1.1.4. STATISTIQUE
Même si le terme de « statistique » est
généralement considéré comme datant du
XVIIIe siècle, le recours à cette discipline remonte
à un passé bien plus éloigné. On fait en effet
souvent référence à la collecte de données en Chine
en 2238 av. J.-C. concernant les productions agricoles, ou encore en
Égypte en
1700 av. J.-C. en référence au cadastre et au
cens.
La collecte de données à des fins descriptives
est ainsi bien ancienne, mais ce n'est qu'au XVIIIe siècle
qu'est apparue l'idée d'utiliser les statistiques à des
20 Cité par MINGIEDI MATONDO Boaz,
Statistique descriptive Cours dispensé aux étudiants de 1er
Graduat en Statistique, ISS/KIN, Inédit, 2019.
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fins prévisionnelles. Ce fut le cas en
démographie où les statistiques collectées lors des
recensements de la population ont permis l'élaboration de tables de
mortalité en Suède et en France.
Du côté des mathématiciens, les recherches
sur le calcul des probabilités se sont développées
dès le XVIIe siècle, au travers notamment des travaux
de Fermat et Pascal. Même si Condorcet et Laplace ont proposé
quelques exemples d'application de la théorie des probabilités,
ce n'est qu'au cours de la deuxième moitié du XIXe
siècle, grâce aux travaux de Quételet, que l'apport du
calcul des probabilités à la statistique fut réellement
mis en évidence, conduisant ainsi aux prémices de la statistique
mathématique. Cette dernière s'est ensuite largement
développée à la fin du XIXe siècle et
dans la première moitié du XXe siècle.
Par la suite, grâce notamment aux progrès de
l'informatique peu avant la deuxième moitié du XXe
siècle, de nouvelles méthodes d'analyse ont vu le jour, comme
l'analyse multidimensionnelle permettant d'étudier de façon
simultanée plusieurs types de données. La deuxième
moitié du XXe siècle est aussi la période
durant laquelle plusieurs courants de pensée en statistique
s'affrontent, notamment autour de la notion de probabilité.
De ce qui précède, nous pouvons définir
la statistique comme étant la science qui a pour but de faire
connaître l'étendue, la population, les ressources agricoles et
industrielles d'un État.
Achenwall, qui vivait vers la fin du milieu du
XVIIIe siècle, est généralement
considéré comme le premier écrivain systématique
sur la statistique, et on dit que c'est lui qui lui a donné son nom
actuel.
Par ailleurs, plusieurs auteurs ont défini le mot
« statistique » dont nous reprenons quelques-uns20 :
- Selon Antoine Augustin COURNOT (1843), la statistique est la
science qui a pour objet de recueillir et de coordonner des faits nombreux dans
chaque espèce, de manière à obtenir des rapports
numériques sensiblement indépendants des
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anomalies du hasard et qui dénotent l'existence des
causes régulières, dont l'action s'est combinée avec
celles des causes fortuites.
- La statistique est l'ensemble des procédés ou
méthodes qui visent à la description quantitative des ensembles
nombreux (G. CALOT)
- Pour LUSAMBA DIKASA, la statistique est l'ensemble des
méthodes et procédures utilisées pour collecter,
organiser, analyser et synthétiser les données ainsi que pour en
tirer des conclusions scientifiques.
- La statistique est une méthode qui a pour but de
décrire et non, du moins en elle-même d'expliquer ; c'est un outil
de connaissance ; elle facilite l'exercice du jugement, elle ne se substitue
pas au jugement lui-même.
- La statistique est une méthode d'analyse quantitative
donnant des informations chiffrées : elle a pour support le nombre.
- La statistique ne s'intéresse qu'aux ensembles
nombreux. Sans doute, en tant que méthode d'analyse, la statistique peut
être appliquée à l'étude d'ensembles dont la taille
est quelconque. Mais les résultats qu'elles fournissent ne prennent un
caractère de stabilité et de généralité que
si l'ensemble est assez important.
- La statistique est une science avec ses lois, ses
méthodes, ses techniques qui traite les informations ou les
données collectées21.
En effet, la statistique est soit descriptive, soit inductive
:
a) STATISTIQUE DESCRIPTIVE (OU DEDUCTIVE)
La statistique descriptive permet d'étudier
quantitativement une situation et fournir des renseignements précis en
vue de prendre des mesures adéquates.
b) STATISTIQUE INFERENTIELLE (OU INDUCTIVE)
La statistique inductive joue un rôle fondamental dans
la recherche scientifique. Elle procède toujours par induction ou par
l'application du raisonnement inductif à partir d'une étude
portant sur un nombre de cas limités.
21 IBUDI, Notes du cours des techniques de collecte
des données, ISS/KIN, Inédit, Kinshasa, 2019, p.2.
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On finit par généraliser les conclusions
à tous les cas existants (notion de l'échantillonnage).
C'est l'ensemble des méthodes qui permettent de faire
des prévisions, des interpolations sur une population à partir
des résultats recueillis sur un échantillon.
Nous utilisons des raisonnements inductifs c'est-à-dire
des raisonnements de passage du particulier au général. Cette
statistique utilise des repères de référence qui sont les
modèles théoriques (lois de probabilités)22.
Cette statistique nécessite la recherche
d'échantillons qui représentent le mieux possible la
diversité de la population entière ; il est nécessaire
qu'ils soient constitués au hasard ; on dit qu'ils résultent d'un
tirage non exhaustif.
L'étude sur échantillon se justifie pour
réduire le coût élevé et limiter la destruction
d'individus pour obtenir la réponse statistique.
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