Désintermédiation de la finance islamique( Télécharger le fichier original )par Youssef AITKADISS Université Ibn Tofail - Master spécialisé en ingénierie financière et finance islamique 2017 |
Section 3 : Le crowdlendingLa deuxième forme du financement participatif est celle du crowdfunding en prêt, ce système est encore appelé crowdlending ou lending crowdfunding. L'emprunteur s'adresse, par le biais d'une plateforme web, à une multitude de prêteurs qui vont participer à hauteur de leurs moyens. (68) Popescu, Bogdan Filip, Lefèvre, Fantine « Le crowdfunding à la française Ed. 1 » 2015, Presses des Mines, page 28 41 La somme se doit d'être remboursée dans des temps impartis, avec ou sans intérêts, et cela dépend de la plateforme et des accords prédéfinis. En effet, depuis la crise financière de 2008, des plateformes de crowdlending proposent des prêts rémunérés dans des pays développés, en concurrence directe avec des banques. Il y'a des plateformes qui jouent réellement le rôle d'intermédiaire, dans ce cas, c'est elles qui collectent l'argent investi par les investisseurs, le font parvenir à l'entrepreneur et se chargent de rembourser les créditeurs à la fin du prêt. D'autres plateformes comme Funding Circle (69) ont comme but de faire rencontrer préteur et emprunteur mais l'argent ne transitera pas par elles. Dans d'autres cas, des plateformes, comme le fait lending club, peuvent elles-mêmes présenter des projets originés par des banques, des affactureurs ou autres organismes pour un financement. Des projets peuvent être réunis dans un fonds, véhicule intermédiaire qui est ensuite titrisé à l'adresse des internautes comme le fait Zopa en Angleterre. Le leader mondial en termes de volumes échangés est Lending Club qui est basé à saint Francisco au Etats unis. Jusqu'au 31 mars 2017, cette plateforme a octroyé 26 605 550 287 dollars. (70)
42 En France le leader et Unilend avec un montant prêté de 25 488 900 euros depuis sa création. ? La différence entre le crowdlending et le prêt bancaire conventionnel Pour illustrer cette différence je me permets de citer l'exemple réel de l'ouvrage « Le crowdfunding à la française Ed. 1 », d'une part parce que les chiffres du crowdlending en France sont significatifs, et d'autre part parce que le Maroc est plus proche de la France que des modèles Anglo-Saxons, l'objectif est de présenter la différence entre une banque conventionnelle et une plateforme de crowdfunding en prêt rémunéré (même si les principes de la finance islamique interdisent de prêter ou d'emprunter avec intérêt), nous allons revenir sur l'Islamic crowdfunding en détail dans le dernier chapitre. Un porteur de projet qui cherche à emprunter 100 000 euros par exemple sur 36 mois pour financer la création d'un fonds de commerce, les taux de prêts fixes sur 3 ans que l'on observe dans les plateformes du crowdlending en France sont de l'ordre de 6 à 10 % contre 2 à 4 % dans une banque française pour un crédit moyen terme de montant équivalent. Dans le cas du financement d'un fonds de commerce, le porteur de projet peut emprunter à 6,8 % sur la plateforme et à 1,7 % auprès de la banque. Aux frais de la plateforme s'ajoutent un pourcentage de 1 % sur le capital restant dû chaque année, et une commission initiale de 3 % sur le montant collecté : frais de dossier de 3 000 euros pour la plateforme, alors que les frais de dossier bancaires ne sont que de 500 euros. À taux fixe, ce prêt coûterait 115 380 euros
sur la plateforme et 103 142 euros auprès de la banque, Par contre cette comparaison néglige les coûts fixes pratiqués par les banques. En effet, pour être sûre de pouvoir récupérer son investissement, la banque demandera quelques éléments supplémentaires au porteur de projet : une inscription auprès du Tribunal de Commerce pour un nantissement du fonds de commerce pour la moitié du prêt à hauteur de 50 000 euros. Cela coûte 43 650 euros, une contre-garantie de Bpifrance, qui sera facturée à 1,8 % annuels sur le capital restant dû pour la durée du prêt, et une assurance vie des dirigeants, coûtant 28 euros par personne et par mois pendant 5 ans. Après prise en considération de ces montants, on obtient globalement 110 229 euros contre 111 997 euros sur la plateforme, ce qui est marginalement moins cher. Mais l'avantage de passer par une plateforme de crowdlending est que la somme de 100 000 euros peut être à disposition du porteur du projet dans 3 jours en moyenne après sa compagne qu'il publie sur le site de la plateforme. Pour obtenir la même somme de la banque, il faudra passer du temps à envoyer des justificatifs de factures et l'entreprise peut espérer récupérer la somme après environ 6 mois en moyenne. Le porteur de projet préférera faire l'économie de temps et de patience et obtenir son argent tout de suite. Il subit dans ce cas un biais de proximité temporelle, classique dans la théorie économique (il préfère avoir l'argent plus vite, même si in fine cela lui coûte marginalement plus cher). Le montant que le porteur de projet demande peut être insuffisant pour faire l'objet d'un crédit traditionnel, alors il préfère s'adresser directement à la plateforme, dans le cas où le demandeur du financement souhaite utiliser cette somme pour des besoins immatériels - généralement non pris en compte par les banques, il pourra solliciter le crowdlending. D'autre part, l'investisseur qui souhaite passer par une plateforme de crowdfunding pourra bénéficier d'un revenu plus intéressant que celui d'une banque puisque les taux d'intérêts appliqués en crowdlending sont supérieurs ceux appliqué par les banques, mais il faut signaler qu'un investisseur en crowdlending se trouvera face au risque du non garantie de capital prêté. Les prêts ne sont pas sécurisés au sens d'un établissement bancaire classique même si certaines plates-formes, comme Prexem, proposent aujourd'hui des fonds de protection à destination des prêteurs, le risque principal est celui de la défaillance de l'entreprise à l'origine du crédit et Donc de perte du capital. |
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