Conclusion
La commune de Kolda rencontre un certains nombre de
difficultés liées notamment à l'étalement urbain
conjugué aux manques d'équipements et d'un système de
transport urbain performant. Également, la situation économique
de la commune est dominée par les activités primaires et
informelles. La faiblesse de la formation limite les opportunités
d'utilisation des TIC. A cet effet il est important de voir les mesures
à prendre pour permettre une plus large utilisation des TIC.
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CHAPITRE 2 : STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT
DES TIC
Le Sénégal, parmi ses héritages
coloniales, il y'a les infrastructures de télécommunications, qui
devaient être rénovées. Ainsi, le pays s'est engagé
à la fois à la modernisation de ses infrastructures et de son
administration à partir de l'an 2000. Cependant, il existe une
disparité entre la capitale et le reste du pays. Dans la commune de
Kolda, un certain nombre d'opportunités ont favorisé
l'évolution de l'usage des TIC, mais il y'a encore des obstacles
à surmonter pour une meilleure utilisation de celles-ci. Dans ce
chapitre, on tente de retracer l'historique des politiques nationales dans le
domaine des TIC et dans le domaine de la gouvernance technologique. Ce chapitre
montre également l'évolution des stratégies de
communication et les forces et faiblesses de l'usage des TIC dans la commune de
Kolda.
I. Politiques nationales des TIC
Au lendemain de l'accession à son indépendance,
le Sénégal a hérité d'infrastructures de
télécommunications en état de délabrement
avancé. A cet effet l'une des premières mesures consistait
à réhabiliter les dispositifs de
télécommunications, à travers six points majeurs que sont
:
· construire de nouveaux immeubles,
· moderniser les infrastructures postales,
· développer le réseau
téléphonique,
· améliorer le réseau
télégraphique,
· promouvoir la radiodiffusion,
· desservir les zones enclavées.
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Graphique 1 : Répartition des points
d'accès publics à internet en 2004
8%
1% 2%
4%
13%
2% 2%
4% 3% Dakar
61%
Thiès Kaolack Fatick Louga Saint-Louis Diourbel Kolda
Ziguinchor Tambacounda
Néanmoins ce programme était peu suivi d'actions
concrètes, car les infrastructures sont restées dans les zones
d'exploitation coloniale, c'est-à-dire les zones à forte
présence de ressources. Cette configuration a occasionné un
déséquilibre des télécommunications entre les
régions, en fonction de la disponibilité de leurs ressources. La
région de Dakar regroupe 61% de point de connexions publics à
internet alors qu'elle ne représente que 0,3% du territoire et un quart
de la population (Guignard, 2004). Les IVe et Ve plans quadriennaux
élaborés respectivement entre 1973 à 1977 et entre 1978
à 1981 devaient impulser de nouvelles dynamiques en vue de moderniser
les infrastructures de télécommunications. En 1972, la mise en
place du Comité Nationale de l'Informatique (CNI) est la marque d'une
véritable politique informatique. Son rôle était d'assurer
la coordination entre les différentes stratégies et actions de
développement de l'informatique dans le territoire national, (Sylla,
2009). Pourtant, ces plans ne sont pas parvenus à modifier la
disposition des structures des télécommunications, marquée
par la concentration des infrastructures à la capitale où la
clientèle est plus importante.
En réalité, les politiques et les
stratégies de promotion des technologies de l'information ont
été enclenchées dans les années 1980. Ce, lorsque
les TIC ont été reconnues comme une grande source de revenu, par
les organisations internationales, surtout pour les pays sous
développés. Le Sénégal, confronté à
une forte baisse de son économie et faisant
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face aux politiques d'ajustement structurel, entame une
ouverture de son marché des télécommunications. Dans les
années 1997, le pays s'engage auprès de l'Organisation Mondiale
du Commerce (OMC) pour une ouverture du marché qui sera encadré
par une structure de régulation indépendante et neutre. Cette
politique de libéralisation avait pour but de favoriser la
compétition dans le marché des télécommunications,
afin d'augmenter leurs revenus et d'améliorer leurs infrastructures.
