CHAPITRE V : METHODOLOGIE
I. Justification du choix des sites :
Le choix porté sur ces deux communes, c'est qu'elles
connaissent des conflits fonciers qui deviennent récurrents et
impliquent plusieurs acteurs. La médiatisation de ces conflits, nous
révèle la singularité de cette zone qui est un laboratoire
pour étudier l'efficacité des reformes sur la
décentralisation, mais surtout les incohérences qui existent dans
la gouvernance foncière. Elles soulèvent de béants
paradoxes des politiques d'aménagements et de décentralisation
menée par les différents régimes successifs. En outre,
l'autre raison qui explique notre choix est que ces communes gardent une partie
urbaine et une partie rurale avec des villages qui ont comme principales
activités l'agriculture. Ces deux communes, également, subissent
l'influence directe de la ville de Rufisque, mais surtout de la ville de Dakar
avec sa banlieue. Ces communes même si leurs noms renvoyaient à
une appartenance ethnique sont aujourd'hui bien reparties en ethnies. Les
idées préconçues qui expliquent que telles ethnies
devaient s'identifier à tels métiers sont remises en cause, les
populations se sont justes adaptées dans la zone et ce que la nature
pouvait leur offrir. L'importance de leur superficie qui s'explique par la
disponibilité des terres dans un contexte d'explosion
démographique et urbaine des villes alentours qui s'étouffent et
se densifient à cause d'une raréfaction des réserves de
terres. Ce contexte transforme ces communes en de véritables
opportunités pour les populations en quête de logement.
II. Choix de la méthode
utilisée
L'option méthodologique utilisée est à la
fois constituée des approches qualitatives et quantitatives.
La première approche peut être définie
comme un ensemble de techniques d'investigation qui donne un aperçu des
comportements et des perceptions des populations. Ainsi, le chercheur tente
d'entrer en profondeur pour essayer de comprendre le phénomène
étudié.
Dans la deuxième approche, le chercheur tente de
mesurer l'ampleur du phénomène étudié par la
quantification, pourcentage ou nombre.
III. 25
Recherche documentaire
La phase de recherche documentaire a appuyé notre travail
sur les partis de la définition des concepts fondamentaux, sur la revue
de littérature, sur l'étude et la précision de la
problématique, sur des objectifs, les questions et les hypothèses
de recherches.
C'est une étape, qui nous était une très
bonne utilité. En effet, elle a consisté surtout à
rechercher dans les différents centres de recherches, les
bibliothèques et centres de documentation, des documents qui traitent
notre sujet. Cette quête nous a menés dans différents
centres et bibliothèques comme la bibliothèque de l'Ucad, de
l'Esea ex Enea, Ifan .
Nous avons pu aussi recueillir auprès des
collectivités territoriales concernées des documents pouvant nous
aider pour analyser de manière plus large ce sujet.
Il s'agissait de cartes et quelques données, en revanche,
elle n'avait pas de plan de développement, des diagnostiques fonciers.
Les contributions recueillis à travers la presse nous a permis de
réactualiser notre thème. L'internet nous a été un
grand apport de documentation, il nous a permis de recueillir des documents qui
nous ont été d'un grand apport dans la rédaction.
IV. Population cible
La population cible ici est la catégorie de personne
à laquelle, nous avons recueilli nos données, dans ce travail
nous avons ciblé d'abord :
- Les dignitaires et notables de presque tous les villages des
deux communes.
- Les autorités décentralisées (communes et
département)
- Les organisations de développements ;
- Les services déconcentrés de l'Etat
(préfet, gendarmerie, centre de développement
rural) ;
Ensuite nous avons ciblé la population en fonction de
leurs âges, leurs situations
matrimoniales pour avoir une meilleure lisibilité sur les
données.
V. L'échantillonnage
Notre procédé d'échantillonnage nous a
permis de constituer un questionnaire soumis aux ménages des deux
communes. Vu la superficie des deux communes et l'importance de la
démographie, nous avons pris 10 villages sur 25 village en raison de 5
villages dans chacune des deux communes .Ces villages ont été
choisi en fonction de leur degrés d'urbanisation et de ruralité
ainsi que des enjeux qui y jouent.
26
Dans ces villages, nous avons pris 1/10 du nombre des
ménages des villages qui ont une faible population et 1/40 pour les
trois villages Bambilor, Tivaouane-Peulh et Niague-Wolof qui sont les plus
peuplés, ce qui fera un total de 259 ménages sur une totale de
7457 ménage pour les communes de Bambilor pour Tivaouane -Peulh-
Niague.
