1.1.4 I.2. IMPACTS DE LA CERTIFICATION : REVUE DE LA
LITTÉRATURE
Plusieurs travaux en économie se sont
intéressés à l'impact des normes de production durable sur
les petits producteurs. Cependant, les résultats de ces travaux font
l'Object d'un vaste débat. Une partie de littérature empirique
soutient que les normes de production durables ont des effets positifs sur les
petits producteurs et sur leur organisation paysanne YOUSSOUPHA N'DAO, (2012).
D'autres études révèlent, par contre, des impacts
négatifs de la certification sur les producteurs GIOVANNUCCI et al,
(2008).
Dans notre travail, nous cherchons à
contribuer à ce débat en examinant l'impact de la certification
Rainforest Alliance sur les petits producteurs de cacao autour de la
réserve de biosphère du Dja (Est Cameroun).
Cette revue reprend les travaux de GBCC, (2012)qui a
mené une étude visant à examiner et analyser d'un point
de vue critique toute la littérature et les études pertinentes
sur la certification du cacao. Cette recherche a englobé l'analyse de la
documentation sur les spécifications, les exigences et l'impact produit
par les programmes de certification existants ainsi que les études
indépendantes réalisées.
1.1.5 I.2.1. Impact économique de
la certification
KPMG, (2011), en utilisant une combinaison de comparaison de
méthode latitudinale et longitudinales entre les producteurs
certifiés Utz et les producteurs non certifiés, démontre
que la certification à entrainer un accroissement du rendement des
exploitations de cacao de 15%. L'étude révèle, cependant,
que ce taux d'accroissement de la productivité dû à la
certification serait statique quel que soit la saison cacaoyère et de
loin, inférieur au potentiel d'accroissement de rendement de 30% attendu
de l'adoption de bonnes pratiques agricoles. Les principales raisons
évoquées portent, en particulier, sur le manque d'exigences de
certains standards sur la productivité et la mauvaise programmation des
formations dispensées aux producteurs.
GIOVANNUCCI et al, (2008)montrent des impacts négatifs
de la certification dans le secteur du café sans pour autant fournir les
raisons de cette baisse de productivité. Selon les résultats de
leurs travaux, 60% des producteurs interviewés dans le cadre du test de
la méthodologie COSA ont rapporté une réduction des
rendements du café au terme de la mise en oeuvre des programmes de
durabilité dans ledit secteur. En outre, ALLEN BLACKMAN,et al(2010)
démontrent que les rendements sur les exploitations certifiées
Organiques sont inférieurs aux rendements des exploitations
conventionnelles au Costa Rica. En fait, une norme affecte les producteurs
différemment et affecte les producteurs en fonction de sa nature, de
l'environnement institutionnel du pays ainsi que les caractéristiques de
la ferme.
CATHERINE VOGELl et al, (2010)a évalué l'impact
potentiel de la certification sur le rendement du cacao en se fondant sur les
résultats du comptage des cabosses réalisés sur les champs
écoles paysans. Elle démontre que l'impact potentiel de la
certification sur le rendement pourrait être de 49% à la suite de
l'application intégrale des bonnes pratiques agricoles. Ses conclusions
demeurent, cependant, basées sur une taille réduite de champs
écoles et des effets de simulation.
Les travaux de la COSA JASON POTTS et al, (2012)montrent que
l'impact de la certification sur le rendement des producteurs de café et
de cacao pourrait se situer à un taux d'accroissement de 17%, tous
standards de certification confondus Toutefois, ce taux d'accroissement
pourrait varier d'un standard à un autre. Ainsi, est-il possible de
relever le fait que la certification UTZ génère le taux
d'accroissement de la productivité le plus élevé (environ
32%) suivis de Rainforest Alliance (15%) et du commerce équitable (13%).
L'impact de la certification organique sur la productivité est
très faible de l'ordre de 5%.
