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Structure administrative et gestion de la population dans le département du Mbéré de 1983 à  2018


par Léandre TASSONA
Université de Ngaoundéré - Master 2 Histoire 2019
  

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Conclusion

Tout compte fait, il était question dans ce travail de montrer pourquoi dans le Département du Mbéré, des localités situées dans un arrondissement se trouvent sous le commandement d'un autre arrondissement bien éloigné. Il ressort de notre étude que les contours des divisions territoriales de ce Département déclinent des formes irrégulières, qui d'emblée trouvent d'explication dans l'aspect est historico-culturel. Il s'agit du tracé de la route Meiganga-Yamba connectant le Cameroun à la RCA. Pour l'administration, tout le monde allait se regrouper le long de la route pour faciliter le recouvrement de l'impôt. La vallée du Mbéré et celle de Lom étaient respectivement des entités prospères avec des structures bien organisées et fidèles à leurs souverains. Ainsi, ces vallées constituaient donc les principaux foyers de migrations qui ont impulsé la sédentarisation anarchique des différents groupes humains le long de la route. Des sites des groupes venants du Lom d'une part et de Mbéré(vallée) d'autre part, se chevauchaient le long de la route. C'est ainsi qu'une fois établis, ces différents groupes, par affinité clanique ou culturelle, réclamaient la tutelle de leur « royaume » de départ. D'où l'engrainage des zones d'influences entre différentes entités traditionnelles et même entre diverses unités administratives.

En outre,l'analyse sociopolitique démontre que ce découpage des divisions territoriales aux contours flous dans ce Département a permis au régime en place de jouir d'une solide représentation locale. Il s'agit là d'une « politisation » du découpage des circonscriptions administratives ou d'un découpage administratif intéressé. C'est dire que la configuration de ces unités administratives a profondément déséquilibré l'UNDP qui avait un fort ancrage dans le Département du Mbéré. En effet, suite conflit ethnique(Gbaya/foulbé) de Meiganga, il s'est créé un véritable repli identitaire autour des partis politiques. Les gbayas (ethnie majoritaire) militants de l'UNDP et d'autres groupes non musulmans ont déserté ce parti considéré comme propre aux Foulbé. Ainsi, l'État a divisé ces circonscriptions dans l'optique de réunir une population éparpillée géographiquement en vue de faire de ce groupe une majorité dans chacune des circonscriptions. Et donc, les villages administrativement enclavés sont rattachés à leur communauté culturelle ayant en partage certaines valeurs ou intérêts voire les mêmes convictions politiques, afin de consolider le poids électoral.

De ce fait, le fonctionnement de l'administration dans le Département du Mbéré s'accompagne des « grincements de dents » du côté des administrés que des administrateurs. Du côté de la population, l'administration offre en général dans sa mission régalienne un cadre d'épanouissement qui se décline en deux : d'un côté, les services accessibles à tout citoyen quel que soit son appartenance administrative ; et de l'autre côté les services exclusivement réservés aux citoyens sous l'autorité del'administration territorialement compétente. Ce dernier concerne les services comme l'établissement des actes de naissances, l'obtention du titre foncier, l'autorisation de manifestation publique. Alors, pour avoir accès à ces services, il faut se référer à l'administration territorialement compétente. Ainsi, ce dernier aspect entrave énormément la communion entre l'administration et son sujet.

Aussi, l'administration est incapable à fournir des services de qualité et en quantité suffisante à tous les citoyens avec pour conséquence une perte de crédibilité et de légitimité auprès de ces derniers qui, pour satisfaire leurs besoins essentiels, se replient sur eux-mêmes. On note également le problème de gestion administrative des personnes et des biens. En cas de litiges fonciers dans cette contrée avec tant d'engrainage des zones d'influences, entre deux villages appartenant à deux unités distinctes ; les administrateurs locaux se sentent impuissantes pour trancher ce litige. Seul le préfet est habilité pour y ramener de l'ordre. Bien plus, lorsque la sécurité est menacée dans un village qui est loin de sa capitale administrative et proche d'une autre unité administrative. L'unité la plus proche ne peut pas intervenir de manière efficace mais plutôt elle peut déployer ses troupes à titre préventif. De même, l'administration centrale semble ignorer le chevauchement des zones d'influences entre ces unités administratives dans le Département du Mbéré. En effet, lorsqu'un village est proche de la capitale d'une entité administrative, par confusion l'administration centrale confie son encadrement à l'autorité administrative contigüe. Or qu'en réalité, ce village est plutôt sous la tutelle de l'autre unité administrative dont la distance est forte considérable. Ce qui crée donc un amalgame dans les budgets respectivement affectés aux fonctionnements de ces différentes circonscriptions administratives. En outre, cet amalgame s'observe aussi chez certains organismes qui effectuent des recherches dans ces circonscriptions. Ces organismes par question de bon sens, associent par ignorance des villages proches comme partie intégrante de l'entité territoriale qui fait l'objet de leur étude. Par conséquent, cela fausse les données dans la mesure où certains de ces villages étudiés dépendent plutôt de la circonscription voisine.