Tableau no
2:Echantillonnage
Communes
|
Villages
|
Ménages /Village
|
Echantillonnage
|
Ménages
|
Fréquence
|
Bambilor
|
Bambilor
|
1370
|
1/40
|
34
|
2%
|
Déni Biram Ndao
|
164
|
1/10
|
16
|
9%
|
Gorom 1
|
258
|
1/10
|
25
|
7%
|
Gorom 2
|
410
|
1/20
|
20
|
6%
|
Mbeut
|
138
|
1/10
|
13
|
15%
|
Tivaouane-Peulh -Niague
|
Tivaouane Peulh
|
3067
|
1/40
|
76
|
2%
|
Déni Guedj Nord
|
56
|
1/10
|
5
|
8%
|
Niague- Peulh
|
134
|
1/10
|
13
|
9%
|
Niague- wolof
|
1393
|
1/40
|
34
|
2%
|
Beunoba
|
467
|
1/20
|
23
|
5%
|
|
7457
|
|
259
|
3%
|
VI. 27
La collecte des données
Plusieurs outils de collectes et d'investigation de
données ont été mise en place pour une confirmation ou une
infirmation des hypothèses avancées dans le cadre
opératoire.
VII. Les outils de collecte des
données
Pour la collecte des données, des outils ont
été utilisés à savoir les guides d'entretien, des
questionnaires et l'observation directe.
· La pré-enquête
Cette phase, nous a permis de pouvoir rentrer dans notre
sujet d'étude, la pré-enquête consiste à explorer le
sujet en s'entretenant avec des personnes ressources, ceux qui sont dans le
domaine foncier, et ceux qui connaissent bien notre zone d'étude ou qui
ont eu à travailler dans la zone .C'est cette phase qui nous a permis de
cadrer le sujet, en limitant notre questionnaire sur les points qui nous
semblaient essentielles.
· L'observation directe
Ce travail d'observation nous a permis de mesurer les
différentes mutations apportées par la croissance urbaine, des
chantiers qui foisonnent et des espaces agricoles en sursis qui attendent leur
tour pour être morcelé , ce que nous avons tenté de
démontrer par des prises de photos, mais également cette
observation nous a permis de voir la profondeur et l'ampleur de ces mutations,
dans les habitudes même des populations de plus en plus fortement
influencées par les habitudes urbaines
· L'entretient semi-directif
C'est à travers un guide que nous avons
effectué l'entretien, les personnes ressources sont bien
identifiées dans notre étude. La perception des acteurs nous
semble donc primordiale pour approfondir le sujet. Ainsi, l'entretien
qualificatif nous a permis de comprendre le phénomène que nous
étudions, en ciblant les chefs de villages, les communes, les
agriculteurs, les promoteurs, ainsi que la population locale et ces
différentes couches sociales.
· Le questionnaire
Un questionnaire est conçu et posté sur la
plateforme web (Kobotoolbox) d'où il est téléchargé
à partir d'une application dénommée ODK (Open Data Kit)
vers les Smartphones qui seront utilisés pour la collecte des
données sur le terrain.
28
- Nous avons essayé d'adapter ce questionnaire en
fonction des différents points que nous croyons important pour traiter
ce sujet ,il s'agit de l'activité agricole , la place des femmes et des
jeunes à l'accès à la terre et surtout la structuration
des activités économiques des villages concernés, ceci
pour mesurer le recul ou non de l'activité agricole dans la zone, ainsi
nous avons insisté sur :
- l'identification
- l'accès aux terres et différentes exploitations
agricoles
-Et surtout le foncier avec ce qu'il englobe.
VIII. Le travail de terrain
Comme tout début, nous avons testé les
questionnaires auprès des populations en essayant de voir lesquels
seraient les plus difficiles à répondre. En effet, évoquer
les conflits dans notre zone d'étude est souvent considéré
comme tabou vu la gravité des cas de conflits. De ce fait, ce test nous
a permis d'adapter notre questionnaire pour pouvoir recueillir des
réponses précises sur des points sensibles.
