I. PROBLEMATIQUE
1.1. Enoncé du problème
La transfusion sanguine est une thérapeutique qui
contribue à sauver des milliers de vies humaines chaque jour à
travers le monde et qui joue un rôle essentiel dans les systèmes
de soins. Mais elle demeure aussi l'une des sources majeures de transmission
d'infections dont les hépatites virales surtout dans les pays en
développement comme le Burkina Faso où la prévalence des
hépatites virales est parmi les plus élevées dans le monde
[7, 8].
Le virus de l'hépatite B se transmet par les relations
sexuelles non protégés, le contact avec le sang (transfusion
sanguine, utilisation de drogues injectables, tatouages ou piercing...), de la
mère à l'enfant pendant l'accouchement. Il peut également
se transmettre par les contacts étroits non sexuels directs ou par
l'intermédiaire d'effets personnels (brosses à dents, rasoirs,
etc.) avec un porteur du VHB, du fait d'une perte d'intégrité
cutanéo-muqueuse [9].
Dans les pays à forte prévalence comme ceux
d'Afrique Subsaharienne, la transmission du VHB par transfusion sanguine est
devenue de plus en plus fréquente. La prévention de cette
transmission repose principalement sur la recherche de l'antigène de
surface (Ag HBs) chez les donneurs de sang. Dans certains pays, le
dépistage des anticorps anti-HBc est également
réalisé en vue de détecter les porteurs chroniques dont la
virémie est faible et chez qui les antigènes sont
indétectables [10, 11].
Pour l'Organisation mondiale de la santé (OMS), il est
de la responsabilité des gouvernements d'assurer un approvisionnement
suffisant en sang et en produits sanguins de qualité pour tous les
patients ayant besoin d'une transfusion sanguine. Pour ce faire, le Burkina
Faso a entamé depuis les années 2000 la réforme de son
système transfusionnel, aboutissant à la création du
Centre national de transfusion sanguine (CNTS) en septembre 2000 [12].
Les données du CNTS montrent que le taux de
positivité des dons à l'Ag HBs est en relative augmentation non
significative statistiquement ces trois dernières années, passant
de 8,55% en 2015 à 8,66% en 2016 et à 8,95% en 2017
(Chi2 à 4 degrés de liberté = 6 < 9,49 et
p=0,199). Bien qu'il existe une légère baisse du taux de
positivité des dons à l'Ag HBs en 2018 (8,16%) comparativement
à 2017, ce taux était de 0,93% chez les donneurs de sang connus
(donneurs ayant fait au moins un don et dont le premier était
négatif pour l'ensemble des marqueurs infectieux dépistés)
[13, 14]. Cela signifie qu'environ un donneur sur cent passe du statut de
séronégatif au statut de séropositif pour le VHB. Ces
séroconversions ont un impact négatif majeur sur la
sécurité transfusionnelle infectieuse. En effet, ces dons
positifs au VHB après un don précédent négatif
indiquent que des donneurs de sang ont été prélevés
pendant la période de fenêtre silencieuse ou
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ont été infectés par le VHB dans
l'intervalle entre les deux dons. Cette situation épidémiologique
pose le problème de la qualité de la sélection
médicale des donneurs de sang et de leur éducation pour des
comportements à moindre risques infectieux. Il en résulte un
impact sur la disponibilité en temps opportun de sang et de produits
sanguins sûrs pour les malades.
Les questions qui pourraient se poser seraient de savoir
quelle est l'incidence de l'hépatite virale B chez les donneurs de sang
de 18 à 27 ans et quelles sont les facteurs associés à
cette incidence ? Plusieurs études en Afrique et dans le reste du monde
se sont penchées sur la prévalence et l'incidence des infections
transmissibles par transfusion (ITT) en général et sur les
hépatites virales B en particulier tant en population
générale que chez les donneurs de sang. Aussi, d'autres auteurs
se sont intéressés au risque résiduel de transmission du
VHB par transfusion sanguine ainsi que sur les facteurs de risque
associés à l'hépatite B et sur la couverture vaccinale
contre l'hépatite virale B chez les donneurs de sang. A titre d'exemple,
une étude récente menée au Centre régional de
transfusion sanguine de Ouagadougou (CRTS/O) sur la période de 2015
à 2017 rapportait qu'une transfusion sur 408 était à
risque de transmettre le VHB au patient transfusé [8]. La
présente étude vise à estimer l'incidence de la
séroconversion hépatite B et identifier ses facteurs de risque
chez les donneurs de sang au CRTS/O.
Ces résultats pourraient permettre de mieux
appréhender les stratégies à mettre en oeuvre par le CNTS
pour disposer d'un pool conséquent de donneurs de sang sûrs et
réguliers afin d'assurer l'approvisionnement adéquat des
formations sanitaires en produits sanguins sûrs.
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