Sigles et abréviations
SIG : Système d'Information Géographique
PIR : Proche Infrarouge
NDVI : Indice par Différence Normalisée de la
Végétation
K : Coefficient Kappa
GPS : Global Positioning System
TM : Thematic Mapper
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Introduction
L'étude de l'occupation du sol est une entrée
privilégiée dans l'évaluation des interactions entre
l'Homme et son milieu (Kpedenou et al., 2018). Avec le temps, ces
interactions qui jadis se limitaient à une simple satisfaction des
besoins élémentaires sans avoir d'impacts majeurs sur
l'environnement, ont actuellement pris une tournure de plus en plus
dévastatrice s'accompagnant non seulement par des répercussions
directes sur la nature entre autres l'érosion des sols, la perturbation
de tout le cycle de l'eau, l'émission de gaz à effet de serre
dans l'atmosphère à l'échelle planétaire que
l'industrie des transports (Vink, 1983), mais éventuellement, la perte
définitive de certains avantages pour les êtres humains (Ramsar,
2014). Sur le plan international, la thématique liée aux
problèmes environnementaux et ses conséquences
préjudiciables à la survie des êtres vivants fait couler
beaucoup d'encres. Un véritable monde des catastrophes naturelles s'est
constitué au niveau international et s'est peu à peu
institutionnalisé (Environnement Canada, 2018). Selon les statistiques
de 2015, entre 1994 et 2015 plus de 8600 catastrophes naturelles ont fait plus
de 1,5 millions de morts sur l'ensemble de la planète, soit près
de 76000 victimes par an et généralement localisés dans
des milieux urbains (CRED, 2015). La communauté scientifique
chargée de l'évaluation d'impacts environnementaux pointe du
doigt le souci de l'homme de modifier le plus possible la nature pour ses fins
diverses (Seto et al., 2011). Aujourd'hui l'humanité connait
une expansion croissante des zones urbaines qui se prononce par une
artificialisation des milieux naturels (Ferland, 2015). Cette tendance aboutit
à la conversion des zones de végétation naturelle en zone
de cultures ou la conversion des zones de cultures en zone d'habitation
(Ferland, 2015).
Dans le pays en voie de développement, notamment ceux
de l'Afrique, l'urbanisation rapide a commencé à se manifester
depuis les années 1950. Cette période correspond à la
naissance mais surtout l'expansion des grandes villes situées sur les
zones littorales. Cette situation est née de la concentration dans les
centres urbains des services administratifs, des entreprises et des
marchés. Elle a entraîné d'importants flux migratoires et a
abouti à une macrocéphalie du tissu urbain (Vennetier, 1991
cité dans Diop, 2006).
En République Démocratique du Congo, on constate
un déséquilibre entre les villes et les milieux ruraux dans les
différentes provinces. Les villes sont généralement
très peuplées subissant chaque année un important flux
migratoire (Chamaa et al., 1981). Certaines villes situées dans
les zones littorales, notamment la ville Bukavu, ne sont pas exemptées
de ces
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phénomènes alarmants et
incontrôlés. La ville a assisté à une augmentation
spectaculaire de sa population de 79,8 % entre 1972 et 1974. Durant cette
période, la ville a accueilli des flux de 30000 personnes par an (Chamaa
et al., 1981). Avec un taux de croissance annuel de 4 %, la demande
foncière devient insoutenable : 1000 nouveaux arrivants chaque
année, soit une demande 1000 nouvelles parcelles (ONU-Habitat, 2014). A
cela s'ajoute, la construction des infrastructures issues de la demande sociale
(écoles, réseau d'adduction d'eau, hôpital, marché,
station d'épuration des eaux et routes) (Ferland, 2015). Avec cette
demande, les autorités urbaines ne sont plus à mesure de
distinguer les sites propres aux habitations et ceux impropres (terrains
à fortes pentes, c'est-à-dire dépassant 30° des
terrains constitués des sols fragiles et des espaces verts) (Sherula,
2017). La ville a connu dès lors, une augmentation spectaculaire des
catastrophes naturelles et qui se répercutent sur le paysage de la
ville, jadis appelée Bukavu la verte, et les valeurs
socio-économiques de la population (Ndyanabo et al., 2010).
Selon le bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies
(2016), entre 2014 et 2015, les catastrophes naturelles ont causé 195
morts dans cette ville soit une moyenne de 4 personnes par mois. Plus de 24700
personnes ont été directement affectées (destruction des
maisons, inondations des routes,...) par ce fléau. Pourtant, le couvert
végétal joue un rôle essentiel dans l'espace urbain. Son
existence est nécessaire à la production de l'oxygène et
au recyclage des rejets gazeux afin d'assurer un équilibre
écologique (Grimm et al., 2008). Il est d'autant plus efficace
qu'il absorbe l'énergie cinétique des gouttes de pluie pour
arrêter l'érosion et maintient une bonne porosité à
la surface du sol (Ferland, 2015).Cependant, il est ainsi donc
nécessaire de se rendre compte de la situation de l'utilisation du sol
dans la ville de Bukavu au regard de ces observations funestes.
A cet effet, les informations issues de l'analyse de
l'occupation du sol sont toujours utiles dans l'identification des
stratégies appropriées pour mieux gérer l'état de
l'utilisation des terres enfin de promouvoir le développement durable
(Mas, 2000 ; Lu et al., 2004). Il requiert donc de se poser la
question de savoir quel est l'état actuel de l'occupation du sol dans la
ville de Bukavu ?
A la lumière de cette question, ce travail examine
l'hypothèse selon laquelle dans cette ville où l'explosion
démographique bat son plein avec une densité de 13 449 hab.
/km2 en 2012 (Godding, 2013), il existerait un nombre
élevé de petites taches de savane herbeuse et que la classe sol
nu et les bâtis constituerait la classe dominante dans ce paysage.
Duvigneaud (1958), Bizangi (1983), Mbenza (1994) avaient signalé
déjà que les migrations ethniques intra et extra
régionales au cours des dernières décennies étaient
la cause de la dévastation des vastes étendues de forêt
dans la ville de Lubumbashi.
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La présente étude a pour objectif global de
contribuer à une meilleure connaissance de l'occupation du sol de la
ville de Bukavu. Spécifiquement, il cherche à analyser la
structure spatiale de la ville de Bukavu à partir de données de
télédétection, du système d'information
géographique et d'outils d'analyse de l'écologie du paysage.
C'est dans ce cadre que la présente étude engagera
comme objectifs opérationnels de :
? réaliser une composition colorée permettant de
rehausser les valeurs radiométriques afin d'analyser efficacement
l'occupation du sol et en particulier la végétation ;
? réaliser une classification non supervisée et
une cartographie de l'occupation du sol reprenant les classes : Forêt,
Savane, Savane herbeuse, et Sol nu et bâtis ;
? valider la classification non supervisée à partir
de la matrice de confusion ;
? quantifier la structure spatiale des différentes
classes à partir des indices de structure spatiale.
Hormis l'introduction et la conclusion, le travail est
subdivisé en 4 chapitres. Le chapitre premier fait une synthèse
bibliographique sur la télédétection et la
dégradation du couvert végétal. Le chapitre
deuxième contextualise le cadre d'étude et présente les
matériels utilisés ainsi que les méthodes suivies. Dans le
troisième chapitre, les principaux résultats cartographiques et
de la classification sont présentés et interprétés.
Enfin, le quatrième chapitre discute la méthodologie
utilisée et les principaux résultats obtenus.
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