Nous avons décidé d'abord de commencer notre
travail auprès de ceux qui tournent autour du foncier dans notre zone
d'étude, à savoir les courtiers, les promoteurs, les chefs de
villages. Nous avons prévenu ces derniers de notre arrivée afin
qu'ils installent une relation de confiance entre nous et les populations, en
nous mettant en compagnie d'un jeune au cours de notre enquête qui va
jouer le rôle de facilitateur entre nous et les villageois. -La
pré-enquête nous a permis de tâter le terrain,
planifier des rencontres avec les personnes ressources et chercher des
données pouvant nous permettre de commencer le travail.
-L'enquête proprement dite a constitué le gros du
travail du fait surtout de l'immensité de la zone et du nombre de
villages concerné. Pour le faire, nous nous sommes adaptés aux
calendriers des personnes avec qui nous devrions travailler, ce qui explique en
partie l'épuisement du délai.
Après le recueil des données, il s'en suivit
à leur vérification, les erreurs ne pouvaient être
évitées à cause du nombre important des personnes
enquêté, c'est pourquoi après avoir relevé des
erreurs ou des manquements, nous les avons rectifiés en recontactant les
personnes concernées. Pour ne pas omettre des points importants dans
certains entretiens, nous n'hésitons pas à utiliser le
magnétophone qui nous a été une très grande
utilité dans la prise de note.
IX. 29
Le traitement des données
Les données recueillies sur la plateforme web
(Kobotoolbox) à travers un questionnaire sur mobile, ont
été automatiquement ordonnées, classées et
traitées sur la plateforme. Pour minimiser les erreurs, nous avons
repris les données brutes et les avons traitées par Excel afin de
vérifier les résultats. Le logiciel Word est utilisé pour
la rédaction du mémoire. Les résultats obtenus sont
présentés en tableau et en graphique et font l'objet d'une
analyse rigoureuse tout au long du travail.
X. Difficultés rencontrées
La première difficulté rencontrée,
concernait l'immensité de notre zone d'étude. Cette zone qui est
composée d'une partie urbaine avec ces chefs-lieux et une partie rurale,
n'a pas été facile à couvrir. C'est pourquoi nous avons
choisi que dix villages pour mener des enquêtes tout en visitant
l'ensemble des villages le composant et de nous entretenir avec les chefs de
villages afin de nous faire une idée sur la situation de chacun des
villages. L'enclavement de certains villages surtout en période hivernal
est une réalité. Mais cette difficulté a été
une expérience enrichissante dans la mesure où le
déplacement entre certains villages s'est fait à pieds surtout
ceux de la commune de Tivaouane-Peulh-Niague. Ce travail de terrain nous a
permis de comprendre que les disparités ne sont pas seulement entre
Dakar et les autres régions du pays, ces disparités sont visibles
à l'intérieur même de la région de Dakar, elles sont
plus saisissantes.
L'autre difficulté que nous avons rencontrée,
concernait la sensibilité de ce sujet. Le foncier et les conflits qu'ils
impliquent, restent toujours des sujets difficiles à évoquer
auprès des acteurs. Ils touchent souvent les convictions politiques des
uns et des autres. Les thèmes abordés exigeaient donc une
certaine approche prudente, surtout lorsqu'il s'agissait de nous
enquérir de faits grave qui peuvent rendre réticents certains de
nos interlocuteurs. C'est pourquoi à chaque fois que nous menions une
enquêté dans un village, nous rencontrons d'abord le chef de
village pour avoir son autorisation et lui demander ensuite de mettre à
notre disposition un guide, un facilitateur issu de la communauté pour
rassurer les populations de notre bonne foi.
Le temps et les moyens nous ont fait défaut, car
agencer notre programme en fonction de l'emploi de temps des populations et des
dignitaires n'a pas été facile, ce qui explique même les
nombreux reports de rendez-vous indépendant de notre volonté.
Nous avons dû insister
30
et utiliser certains liens de parenté, approche souvent
adoptée surtout chez les Lébous pour établir une relation
de confiance et ainsi être accepté.
En résumé, choisir ce thème a
été un défi, à cause des sous-thèmes qu'ils
englobent. Mais ce travail de recherche a été aussi une
découverte qui constituera un postulat sur lequel nous nous baserons
pour nos futurs travaux de recherches.
DEUXIEME PARTIE : CADRE D'ETUDE
Chapitre I: Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague des
communes -rurales dans la région de Dakar.
I. Cadre historique et géographique
1. Historique de la fondation des villages dans les deux
communes.
