d) La justice, la rue et les groupes
d'intérêt
Les politiques migratoires d'Obama et Trump ont
été confrontées aux pressions et oppositions issues des
institutions judiciaires, des mouvements sociaux et de groupes
d'intérêts. Malgré l'existence d'une représentation
dominante de la migration, ce sujet fait débat au sein de la
société américaine. De nombreuses organisations et acteurs
sociaux mènent des actions visant à influencer et orienter les
politiques migratoires. Par exemple, les organisations de défense des
droits des migrants ont fait pression sur le gouvernement Obama afin qu'il
tienne sa promesse de campagne et régularise une partie des migrants.
Cependant, les mesures de régularisation mises en place par Obama se
sont heurtées aux oppositions de 26 États gouvernés par
des républicains et finalement un juge fédéral s'est saisi
de la question et a ordonné un gel durable de ce
programme158.
Le décret anti-migration de Trump a quant à lui
provoqué des contestations de la part d'associations en défense
des droits civiques. De nombreux activistes se sont rassemblés dans les
aéroports afin de demander la libération des personnes retenues
par les services migratoires à cause du décret. Les associations
de défense des droits civiques ont saisi une juge fédérale
qui a provisoirement interdit l'expulsion des migrants retenus dans les
aéroports et leur a permis d'entrer sur le territoire.
En réponse à cette décision D. Trump a
proposé un nouveau décret interdisant de manière
permanente l'entrée aux ressortissants de sept pays et aux
fonctionnaires Vénézuéliens. Les organisations de
défense des migrants, à l'exemple du National Immigration Law
Center, ont dénoncé l'intention de porter atteinte aux musulmans.
Aussi, le dernier décret a été
158 Catherine Sauviat, op. cit.
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ROODLY RICHARD
8/2/19
« Plaidoyer pour un cadre juridique de la protection
des travailleurs migrants et migrantes haïtiens et haïtiennes: cas du
rapport avec la République Dominicaine, les États-Unis et le
Chili »
bloqué par un magistrat de Hawaï affirmant que le
texte « effectue à l'évidence une discrimination
fondée sur une nationalité » et ne peut pas démontrer
en quoi le permis d'entrer sur le territoire à plus de 150 millions de
ressortissants des pays visés « « nuirait aux
intérêts des États-Unis ». (Juge Watson 2017)
Cependant, malgré les oppositions des juges fédéraux au
décret, la Cour suprême a autorisé son application
interdisant ainsi l'entrée aux ressortissants de 6 pays musulmans, le
Venezuela et la Corée du Nord. Bien qu'il s'agisse d'une victoire pour
Trump, ce sujet doit encore être traité par des tribunaux
fédéraux. La bataille judiciaire continue.
De plus, certains groupes d'intérêts
économiques s'opposent à la politique migratoire de Trump
notamment à la suppression du programme de protection des jeunes sans
papiers. En effet, le secteur agricole, l'hôtellerie et le bâtiment
sont très dépendants de la main d'oeuvre immigrée. Ces
tâches ne sont pas accomplies par les américains qui, de plus en
plus diplômés, aspirent à des emplois plus
qualifiés. Ainsi, Trump mais également Obama ont dû faire
face à des pressions de la part des groupes patronaux qui les
encouragent à régulariser les travailleurs clandestins afin de
servir l'économie américaine. Ces intérêts sont
également défendus par la plupart des démocrates et
quelques républicains qui cherchent à influencer les
décisions de Trump. Récemment, deux représentants
démocrates de la chambre des représentants et du sénat ont
rencontré Trump pour trouver un compromis sur la situation des «
dreamers » et celui-ci souhaite désormais protéger les
jeunes étrangers d'expulsion tout en renforçant la
sécurité des frontières.
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