Elles permettent d'identifier la nature des impacts sur les
différentes variables spécifiées dans le modèle.
Les résultats de ces fonctions confirment ceux de la
décomposition de la variance de l'erreur de prévision. Ils
permettent de tirer les enseignements suivants :
o Les chocs de dépenses
publiques
Pour le taux de croissance économique : un choc
budgétaire de dépenses publiques s'est traduit par un effet
positif et instantané sur le taux de croissance dans l'union de 1980
à 2014. Son effet apparaît positif et cumulatif sur trois ans.
Ainsi, un choc budgétaire à travers les dépenses publiques
aura pour effet une stimulation de la croissance économique. Sur le plan
théorique un tel résultat concorde bien avec la pensée
keynésienne. Sur le plan empirique, ce résultat confirme celui de
Dufrénot et al., (2007) et celui de Ndiaye et Konte (2012). Ils
soutiennent que la pro-cyclicité des dépenses est liée
à leur ajustement aux fluctuations de l'activité
économique. À cet égard, ces auteurs déduisent que
« durant les phases de croissance économique les
dépenses augmentent fortement et qu'elles diminuent pendant les phases
de ralentissement économique. Ce résultat n'est pas surprenant,
en raison de l'absence de stabilisateurs automatiques dans les économies
en développement, contrairement à ce que l'on observe dans les
pays industrialisés ». Il recoupe également les travaux
de Lylia et Zakane (2008) en Algérie pour qui les dépenses
publiques produisent un effet positif sur le produit intérieur brut. Ce
résultat justifie la rapide transmission des chocs affectant
l'activité économique ce qui montre le caractère
pro-cyclique de la politique budgétaire sur le taux de croissance
économique.
148
Gupta et al. (2005) ont utilisé des données de
panel avec la méthode GMM pour analyser la composition des
dépenses publiques sur la croissance économique dans un
échantillon de 39 pays en voie de développement dans les
années 1990. Les auteurs ont montré que les pays où les
dépenses publiques sont plus utilisées pour le paiement de
salaires tendent le plus vers des croissances faibles. Par contre les Etats qui
misent davantage sur les dépenses en capital réalisent de
meilleures performances en matière de croissance. En effet, selon Gupta
et al., (2005) une hausse de 1% des dépenses en capital augmente la
production de 0,1% à long terme, alors qu'un accroissement des
dépenses de fonctionnement de 1% fait baisser la production de 0,5%.
N'Guessan (2007) a utilisé la même spécification pour
étudier la composition des dépenses publiques dans l'UEMOA. Il a
montré que ces dernières sont déterminantes dans la
dynamique économique de l'union. En effet, l'augmentation des
dépenses publiques d'investissement est bénéfique pour la
croissance.
Graphique 6 : Réponse du taux croissance
réel suite à un choc de dépenses
publiques
Source : Auteur, à partir du logiciel
Stata
Pour la dette publique : l'effet d'un choc de dépenses
publiques se manifeste en deux temps : d'abord un effet nul et
instantané dès la première année donc entre (0 ;
1). De telles conclusions procèdent de la nouvelle « théorie
anti-keynésienne des finances publiques » (TAK). Aujourd'hui,
largement répandue et dominante en Europe, la TAK prétend que les
politiques budgétaires de consolidation,
149
autrement dit de réduction des déficits publics
par la baisse des dépenses ont généralement des effets
restrictifs. Pour cette phase, la politique budgétaire devient
contra-cyclique. Contrairement à Guidice et al., (2003) qui estiment,
qu'une politique budgétaire de consolidation produirait des effets
expansionnistes du déficit public. Dans la deuxième phase entre
(2 ; 10), un effet devient cumulatif sur le reste du temps. La politique de
relance budgétaire devient pro-cyclique. Ces résultats sont bien
conformes à la situation de la zone euro face à la crise de
l'endettement en Grèce et au Portugal. Contrairement à la zone
UEMOA, en zone CEMAC, la politique budgétaire a eu des effets
anti-keynésiens sur la période de 1993 à 2002, Ondo Ossa
(2008). En zone CEMAC, la politique budgétaire n'avait pas produit
d'effet favorable sur l'activité économique et les
déficits publics étaient nuisibles à la croissance
à long terme. En zone franc africaine, les gouvernements utilisent
généralement l'arme budgétaire à des fins
électoralistes et non à des fins de régulation. De plus,
ils ne font pas d'effort en période de bonne conjoncture, car le
déficit public y est nécessairement trop élève pour
conséquence une forte accumulation de la dette publique.
Graphique 7 :
Réponse de la dette publique suite à un choc de
dépense publique
Source : Auteur, à partir du logiciel
Stata
Pour les dépenses publiques elles-mêmes : un
choc budgétaire affectant les dépenses publiques entraine leurs
réactions automatiques. Lorsqu'il s'agit d'une
150
baisse, cela se traduit par une chute ; donc un effet
négatif sur la période de (1 ; 10). De tels effets concordent
aussi avec la théorie keynésienne sur le caractère
cyclique de la politique budgétaire.
Graphique 8 : Réponse des dépenses
publiques sur elles-mêmes
Source : Auteur, à partir du logiciel
Stata
Pour les recettes publiques : un choc de dépenses
publiques sur les recettes produits un effet à deux temps : d'abord,
l'effet devient positif dès la première année de (0 ; 1).
Le régime de l'effet croît de façon exponentielle avant de
connaître une baisse avec un régime plus faible sur deux
périodes (2 ; 4) et après devient stable sur le reste (5 ; 10).
Dans l'équation d'équilibre fondamentale, les dépenses
publiques constituent une composante de l'absorption. Par conséquent
selon le multiplicateur keynésien, toute réaction de celle-ci
impacte positivement ou négativement la production. Or, les recettes
publiques notamment fiscales dépendent du niveau de production
donnée. Par ailleurs, il est structurellement reconnu que les recettes
publiques croissent moins vite que les dépenses publiques ; donc la
corrélation entre les deux variables reste positive, mais moins
importante par rapport aux dépenses publiques.
151
Graphique 9 : Réponse des recettes publiques
suite à un choc de dépense publique
Source : Auteur, à partir du logiciel
Stata
Pour les importations : la fonction de réponse
impulsionnelle montre bien qu'un choc budgétaire de dépenses
publiques est négatif sur les importations pendant la période.
D'abord, cela entraine une baisse des importations qui va fluctuer pendant la
période (1 ; 4) pour se maintenir sur la période, mais toujours
avec un signe négatif. En effet, le taux d'importation influence les
dépenses publiques à travers le solde budgétaire de base
par le canal d'éventuelle flambée des prix extérieurs qui
induisent par voie de conséquence l'accroissement des prix
intérieurs. Cet état de fait peut avoir des répercussions
très néfastes sur les performances du solde budgétaire de
base du fait du poids des subventions aux nombreuses entreprises publiques en
difficulté. Ainsi, la hausse des prix du pétrole qui aurait eu un
impact favorable sur le solde budgétaire (grâce à une
hausse des taxes pétrolières) ne se traduit pas par une hausse
des recettes. L'Etat intervient pour limiter les effets négatifs de ces
évolutions sur le niveau de vie des populations (Dufrénot et al.,
2007). Les chocs sur les dépenses publiques impactent également
la variable importation.
152
Graphique 10 : Réponse des importations
suite à un choc de dépense publique
Source : Auteur, à partir du logiciel
Stata
Par contre d'autres travaux infirment de telles analyses ;
notamment celle de Lylia et Zakane (2008) qui ont montré dans leurs
recherches que les dépenses publiques impactent positivement à
travers une augmentation des dépenses publiques, mais cet impact reste
instable. Qu'une augmentation des importations des dépenses publiques
entrainerait une augmentation des importations ; compte tenu des besoins accrus
de l'économie. Le volume des investissements sera plus important,
entrainant l'acquisition des biens d'investissement et de consommation en
volume plus important.
o Chocs de recettes publiques
Un choc de recettes publiques sur la croissance
économique se traduit par une augmentation de l'offre de production par
conséquent de la production sur toute la période. Le
résultat est bien conforme à la théorie économique
d'origine keynésienne. Puisque, la fiscalité influe sur les
décisions des individus concernant l'épargne, le travail et les
décisions des entreprises en matière de production, de
création d'emploi. Ces décisions sont affectées non
seulement par le niveau des impôts, mais aussi par la manière dont
les différents instruments fiscaux sont conçus et
combinés.
153
Graphique 11 : Réponse du taux croissance
réel suite à un choc de recettes publiques
Source : Auteur, à partir du logiciel
Stata
Un choc de recettes publiques sur la dette entraine un
accroissement de celle-ci via le déficit budgétaire et
l'accroissement plus rapide des dépenses gouvernementales. Un tel
résultat est bien conforme à la théorie économique
qui stipule que face à l'augmentation plus rapide des besoins des
gouvernements, toute diminution des ressources fiscales génère un
creusement du déficit budgétaire de base.
Graphique 12 : Réponse de la dette publique
suite à un choc de recettes publiques
Source : Auteur, à partir du logiciel
Stata
154
Pour les dépenses publiques : un choc positif sur les
recettes publiques agit positivement sur les dépenses publiques par le
biais des impôts et des taxes dans le PIB. Ce qui est conforme à
la théorie keynésienne et à la pratique, en ce sens que la
dépense est au centre de la politique budgétaire de l'Etat, et
l'exécution des dépenses se fait toujours en fonction du niveau
des recettes réalisées.
Graphique 13 : Réponse de la dette publique
suite à un choc de recettes publiques
Source : Auteur, à partir du logiciel
Stata
Pour les recettes publiques elles- mêmes naturellement,
on pourrait admettre que tout choc positif ou négatif va agir sur les
ressources publiques ; soit à la hausse ou à la baisse selon le
cas. Dans le cas d'un choc positif, c'est-à-dire une baisse du taux de
pression fiscale, les recettes vont connaître une hausse dès la
première période, avant de chuter à la suite d'un choc
négatif, du simple fait que les gouvernements ne pourront
résister face aux dépenses publiques qui connaissent
généralement un accroissement plus rapide. C'est la
période (2 ; 10).
155
Graphique 14 : Réponse des recettes
publiques suite à un choc sur elles-mêmes
Source : Auteur, à partir du logiciel
Stata
Pour les importations : un choc positif sur un intervalle de
10 périodes sur les recettes publiques se traduit par une
amélioration significative des importations entre (1 ; 3)
périodes avant de connaitre un déclin à partir de la
quatrième période. Un tel comportement des importations
s'explique en fait par la libéralisation de plus en plus poussée
des régimes commerciaux. Les droits de douane ont tendance à
baisser dans les pays en union avec le développement de zones de
libre-échanges, d'union douanière et des accords de partenariats
économiques futur à signer comme ceux en cours de
négociation entre les pays de l'ACP et ceux de l'Union
européenne. Actuellement dans les pays à faible revenu, un tiers
environ des recettes fiscales non liées aux ressources naturelles
proviennent des taxes sur les échanges (Gupta et Tareq, 2008). Ce qui
suggère qu'une libéralisation accrue du commerce entrainerait une
baisse des recettes publiques. Ainsi, cette baisse cumulative des recettes
publiques incite les gouvernements à partir de la quatrième
période (4 ; 10) à augmenter encore la fiscalité pour
décourager les importations.
156
Graphique 15 : Réponse des importations
suite à un choc de recettes publiques
Source : Auteur, à partir du logiciel
Stata
En résumé des chocs de politiques
budgétaires, les résultats issus des fonctions de réponses
impulsionnelles confirment les résultats du test de causalité au
sens de Granger. En réalité, les fluctuations des variables
annoncent déjà la présence d'effets de débordement
ou effet de contagion sur l'économie des pays en union. Cependant,
l'efficacité des politiques budgétaires nationales dans
l'absorption des chocs défavorables est limitée du fait de
l'adoption du pacte de convergence de stabilité et de croissance depuis
1999. Les répercussions négatives sur la conjoncture interpellent
de plus en plus l'instrument budgétaire plutôt que
monétaire. Par ailleurs, les soldes budgétaires de base
déficitaires de grandes amplitudes résultent du poids grandissant
des subventions aux entreprises publiques en difficulté, et du
fléchissement des recettes fiscales. Cela atteste la
vulnérabilité des politiques budgétaires nationales
vis-à-vis des chocs émanant soit de l'intérieur soit de
l'extérieur. Pour compléter l'analyse de ce travail de recherche,
il est intéressant de quantifier l'ampleur des effets de contagion et
connaitre les voies par lesquelles la transmission se fait entre pays.