L'historique des villages qui composent les communes de
Bambilor et Tivaouane-Peulh- Niague est presque similaire en ce sens que les
raisons qui ont poussé à leurs fondations se trouvent d'abord par
une volonté commune des populations de se regrouper autour de gros
village pour capter le maximum d'investissement auprès de l'Etat
central.
Leurs fondations comme la genèse de la plupart des
villages ou villes africaine ayant un fort ancrage traditionnel, est le fruit
des nombreux déplacements des anciens. De ce fait chaque fois, qu'ils
couraient un danger comme un décès, un incendie ou
épidémie, et même lorsqu'ils voulaient se libérer de
la tyrannie d'un dirigeant, ces anciens déménageaient vers un
nouvel lieu par peur d'être la prochaine victime. Ces deux situations ont
favorisé la création des villages qui composent aujourd'hui les
communes de Tivaouane-Peulh-Niague et Bambilor. La fondation du village de
Kounoune par l'un des plus anciens villages du Cap-Vert, si ce n'est
31
le plus ancien, résulte d'une odyssée entre deux
hommes et une femme Aly Sonko Guèye, Ndiongane Ngoné Guèye
et leur soeur Amadjiguène Guèye. Ces trois personnes sont, selon
le chef du village de Kounoune les fondateurs du village de Kounoune. Le chef
de village va plus loin en nous racontant l'histoire de cette fondation qui
était que :
"Ces trois personnes Aly Sonko Guèye, Ndiongane
Ngoné Guèye et leur soeur Amadjiguène Guèye,
accompagnées de leur chien, en quête d'une terre meilleure,
arrivèrent un jour dans un endroit qui se trouve actuellement non loin
du village. Sous l'ombre d'un arbre où ils s'étaient
arrêtés pour se reposer, leur chien, qui était parti se
promener, arriva peu après avec un poisson entre ses crocs. Le poisson
provenait d'une rivière qui se trouvait dans une brousse qu'on appelait
Mboul. Sous l'ombre d'un arbre où ils s'étaient
arrêtés pour se reposer, leur chien, qui était parti se
promener, arriva peu après avec un poisson entre ses crocs. Une fois
à la rivière, ils furent attirés par un arbre qui avait
pour nom `Ounoune', ils décidèrent donc de s'installer dans
l'endroit où se trouvait cet arbre ", narre-t-il tout en
précisant que :"c'est l'appellation de cet arbre, `Ounoune' qui a
donné à Kounoune son nom". Les premiers habitants de
Kounoune sont des Toucouleurs et des Lébous qui se nommaient Samb,
Mbengue, Seck, Ndoye qui avaient quitté le Fouta et le Djolof. Selon le
chef du village, la raison de leur venue dans le Cap-Vert était, qu'ils
ne s'entendaient pas avec le Bourba Djolof et c'est pourquoi ils se sont
dirigés vers le cap vert.
Les Samb avaient pris la direction de Ngor, les Seck de Mbao,
les Mbengue de Yoff et les Ndoye, dont Momar Ndoye et Gossy Gakou, de
Rufisque.
En 1886, les Lébous se sont regroupés en
assemblée pour créer la République Lebou avec Dakar,
Guérew et Rufisque ou Mbao. Kounoune était le point de rencontre
de tous les Lébous.
Pour le village de Bambilor, il a été d'abord un
campement ou se regroupait les colons par ce qu'un colonel y était
installé selon un notable du village, ce n'est qu'en 1922 que des
Lébous venus de Sakal, y sont installées. L'enseignement
coranique et l'érudition des habitants ont permis au village de se
développer et d'acquérir sa renommée. Le nom de Bambilor
n'est qu'une déformation du nom de « Ban-Bilor » en hommage au
génie de Sakal.
L'une des spécificités de l'histoire de Bambilor
et qu'il fut dirigé en un temps de son histoire par une femme, du nom de
Yaye Awa Ndir. Cette dernière était l'épouse de Baye Samba
Ndao premier chef de village de cette contrée Lébou. Ce n'est
qu'après sa maladie
32
que Yaye Awa Ndir pris la fonction de chef de village.
Toutefois, après Yaye Awa Ndir, les chefs de village se sont
succédé, et depuis décembre 2009, c'est El Hadji Abdou
Aziz Guèye qui dirige Bambilor.
Dans la commune de Tivaouane-Peulh -Niague, les raisons de la
création des villages comme Tivaouane -Peulh et Niague-Wolof sont un peu
différentes de celles des villages de Bambilor. En effet, leurs
fondations étaient plus motivées par leur volonté de
capter le maximum de service et d'infrastructure de l'Etat. Ce qui poussa les
habitants à se regrouper, car l'une des caractéristiques de la
majeure partie des habitations était, qu'elles étaient
éparpillées un peu partout dans la zone.
Pour le village de Tivaouane-Peulh par exemple l'un des plus
récents, c'est dans les années de sécheresses que
l'idée d'organiser les villages environnants autour d'un noyau central
avait été proposé par Moutar Diop
délégué du village à Sebikhotane. L'idée de
Moutar Diop était de se regrouper pour bénéficier
d'infrastructures comme une école, un dispensaire, une mosquée,
etc. Ils pourraient aussi bénéficier d'une voie d'accès,
de l'eau courante et de l'électricité. Selon le chef du village
Boubou Ardo Sow chef du village de Tivaouane le village a été
créé en 1968 et le premier chef de village était Oumar
Sow.
Pour Niague-Wolof, le plus ancien village de la commune,
majoritairement peuplé de Lébou. Ce n'est qu'en 1918 que Samba
Ndao Ndiaye l'un des chefs de villages, plaida pour une unification autour d'un
gros village, qui portera le nom de Niaga à l'hommage d'un arbre de (tir
elaeis guineensis ou plameira huil), entouré par des herbes que les
autochtones appelés "fou niakhé fou niaga -niagaral". Ce site
était un lieu mystique qui servait de point de rencontre des
détenteurs du savoir traditionnel pour prévenir les
événements à venir et indiquer la conduite à
tenir.
Ces histoires, qui relatent la fondation de ces villages,
reflètent terriblement la situation actuelle dans la même zone qui
devient un idéal auprès des populations qui la regagne dans
l'espoir de disposer un cadre de vie meilleur.
2. Evolution administratives
Les communes de Bambilor et de Tivaouane-Peulh-Niague
étaient des villages qui faisaient partie de l'ancienne
communauté rurale de Sangalkam. Ce n'est qu'en 2011, qu'elles deviennent
des communautés rurales autonomes. Cependant elles connurent au
même titre que Sangalkam la délégation
Elles deviennent des communes de pleines exercices avec la
communalisation intégrale en juin 2014, et font partie de
l'arrondissement de Sangalkam, du département de Rufisque et de la
région de Dakar. En tant que circonscription administrative, Bambilor et
Tivaouane-Peulh-Niague faisaient partie de L'arrondissement de Sangalkam .Ce
n'est qu'en 2011 qu'a été créé L'arrondissement de
Bambilor3 à remplacement à celui de Sangalkam.
En 2011, l'arrondissement de de Bambilor comptait Yenne, de
Tivaouane-Peulh-Niague. Avec l'acte III de la décentralisation Loi
n° 2013-10 du 28 décembre 2013 et la communalisation
intégrale ,l'arrondissement de Bambilor s' agrandi avec la commune de
Sangalkam, commune de Diamniadio et commune de Jaxaay -Parcelle-Niacoulrap.
À ce jour l'arrondissement de Bambilor englobe la
commune de Bambilor, la commune de Sangalkam, la commune de Yenne, la commune
de Jaxaay -Parcelles-Niacoulrap la commune de Tivaouane Peulh-Niague et la
commune de Diamniadio.
3. Cadre géographique
a. Localisation des communes de Bambilor et de
Tivaouane-Peulh-Niague.
Les communes de Bambilor et de Tivaouane -Peulh-Niague, sont
dans ce lot d'espace rural du département de Rufisque, ces deux
anciennes communautés rurales qui étaient au début des
villages composant l'ancienne communauté rurale de Sangalkam, font
aujourd'hui partie les communes qui englobent le plus d'espace dans le
département de Rufisque.
Ø La commune de Bambilor est située au Nord du
département de Rufisque, elle est une commune récente .Elle est
composée de 19 villages et cités qui s'étendent sur une
superficie de 25 km2 (Bambilor, Déni Biram Ndao Nord,
Déni Biram Ndao Sud ,Déni Guedj Nord ,Déni Guedj Sud,
Kaniack , Keur Daouda Sarr, Keur Ndiaye Lo ,Kounoune ,Gorom1 ,2 et 3 ,Diacksao
,Mbeut , Mbeye ,Ngendouf ,Ngalap ,Sinthie et Wayembam). La commune de Bambilor
est délimitée :
- Au Sud par les communes : Rufisque -Est- Ouest - Nord et la
commune de Bargny - Au Nord par la commune de Bayakh
- Au Nord -Ouest par les communes de
Jaxaay-Parcelles-Niacoulrap et
33
3 Décret n° 2011-1638 du 28 septembre
2011
34
Tivaouane Peulh - Niague.
