L'accès à la justice en milieu ruralpar Bio Marc KORA CHABI Université de Parakou - Bénin - Maîtrise en droit privé 0000 |
3.3 Paragraphe 2 : L'accessibilité d'une justice en langue localeLes juridictions sont par essence le gardien des libertés. Cette affectation de compétence s'explique par le fait que c'est à travers la justice que la législation a consenti la garantie des libertés. Cependant, il est à déplorer le manque de confiance (A) des justiciables ruraux vis-à-vis de la justice étatiqueet laplacedes interprètes (B) au sein des juridictions. A- La restauration de la confianceLa confiance du justiciabledans la justice sera illusoire aussi longtemps que n'aurapas été réglée la question fondamentale du langage judiciaire. Dans la plupart des pays du monde, en occurrence au Bénin la justice est stigmatisée à cause du langage hermétique dont elle se sert. C'est un langage réservé aux seuls initiés du droit. Un langage que Georges Ripert a qualifié « d'archaïque »85(*). Il contribue à isoler davantage une grande frange de la population villageoise déjà en majorité analphabète.Un problème de communication se pose avecacuité avec les personnes concernées auxquelles lesinformations sont destinées. Les termes utilisés doivent au besoin faire l'objet d'une traduction dans les langues locales tout en respectant les exigences techniques de la procédure. B- La place des interprètesSelon la législation béninoise, les parties et les témoins qui ne parlent pas la langue dans laquelle se déroule la procédure ont le droit de se servir de la langue nationale de leur choix, assistés d'un interprète dûment assermenté86(*). Or, l'interprète ou le traducteur n'est pas unexpert.87(*).Ce symptôme justifie l'incompréhension et la méfiance du justiciable envers la justice. On seméfie surtout de cequ'on ne comprend pas.Il est donc très urgent de prendre des initiatives afin d'abandonner tout langagehermétique. C'est capital pour le juge qui parle la langue du milieu de prononcerses décisionsen langue locale. Il ne peut se limiter à renvoyer cette mission pédagogique à l'avocat car lepremier destinataire du jugement est le justiciable. Il est important pour les deux (02)de communiquer et de s'informer clairement. * 85 G. Ripert, in A.MBEYAP KUTNJEM, Le droit à la justice au Cameroun. Mémoire online disponible sur http://www.memoireonline.com/07/06/177/m_droit-justice-cameroun15.html, Consulté le 03 /03/2014 à19h 03 min. Op.cit. * 86Cf art 10 de la loi N°2001-37 Op. cit. * 87 Lire M. ADAMOU, Op. cit. 112. |
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