INTRODUCTION
Madagascar est une grande île de l'Océan Indien.
Elle est située à l'Est de l'Afrique et distant 400km par le
Canal de Mozambique. L'île est très connue mondialement par sa
potentialité au niveau des richesses naturelles surtout en
biodiversité. La plupart des espèces qu'elle abrite sont
endémiques. Cette endémicité atteigne 87% chez les
reptiles, 100% chez les amphibiens et les primates, 37% pour l'oiseau et 96%
des plantes vasculaires (Rakotoarinivo et al. 2014). Alors des auteurs
et des chercheurs la qualifient comme un pays à
mégadiversité et parmi les 10 hots spots mondiaux (Ganzhorn et
al, 2001, Mittermeier et al. 2004). Concernant la richesse en
avifaune, Madagascar abrite 282 espèces d'où 37% sont
endémiques de l'île (Raherilalao M. J. et Goodman M. S, 2011).
Avec des découvertes incessantes, et l'endémicité au
niveau supérieur (famille et sous-famille) présente à
Madagascar et à la région malgache, elle possède au totale
sept (07) dont cinq (05) familles (Mesithornitidae, Brachypteracidae,
Leptosomidae, Bernieridae et Vangidae) et 02 sous famille (Couinae et
Philepittinae) (Langrand 1995 ; Morris &Hawkins, 2000, Raherilalao et
Goodman S.M., 2011). Ce sont des familles composées d'espèces
largement à affinités forestières (Raherilalao &
Goodman, 2011).
Parmi ces 282 espèces d'oiseaux malagasy, 24
espèces sont constituées par des rapaces : 17 espèces
diurnes et 7 nocturnes (Collar et al, 1994 ; Fuchs et al.,
2007, Rene De Roland et Thorstrom, 2010). Parmi ces 24 espèces, 3 sur
les 12 endémiques sont classées dans les plus rares oiseaux du
monde, à savoir, le Harrier de Madagascar Circus macrosceles,
l'Aigle serpentaire de Madagascar Eutriorchis astur et l'Aigle
pêcheur de Madagascar Haliaeetus vociferoides (Collar et al.
1985 ; Collar et al., 1994, in Rasolonjatovo, 2016).
Malheureusement, ces richesses naturelles sont presque
pratiquement menacées due aux activités anthropiques dont les
actes les plus fréquentes sont la déforestation ou la
fragmentation des habitats naturels, la surexploitation, le trafic illicite.
Selon FAO, le taux de la déforestation est estimé à 1,6%
soit 200.000 ha (Meyers, 1990). Ces agressions appauvrissent les ressources
naturelles voire l'extinction des nombreuses espèces floristique et
faunistique de Madagascar.
En effet, des activités conservatives sont y
strictement souhaitables à développer afin d'éviter les
menaces qui pèsent sur les espèces sauvages malgaches. Les
forêts de Madagascar sont actuellement citées parmi l'une des
grandes priorités de conservation mondiale, non seulement par leurs
richesses biologiques qui sont uniques sur la planète, mais aussi par
leurs
3
fragilités surtout pour le cas de
l'écorégion du sud de l'île qui est strictement difficile
à restaurer en cas de dégradation (Nicoll et Langrand, 1989 ;
Ganzhorn et autres, 1997 ; ZICOMA (1999) ; Green et Susman, 1999 ;
Raselimanana, 2002).
La plupart des rapaces ou des oiseaux des proies sont
naturellement des espèces forestières strictes pour l'habitat
comme les aigles, les buses, les strigides, les accipitres et les faucons de
Madagascar mais vue l'effet de la déforestation, certaines
espèces peuvent s'adapter à s'installer dans les milieux ouverts
et dégradés.
L'Epervier de Madagascar et les Faucons à ventre
rayé qui sont nos objets d'étude sont des rapaces diurnes
endémiques de Madagascar qui préfèrent naturellement
l'habitat forestiers surtout pour la reproduction. Ces deux rapaces ont une
distribution dans le Nord et la côte Ouest de Madagascar, Parc Masoala
(René De Roland., 2000), Complexe Tsimembo Manambolomaty (Raveloson,
2017), Parc National de Marojejy (revue 2004 Parc National Marojejy).
Des études ont été déjà
faites sur ces deux rapaces dans ces régions, comme l'étude
biologique, écologique et éthologique de la famille de la
Falconidé, Faucon de newton (Falcon newton) et Faucon à
ventre rayé Falco zoniventris dans la partie occidentale de la
presqu'île de Masoala, Robenarimangason, H. 1999, étude
bio-écologique et éthologique des trois espèces
d'Accipiter sympatrique (A. francesiae, A. madagascariensis
et A. henstii) encore dans la presqu'île de Masoala
(René de Roland, 2000), la description du nid du Faucon à ventre
rayé (Falco zoniventris), son alimentation et ses
comportements, étude biologique de Faucon à ventre rayé au
Complexe Tsimembo Manambolomaty (René de Roland et al. 2005,
Raveloson, 2016). Les informations obtenues sur ces espèces ont
été seulement collectées dans les parties nord-ouest et
nord-est de l'île. Mais ces deux espèces d'oiseaux peuvent se
trouver dans la région Sud-Ouest de Madagascar, comme dans le Zombitse
National Park, dans les aires protégées Reniala et du parc Mosa
de Mangily-Ifaty Toliara, qui sont des sentiers botaniques et des
réserves ornithologiques, situés dans l'écorégion
du Sud et Sud-ouest malgache (Reniala, 2010). Ces deux dernières aires
protégées jouent les rôles importants en matière de
conservation mais aucune étude bioécologique et d'inventaire n'y
a été encore faite pour évaluer le succès de la
conservation pour ces deux espèces afin de compléter les bases de
données sur ces rapaces. C'est la raison pour laquelle qui nous pousse
à choisir notre présent sujet : « Biologie et
Ecologie de deux rapaces sympatriques malgaches, Epervier de Madagascar
(Accipiter madagascariensis (Verreaux, 1833) et Faucon à ventre
rayé (Falco zoniventris, Peter, 1984)
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dans les Aires Protégées de Reniala et
de la forêt de Mosa, Mangily, Sud-ouest de Madagascar »
La question suivante constitue notre problématique :
Comment se présentent ces espèces dans ces sites et est-ce que
les conditions bioécologiques y sont favorables aux besoins de ces
espèces ?
Ce travail a pour objectif global de donner les informations
biologiques et écologiques conduisant la présence de ces deux
rapaces dans la forêt sèche du Sud-ouest de Madagascar afin de
compléter les bases des données et de raffiner le plan de
conservation existant dans ces sites.
Pour atteindre cet objectif global, des objectifs
spécifiques sont assignés à cette étude : >
Inventorier les populations présentes
> Recenser les couples reproducteurs dans les sites
d'étude
> Localiser et caractériser les nids de ces rapaces
dans la zone d'étude
> Etudier la biologie (morphologie et biologie de la
reproduction) de ces deux rapaces > Etudier l'écologie (régime
alimentaire, habitats, relation intra- et interspécifiques et
comportements) de ces deux espèces
> Identifier les pressions et les menaces pesant sur ces
espèces dans ce site
> Comprendre les facteurs écologiques qui
déterminent leur présence
Dans ce cadre de travail, cinq hypothèses suivantes
doivent être vérifiées : y' Hypothèse 1 : La
distribution de l'effectif des individus des deux espèces dans les zones
protégées et non protégées est homogène
y' Hypothèse 2 : L'effectif des nids et des individus
présents dans la zone d'étude pour les deux espèces est
égal.
y' Hypothèse 3 : La participation entre les mâles et
les femelles pendant la reproduction (fabrication du nid, incubation et
élevage des poussins) est homogènes.
y' Hypothèse 4 : Ces deux rapaces ont des mêmes
préférences écologiques.
Ce présent mémoire comporte trois parties.
D'abord, la première partie est destinée à la
méthodologie, qui englobe la description de la zone d'étude et la
présentation des espèces étudiées, des
matériels utilisés, des méthodes de collecte des
données suivi de traitement et de l'analyse statistique des informations
collectées. Puis, les résultats et les interprétations
sont donnés dans la deuxième partie. Tandis que, la
troisième dernière partie se rapporte à la discussion des
résultats, des recommandations et de conclusion.
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