La protection juridique des personnes vulnérables au Niger.par Taher ABDOU Université d'Abomey-Calavi /FADESP - Master II en droit et institutions judiciaires 2017 |
B - De l'analphabétisme à la pauvretéLa pauvreté et l'analphabétisme constituent des facteurs de risque les plus importants des violences multiformes faites aux personnes vulnérables. Les conséquences des violences sont également visibles à travers les séquelles physiques à vie, les grossesses précoces et non désirés, la prostitution clandestine des femmes et jeunes filles, la toxicomanie et l'alcoolisme, le vagabondage sexuel, l'abandon des études ou le retrait des filles très tôt de l'école287(*). Certains justiciables, par analphabétisme ne font toujours pas la distinction entre un juge et un avocat, entre un avocat et un huissier et entre un huissier et un greffier. Tous les hommes en noir sont appelés avocats288(*). Lorsqu'un problème de droit se pose à un citoyen pauvre et analphabète, il ne s'est à qui s'adresser. Il préfère parler de son problème au chef de village qu'au magistrat. Pour eux la justice évoque : Le procès, l'intimité, la rupture de l'équilibre social, la prison, l'injustice, l'argent, le « bras long » c'est-à-dire, les relations et éventuellement la protection occulte en vue de faire face à l'adversité de l'autre partie à l'issue d'un procès289(*). Le Niger n'a pas connu d'évolution significative depuis 1998, alors qu'à l'époque 77% des femmes âgées de 20 à 24 ans s'étaient mariées avant leurs 18ans. En 2002, le Fond des Nations Unies pour la Population (UNFPA) a démontré dans un rapport sur le mariage d'enfants que le Niger était le pays d'Afrique où le taux de prévalence de mariage d'enfant était le plus élevé290(*). Dans ce même rapport, l'UNFPA expliquait que les mariages d'enfants étaient de nombreux dans les zones rurales et touchaient d'avantage les personnes les moins éduquées et les plus pauvres parmi lesquelles se trouvent les personnes en situations de vulnérabilité291(*). Ainsi, 81% des femmes de 20 à 24 ans sans éducation et 63% de celle ayant fréquenté l'école primaire étaient mariées ou en couple à 18 ans. En comparaison, seules 17% des femmes ayant bénéficié d'une éducation secondaire ou d'un niveau plus élevé étaient mariées à 18 ans292(*). D'autres justiciables estiment que certains cabinets et offices sont trop luxueux à leur goût, en conséquence, ils préjugent que les honoraires qui y seront pratiqués pourrait être hors de la portée de leur pouvoir financier293(*). Relativement à toutes ces défaillances liées à la protection des personnes vulnérables, des mesures idoines doivent être prises pour remédier à toutes ces situations, d'où les perspectives d'une meilleure protection. * 287 Cf. OdileNdoumbéFAYE, op, cit., p. 68. * 288AkouégnonMicheh, HONVOU, Laprotectiondesdroitsfondamentauxaucoursdel'enquêtepréliminaireauBenin, Mémoire de DEA, Droit de la personne et de la démocratie, UAC, 2012, p. 54. * 289Idem. * 290 Voir rapport Global de Suivi, op, cit., p.16. * 291Idem. * 292Idem. * 293 A ces facteurs, s'ajoute le fait que les personnes vulnérables ignorent qu'elles ont des droits qui doivent être respectés par tous. |
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