Au terme de cette analyse sur l'utilisation des
émoticônes, nouveaux signes linguistiques apparus grâce
à l'émergence de la communication numérique écrite
et l'apparition des codes qui lui sont spécifiques, force est de
constater qu'elles jouent un nouveau rôle important dans la façon
de communiquer en ligne.
Selon nos diverses analyses de ce corpus de captures
d'écran comprenant des émoticônes, nous avons pu constater
que ces émoticônes pouvaient effectivement être liées
et comparées à une nouvelle ponctuation consacrée aux
écrits numériques. C'est ce qu'a également proposé
DÜRRENMATT (2015 : 105) à la fin de son ouvrage en déclarant
que les émoticônes « ont le plus souvent [...] un rôle
de démarcation des tours de parole mais peuvent intervenir à tout
moment à la manière des points d'exclamation ». GAUDUCHEAU
et MARCOCCIA (2007 : 43) ajoutent même que l'on peut « être
tenté de traiter les smileys comme des signes de ponctuation expressive
».
Cependant, cette utilisation de plus en plus large et
fréquente des émoticônes engendre des évolutions
inattendues : nous pouvons par exemple les retrouver sur les devoirs des
élèves en primaire (certains professeurs choisissant de noter
avec un « visage souriant » ou encore un « visage triste »
sur les copies papier de leurs élèves) ou encore à
l'affiche d'un film, « Le Monde secret des émojis », qui
sortira en été 2017 (avec, pour personnages principaux... des
émoticônes !). Le rôle linguistique des
émoticônes, qu'il soit sémiotique, pragmatique ou
syntaxique, connaît une évolution tellement importante qu'il a
été entièrement transformé pour faire place
à une personnification de ces émoticônes, et que nous
sommes de plus dans la mesure d'en trouver hors de la communication
numérique écrite de plus en plus fréquemment.
Lors de cette étude, nous avons été
limité dans le temps et les possibilités de recherche. Pour
compléter notre réflexion, il serait possible par la suite de
nous attarder sur les différences d'utilisation des
émoticônes selon l'âge des scripteurs, ou encore selon les
plateformes (faire des comparaisons entre les messages numériques sur
Twitter et sur Facebook, mais également faire des comparaisons avec
d'autres plateformes numériques comme les SMS, les mails ou encore les
forums en ligne). Il serait également intéressant de s'attarder
sur l'évolution de l'utilisation des émoticônes, en en
faisant une étude diachronique de leur apparition à aujourd'hui.
Nous pourrions de plus nous pencher sur une comparaison entre les messages des
professionnels et des particuliers, pour distinguer une possible
différence d'utilisation et des codes qui leur seraient alors bien
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spécifiques. Enfin, une analyse comparative des
émoticônes que nous avons décrites comme « expressives
» avec celles se rapprochant plus de « simples pictogrammes »
(comme les émoticônes représentant des objets ou encore des
animaux) serait sans doute nécessaire afin de faire le tour de leurs
thématiques et de leurs différents usages. Pour toutes ces
possibles analyses futures et complémentaires, un corpus bien plus
complet et fourni serait indispensable pour une étude plus
étendue, et ainsi plus générale, de ces
émoticônes. Avec un tel corpus, nous pourrions également
nous attarder sur une question de taille : quel impact ont ces nouvelles
marques sur les définitions linguistiques de la ponctuation ?
Les pistes de réflexion autour de ce nouveau signe
numérique sont donc multiples et pour le moment très peu
explorées, ce qui confirme sa richesse linguistique et la
diversité de ses rôles et de ses utilisations.