La protection des enfants lors des conflits armés dans la région des grands lacs. L'exemple de la république démocratique du Congo.par Albert Damase Lamine Diatta Université Gaston Berger de Saint-Louis - Master 2 2016 |
Section 2: La nécessité d'une redynamisation des mécanismes de protection des enfants en RDCDepuis ces dernières années, avec la transformation de la MONUC en MONUSCO, la situation des enfants victimes des conflits armés qui secouent le pays pendant plusieurs décennies, a connu des avancées considérables, même si dans certaines localités du pays, il y a encore des efforts à réaliser, car la MONUSCO « continue de recevoir des rapports inquiétants indiquant que les membres du M23 exigent des chefs locaux qu'ils identifient et leur rendent les « déserteurs » »84(*) Et c'est tout le sens de la nécessité de redynamiser les mécanismes de prévention des violations des droits des enfants. Et pour y arriver, cela passe d'une part, par le renforcement des mécanismes de prévention des violations (paragraphe 1) et d'autre part par la lutte contre l'impunité de la violation des droits de l'enfant dans les conflits armés (paragraphe 2). Paragraphe 1: Pour un meilleur renforcement des mécanismes de prévention des violationsL'application effective des règles du droit international humanitaire dans les champs de bataille pose toujours problème surtout dans le contexte de la RDC. Et dans le cadre de la redynamisation des mécanismes de protection des enfants, le renforcement des moyens de prévention semble être une bonne option. Et dans cette optique, pour éviter que les enfants ne fassent à nouveau objets de violation de leurs droits, il y a un besoin permanent d'améliorer leurs conditions de vie (A), mais également il y a un besoin de création d'une commission nationale de mise en oeuvre du droit international humanitaire (B). A. Un besoin permanent d'amélioration des conditions de vie des enfants vulnérablesLe conflit armé en RDC a eu des conséquences néfastes sur l'ensemble des populations civiles qui se trouvaient dans les champs de batailles ou dans les endroits périphériques. Les effets des conflits sont sans conséquences sur les enfants qui, s'ils ne sont pas victimes, sont des acteurs par circonstance. C'est pourquoi avec les affrontements incessants au cours de ces décennies, et le manque d'instabilité, il y a donc un besoin permanent d'améliorer les conditions de vie des enfants durant et après les conflits. Et même si le DIH n'intervient qu'en cas de conflit, le droit international des droits de l'homme et plus particulièrement la Convention des Nations-Unies relative aux droits de l'enfant, interviennent de façon permanente avec la ferme volonté d'améliorer le sort des enfants. Et dans le cas du conflit armé en RDC, le critère de permanence dans l'amélioration des conditions de vie des enfants est capital, car la République Démocratique du Congo étant dans « une totale instabilité politique », et les conflits peuvent surgir d'un moment à l'autre. Et dans ce contexte, il convient de trouver des solutions adéquates afin d'améliorer les moyens de protection et d'assistance des enfants. Ceci, justifie d'une certaine manière, la présence des nombreux organismes internationaux dans ce pays. Ces derniers en plus d'apporter des soutiens matériels de base, établissent des programmes afin de rétablir les enfants dans leurs droits. Ils s'efforcent de leur rendre le minimum qui leur a été volé par ces nombreux conflits incessants. Et il est sans nul doute qu'en plus des dommages matériels, ces affrontements ont causé aux enfants des traumatismes physiques et psychologiques qui peuvent être durables. Et « pour la situation de la RDC, l'indifférence n'est pas une option, car c'est en grande partie la vie des enfants qui est jeu ».85(*) Il faut alors donner la « priorité aux enfants en investissant dans le secteur des services sociaux et en s'engageant à démobiliser tous les enfants qui sont encore associés aux forces et groupes armés ».86(*) Mais cette démobilisation ne doit pas rester sans accompagnement, car il faudrait occuper ces enfants-là qui avaient l'habitude d'user de la violence pour pouvoir gagner leur vie. De ce fait un programme de formation professionnelle ou de réinsertion socioéconomique surtout pour les filles, serait d'un très grand apport. Et « comme le faisait remarquer l'ONG COOPI dans une étude en 2007, l'intégration au système scolaire et /ou la formation professionnelle sont des aspects importants pour les filles, leur permettant d'améliorer l'estime de soi et les regards de la part de la Communauté, même lorsqu'ils n'aboutissent pas à une activité professionnelle raisonnablement lucrative.87(*) Et dans le cadre de l'amélioration de leurs conditions de vie, les enfants aussi bien démobilisés ou qui avaient été séparés de leur famille ont besoin qu'on leur facilite une réunification à long terme avec leur famille, et pour cela « il est essentiel de veiller à améliorer la protection familiale au retour des enfants, notamment lorsque la famille n'est pas la famille nucléaire et que les enfants n'apportent pas le soutien financier qu'on attend d'eux ».88(*) Alors, « il convient d'accorder une attention particulière au retour sûr et durable ... aux enfants libérés de l'emprises des groupes armés ».89(*) Cette intervention des organismes humanitaires internationaux, régionaux, et ou locaux en RDC, doit se faire de façon permanente afin de parvenir à améliorer la situation des enfants. Ainsi, toujours dans le cadre du renforcement des mécanismes de prévention des violations, il y a un besoin de mettre en place des commissions nationales de mise en oeuvre du droit international humanitaire. * 84 Fofack Wilson Eric « Les enfants victimes des conflits armés dans le monde : Permanence et mutation d'une préoccupation mondiale, GRIP, 21 août 2013. * 85 SOS Enfants : République démocratique du Congo, UNICEF, Juillet 2006, p.8. Reportage de Martin Bell sur les enfants piégés par la guerre. * 86 Ibidem., p.8. * 87 Rapport d'évaluation du programme 2007-2011 pour les Enfants Associés aux Forces et Groupes Armés en RDC, UNICEF RDC, Mai-Juin 2011, p.33. * 88 Ibidem., p.39. * 89 Stratégie de la Suède pour la coopération au développement avec la République Démocratique du Congo 2015-2019, p.10. |
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