La dépénalisation des délits de presse et la protection des droits de la personnalité au Burkina Faso( Télécharger le fichier original )par Yacouba GORO Institut des Sciences et Techniques de l'Information et de la Communication - Bac+5 en Science et technique de l'information et de la communication 2016 |
Paragraphe 2 : La protection par l'exactitude du journalisteL'exactitude, quant à elle, fait obligation aux journalistes d'utiliser les termes qu'il faut pour indiquer les réalités et la vérité des choses décrites dans l'article de presse ou le reportage. Elle consiste, à cet effet, à s'assurer que la source d'information est fiable et crédible, puis à recouper et à vérifier l'information reçue, afin de s'assurer de sa qualité. Et si le moindre doute persiste à l'étape de la publication ou de la diffusion, le journaliste doit faire un choix qui engage encore davantage sa responsabilité. Soit, il choisit de ne pas rendre publique une information à propos de laquelle lui-même n'a pas une absolue certitude, ou il opte pour l'inverse, en assortissant la nouvelle des réserves (conditionnel, questionnement, doute exprimé) qui font comprendre au lecteur, auditeur ou téléspectateur et le préviennent que cette information n'est pas une vérité absolue. Le traitement des informations susceptibles de mettre en péril la société requiert du journaliste une grande rigueur professionnelle et, au besoin, une certaine circonspection comme l'explique Carlos Jérôme. Pour lui, «Sans source rigoureusement interrogée, sérieusement questionnée, recoupée et vérifiée, le journaliste, si tant est qu'il peut encore s'honorer de porter ce titre, se ferait le colporteur de bruits qui courent. Il serait un empoisonneur public qui, intentionnellement et de propos délibéré, met sur le marché de l'information, de la marchandise avariée, de la nourriture pourrie. On peut, à cet égard, évaluer les dégâts d'un accident de la route ou d'une catastrophe naturelle. Mais, qui peut estimer les ravages résultant d'une pollution mentale, du fait d'informations fausses, approximatives, parce que mal contrôlées ou non maîtrisées à leur source128(*)». La charte impose aux journalistes burkinabè, le respect du droit des personnes à la vie privée et à la dignité humaine. Cette charte est en conformité avec les dispositions nationales et internationales en matière de droit de la protection des individus et interdit la diffamation, la calomnie, l'injure, l'insinuation malveillante et fait partie intégrante des normes professionnelles du journaliste burkinabè. Aussi, le journaliste burkinabè se refuse, de même, à toute publication incitant à la haine tribale, raciale et religieuse. Il doit proscrire toute forme de discrimination. Il s'interdit l'apologie du crime. L'exemple de la radio rwandaise dite «des Mille Collines» en est illustratif. Le rôle de ce média dans le génocide rwandais, qui a fait des centaines de milliers de victimes dans la région des Grands Lacs, est édifiante concernant les prescriptions. Le journaliste a le devoir de rectifier dans les meilleurs délais et dans la forme appropriée, toutes nouvelles et informations qui se révèlent fausses ou qui pourraient porter atteinte à la dignité, à la réputation et à la vie privée des gens129(*). * 128 Carlos, Jérôme, Préface de Sources d'Information des Médias (Fernand AZOKPOTA), Star Editions, 2007, P. XVI * 129 Voir article 3 alinéas 2 du Code d'éthique et de déontologie de la presse burundaise |
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