Chapitre 2 : Définition de la
problématique
et des hypothèses
28
1. Cheminement vers le sujet
d'enquête
Les observations de la première étape de mon
travail de stage m'auront amené sur un questionnement : Qui sont ces
jeunes et qu'aiment-ils faire durant leurs vacances ?
Puisque nous ne pouvons aborder toutes les pistes de travail
pour une question de temps et de moyens, nous en avons
sélectionné une avec la collaboration de notre responsable et en
fonction de notre rôle au sein de l'agence.
Nous l'avons intégré exclusivement pour
travailler et étudier l'offre des loisirs sportifs en Finistère.
Ce sujet est large et peut comprendre plusieurs thèmes de travail. Nous
avons donc trouvé intéressant de rapprocher notre observation sur
le public jeune à notre domaine d'investigation des loisirs sportifs en
Finistère. Les raisons en sont multiples :
Premièrement, le public jeune pourrait être mieux
connu et compris par Finistère Tourisme. Une étude sur ce profil
permettrait à l'avenir de savoir où et sur quoi agir, pour
attirer et proposer une offre spécifique à cette catégorie
de client.
Deuxièmement, il est perçu dans l'enquête
Travelsat comme un « ambassadeur » de la destination. Nous pouvons
comprendre ici que le public jeune apprécie dans sa globalité,
l'offre touristique. Il serait intéressant de savoir ce qu'il recherche
pendant les vacances pour tenter d'appréhender notamment, la relation et
la perception qu'il a avec les activités physiques
récréatives.
Troisièmement, selon les auteurs Julien Fuchs et
Jean-Pierre Augustin, « (...) en France les jeunes sont la classe
d'âge la plus sportive »20 Ainsi, nous pouvons nous
demander par exemple si c'est le cas sur une période de vacances, si la
pratique change en fonction du lieu où le jeune se trouve, si le type de
pratique en vacances est le même que sur les pratiques à
l'année etc.
Quatrièmement, toujours selon les textes de Jean-Pierre
Augustin et Julien Fuchs, les activités sportives sont le premier mode
de loisir des jeunes.21 Les vacances sont un temps libre où
seul le plaisir compte. Les jeunes, trouvent-ils le plaisir des vacances dans
la pratique d'activité sportives de loisir ?
20 Jean-Pierre Augustin, Julien Fuchs, « Le sport, un
marqueur majeur de la jeunesse », Agora
débats/jeunesses 2014/3 (N° 68), p.
61-70.
21 Ibid.
29
Nous avons trouvé réponses à certains de
nos questionnements et en avons fait émerger de nouvelles par la lecture
de différents articles et la mise en commun de nos premiers
résultats d'entretiens téléphoniques et informels. Il
apparait que les jeunes sont la première classe d'âge à
être sportive. Ce sont aussi chez les jeunes que la prise de risque et le
goût du défi est le plus développé. Beaucoup
d'écrits le prouve par l'étude du comportement à risque
des jeunes sur la route, l'étude de la consommation de substances
illicites ou encore, par l'observation des pratiquants de sports de
l'extrême. Jean-Pascale Assailly par exemple, explique ce comportement
par un besoin de « régulation de soi » et présente deux
stratégies observables chez les individus, pour y assouvir : « la
fuite de soi » d'abord et la « compensation de soi » ensuite.
Cette dernière méthode est illustré légitiment par
une pratique sportive.22 Nous avons compris que ce qui amenait cette
clientèle en Finistère, c'était soit les festivals, soit
la deuxième chose qui les font « vibrer » l'essai ou
l'implication régulière dans une activité nautique tels
que la planche à voile, le surf, le kitesurf, la voile etc.
2. Problématique
L'objet et la durée du stage mené à
Finistère Tourisme a été pour nous l'opportunité de
nous intéresser tout particulièrement aux activités
physiques et récréatives pendant les vacances. Ce large
thème de travail a été réfléchi en
coopération entre la responsable du pôle communication et
numérique et nous-même. Conscient qu'il pouvait s'agir d'un
véritable levier pour l'enrichissement et le développement du
tourisme en Finistère, le besoin s'avérait d'autant plus
nécessaire puisque l'organisme ne détenait absolument rien sur le
sujet. Il ne connaissait rien dans le sens où, tous les points de vue
manifestés par certains membres de l'organisme ne s'appuyaient sur
aucune source sûre.
22 «Si certaines activités servent
clairement une fonction d'évitement (la consommation de psychotropes) et
d'autres une fonction de compensation (l'alpinisme pratiqué par les
guides de haute montagne), la plupart des conduites à risque peuvent
être ambivalentes et il est nécessaire d'avoir pour chacun de nous
une compréhension clinique des circonstances et des conséquences
de l'action. » Assailly Jean-Pascal, « Les conduites à risque
des jeunes : un modèle socio-séquentiel de la genèse de la
mise en danger de soi », Psychotropes 2006/2 (Vol. 12), p.
49-69.
30
Après un premier travail exploratoire sous forme
d'enquête quantitative dirigée vers les adhérents à
la newsletter de l'agence, nous avons pu dans un premier temps, confirmer et
prouver que la première clientèle touristique en Finistère
sont les séniors, et que la randonnée pédestre constitue
essentiellement l'activité physique ou sportive pratiquer par ces
personnes. Ensuite, nous avons fait le constat d'un certains nombres de manques
toujours présents au sein de l'agence. Le travail exploratoire a
effectivement touché les séniors et les familles mais nous
n'avons pas approché la clientèle jeune. À cet instant
l'interrogation portait sur hypothèse : soit elle n'est absolument pas
présente sur le département, soit elle l'est mais ne passe pas
par ce système d'informations touristiques qu'est le site internet et sa
newsletter. Notre investigation pour répondre à cette controverse
s'est poursuivie d'une part, par la participation à la
présentation des résultats de l'enquête, pilotée par
l'entreprise Travelsat, compétente en la matière. D'autre part,
par la prise d'informations sur les forums et blogs dirigés vers les
voyages des jeunes et, par le déplacement sur le terrain pour aller
à la rencontre de ces jeunes et leurs poser différentes questions
sur leurs pratiques et la raison pour laquelle ils ont choisi le
Finistère comme destination touristique. Cette dernière
démarche aura été partiellement inappropriée pour
l'atteinte des jeunes venus d'autres régions en vacances en
Finistère. Toutefois, elle aura soulevé de nouvelles
interrogations propres aux pratiquants d'activités nautiques.
Notre investigation sur le terrain devait nous apporter des
informations et des solutions quant à la présence et aux
possibilités d'attraction des jeunes sur le territoire. Finalement, nous
avions rencontré principalement des jeunes locaux ou des jeunes bretons
pratiquant des activités nautiques tels que le surf, la voile, la
planche à voile et le stand-up paddle. Ces « face à face
» nous ont permis de comprendre que beaucoup de bretons du
Finistère ou d'ailleurs s'offraient des vacances en Finistère. Il
nous a semblé qu'une chose commune les rattachait au territoire,
c'était la pratique d'une activité nautique. Il doit exister
d'autres raisons mais celle-ci nous est apparue très présente
dans les échanges entretenus avec ces jeunes sportifs. Par ailleurs,
nous savons que le nautisme contribue fortement à l'économie et
au secteur touristique.
De part et d'autre, en observant et en prenant du recul sur
ces premiers échanges avec des jeunes adultes (18 à 29 ans), nous
avons pris conscience de l'importance fondamentale des activités
nautiques dans le monde du tourisme et, aussi importante dans la vie de
nombreux jeunes guidés ou arrivés par hasard dans ce milieu.
Progressivement, nous nous sommes
31
rendu-compte que notre étude se tournait tout
naturellement vers ce milieu du nautisme et vers les jeunes bretons qui y sont
intégrés. Le nautisme est en Finistère le principal lien
entre le monde du tourisme et le monde sportif. C'est donc en observant ce
cheminement que nous avons fait le choix d'intervenir sur le rapport
spécial des jeunes pratiquants d'activités nautiques aux
activités nautiques elles-mêmes, quotidiennement et en vacances.
Les différentes questions évoquées dans la partie «
cheminement vers la problématique » restent un sujet central de
notre enquête, d'autant plus qu'elles seront nécessaires dans le
rapport « activité et pratiquant » étudié.
À travers cette question, nous entendons interroger différents
aspects et contours de la pratique, de l'environnement, du profil jeune, de la
quête à travers la pratique etc. Nous questionnerons la
véritable existence d'un monde du nautisme, ce qui fait sa
spécificité et sa singularité par rapport aux autres
milieux sportifs. Nous poserons alors un certain nombre de questions
sous-jacentes au rapport qu'entretiennent des jeunes avec des activités
nautiques. Nous examinerons les sentiments, les sensations et les ressentis des
jeunes pratiquants d'activités nautiques. Il y a-t-il aussi un
attachement fort à une, ou plusieurs activités nautiques ? La
notion de temps, et de continuité de pratique, s'inscrit-elle dans cette
singularité ? Il y a-t-il un temps pour une activité, un temps
pour une autre ou reste-elle la même pour toujours ?
3. Hypothèses
Le monde du nautisme diffère des autres mondes sportifs de
nature par l'effet d'un tout.
Certaines pratiques génèrent l'accomplissement
seulement après le mérite et l'effort donné en dehors de
la véritable pratique. Effectivement, certaines pratiques sont
accessibles après un passage à la résistance physique et
mentale. (En kitesurf, le passage de la plage à l'eau constitue l'effort
physique et mental, la glisse est véritablement la pratique et est en ce
sens, l'accomplissement. L'escalade, le ski sont d'autres exemples ne
connaissent probablement pas ce passage.
Lorsque qu'un jeune pratique une activité nautique,
l'envie d'en essayer ou d'en pratiquer une autre est semblerait-il,à
chaque fois vérifiée. Un jeune footballeur cultive une passion
pour le
32
foot est aurait tendance à ne plus en sortir. Un jeune
planchiste cultive une passion pour la planche à voile mais essaie, a
essayé ou pratique régulièrement une autre activité
nautique.
Toutes transformations au cours d'une vie matrimoniales
(santé, physiques, travail etc.), n'implique en rien un arrêt
total de la pratique d'activité nautique. Lorsqu'un pratiquant entre
dans ce milieu complexe, il s'avèrerait qu'il n'en sort plus. Ce sont
des pratiques « volontairement addictives » dont la notion de temps
prend un autre sens, un sens à part.
Ce qui rend le milieu nautique spécial et complexe sont
entre autres, l'expression d'un langage unique et technique, la connaissance
d'un grand nombre de choses pour lesquelles les pratiques sont
dépendantes (météorologie, matériel,
géologie ...), des habitudes et des valeurs.
Un pratiquant d'activité nautique porte un regard
particulier à la mer, comparé à tous autres individus. Il
croit en l'existence d'une relation unique non identifiable par tous autres
individus, ceci dû à son statut de pratiquant.
Un pratiquant de sport nautique abandonne toutes
pensées et toutes autres connexions avec le quotidien et structures
sociales lorsqu'il se livre à sa pratique nautique de nature.
Il devrait être faisable de se servir du nautisme chez
les jeunes pour faire émerger une nouvelle forme de tourisme jeune.
33
|