CHAPITRE V : LA DISCUSSION DES RESULTATS
I. " L'interprétation
des principaux résultats
Les résultats de cette enquête sont
révélateurs. Ils montrent à quel point, les EPS de la
ville de Kati évoluent. En première partie, nous allons discuter
les conditions environnementales et administratives des EPS-K. Nous examinerons
ensuite le mode de recrutement des enseignants et comment est assurée la
formation des enseignants dans lesdites écoles. Nous aborderons à
ce niveau, les connaissances et les pratiques pédagogiques des
enseignants. Dans une dernière partie, nous tenterons de répondre
à la question d'évaluation et de suivi des EPS et des enseignants
dans les EPS-K.
1. Conditions environnementales et administratives des
EPS-K
En s'intéressant à la première rubrique,
l'enquête découvre que les ESP-K (66%) évoluent dans
l'informel, seule une école sur 3 est autorisée à faire
l'exercice de formation.C'est ce qu'avait dit Ali (2012) dans sa
thèse :« une grande proportion des écoles
étudiées fonctionnait en dehors de toute légalité.
En effet, sur les 33 écoles, seulement 20, soit 61 % possédaient
les documents officiels requis pour mener à bien leurs activités.
Les autres ne les avaient pas ou étaient en train de les rechercher et
fonctionnaient en conséquences en toute
illégalité. ». Cette enquête date de longtemps,
ce qui laisse entendre que les choses devraient évoluer. Mais la courbe
est plutôt décroissante. Ses résultats ont montré
que 39% (soit 20 sur 33) évoluent dans l'informel. A la date
d'aujourd'hui, nous trouvons pire, plus de 66% des EPS-Kexercent en marge de
toute loi. Il faut signaler que l'étude de Ali (20121) incluait les
écoles privées et publiques de Bamako. Ce qui pourrait expliquer
la hausse du pourcentage de ceux qui évoluaient avec les autorisations.
Cette illégalité justifie le fait que les EPS-K (soit 0%) n'ont
jamais pris attache avec l'INFSS pour l'obtention du programme des
enseignements ou d'autres directives. Les directeurs d'études se sont
contentés aisément de soutirer leur programme d'enseignement sans
contenu avec un homologue. Le présent résultat est contraire
à ce qu'avait donné comme résultat Ali (2012) lors de sa
thèse. Il affirmait que toutes les écoles disaient appliquer le
même programme qu'à l'INFSS pour les filières qui sont
enseignées à l'institut. Pour les autres filières, telles
que les matrones et les aide-soignant, elles disaient se référer
soit à l'ancien programme de l'INFSS, soit aux écoles d'autres
pays de la sous-région.Notre intérêt de mettre la main sur
la source du programme a suscité la découverte du pot aux roses.
Une des forces dans l'acquisition des données, était l'occasion
qui nous avait été offerte d'enseigner dans le privé avant
d'aller étudier. Cela a permis aux administrateurs de ne pas jouer
à la chauve-souris dans les réponses. Le dos au mur, on ne peut
que crier défait. Une EPS-K sur trois affirme que son programme est
conforme à celle de l'OOAS. A la demande de voir le programme ou de
connaitre la procédure suivie pour en avoir, les réponses sont
devenues les mêmes : nous l'avons eu via une telle école.
Les promoteurs d'écoles ne se sont pas, à
présent intéressés par l'accréditation, fautes
demoyens, à en croire à leur propos alors que Stumpf et Garessus
(2017), disaient que le premier niveau d'influence sur la qualité est
institutionnel (niveau établissement) et se traduit par ce qui est mis
en place dans une institution pour répondre à la
conformité aux normes.L'accréditation ayant le grand
bénéfice de faciliter le suivi et l'accommodement. Elle augmente
la confiance et sert de fil d'Ariane pour toutes activités
pédagogiques. La réunion pédagogique, le socle de
l'introspection et de la rétrospection d'une école de
santé est quasiment ignoré et laisser en marge dans les
écoles figurants dans notre échantillon d'enquête. Comment
peut-on imaginer une école qui fonctionne sans rencontre avec les fers
de lance du processus d'enseignement ? Ne dit-on pas dans un adage `'Tout
ce qui se fait pour moi sans moi est contre moi'' ? les enseignants ont
leur mot à évoquer. Ils ont leur brique à apporter
à l'édification de l'établissements. Ils ont à dire
et à redire dans tout ce qui leur implique. Mais ils sont quasiment
ignorés durant toute par 100 % des EPS-K. Ceci étant le prix
accordé aux éducateurs, à quelle valeur achète-t-on
les étudiantes ? comment s'intéresse-t-on au contrôle
de leur présence ? La majorité des étudiantes soit
53% estiment que les surveillants ne s'intéressent que peu au
contrôle de présence des étudiants, pendant l'année
scolaire.Environ 46% des étudiantes s'assortissent à affirmer que
les EPS appliquent le contrôle de présence au début de
l'année pour en délaisser plus tard. Diallo (2020) s'assume de
vive voix à dire qu'il est très difficile de contrôler
permanemment la présence des étudiantes sages-femmes car la
majorité d'entre elles dans les EPS sont des femmes mariées avec
des responsabilités conjugales pouvant parfois être
prévalues de temps à autre sur les études.
Cette nouvelle tendance est contraire à ce qu'avait
approuvé Nove A (2017) sur la satisfaction à l'égard des
conditions de travail dans la sous-région, qui était plus forte
dans les écoles privées que dans les écoles publiques.
Cela est facilement compréhensible car au privé, mieux vaut
négocier que de sanctionner les étudiants, les chefs
d'entreprises. Aussi, faut-il signaler que les écoles songent à
l'admission des étudiants à l'examen national. Cela se
démontre par la réalisation d'un examen blanc. Toutes les EPS, de
façon annuelle effectue un examen blanc à l'approche de l'examen
national, chose à encourager et à applaudir dans le secteur
privé.
Un autre constat récurrent, est l'insuffisance des
équipements didactiques. Ce résultat n'est point inédit et
est d'ailleurs généralisable comme le disait Nove (2017). Les
écoles préfèrent se débrouiller que d'investir.
Environ 40% des étudiantes trouvent ce problème
prépondérant et affirme qu'environ 50% des matériels
indispensables pour les travaux dirigés, les travaux pratiques et les
séances de simulations sont inexistantes dans les EPS. Il faut
résumer que pour les promoteurs des EPS, le résultat à
l'examen prévaut sur la compétence transférée. Nous
avons pu effectuer la visite d'observation des écoles privées de
santé de la ville d Kati. Faut-il dire que beaucoup de mesures
d'hygiènes sont en vigueur. L'aération et la luminosité
sont assurées à hauteur de souhait de toutes les EPS. Mais
malheureusement, aucune bibliothèque et encore moins aucune salle
d'informatique n'existe in situ dans les EPS. C'est ce qui approuve
l'insuffisance remarquable du système de gestion et d'organisation des
EPS en général. L'environnement immédiat des EPS est
assaini excepté une école sur trois soit 33%, où il existe
quasiment une odeur nauséabonde dû à la cohabitation de
l'EPS et l'école agropastorale. Les écoles sont dans des
emplacements stratégiques et accessibles. Les infirmeries sont absentes
dans lesdites écoles, non par manque de volonté mais plutôt
de monnaie.
Au sujet des anciennes promotions, plus de la moitié de
chaque promotionrencontrée sont admises à l'examen national.
Certains ont même atteint les 100% de succès. Or, miser sur le
résultat final peut glisser dans l'erreur, en ce sens qu'on peut faire
recours à d'autres manies pour avoir un bon résultat à
l'examen.Advienne que pourra, il est possible de briguer un examen au nom
d'école, mais il quasi difficile d'en faire autant pour la
réussite à la fonction publique. Sur les 5 promotions
rencontrées, exemptées deux étudiantes, personne n'a
été admis au concours de fonction publique. Et pire encore, 60%
des enquêtées parmi les anciennes étudiantes des EPS n'ont
pas trouvé un travail rémunéré. Ils se contentent
du bénévolat ou du stage continuel. Aucune d'entre elles, ne
s'est contentée de la formation initiale, chacune aurait opté
pour une formation de perfectionnement au travers le stage. Ces
différents stages leur ont révélé qu'elles ont un
réel manque à gagner ! voilà pourquoi, les anciennes
étudiantes recommandent à l'unanimité, non seulement
l'évaluation des enseignants mais aussi, celle de l'école. Cette
question d'évaluation ou d'accompagnement des EPS et des enseignants
sera abordée à la troisième partie de cette discussion.
Ce premier volet de notre discussion nous fournit des
informations qui dessillent les yeux sur le cadre organisationnel, fonctionnel
et pédagogique de la formation des étudiantes dans les EPS-K dont
la description fait d'office l'objet de notre premier objectif
intermédiaire dans cette activité de recherche.
En bref, les EPS-K, en plus d'évoluer en
majorité absolue (66%) en marge de toute légalité,
soutirent leur programme de formation partout ailleurs sauf à l'INFSS,
détenteur du programme officielfaute du système éducatif
et l'exercice illégale des promoteurs. Elles ne sont pas non plus
accréditées et en plus, elles esquivent les réunions
pédagogiques. Elles ne sont pas régulières à
contrôler la présence des sages-femmes dans les classes, une chose
jugée contraignante. Il y a une insuffisance
généralisée des équipements dans les EPS et aucune
école ne possèdent ni bibliothèque ni infirmerie et encore
moins, une salle informatique. Les écoles sont plutôt
motivées par le résultat à l'examen national, d'où
l'exécution sans condition d'un examen blanc à rythme annuel. Les
cours, les murs et les environnements immédiats sont maintenus propre
dans la plupart des EPS-K. Le taux de réussite des étudiantes
à l'examen national est satisfaisant : varie de 76% à 100%
selon les promotions d'étude et selon les écoles. Une fois
sortie, elles ont du mal à s'intégrer dans la fonction publique
ou dans l'acquisition d'un quelconque travail rémunéré.
Elles ont toutes effectuée un stage post formation, pendant lesquelles
elle ont constaté en elles, un manque dans l'exercice professionnel.
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