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Appartenance de la république démocratique du congo à  la conférence internationale sur la région des grands lacs: atout ou obstacle pour son émergence ?


par Charles Duhanel BILOKO
Université de Kinshasa - Sociologie 2019
  

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ii. 3. DEFIS ACTUELS DE LA CIRGL

Avant d'évoquer les défis actuels de la CIRGL, il sied d'évoquer, à la lumière de ce qui précède, les faiblesses de la CIRGL.

II.3.1. Faiblesses de la CIRGL

Parler de faiblesses de la CIRGL renvoie à aborder les différents engagements contenus dans le pacte fondateur de la CIRGL et ses différents protocoles, lesquels engagements peinent à être concrétisés. Dans le contexte actuel, la plus grande faiblesse de la CIRGL c'est l'absence de sanctions dans le pacte contre tout Etat membre qui violerait les engagements contenus dans tous ses instruments légaux.

En effet, en dehors de la domestication de certains chefs d'Etats des pays membres de l'organisation se substituant au gré des intérêts de leurs pairs du pouvoir aux enjeux économiques, l'inaction de la CIRGL s'observe également par un vide juridique au niveau de l'absence des mesures contraignantes des sanctions des Etats membres en cas de violation des accords. Ce qui fait que l'institutionnalisation de l'impunité ne fait que certifier et légaliser la succession des crises et violations du pacte qui ont élu domicile dans la sous-région des grands lacs en général, à l'Est de la RDC en particulier.

Dans ce même ordre d'idées, les limites principales de la CIRGL sont le fait qu'elle ne s'est pas préoccupée de violations massives des droits de l'homme commises par divers acteurs étatiques agissant en RDC. Ces abus sont maintenant bien décrits dans les rapports de l'ONU. D'autres parts, ces acteurs étatiques n'ont pas été contraints à mettre fin à leur pratiques qui s'appuient sur des actions militaires de court terme et des milices armés pour garantir leurs intérêts sécuritaires et économiques immédiats75(*).

En dépit du fait que plusieurs rapports de grande envergure, notamment ceux de l'ONU, GEC et autres bureaux d'études sur la RDC aient alerté sur les graves violations des droits de l'homme, des pillages systématiques et massacres des civiles innocents à l'Est de la RDC par des groupes armés, surtout étrangers (ADF-Nalu, FDLR etc.) en complicité avec certains acteurs étatiques clairement identifiés, la CIRGL n'a infligé, jusqu'ici, des sanctions exemplaires, ou moindres soient-elles, aux commanditaires et tireurs des ficelles qui sont du moins connus.

Du coup, la CIRGL, débordée par les événements, devient de plus en plus inactive. Son rôle d'organe régional de résolution des problèmes sous-régionaux est réduit à celui d'un simple observateur inactif face au jeu de certains acteurs sous-régionaux ne respectant plus les textes de l'organisation.

S'agissant du protocole de non-agression et de défense mutuelle signé entre pays des grands lacs, il traduit visiblement le rôle de la CIRGL comme mécanisme permanent de suivi des relations entre les Etats des grands lacs. En effet, en 1996, la région des grands lacs a connu une première expérience inédite dans son histoire. Elle a connu l'invasion de la RDC par certains pays des grands lacs (Rwanda et l'Ouganda) ayant accompagné la rébellion de l'AFDL, créée et entretenue par ces pays pour chasser le régime de Mobutu. Les relations s'étaient détériorées quelque temps après entre le régime de LD Kabila et ses alliées. Cette situation constitue le socle de la détérioration des relations entre pays des grands dont les stigmates sont manifestes jusqu'à ce jour.

Reconnaissant l'influence de cette dimension dans la stabilité de la sous-région des grands lacs, la CIRGL ne pouvait nullement mépriser cet aspect dans la quête de la pacification de la partie Est de la RDC. Ce qui parait évident, l'entrée en vigueur de ce protocole a ouvert la voie dans la consolidation des relations entre pays des grands lacs, afin de déminer le climat morose qui y régnait depuis presqu'une décennie.

De nos jours, au lieu de révérer ces engagements solennellement signés, ce protocole s'avère piétiné, comme tous les autres textes de la CIRGL d'ailleurs, par certains Etats membres. Et la CIRGL devrait, à défaut des remontrances, sanctionner tout Etat déviant et provocateur cherchant d'une quelconque manière à étendre son hégémonie, peu importe sa nature, sur le territoire d'un autre Etat.

De ce qui précède, il est donc difficile d'identifier de nos jours des sanctions, moindres soient-elles, infligées aux autres Etats impliqués de près ou de loin, à l'insécurité à l'Est de la RDC.

Tout compte fait, en dépit de ses efforts considérables dans la résolution de la rébellion du M23 et du CNDP, la CIRGL présente plusieurs faiblesses dont la non-concrétisation des engagements contenus dans son pacte et le non-respect, par certains Etats membres, des textes fondamentaux de la CIRGL ont atteint le paroxysme. Elle a ainsi plusieurs défis à relever pour jouer pleinement son rôle d'organe régional de résolution de des problèmes majeurs de la gestion et du développement de la sous-région par l'entremise de ses Etats membres.

* 75R. MINANI BIHUZO, op.cit. 2012, p.3.

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