I.2- Sources de disparités économiques
Pour Timbergen (1954), tous les processus d'intégration
économique prennent en compte deux aspects, à savoir :
l'intégration négative qui renvoie à l'élimination
de tous les obstacles qui limitent la mobilité des biens, des services
et des facteurs de production entre les pays et l'intégration positive
qui concerne l'harmonisation et la coordination des instruments
économiques existants. La littérature économique met en
avant trois facteurs explicatifs des sources
d'hétérogénéité des économies des
pays en l'union. Il s'agit du marché financier, du marché du
travail et du marché des biens et services. À ce jour,
l'intégration économique dans l'UEMOA ne déroge pas
à cette règle depuis 1994, d'où l'intérêt
d'analyser l'hétérogénéité des
économies à travers ces composantes de l'économie.
I.2.1-
L'hétérogénéité du marché
financier
Il faut rappeler que la théorie traditionnelle du
commerce international reposait sur des hypothèses d'immobilité
parfaite des facteurs de production, de concurrence pure et parfaite et de
rendement constants ou décroissants. Le cadre réel du
marché financier est à l'inverse. Sur le plan théorique,
les débats ont privilégié deux principales approches pour
expliquer les différentiels d'inflation
26
au sein d'une union monétaire : d'une part, l'effet
Balassa (1964) et d'autre part la théorie de la croissance sous l'angle
de la convergence (Kane, 2013). De manière générale,
l'analyse de Balassa explique les différences dans les taux d'inflation
au sein d'une union monétaire par la relation entre l'évolution
des prix des biens non échangeables et la croissance de la
productivité (Aubert, 2001).
Sur le plan empirique, Akpo (2017) a mis l'accent sur
l'hétérogénéité du marché financier
dans l'UEMOA via le marché du crédit bancaire. En effet, sur la
période de 1980 à 2014, le ratio crédit à
l'économie/PIB est en moyenne élevé en Côte d'Ivoire
avec 22% ; au Sénégal avec 20% et au Togo avec 18%. Par contre
dans les autres pays il est relativement plus faible : le Niger pour 9% ; le
Bénin 11% ; le Burkina Faso 11% et le Mali 11%. D'autres chercheurs ont
utilisé les VAR en panel pour analyser la transmission des chocs
asymétriques entre pays et dans le temps. Les travaux de Kane (2013)
confirment que les écarts d'inflation observés à travers
les régimes reflètent non seulement le degré
d'hétérogénéité des structures
économiques, mais aussi les capacités d'absorption des chocs
asymétriques. Dans la zone euro, Love et Zicchino (2006) mesurent
l'impact des chocs sur les secteurs financiers et sur la dimension transversale
des entreprises américaines. Des études récentes
suggèrent que les causes de
l'hétérogénéité du marché financier
sont multiples et leurs implications sont très différentes.
Ainsi, Ciccarelli et al. (2012a) mettent l'accent sur
l'hétérogénéité des liens macro-financiers
entre les économies développées et comparent la
transmission des chocs réels et financiers entre pays à partir
d'un modèle de VAR en panel. Les résultats concluent qu'un choc
sur une variable dans un pays donné affecte tous les autres et la
transmission semble plus rapide et plus profonde entre les variables
financières qu'entre les variables réelles. Néanmoins, les
facteurs spécifiques aux pays restent importants et expliquent le
comportement hétérogène pour les pays observés. Les
travaux effectués par la BCE (1999) et Alberola (2000) insistent sur
l'existence de deux grands facteurs explicatifs des écarts d'inflation
dans une union monétaire : la convergence des niveaux de
productivité et de prix (facteurs de convergence), et le maintien de
27
positionnement dans le cycle différencié selon
les pays (c'est-à-dire le décalage des conjonctures). Arnold et
Kool (2003) ont mis en évidence le rôle joué par d'autres
éléments dans la dispersion des taux d'inflation de la zone euro
: il s'agit des différences en termes d'exposition aux évolutions
du taux de change euro/dollar, des disparités dans la sensibilité
aux évolutions du prix du pétrole, des degrés de
rigidité plus ou moins grands des marchés ou encore des
évolutions différentes des prix administrés au niveau
national ou des taxes indirectes.
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