C'est ainsi que la SONATEL fut privatisée en 1997. L'ensemble des
stratégies ont été comblées par un cadre juridique
permettant de régenter l'usage des TIC. La décennie 1990 est
marquée par l'élaboration d'une série de lois et de textes
juridiques portant sur les télécommunications, qui ont permis
l'instauration d'un cadre réglementaire et une tentative d'adaptation
à la réalité du marché mondial. Ce qui abouti
à la promulgation de la loi n° 2001-15 du 27 décembre 2001
du nouveau code des télécommunications portant création de
l'Autorité de Régulation des Télécommunications et
des Postes (ARTP). Cet organe intervient dans tous les domaines en vue d'une
organisation réglementaire du secteur des TIC aussi bien au niveau sous
régional qu'au niveau international.
Manifestement, les politiques et les stratégies
adoptées par le Sénégal peuvent se résumer en trois
grands groupes de réformes. Il s'agit d'abord de la réforme de
1983 qui a jeté les bases pour la promotion et le fonctionnement des
télécommunications. A travers cette réforme, l'État
cherchait à rendre performent les équipements. Ensuite vient la
réforme de 1996 marquée par la loi 96-03 du 22 février
portant code des télécommunications, qui donne le droit de
concession aux opérateurs. Cette réforme est également
marquée par la privatisation de la SONATEL. Enfin, le rôle
important qu'ont joué les TIC pendant l'élection
présidentielle de 2000, amène les nouvelles autorités
gouvernementales à intégrer les TIC au coeur de leurs
préoccupations. Cela s'est illustré d'une part par la
création en février 2001 d'un ministère de la
communication et des technologies de l'information, d'autre part par la
création de l'ARTP et de la Direction de l'Informatique de l'État
(DIE) qui deviendra en 2004 l'Agence de l'Informatique de l'État
(ADIE).
1. Politiques de promotion de la gouvernance
technologique
L'information et le fonctionnement de l'État sont
étroitement liés et les TIC sont des outils dont l'impact peut
être considérable dans la gestion. En début 2000, le
Sénégal a mis en place le PNBG pour tenter d'implanter la
transparence dans les pratiques institutionnelles. Ce programme, par
l'introduction des TIC dans l'administration en général et
surtout à l'échelle
40
multisectorielle (économique, politique, judiciaire,
éducative etc.), a obtenu un financement de cinq (05) milliards de
francs cfa venu des différents partenaires. Ainsi, plusieurs initiatives
ont été prises au sein du gouvernement pour changer et moderniser
l'administration publique50. L'État a envisagé deux
mesures majeures, par la mise en oeuvre d'un réseau intranet
gouvernemental et un centre de ressource (Sylla, 2009). La première
consistait à doter l'État d'une infrastructure moderne et
performante de communication et la seconde à héberger les grandes
applications (réseaux locaux dans les ministères ou le
système GAINDE par exemple). Au fur et à mesure, des
ministères ont obtenu des sites web et des systèmes de
modernisation de leur gestion dont l'un des plus marquants est celui du
ministère de l'intérieur avec la Direction de l'Autonomisation
des Fichiers(DAF). L'an 2008 est marqué par la décision
d'élargir l'intranet pour faciliter l'interconnexion des capitales
régionales51.
Dans le cadre de la déconcentration, des Unités
Régionales Informatiques de Développement (URID) ont
été élaborées pour doter des préfectures de
matériels et des outils spécifiques pour une meilleure gestion.
Les URID peuvent appuyer le développement de bases de données
socioéconomiques pour parvenir à la bonne gouvernance. Ces
mesures d'informatisation n'épargnent pas la décentralisation.
Récemment, les collectivités locales sont appelées
à envoyer toutes les passations de marchés sur le portail des
marchés publics52. Cette mesure entre dans le cadre de la
promotion de la transparence à travers la
dématérialisation des procédures.
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