Par ailleurs, les conséquences qui se dégagent de ces découpages se résument en la perte de légitimité et de crédibilité de l'État. En effet, les administrateurs ne sont pas fort présents dans les villages victimes d'une « injustice de division administrative ». En effet, certains représentants de l'État dans l'exercice de leur fonction n'ont jamais mis pieds dans ces zones. Par conséquent, ces populations se sentent abandonner à eux et n'en font qu'à leur tête. Et fatalement, ces villages sont devenus des foyers d'insécurité grandissante. Aussi, cette distance fait que ces populations ne bénéficient de l'attention de la tutelle en termes d'investissements. Fort de cet état de chose, ces populations expriment donc leur mécontentement à travers des doléances adressées à l'endroit des autorités administratives lors de leurs différentes tournées. Les nouveaux challenges de l'administration camerounaise pour un meilleur découpagesontdonc de prendre en compte la politique d'une administration de proximité.

Sources et références bibliographiques

I- Sources orales

Noms et prénoms

Âges

Sexe

Statut matrimonial

Profession

Religion

Lieu d'entretien

01

Aba Emmanuel

43

M

Marié

Cultivateur

Chrétien

Gari

02

Abou Marie Joséphine

51

F

Mariée

Ménagère

Chrétienne

Fada

03

Aboubakar Adamou

27

M

Célibataire

Secrétaire d'état civil

Musulman

Ngaoui

04

Bakari Mathieu

69

M

Marié

2e adjoint au maire de la commune de Ngaoui

Musulman

Ngaoui

05

Bentou Béatrice

23

F

Mariée

Ménagère

Chrétienne

Lamou

06

Beuboum Roger

38

M

Marié

SG de la commune de Ngaoui

Chrétien

Ngaoui

07

Bouba

32

M

Marié

Chef de village Yafounou

Chrétien

Yafounou

08

Daouda Issa Bago

54

M

Marié

Administrateur retraité

Chrétien

Laïdé-mami

09

Djibrilla Hamissou

45

M

Marié

Chef de village de Fada

Musulman

Fada

10

Daodou Pierre

84

M

Marié

Commerçant

Animiste

Dadzer

11

Djidéré Gilbert

49

M

Marié

Secrétaire d'administration

Chrétien

Ngaoui

12

Ehadi Léopold

44

M

Marié

Secrétaire d'administration principal

Chrétien

Djohong

13

Garba Roger

35

M

Marié

Agent administratif S/P Dir

Chrétien

Dir

14

Hamadou Jean

32

M

Marié

Cultivateur

Chrétien

Lamou

15

Hamadou Saliou Iya

87

M

Marié

Commerçant

Musulman

Gandinang

16

Hamidou Bagari

32

M

Marié

Professeur et étudiant

Chrétien

Dadzer

17

Kondja Sodéa

57

M

Marié

Cultivateur

Chrétien

Ngolo

18

Koulagna Alain

74

M

Marié

Enseignant et étudiant

Musulman

Yafounou

19

Madihna

32

F

Mariée

Ménagère

Animiste

Mboula

20

Maloum Issa

53

M

Marié

Chef de village

Djaoro-doua

Musulman

Djaoro-doua

21

Mansourou

82

M

Marié

Enseignant retraité

Musulman

Garga-pella

22

Moussa Sabo

58

M

Marié

Sénateur et lamido de Meiganga

Musulman

Meiganga

23

Mvogo Sylyac Marie

43

M

Marié

Administrateur Civil Principal

Chrétien

Meiganga

24

Oumarou Issama

59

M

Marié

Maire de commune de Djohong

Chrétien

Djohong

25

Oumarou Bouba

50

M

Marié

Chef de village de Ngolo

Musulman

Ngolo

26

Salé Abou

57

M

Marié

Chef de village

Ngam

Musulman

Ngam

27

Satou Odile

42

F

Mariée

Institutrice

Chrétienne

Gandinang

28

Ten Edouard

25

M

Célibataire

Étudiant

Chrétien

Ngam

29

Yaya Doumba Marius

60

M

Marié

Lamido de Djohong

Musulman

Djohong

II- Sources écrites

A- Les documents d'archives

Arrêté préfectoral n°083/AP/H.51/SAAJP, portant homologation de la désignation du chef de 3e degré du village Yafounou, Arrondissement de Meiganga.

Article 1 alinéa 2 de loi constitutionnelle du 18 janvier 1996

Décret n° 95/082 du 24 avril 1995, portant création des communes rurales.

Discours du porte-parole de la population de Gbatoua lors de la tournée économique de la délégation préfectorale du Mbéré le 18 mars 16

Loi n° 2009/019 du 15 décembre 2009, portant fiscalité locale

Décision n°2125/M-F/MINADT/DAP/SDAA, René Emmanuel Sadi, 16 juillet 2012, Enrichissement du projet d'immatriculation des centres d'états civils.

Décision n°00000085/L/MINADT/SG, René Emmanuel Sadi, 12 janvier 2015, Achèvement du recensement des chefferies traditionnelles de 3ème degré.

Procès-verbal de passation de service entre le sous-préfet entrant et le sous-préfet sortant du 22 avril 2017.

Procès-verbaux des antennes communales d'ELECAM des quatre arrondissements du département du Mbéré relatifs à la répartition des bureaux des votes lors du présidentiel 2018.

Programme de la tournée de prise de contact de monsieur le sous-préfet de l'arrondissement de Djohong.

Rapports annuels des IAEB de Djohong, de Meiganga, de Ngaoui, et de Dir

B- Sources sonores

Oumarou Issama, Interviewé le 20 décembre 2016, YouTube, Djohong la belle.

Yaya Doumba Marius, Interviewé le 20 décembre 2016, YouTube, Djohong la belle.

C- Ouvrages

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci