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Nouvelles politiques monétaires : quelle théorie monétaire?

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par Claudia HELLAL
Groupe de recherche en Droit, Economie et Gestion (GREDEG - CNRS), université de Nice Sophia Antipolis - Master Recherche en Economie et Finance Internationale, Spécialité Stratégies Internationales Economiques et Financières 2015
  

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Conclusion

Cette présentation chronologique des modèles macroéconomiques qui sont à la base des décisions des politiques monétaires était nécessaire et importante puisqu'elle nous permet dès lors de comprendre la portée des politiques économiques sur l'activité réelle. Mais surtout, elle nous permet de comprendre pourquoi, la maîtrise de l'inflation est la mission la plus importante assignée aux autorités monétaires. La maîtrise de l'inflation est aussi le gage de ne pas tomber dans une spirale déflationniste, mouton noir des économies.

Aussi, l'impact crucial qu'ont les anticipations des agents dans la formation des principaux agrégats économiques explique pourquoi, aujourd'hui, le pilotage des anticipations est un défi majeur pour les banques centrales et que les politiques discrétionnaires ont fait place à des politiques monétaires fortement engagées sur une règle compréhensive et explicite. Aussi, la transparence quasi-totale des banques centrales indique leur croyance en la nocivité des politiques discrétionnaires.

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II. Les principes fondamentaux de la politique monétaire actuelle

La doctrine monétaire qui a été retenue après la « grande inflation » des années 70 par les principales banques centrales des pays développés est basée sur les principes de la N.E.C. et utilise des modèles dits D.S.G.E.

Comme nous l'avons vu dans la partie précédente, les autorités monétaires ont complètement modifié leur manière de communiquer. Les politiques discrétionnaires sont délaissées au profit d'une politique solidement engagée sur une règle explicite.

La recherche de transparence des banques centrales en ce qui concerne leurs objectifs, leurs méthodes, leurs intentions et leurs prévisions est justifiée par le fait que la doctrine monétaire à complètement intégré la théorie des anticipations rationnelles et en a déduit que cette transparence est une des conditions nécessaires afin d'aligner les décisions des agents économiques sur ses objectifs.

En nous basant sur l'analyse très pertinente de F.MISHKIN sur les « neuf principes scientifiques de base » de la politique monétaire contemporaine, nous pouvons la définir selon les principes suivants :

? « L'inflation est partout et toujours un phénomène monétaire » (vision monétariste) ? La stabilité des prix est source de bénéfices importants

? Il n'existe pas de relation à long terme entre l'inflation et le chômage. La courbe de Philips de long terme est verticale (approche néoclassique de la courbe de Philips cf. partie précédente)

? Les anticipations jouent un rôle crucial dans la formation de l'inflation et dans la transmission de la politique monétaire à l'économie réelle : la politique monétaire intègre le management des anticipations supposées rationnelles à son activité

? Le respect du principe de Taylor conditionne la stabilité des prix : il s'agit là de la règle de Taylor qui établit de façon explicite la dynamique de fixation des taux directeurs par les autorités monétaires. La formulation de cette règle est le résultat de travaux empiriques et est construit comme suit :

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avec le taux directeur fixé par la banque centrale à l'instant , le taux d'inflation, la

cible d'inflation de la banque centrale, le taux d'intérêt réel à l'instant , et les

niveaux respectifs du PI3 et du PI3 potentiel et et des coefficients. (Source

Wikipédia)

Les niveaux des coefficients sont déterminés par les autorités monétaires en fonction des spécificités des économies.

Cette règle est l'illustration de l'arbitrage que fait la banque centrale entre les écarts d' inflation et les écarts de P113 sachant que l'éloignement du P113 de son niveau potentiel suggère un risque de récession et que la politique monétaire a les moyens d'intervenir indirectement sur cet agrégat en décidant de baisser son taux directeur. Elle le fera sous condition que cela ne nuise en rien à son ciblage de l'inflation, soit dans le cas où l'inflation reste contenue dans la bande de 0 - 2%.

Cependant, dans les cas où le niveau de l'inflation dépasse sa cible, la politique monétaire devra réagir par une augmentation de son taux directeur, la maîtrise de l'inflation étant sa mission principale, ce qui déprimerait encore plus la production. On voit bien ici les défis que représenterait un épisode de stagflation. Mais aussi les défis auxquels sont confrontées les banques centrales à l'heure actuelle avec des risques de tombée dans une spirale inflationniste et des taux d'intérêts directeurs déjà à leur niveau plancher.

Pour conclure, l'équation de Taylor reste l'assurance d'un bon cadrage de la politique monétaire et son application a pu assurer durant près de 30 ans la stabilité économique des pays qui l'ont adopté. Elle formalise le comportement des banques centrales ainsi que leurs principaux objectifs que sont la lutte contre l'inflation et le maintien de P113 proche de son niveau potentiel.

? Il existe un décalage temporel notable entre les impulsions de la politique monétaire et leur transmission à l'économie : on peut dire que la politique monétaire fonde ses décisions sur la formulation de projections économiques en se servant pour cela des modèles D.S.G.E. qu'elle retient pour ses analyses économiques.

