I.2.2-
L'hétérogénéité du marché du
travail
Force est de reconnaitre que dans la zone UEMOA, la
mobilité des facteurs de production reste encore imparfaite : la
non-reconnaissance mutuelle des diplômes,
l'hétérogénéité des systèmes de
protection sociale et la persistance des barrières culturelles et
linguistiques peuvent être des obstacles importants à la
mobilité des travailleurs au sein de la zone, et limiter les
déplacements de main-d'oeuvre en cas de crise. À cela s'ajoute un
certain nombre de rigidités institutionnelles qui réduisent la
flexibilité des salaires sur les différents marchés du
travail. Par exemple, une montée du chômage au Bénin ne
conduit pas forcément à des déplacements de main-d'oeuvre
vers les pays comme le Sénégal ou la Côte d'Ivoire.
Nonobstant les efforts réalisés en
matière de coordination budgétaire, des différences de
cadres juridiques et institutionnels persistent dans le marché du
travail entre pays. Les principes de négociations salariales sont
souvent inscrits dans le code du travail de chaque pays. De ce fait, le mode de
formation des salaires ne répond pas à une logique de
convergence, parce que les cadres réglementaires et législatifs
qui organisent ce marché peuvent induire des comportements
différents. Les disparités structurelles sur le marché du
travail expliquent en grande partie les écarts de réactions des
économies locales, qui souvent, entrent en contradiction avec la
politique monétaire commune (Pollin et al., 2000).
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Sur le marché du travail,
l'hétérogénéité est mise en évidence
dans l'UEMOA par Matière (2015). Il met l'accent sur les niveaux de
qualification de la population active, mesurés en pourcentage de la
population ayant un niveau inférieur au second cycle. Les
résultats donnent en 2014 pour des proportions de non-qualifiées
au Bénin (54%) ; le Togo (54%) ; le Mali (43%) alors qu'elle est
relativement faible dans les pays comme le Niger (18%) ; le Burkina Faso (30%)
; le Sénégal (40%) et en Côte d'Ivoire (40%). Boubtbane et
al (2010) à partir d'un VAR en panel, montrent comment les chocs de
l'immigration sur l'emploi sont transmis différemment dans les pays. Si
ces derniers sont rigides et si la mobilité du travail est
limitée, les économies membres ont plus de difficultés
à s'ajouter par rapport aux fluctuations de la demande que les pays qui
ont leur propre monnaie et qui peuvent réévaluer plus facilement
cette monnaie. Ainsi, une des conditions nécessaires à la
réussite d'une union monétaire est que les pays affectés
par le choc asymétrique bénéficient d'une bonne
flexibilité du marché du travail. Une importante mobilité
du travail devrait servir de canal à travers lequel des ajustements par
rapport aux chocs peuvent s'effectuer.
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