Toutefois, les conclusions des travaux de KPMG, (2011)
indiquent que l'impact de la certification sur la qualité du cacao
pourrait varier d'un standard à un autre. Ainsi, est-il possible de
relever le fait que la certification UTZ produit généralement un
cacao de bonne qualité (près de 70% de cacao de type grade 1)
suivis de Rainforest Alliance (45% de cacao de type grade 1). L'impact de la
certification Fairtrade sur la qualité est mitigé. Ils montrent
également que les producteurs certifiés à travers leurs
coopératives bénéficient d'un accès renforcé
aux informations du marché du fait des exigences des normes de
certification. Celles-ci recommandent plus de transparence dans toutes les
transactions financières et commerciales réalisées dans
l'optique de la traçabilité des produits.
Les travaux de MAN-KWUN CHAN et al, (2009)montrent que la
certification a amené les organisations des producteurs et leurs membres
à adopter les bonnes pratiques de récolte et post-récolte
et à investir davantage dans l'acquisition des matériels de
contrôle nécessaire au traitement et au conditionnement des
produits certifies. Les formations sur la qualité fournies par la
plupart des standards de certification, la fourniture d'équipements de
contrôle qualité par certains standards de certification, et
l'accroissement de la propension des producteurs et de leurs
coopérative, à investir dans la conversion des systèmes de
production traditionnels vers des systèmes de productions intensifs
améliorant la quantité et la qualité des produits, sont
des éléments de justification avancés par la
littérature pour soutenir ces résultats.MAN-KWUN CHAN et al,
(2009)Évoquent les même effets positifs de la certification sur
l'accès au marché et les justifient à travers :
l'amélioration des capacités de négociation et
commercialisation des producteurs et de leurs coopératives, les
relations privilégiées qu'elles développent avec les
exportateurs qui leur facilitent souvent l'accès aux informations de
marchés ;
- l'action des standards tels que Fair Trade, UTZ et FSC,
fournissent plusieurs actions de renforcement des capacités sur les
questions d'accès au marché, tout en facilitant
l'établissement des contacts entre les coopératives et leurs
membres à des partenaires commerciaux ;
- le renforcement des capacités de commercialisation
qui offre un accès élargi au marché.
Nicolas EBERHART, (2007)en évaluant l'impact du
commerce équitable chez les producteurs de café en Bolivie,
montre que Les prix offerts par le commerce équitable sont très
avantageux et largement supérieurs à ceux des autres
marchés lorsque les cours internationaux sont bas. Ceux qui ne vendent
pas sur les marchés du commerce équitable, ne pouvant même
pas satisfaire convenablement leurs besoins alimentaires de bases ont
obligé de consommer leur épargne, mais surtout de vendre leur
force de travail en ville. L'accès au commerce équitable dans
une proportion significative pour l'ensemble des familles membres des
organisations certifiées leur permet de couvrir leurs
besoins alimentaires et autres besoins essentiels (éducation,
santé, etc.) et de développer un système de production
durable.
Certes les effets économiques du commerce
équitable ne sont vraiment visibles qu'en période de prix
internationaux bas, puisque lorsque les cours dépassent le prix minimum
défini par FLO, les différences entre les circuits conventionnels
et équitables sont faibles. Cependant, le mécanisme du prix
minimum garanti induit une certaine sécurité pour les petits
producteurs. Cette stabilité permet à la famille de conforter
son système de production et d'entreprendre sereinement des
investissements constants dans l'éducation des enfants, et
des investissements productifs (taxi, maison à La Paz...).
Les travaux deKPMG, (2011), montrent que la certification
induit un accroissement des prix d'achats aux producteurs et à leurs
coopératives. Selon les résultats de cette étude,
l'environnement de la commercialisation du cacao certifié
créé ses propres leviers, qui impactent positivement les prix
offerts aux producteurs et aux coopératives en dépit du fait
qu'un système d'achat différentié du cacao certifié
par rapport au conventionnel ne soit formellement établi. Au niveau des
producteurs, l'étude en s'appuyant sur l'analyse comparée des
prix moyens au kilogramme reçu par les producteurs, révèle
que les prix payés aux producteurs certifiés sont
généralement supérieurs (de 7 à 10%) à ceux
payés aux producteurs non certifiés.
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