Cela est encore plus vrai en période d'instabilité puisque les canaux de transmission de la politique monétaire se retrouvent « enroués » comme nous avons d'ailleurs pu le constater pendant la récente crise.

? L'indépendance des banques centrales est une des conditions d'efficacité de la politique monétaire : en effet, la crédibilité de la politique monétaire, et par conséquent sa capacité à orienter le comportement des agents économiques, est intimement liée à l'image d'impartialité qu'elle renvoie au public. Aussi, comme le soutiennent de multiples travaux, ce principe d'indépendance est aussi un moyen de limiter les comportements

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irresponsables des agents économiques qui ne peuvent plus s'assurer du secours de la banque centrale en cas de difficulté.

? L'engagement ferme à mener leurs actions dans le but de satisfaire des objectifs finaux fixés explicitement est déterminant dans la bonne conduite des politiques monétaires.

Les frictions sur les marchés financiers jouent un rôle important dans les cycles d'affaires : cette croyance n'est pas clairement mentionnée dans la dynamique de décision des politiques monétaires. Cependant, sa pertinence vérifiée en fait un thème important dans les orientations stratégiques des banques centrales.

III. La stratégie des banques centrales

1. Objectifs finaux et objectifs intermédiaires:

Les objectifs finaux officiels poursuivis par les autorités monétaires sont, comme nous l'avons mentionné et expliqué à plusieurs reprises dans les parties précédentes, en premier lieu la recherche de la stabilité des prix et, dans le cadre limitatif imposé par ses statuts, le maintien du niveau de production assez proche de son niveau potentiel.

La BCE a fait le choix de fixer une cible stricte d'inflation à 2%. Le taux d'inflation annuel harmonisé de la zone EURO doit alors être contenu entre 0 et 2 % mais proche de 2% afin d'éviter les risques de déflation.

La Fed et la banque d'Angleterre ont pour leur part fait le choix de ne pas fixer de cible d'inflation formelle.

Les banques centrales ne peuvent pas atteindre directement ces objectifs qui sont en réalité les résultats d'ajustements macroéconomiques complexes ayant lieu dans l'économie réelle.

Elles peuvent cependant influencer la marche des économies à travers des outils tels que les variations des taux d'intérêts directeurs et celui de la masse monétaire.

Elles vont alors fixer des « objectifs intermédiaires » concernant :

- Le taux de croissance de la masse monétaire évaluée généralement sur la base de l'agrégat M3 pour l'Europe M2 pour les États-Unis. La BCE a officiellement fixé cet objectif à 4 % par an mais le dépasse assez souvent.

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- Les taux d'intérêts directeurs : le niveau de ces taux est aujourd'hui le principal objectif intermédiaire retenu par les banques centrales.

- La maîtrise des taux de change : par l'achat et la vente à terme de devises sur la base de ses réserves ou en utilisant son taux directeur pour influencer de manière indirecte la demande pour la monnaie nationale. Cette dernière solution est en réalité difficilement applicable puisque le canal du taux de change est considéré comme secondaire dans la transmission de la politique monétaire.

La manière dont ces objectifs intermédiaires agissent sur les objectifs finaux dépend de leurs impacts sur la formation des agrégats économiques. Impacts que nous avons pu clairement préciser dans la première partie de ce mémoire lorsqu'on a expliqué le fonctionnement des modèles IS-LM, AS-AD et de la N.E.C. Comme nous l'avons aussi précisé, chaque banque centrale retient et élabore ses propres modèles de prévisions avec des dynamiques souvent plus complexes que ces premiers modèles.

La manière dont ces objectifs intermédiaires agissent sur l'économie réelle à court terme peut être résumée par l'identification des principaux canaux de transmission de la politique monétaire. Cette analyse via les canaux de transmission est primordiale puisque l'une des principales préoccupations des banques centrales mais aussi des économistes en général concerne l'efficacité effective de ces canaux de transmission et par extension celle du choix des objectifs intermédiaires. Nous détaillerons le fonctionnement de ces canaux de transmission dans la section suivante.

2. Méthodologie de la prise de décisions : analyse monétaire et analyse économique

Les banques centrales prennent leurs décisions après avoir clairement déterminé les influences de la conjoncture économique et des évolutions de la masse monétaire sur les mouvements futurs des prix et de l'activité économique. Elle procède alors à des analyses monétaires sur la base de l'équation de Fisher et à des analyses économiques sur la base des modèles D.G.S.E. à sa disposition. Dans le cas de l'analyse économique, les banques centrales vont observer des variables clés telle que le PIB, les taux de change, les prix à la production, la balance commerciale, le niveau des salaires, le niveau d'endettement des ménages, le niveau des primes de risque, le prix des actifs financiers etc. Son analyse lui permet de comprendre l'évolution de l'économie réelle, de formuler des projections économiques et d'établir l'évolution future des prix et même de mettre à jour les anticipations des agents économiques au moment de l'analyse. En ce qui concerne l'analyse monétaire, elle va s'intéresser à la demande de monnaie, aux différents agrégats monétaires ainsi qu'au degré de liquidité et de substituabilité des actifs monétaires entrant dans l'agrégat M3 afin d'identifier en définitive les pressions éventuelles sur les prix futurs

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IV. Les instruments de la politique monétaire

Afin de mettre en oeuvre sa politique monétaire, la banque centrale, après avoir fixé ses objectifs intermédiaires, endosse son rôle de fournisseur de monnaie banque centrale aux institutions financières qui lui empruntent de la monnaie pour couvrir principalement les opérations de compensation entre banques commerciales et de refinancement liés à leurs activités de prêteur. Il s'agit de la constitution de réserves en monnaie banque centrale parallèlement à l'octroi de prêt aux agents économiques et d'opération de refinancement lié à l'utilisation de ces lignes de crédit par les agents concernés. Les banques commerciales ne pouvant pas créer de monnaie, banques centrales doivent systématiquement compenser les opérations qu'elles réalisent.

La politique monétaire possède alors différents instruments d'intervention sur le marché monétaire. Ces instruments sont les suivants :

Définition du marché monétaire :

Le marché monétaire est un marché de la liquidité à court terme (de 24 heures à 1 an voire 2 ans dans certains cas) et sur lequel interviennent les institutions financières que sont entre autres les banques commerciales, les Trésors publics, les assurances, certains fonds financiers mais aussi certaines grandes entreprises. Ces dernières placent (offre) ou empruntent (demande) de la monnaie en échange de titres tels que les bons du trésor, les certificats de dépôt négociables (CDN) pour les banques, les billets de trésorerie (BT) pour les grandes entreprises etc. Ce marché se décompose en deux sous - marchés : le marché interbancaire composé uniquement d'établissements de crédit et qui possède un fonctionnement propre (durée, taux, conditions) et le marché des titres de créances négociables (TCN), BT, CDN, bons du trésor etc., lesquels ne sont pas côtés et sur lequel interviennent tous les acteurs du marché monétaire.

C'est sur ce marché monétaire qu'intervient la banque centrale. Celle-ci va influencer les conditions de taux d'intérêt du marché en fixant le volume de liquidité qu'elle offre, i.e. un grand volume de liquidité tire les taux du marché à la baisse, et en fixant son taux d'intérêt, i.e. un taux d'intérêt faible tire les taux du marché à la baisse.

1. Les opérations d'open-market et de crédit

Les opérations d'open-market ont pour principales caractéristiques, la fourniture temporaire de monnaie banque centrale en échange d'une rémunération au taux d'intérêt directeur et sous condition de fournir à la banque centrale des garanties éligibles mises en pension. Ces garanties sont principalement des TCN. Ces titres vont alors figurer à l'actif de la banque centrale jusqu'à échéance du prêt consenti.

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Les principales opérations d'open-market sont hebdomadaires et prennent la forme d'appels d'offre émis par la banque centrale sur le marché monétaire dont les conditions sont le volume de monnaie disponible aux prêts, la durée du prêt (généralement 1-3 semaines) et le niveau du taux d'intérêt applicable au prêt.

Tout besoin de refinancement non couvert par ces opérations oblige les banques concernées à se tourner vers le marché interbancaire, i.e. se financer à très court terme auprès des autres banques commerciales, à un taux d'intérêt calculé sur la base des taux d'intérêt directeurs de la banque centrale. Il s'agit des taux dits EONIA (au jour le jour) et EURIBOR (d'un mois à 3 ans).

Un autre type d'opération d'open-market existe, il s'agit d'appels d'offre dont la fréquence est mensuelle. Leur échéance est plus longue (généralement supérieure à 3 mois) et le taux d'intérêt directeur associé est plus élevé. Ces opérations sont destinées à des institutions financières moins bien intégrées sur le marché monétaire.

Enfin, des opérations dites de « réglages fins » auxquelles aucune échéance n'est associée et sont utilisées dans des situations exceptionnelles.

Ces 3 premiers instruments des banques centrales sont le point de départ de la transmission de la politique monétaire à l'économie réelle. Ils permettent la gestion de la masse monétaire en circulation (objectifs intermédiaires) et la poursuite de l'objectif intermédiaire de taux d'intérêt.

2. Les facilités permanentes et les réserves obligatoires

En parallèle des opérations d'open-market, d'autres instruments existent. Les facilités permanentes :

? Les facilités de prêt marginal : consiste en des prêts dont la durée n'excède pas une journée et dont le montant n'est pas limité. Il s'agit de répondre à des situations exceptionnelles et urgentes. Les taux d'intérêt associés à ces prêts sont élevés et servent de plafond dans le calcul des taux d'intérêt interbancaires.

? Les facilités de dépôt : il s'agit du taux de rémunération des dépôts des banques commerciales auprès des comptes de la banque centrale. Ce taux est bien sûr strictement inférieur au principal taux directeur.

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Les réserves obligatoires :

La banque centrale peut agir sur le niveau de levier des banques commerciales en leur imposant un taux de réserve obligatoire constitué de dépôt de leurs clients. Ces réserves doivent servir à couvrir les risques de liquidité associés à leurs positions et assurer une meilleure stabilité des taux d'intérêt du marché monétaire.

En résumé, les instruments que nous avons présentés permettent de transmettre de façon directe au marché monétaire les décisions stratégiques des banques centrales ; et vont, via les canaux de transmission que nous allons définir dans la partie suivante influencer l'économie réelle, de telle manière à permettre en définitive, la réalisation des objectifs finaux des banques centrales.

3. Opérations exceptionnelles :

D'opérations structurelles : consiste en l'achat/la vente définitive de titres financiers par la banque centrale en vue d'impacter de façon directe le volume de la masse monétaire ou accessoirement le prix des actifs et les taux d'intérêt sur les marchés obligataires entre autres. Ce type d'instrument a retrouvé une place de choix durant la récente crise.

Les reprises de liquidité en blanc : vise à diminuer la masse monétaire en proposant des rémunérations intéressantes sur les dépôts des banques auprès des BCN.

L'émission de certificats de dette : la banque centrale devient créancière des autres banques dans le but de retirer des liquidités de l'économie.

Les échanges de devises : influence les taux de change.

On peut souligner ici l'importance du marché interbancaire dans la transmission de la politique monétaire. Tout disfonctionnement de ce marché peut être la source de graves déséquilibres économiques et financiers. Le marché interbancaire est ainsi « une plateforme de jeu interactive » déterminante dans la quête de la croissance et de la stabilité macroéconomique. Les mouvements des taux interbancaires sont donc suivis de près par l'ensemble des acteurs financiers et économiques, par les banques centrales mais aussi par les États. Ce sont des indicateurs clés pour juger de l'état de la conjoncture économique, de la nature des anticipations, et pour élaborer des projections.

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V. Les canaux de transmission de la politique monétaire

Les principaux canaux de transmission considérés pour la politique monétaire sont ceux du crédit et du taux d'intérêt. Cependant, d'autres canaux de transmission existent et tiennent une grande importance dans la conduite d'une politique monétaire optimale. Nous allons à présent identifier la nature et le fonctionnement de ces canaux.

1. Le canal du taux d'intérêt

Notons que les décisions d'investissement se basent avant tout sur le taux d'intérêt réel à long terme plutôt qu'à court terme. Ce qui implique que le mécanisme de transmission d'une politique monétaire expansionniste sur l'investissement par le biais du taux d'intérêt n'est pas valable à court terme. Ainsi, pour agir sur l'économie réelle, la politique monétaire doit pouvoir induire des baisses des taux d'intérêt réels de long terme. Lorsqu'elle satisfait aux conditions de crédibilité définies dans notre développement, la banque centrale est capable d'agir sur ces taux de long terme grâce à la fixation de son taux directeur à court terme sur le marché monétaire. Ce résultat est possible car la construction de la courbe par terme des taux du marché ** est telle que les taux d'intérêt de long terme sont calculés sur la base d'une moyenne des taux d'intérêt anticipés à court et moyen terme. Ainsi, des mouvements de baisse du taux d'intérêt directeur de court terme induisent à la fois une baisse immédiate des taux d'intérêt réels, les prix étant rigides à court terme, mais aussi, suppose qu'une baisse des taux d'intérêt nominaux de long terme à laquelle s'ajoutent des anticipations de hausse de l'inflation liées à la politique moins rigide finissent par faire baisser les taux d'intérêt réels de long terme. Ainsi, ce mécanisme devrait au final inciter les entreprises à investir, le coût du capital étant non élevé et ainsi créer de la croissance et une baisse du niveau du chômage. Aussi, certains auteurs soulignent le fait que ces dépenses d'investissement ne concerneraient pas que les entreprises mais aussi la consommation via des achats de biens durables ou l'investissement immobilier.

** Cette courbe représente les taux d'intérêt moyens pratiqués sur les obligations et calculés en fonction du temps, du taux de refinancement, du taux sans risque et des primes de risque.

Dans une certaine mesure, ce canal du taux d'intérêt fait autant de partisans qu'il ne soulève de critiques quant à son efficacité. Notons que ce canal est plus efficace dans les économies orientées vers le marché comme aux USA et en UK tandis que le canal du crédit serait plus important dans les économies orientées vers le système bancaire comme en Europe.

Enfin, notons que ce canal peut être effectif même si les taux directeurs sont déjà au plancher et cela par le biais d'anticipations d'inflation liées à la variation du volume de liquidité offert par les banques centrales. C'est d'ailleurs la stratégie que ces dernières ont adopté face au problème du « zero lower bond » durant la récente crise.

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Le canal du taux de change

Il n'y a pas de surprise lorsqu'on rappelle que la perte de valeur d'une monnaie par rapport à une autre (dévaluation) peut être très profitable en ce sens qu'elle favorise les exportations et donc l'accroissement des activités nationales, l'emploi, la consommation et l'épargne. Cela, à condition bien sûr de la soutenabilité économique du renchérissement des importations. Cela dépendra alors de la catégorie du pays, majoritairement exportateur comme la Chine ou fortement importateur.

Mais les effets du taux de change sur l'économie réelle ne s'arrête pas à cette considération mais influence aussi les mouvements de capitaux et les risques liés à la fluctuation du change comme nous l'avons précisément décrit dans la section 1 de la première partie de ce mémoire.

Mais comment la politique monétaire agit-elle via ce canal du change ? La logique derrière cette question est la suivante :

Une baisse des taux d'intérêts directeurs implique une baisse de la rémunération des dépôts en monnaie nationale et donc une baisse du volume de ces dépôts contre une hausse du volume des dépôts libellés en monnaie étrangère qui sont mieux rémunérés. Par conséquent, l'application de la loi de l'offre et de la demande conduit à la baisse de la valeur de la monnaie nationale. Cette baisse de la valeur relative de la monnaie nationale correspond aussi à une hausse du pouvoir d'achat des pays étrangers sur les biens nationaux et donc à une augmentation de la demande étrangère et donc du niveau des exportations et du PIB national sous certaines conditions. La banque centrale peut aussi intervenir de façon directe sur le marché des devises mais ne le ferait que très rarement.

Les considérations de change ne sont pas explicitement prises en compte dans les décisions de la politique monétaire et certains auteurs critiquent ce fait. Ces derniers estimant que ce canal a été trop minimisé par les autorités monétaires depuis l'adoption du régime de change flottant.

3. Les canaux du prix des actifs autre que la monnaie

L'idée de base reste assez simple : lorsque le taux directeur de la banque centrale diminue, l'attractivité des titres obligataires baisse du fait de la baisse de leur taux de rendement. La hausse du prix des titres obligataires déjà détenus conduit à leur cession sur les marchés secondaires et donc, à une augmentation de la demande de monnaie. Ces liquidités récupérées, ainsi que les liquidités disponibles au placement à ce moment donné sont alors investies pour partie sur le marché des actions qui offre des potentialités de gains plus élevées.

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Le cours des actions augmentent alors créant un effet richesse pour les détenteurs de ces titres qui pourra se formaliser par une augmentation de la demande pour des biens de consommation.

Mais aussi, cette affluence de liquidité disponible pour le financement des entreprises leur offre l'opportunité et l'incitation à l'engagement de nouveaux projets d'investissement à long terme. Celles-ci profitent alors de la hausse des cours des valeurs actionnariales pour émettre de nouvelles actions à un prix de marché supérieur à leur valeur fondamentale. La finalité étant bien sur l'augmentation du PIB, de la consommation et la baisse du chômage.

Tobin, en 1969 approche ce mécanisme via le calcul d'un coefficient « q » qui met en rapport la valeur boursière des entreprises et le coût de renouvellement du capital productif.

Notons enfin que cette approche peut tout autant s'appliquer au marché immobilier par exemple lorsqu'on considère qu'il constitue une opportunité d'investissement alternatif et que la valeur des biens immobiliers est relativement plus importante lorsque celle des obligations et titres assimilables diminue.

Le revers de ce canal du prix des actifs serait les risques liés à la formation de bulles spéculatives sur ces marchés.

4. Le canal du bilan

Par ailleurs, et dans la logique du canal précédent du prix des actifs, une hausse de la consommation ou de l'investissement peut être induite par ce qu'on peut appeler le canal du bilan. En effet, l'impact positif qu'une politique monétaire peut avoir sur la valeur des titres détenus par des agents économiques, engendre une amélioration de leur situation patrimoniale, leurs permettant d'être éligible à de nouveaux emprunts pour la conduite de projets d'investissement ou pour la consommation. Ce canal a alors une influence sur le canal du crédit. Aussi, l'amélioration induite par ce financement supplémentaire sur la structure financière des entreprises, sur leur rentabilité financière, voire sur leur rentabilité économique, tend à permettre l'amélioration des conditions économiques et de financement de l'ensemble de la nation.

Une telle politique permet par ailleurs une baisse notable des problèmes de sélection adverse et d'aléa de moralité, lesquels contraignent le financement des projets d'investissement envisagés par les entreprises. Ce dernier point implique que dans une certaine mesure, une telle politique monétaire aurait pour conséquence d'assainir les conditions économiques en permettant que soit alloués des financements à des projets moins risqués et plus viables. Les études dans ce domaine ayant démontré que des taux d'intérêt élevés tendent à décourager les « good project » au profit de projets plus risqués « bad project ».

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Enfin, il est important de noter que les décisions des autorités monétaires auront un effet sur la valeur patrimoniale des agents dans une autre mesure. En effet, lorsque l'on s'intéresse aux engagements financiers des agents que sont les dettes et les créances, il faut noter qu'une politique monétaire très accommodante, qui va impulser une hausse du taux d'inflation, aura pour effet de diminuer l'endettement réel des emprunteurs, soit d'améliorer leur situation patrimoniale avec ce que cela implique en terme d'éligibilité aux financements. A l'inverse, une telle politique sera négative pour les prêteurs.

Attention, on notera que si, dans le cas contraire, on est face à une politique monétaire très restrictive, la dégradation du patrimoine des agents économiques peuvent avoir des effets très néfastes sur l'investissement et la consommation.

5. Le canal du crédit

Les marchés financiers ne suffisent pas à assurer le financement des besoins en liquidité de l'ensemble des agents économiques. Les conditions d'accès au marché et d'éligibilité au financement sont telles qu'une grande partie des entreprises en sont exclues. Les banques commerciales tiennent alors un rôle majeur pour contourner les limites des marchés financiers et assurer, en complément de ces derniers, une bonne allocation des ressources financières.

Elles occupent alors une place importante dans la transmission de la politique monétaire via le montant de crédit qu'elles accordent. Lorsque la banque centrale baisse ses taux, tout ou partie de cette baisse doit en temps normal se répercuter sur le volume de crédit que les banque de second rang vont octroyer (sauf en cas de « credit crunch » persistant). Les crédits sont utilisés par les agents économiques en consommation de biens ou investis dans des projets d'investissements. Cela aurait bien sûr pour effet d'améliorer la conjoncture économique.

L'efficacité de ce canal reste très discutée dans un contexte récent de vagues de libéralisation financière. Il semble pourtant qu'il ait toujours une importance considérable, notamment en ce qui est de la redistribution des richesses dans l'économie et dans le développement de l'entreprenariat et du crédit à la consommation. Ce canal reste cependant primordial en Europe où l'intermédiation financière occupe toujours une place prédominante.

On peut noter que, selon la théorie, la persistance de l'intermédiation financière tient du fait que l'importance des incertitudes liées au fonctionnement des marchés financiers en termes de transparence de l'information, de problèmes de sélection adverse, d'instabilité du prix des actifs et de risques de défaut ; font que certains agents préfèrent se tourner vers ces institutions qui possèdent les connaissances, l'expérience ainsi que la « retenue » qui leur est imposée par la réglementation prudentielle, pour sécuriser les dépôts et investissements.

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De nombreuses études continuent d'être menées sur l'efficacité des canaux de transmission de la politique monétaire, leur nature et leur fonctionnement. Par exemple celles de Mishkin ou d'Arkeloff qui tendent à expliquer les choix des ménages en situation d'incertitudes.

Dans tous les cas, l'importance de ces canaux et leur fonctionnement dépendront beaucoup de la conjoncture économique, des caractéristiques structurelles des économies et des types de politiques monétaires en vigueur.

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TITRE 2 : La politique monétaire depuis le début de la « grande dépression » : Le bilan

I. Les principaux défis de la politique monétaire et les limites des stratégies conventionnelles

Dans cette seconde partie, nous étudierons les réactions des autorités monétaires durant les moments forts de la « grande dépression » et nous jugerons de leur pertinence, de leur efficacité et de leurs implications.

Depuis la crise des subprimes, laquelle a été suivie par la crise des dettes souveraines à partir de 2010, les banques ont dû faire face à des défis considérables. Les rôles primordiaux qu'elles tiennent dans les mécanismes de stabilisation économique en font les principales responsables dans la lutte contre les situations de crises et du retour à des situations économiques et financières soutenables. Pour remplir ce rôle les banques centrales peuvent utiliser tous les outils qu'elles ont à leur disposition. Cependant, conformément aux principes qui conditionnent leur existence, elles peuvent agir librement dans ce sens mais sous contrainte de réaliser de façon conforme leur mission de lutte contre l'inflation.

La crise des subprimes a entraîné un fort recul des activités économiques dans les pays développés, une augmentation des taux de chômage, un recul notable de la demande globale à laquelle s'ajoute un problème de surendettement des ménages, une forte augmentation des niveaux des dettes publiques et des taux d'intérêt associés, une forte désinflation et de grands risques d'entrer dans un cycle déflationniste, des faillites en cascade entre autres.

Sans pour autant revenir sur les origines de cette crise et sur sa mise en oeuvre, nous devons souligner que toutes ces conséquences désastreuses viennent avant tout de la forte contraction des marchés monétaires et financiers qui ont cessé de jouer leur rôle dans le financement des activités économiques. Les taux d'intérêt à court et long terme du marché monétaire augmentent parallèlement à des comportements de « crédit crunch » de la part des établissements financiers qui cherchent à réduire la taille de leur bilan pour se protéger. La valeur des actifs sur les marchés financiers dégringolent. Cette contraction est la conséquence d'une crise de confiance généralisée sur ces marchés mais aussi au niveau des ménages avec des phénomènes de « bank-run ».

Le principal défi des autorités monétaires au lendemain de la crise est de se substituer aux marchés interbancaires et financiers devenus gravement défaillants. Le choix de ses objectifs intermédiaires répond donc, dans un premier temps, à cette nécessité.

Dans cette optique, les banques centrales décident dans un premier temps de baisser leur taux d'intérêt directeur jusqu'à ce que ceux-ci atteignent des niveaux plancher. Conformément à

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notre étude dans la partie précédente, ces mesures visaient à rétablir le fonctionnement normal des canaux du taux d'intérêt du crédit, mais aussi, de jouer positivement sur les canaux du prix des actifs et de la valeur du patrimoine. Cela en fournissant la liquidité nécessaire au bon fonctionnement du système bancaire et en dirigeant les anticipations d'inflation à la hausse afin de tirer à la baisse les taux d'intérêt réels de long terme. Aussi, la BCE a annulé, voire rendu négative, la rémunération des réserves des banques commerciales dans ses comptes afin de les inciter à prêter leurs excédents de liquidités. Cette mesure a cependant reçu plusieurs critiques que nous aborderons dans notre bilan d'efficacité.

Ces décisions politiques étaient nécessaires pour faire face au blocage de l'économie, mais très insuffisantes puisque les banques centrales ont rapidement été confrontées à ce que l'on appelle le problème du « zero lower bond », situation dans laquelle l'outil du taux d'intérêt devient inutilisable puisque, ayant atteint des valeurs très faibles et proches de zéro, il n'a plus aucun effet sur la courbe à terme des taux d'intérêt, ni sur les autres canaux de transmission d'ailleurs.

C'est alors que les banques centrales ont dû rapidement répondre à ce problème en mettant en oeuvre de nouvelles stratégies, i.e. en élaborant de nouveaux objectifs intermédiaires et de nouveaux instruments, afin de combattre les effets de la crise. Il s'agit de ce que l'on nomme couramment les politiques monétaires non conventionnelles.

La sévérité des défis que doivent surmonter les banques centrales les a, dans une certaine mesure, obligé à rompre avec leurs principes d'indépendance et d'impartialité. Leurs positions ont d'ailleurs soulevé des inquiétudes quant à la crédibilité de leur action.

Nous allons dès lors expliquer en quoi consistent ces politiques non conventionnelles, dans quelles mesures ont-elles été utilisées et quelles ont été leur efficacité et leurs implications pour l'avenir.

II. Le recours aux politiques monétaires non conventionnelles 1. Les politiques de « quantitative easing » (assouplissement quantitatif)

Ce type de politique consiste à rendre les conditions d'accès à de la monnaie banque centrale beaucoup plus souple, cela en combinant trois principales actions :

- En augmentant le volume de liquidité offerte par la banque centrale lors de ces appels

d'offre

- En multipliant le nombre d'appels d'offre

- En augmentant la durée de remboursement des prêts qu'elle consent

- En élargissant la palette de titres éligibles pour garantir les prêts consentis

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Ce type de politique vise principalement à saturer la demande sur le marché monétaire afin que les activités de financement puissent se remettre en place.

Cependant, elles ont aussi pour effet d'augmenter la taille du bilan de la banque centrale et de l'obliger à détenir ces titres pour des durées moyennes plus longues ce qui la soumet à des risques de défaut et de marché croissant en fonction son niveau de tolérance pour l'acceptation des titres en échange de prêt et du degré d'instabilité de l'économie.

Enfin, ces mesures ont pour effet d'augmenter la base monétaire disponible pour le financement de l'économie mais n'assure cependant pas l'utilisation effective de ces liquidités de telle façon à induire une augmentation proportionnelle de la masse monétaire en circulation. En effet, il semble que cela soit d'ailleurs le cas à l'heure actuelle et depuis le début de la crise, avec un canal du crédit qui semble complètement roué à la fois à cause du surendettement des agents privés et de la frilosité des banques à assumer les risques de défaut ou pire ceux liés à une nouvelle crise systémique.

Enfin, certains intellectuels alertent sur les risques d'hyperinflation qui peuvent découler de telles mesures.

2. Les politiques de « credit easing » (assouplissement des conditions d'accès au crédit)

Ce type de politique a été utilisé en complément des politiques d'assouplissement quantitatif dans le but d'agir plus directement sur le financement de l'activité économique et en palliation de la défaillance des canaux du crédit.

Ces politiques consistent en des achats directs et définitifs de titres auprès des institutions financières et des marchés financiers sur les marchés secondaires. Dans le cas des États-Unis, les achats concernent aussi des bons du trésor acquis sur le marché primaire très souvent.

Ces opérations ont pour but de retirer les actifs sensibles du marché, d'agir sur la valeur de marché de certains titres (ex : obligations), d'apporter de la liquidité directement sur les marchés et par extension, de rétablir un fonctionnement normal de ces marchés alors en partie assainis et rassurés de telle sorte à ce qu'ils assurent à nouveau leur rôle dans le financement de l'économie.

Les banques centrales se servent de leurs réserves pour mener ces opérations.

Ce type de politique présente un danger important pour les banques centrales qui voient leur bilan se détériorer avec chaque entrée à son actif de titres présentant le plus souvent des risques de marché élevés et pour certains des risques de défaut notables. La conséquence de ces dégradations font que des critiques se soulèvent quant à la légitimité des actions des banques centrales concernées, quant à leur crédibilité mais aussi quant à ce que cela implique

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en terme de risque d'hyperinflation et de dévaluation de la monnaie concernée. Cependant, ces inquiétudes sont contrebalancées par le caractère strictement exceptionnel, nécessaire et temporaire de ce type d'actions.

Les politiques de « credit easing » ont été utilisées de façon très différente en fonction des banques centrales et de leurs objectifs. En effet, la BCE s'attèle alors à débloquer le marché monétaire tandis que la Fed et la BoE font du retour à la stabilité sur les marchés financiers leur principale préoccupation. C'est par excès de prudence que la BCE s'est refusée à mettre en oeuvre ce type de politique à grande échelle mais aussi par son grand attachement à ses principes d'indépendance et d'impartialité. Tandis que la Fed a utilisé ces politiques dès le début de la crise de façon importante et répétée.

La BCE, au contraire de la Fed et de la BoE, s'engage à compenser ses actions par des opérations de stérilisation afin d'éviter de créer trop d'inflation. C'est-à-dire que la liquidité qu'elle injecte dans l'économie via les opérations de « credit easing » doit être compensée par le retrait de liquidités sur d'autres postes.

On peut par exemple noter que la Fed rachète dès le début de la crise un volume important de titres risqués adossés aux créances hypothécaires (MBS) dans le but de maîtriser la charge de la dette dans le budget des ménages puisque ces crédits avaient été accordés avec un taux d'intérêt variable ; mais aussi pour stopper la dégringolade des prix de l'immobilier et assainir les bilans des participants aux marchés financiers. Vient ensuite le tour des titres du secteur privé et des bons du trésor.

Aujourd'hui, bien que la BCE se soit toujours refusée à intervenir sur le marché de la dette publique, voici que, comme ses homologues américains et anglais, elle engage depuis plus d'un an des programmes de rachat massif d'obligations publiques, mais aussi dans une certaine mesure privée, sur les marché secondaire afin d'influencer de façon décisive les taux d'intérêt associés aux dettes publiques, les taux d'intérêt du marché obligataire, de faire baisser les primes de risque et de soutenir de façon directe les économies en voie à la déflation. Pourtant, la BCE s'était jusqu'à présent contentée de décision de « quantitative easing » assez timide en comparaison des mesures anglaises et américaines.

Dans le cas général, les banques centrales ont toutes exprimé leur ferme intention de maintenir leurs taux très bas et de procéder si besoin est à de nouvelles mesures exceptionnelles tant que la reprise économique n'aura pas été effectivement consommée.

Voici quelques exemples des programmes qui ont été mis en oeuvre par les banques centrales depuis le début de la crise :

- « Term Auction Credit Facility » (TAF) - 2007 - Fed : « quantitative easing » - « Term Securities Lending Facility » (TSLF) - 2007 - Fed : réservés aux

principaux acteurs du marché, ce programme permet d'échanger pendant 28 jours des

divers titres contre des bons du Trésor.

- « Securities Market Program » (SMP) - 2010 - BCE : achats d'obligations d'Etat

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3. L'utilisation des politiques monétaires non conventionnelles durant la crise

Voyons quelques illustrations graphiques qui vont nous permettre d'établir plus clairement dans quelles proportions les banques centrales des principaux pays engagés dans la crise que sont la BCE, la Fed et la BoE, ont eu recours à ces types de politiques.

On peut constater au regard de ces deux derniers graphiques que les taux d'intérêt directeurs présentés suivent les mêmes tendances, ce qui confirme bien le suivi d'une règle établie.

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On remarque que la BCE a été beaucoup plus timide que les autres B.C. dans la baisse de son taux depuis le début de la crise.

Les « repos » concernent les actifs mis en pension contre liquidité. Ce graphique nous donne une idée de l'impact des mesures de « quantitative easing » pour la BCE. On remarque que malgré des taux de « refi » largement diminués depuis fin 2008, le temps de réaction des banques a été tout de même très long. Une franche reprise des activités du marché monétaire se fait à partir de début 2012 avec le pic d'utilisation des politiques de « quantitave easing » et l'introduction de politiques de « credit easing » avant de ne ralentir à nouveau ces derniers temps. Cela étant sûrement du au problème du « zéro lower bond »

Bilan de la Fed, BoE, BoJ et BCE, base 100 en 2007

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On note grâce à ce dernier graphique l'importance de la réaction de la Fed et de la BoE dès les débuts de la crise avec une explosion de la taille de leur bilan du fait majoritairement des politiques de « credit easing ». Tandis que la BCE reste encore en large recul jusqu'en 2012 où elle agit de façon plus engagée.

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Ces deux derniers graphiques nous permettent de constater les proportions très importantes de titres détenus fermement par la Fed et donc sur l'ampleur de l'utilisation des politiques de « credit easing ». En 2012, près de 90% de son actif est composé uniquement de titres. Tandis que dans le cas de la BCE cette proportion reste relativement très faible jusqu'en 2012 où elle augmente rapidement et atteint un peu moins de 50% de la valeur de son actif. Cela étant assimilable au lancement des programmes de rachat de dettes publiques.

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Nous pouvons observer plus en détail dans ces deux derniers graphiques, la décomposition par nature de l'actif de la Fed. On remarque que dans le premier graphique qui concerne la proportion de MBS et de titres du trésor, qu'en début de crise et jusqu'en 2011, la majorité des titres détenus sont des titres MBS. Depuis 2011, les titres du trésor deviennent majoritaires. Ces observations sont en accord avec la stratégie américaine de stabilisation des marchés financiers.

De manière plus complète détaillée, le dernier graphique nous donne une décomposition plus fine de ces acquisitions ainsi que des indications sur les volumes et la nature des crédits accordés entre 2007 et 2009. On remarque alors qu'en début de crise, une très grande attention a été portée à la stabilisation des marchés par des crédits importants aux investisseurs et au secteur financier. Mais aussi, ces opérations ont consisté en des opérations de nettoyage avec les programmes TSLF qui visent à retirer du marché pendant un temps donné, les actifs les plus risqués et qui étaient responsables de l'entrée en crise. (cf définition partie précédente).

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote