le fonctionnement des groupes de caution solidaire ; dans les systèmes coopératifs, dont chacun est membre et participe à la gestion de l'institution ; 2) De service pour des exclus : les services ont été pensés et adaptés pour les besoins d'une population marginalisée économiquement ou socialement (petites sommes, remboursements réguliers, ciblage des activités des ménages pauvres, contacts directs avec des agents de crédits locaux, etc...) 3) Les services reposent sur la proximité avec les bénéficiaires : proximité géographique avec le développement d'agences rurales ou les services de « banquiers ambulants » qui se déplacent vers les clients ; proximité sociale dans la recherche d'une réduction des barrières entre les clients et l'institution (agents locaux, services adaptés au contexte culturel et religieux, etc...) La proximité accroit la confiance, réduit les asymétries d'information et atténue les barrières sociales entre les clients et l'institution (Servet, 1996).10(*) Lutter contre la pauvreté et la mission de la micro finance, l'analyse des résultats de cette mission permet d'évaluer les performances sociales des institutions de micro finance (IMF). Deux approches d'évaluation qui sont complémentaires peuvent être adoptées : 1. Une approche centrée sur l'institution à travers la portée sociale et 2. Une approche centrée sur les clients à travers l'analyse de l'impact. I.1. L'approche de la portée socialeLes institutions de micro finance déploient des efforts afin de servir ceux ou celles qui sont constamment exclus des systèmes financiers. En effet, ces institutions de micro finance peuvent sélectionner, surveiller les micros projets de sa clientèle, réduire les coûts de transactions et résoudre des obstacles socio-économiques et culturels. Leur fonctionnement repose sur les liens sociaux et la proximité avec les bénéficiaires en s'installant dans les zones rurales, en les contactant et en leur offrant des séances de formation. En outre, elles se basent sur le travail de groupe et elles répondent aux attentes des populations pauvres en leur offrant des prêts des petites sommes et des remboursements réguliers. Ces efforts visant étendre les services de micro finance aux populations non desservies par les institutions financières, définissent la portée sociale selon Isern ; Mwangi et Brown, cités par Jeanne Clarisse Ruzibiza. Toutefois, les institutions de micro finance doivent déterminer quel groupe cible doit-elle satisfaire en terme de service de micro finance, puis savoir si elles arrivent à les atteindre. La pauvreté est par nature multidimensionnelle, comprend différents aspects du statut économique et social des ménages. Capturer ses dimensions nécessite des indicateurs à la fois quantitatifs et qualitatifs. En effet, elle est définie quantitativement comme étant un certain revenu par personne, par jour ou par an, sans la disposition d'un patrimoine, mais elle est aussi qualitative où elle tient en compte les conditions de vie. Elle peut intégrer des données telles que les besoins de la nourriture et d'habillement, la disponibilité d'un logement, le niveau d'instruction, les soins de santé, l'émancipation des femmes, le degré d'intégration dans le milieu social etc... Pour la banque Mondiale aussi, les pauvres sont ceux dont le niveau de consommation est de moins de deux dollars par jour et les plus pauvres sont ceux dont le niveau de consommation est de moins d'un dollar par jour. Pour mesurer cette portée sociale, certains indicateurs « Out reach indicator» peuvent être utilisés en termes d'étendue ou en termes de degré. L'étendue « Scale of out reach » correspond aux nombres des clients servis et aux volumes des services comme le total de l'épargne en dépôt et l'encours total du portefeuille.11(*) ü Le degré de la portée « Depth of out reach » permet de savoir les niveaux socio-économiques de la clientèle servie par les institutions de micro finance c'est-à-dire le niveau de pauvreté ces clients (les populations à très faible revenu, les populations rurales, les femmes et les chômeurs) ü Schreiner cité par Jeanne Clarisse RUZIBIZA compose ces indicateurs de la portée sociale en proposant six dimensions dont chacune peut également soutenir une composante de la valeur sociale. Ces six dimensions sont : la valeur de la portée « Worth of out reach », le coût de la portée « Cost of out reach », l'étendue de la portée « scope of out reach », la longueur de la portée « length of out reach », le degré de la portée « Depth of out reach » et la largeur de la portée « Breadth of out reach ».12(*) Toutefois, en retournant aux mesures de la performance sociale, elles ne se mesurent pas seulement par le pourcentage de leurs clients pauvres ou par le degré de pauvreté de leurs clients. Mais plutôt ce sont surtout les changements qui comptent : leurs clients sont-ils de moins en moins pauvres ? * 7M.NOWAK, L'espoir économique, Micro finance et entrepreneuriat social, ferments d'un monde nouveau, édition, JC Lattès, 2010, p.500. * 8 J. BREMOND, la performance sociale et entrepreneuriat social, Lattès, 2010, p.159. * 9J. BREMOND, Dictionnaire économique et social, édition Hatier, Paris, 1981, P.159. * 10M. NOWAK, Ibidem, p.501. * 11M.N KINZONZI, et PERUCHOU, Comptabilité générale élémentaire, Foucheur, Paris, 1989, p.87. * 12CERISE, guide opérationnel de l'utilisation du questionnaire SPI, initiatives sur les indicateurs de performance sociale, 2005, p.65. |
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