- Au Sud -Est par les communes de Diamniadio et Sebikhotane
et Pout qui se trouve dans la région de Thiès.
Ø Concernant la commune de Tivaouane-Peulh-Niagha,
elle faisait partie de l'arrondissement de Bambilor qui était alors le
chef-lieu et conseil rural, c'est avec l'acte 3 que Bambilor et Tivaouane-Peulh
-Niague sont devenus des communes de pleines exercice, la commune de
Tivaouane-Peulh -Niagha couvre une superficie de 80 km2 et est limitée
:
- Au Nord par l'océan Atlantique
- Au Sud par la commune de Jaxaay-Parcelles-Niacoulrap et
Bambilor
- À l'Est par la commune de Bambilor
- Au Sud -Est par la commune de Sangalkam
- À L'Ouest par la commune de Keur Massar
La commune de Tivaouane-Peulh-Niague est composée par 6
villages traditionnels : et 7 cités récentes : cité
Gangué, Cité Socabeg, Cité Ucad, Cité Darou Salam,
Cité Safco, Cité Namorra.
35
Carte n° 1 : Situation
géographique des communes de Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague
36
b. Aspects physiques
· Le relief :
Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague ont un relief
homogène qui prend une forme plus ou moins plane. La présence de
dunes longitudinales est plus localisée dans la commune de
Tivaouane-Peulh-Niague précisément vers la zone maritime allant
du village Tivaouane-Peulh à Déni Guedj Nord avec des hauteurs
pouvant dépasser 15 cm. La présence de cuvettes peut expliquer
l'activité maraîchère dans la zone. Même si elles
sont présentes dans le village de Niague-Wolof les bas-fonds sont
très présents dans la commune de Bambilor. Localisées dans
plusieurs villages de la commune, ces zones de dépression constituent le
centre d'intérêt des populations riveraines surtout en
contre-saison.
e. Démographie
· Répartition de la population
La répartition de la population dans la commune de
Bambilor est similaire à celle de Tivaouane- Peulh-Niague. La forte
densité dans les deux villages centre, s'explique par le fait qu'ils
sont la base de la création de leurs communes respectives.
Les villages de Bambilor, Tivaouane-Peulh et Niague-Wolof
restent les plus peuplées avec respectivement 10 731 habitants pour
Bambilor, 21 726 pour Tivaouane-Peulh et 11 552 pour Niague-Wolof. Les villages
traditionnels ont plus d'habitants que les cités. Les nouvelles
cités ont la particularité d'avoir un faible taux d'habitant
dû à leur création récente cité Sococim 53,
Cité Isengo 62, Cité Nouvel Horizon 99. Les habitants de ces
cités sont majoritairement venus de la banlieue, de Rufisque et des
quartiers populaires de Dakar. Les structures de familles et les modes de vie
sont différents.
Notre zone d'étude est très bien repartie en
ethnie, le nom des villages explique même cette répartition
ethnique. Durant notre enquête nous avons remarqué trois grandes
ethnies. Les Peulhs qui représentent 25.76 %, les Wolofs font 24.24 % et
les Lébous suivent de près avec 23.86 %. Dans la commune de
Tivaouane-Peulh-Niague, il existe une forte présence d'ethnies Peulh et
Lébous.
Les villages de Beunoba, Déni Gueth Sud et
Niague-Peulh ont été fondé par des Peulhs. Quant au
village de Niague- Wolof, il est fondé par des Lébous. Cependant,
il y' a une forte présence d'ethnies Peulh et wolof dans le village de
Tivaouane-Peulh, Mais grâce à la croissance urbaine, d'autres
ethnies commencent à émerger, il s'agit des diolas et des
sérères. Leur
37
intégration auprès des autres ethnies
fondatrices devient de plus en plus facile dans les villages de Tivaouane-Peulh
et Niague-Wolof. Ainsi, il devient de plus en plus fréquent de voir des
mariages entre un Peulh et un Wolof.
La commune de Bambilor est plus homogène en
matière de composition ethnique, avec les ethnies wolofs et les
Lébous qui restent majoritaires, les Peulhs sont faiblement
représentés. Tout le contraire des Toucouleurs très bien
représentés dans les deux communes surtout dans les cités
construites pour les victimes d'inondations.
Cette présence s'explique par leur venue dans les
zones inondées de la banlieue comme Thiaroye, Yeumbeul et
Guédiawaye et aussi par leurs activités commerciales. Leurs
activités tournent souvent autour de petits commerces de boutiques.
Graphique n° 1: Identité
ethnique des personnes enquêtées
27
LEBOUS PEULHS WOLOFS TOUCOULEURS SÉRÈRE DIOLAS
AUTRES
37
Identité ethnique des personnes
enquetées
58
11
30
Tivaouane-Peulh-Niague Bambilor
34
17
10
6
6 6 8 3
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
· Structure et évolution de la
population
L'importante croissance démographique dans les villes
de Dakar, Rufisque et la banlieue pourrait favoriser en partie
l'érection en commune de Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague, toutes deux
issues de l'ancienne communauté rurale de Sangalkam. Cette croissance
dans ces villes gagnées par un fort exode rural, ne pouvait que
reconfigurer l'extension de la région de Dakar vers le Nord- Est du
département de Rufisque, la partie autrefois rurale de Rufisque qui
regorge la plus importante réserve foncière de la région
de Dakar. Cette importante croissance démographique des villes
citées, a toujours conditionné l'évolution de la
population dans la
38
zone, qui s'est fait au gré des politiques de l'Etat,
mais surtout en fonction de la disponibilité foncière. En effet,
de leur formation en de petits villages jusqu'à leur érection en
communautés rurales rattachées à Sangalkam,
l'évolution démographique des communes de Bambilor et de
Tivaouane-Peulh-Niague a été le résultat de la mutation
d'une région de Dakar qui n'a cessé de chercher des alternatives
pour faire face à son explosion urbaine et démographique.
Les disparités démographiques qui existaient
dans le département de Rufisque entre les huit récentes communes
et les trois communes de la ville de Rufisque, ont permis de redéfinir
la répartition démographique dans le département avec une
ville de Rufisque, très peuplée, qui fait face à l'
épuisement de ces réserves foncières. Cette circonstance a
profité aussi aux communes de Bambilor et Tivaouane-Peulh -Niague.
Ainsi, la population de Bambilor qui était
estimée en 2004 à 34 145 habitants, représentait avec le
recensement de 2013, 44 962 Hbts. Le village de Bambilor a vu sa population
doublée entre 2004 à 2013 pour atteindre 10 000Hbts. Quant
à la commune de Tivaouane- Peulh -Niague, elle était
estimée en 2013 à 41 123 habitant.
Aujourd'hui, les projections de l'année de 2019 font
état de 53 491 habitants pour la commune de Bambilor et 48 924 habitants
pour la commune de Tivaouane -Peulh-Niague. La position géographique et
les infrastructures routières ont eu un grand impact sur la
rapidité de l'évolution de la population des deux communes. Ces
atouts ont favorisé l'émergence de nouveaux quartiers et
cités qui sont le résultat des programmes de coopératives
d'habitats et des projets privés. Les communes de Bambilor et de
Tivaouane-Peulh-Niague ont servi comme zones de recasement à de
nombreuses victimes d'inondations et d'expropriations.
Pour ce qui est de la structure, la population de la commune
de Bambilor est majoritairement jeune avec 80 %, les personnes
âgées ne représentent que 6 %. Malgré un
écart très faible, les hommes qui sont plus nombreux
représentent 51 % de la population et les femmes 49 %. La population de
Tivaouane-Peulh-Niague est, elle repartie : homme 52 % et femme 48 %. Elle est
aussi majoritairement jeune avec 83 %, les adultes viennent après avec
13 %, ensuite les personnes âgées qui ne font que 4 %.
39
Graphique n° 2: Evolution de la
population 2013-2019
48924
44,962 46342 47735 49149 50582 52029 53,491
41,123 42385 43659 44953 46263 47587
2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Evolution de la population 2013-2019
Bambilor Tivaouane-PeuIh-Niague
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
d. Cadre socioéconomique
Les populations des communes de Bambilor et de Tivaouane-Peulh
-Niague avaient comme
principale activité, l'agriculture et
l'élevage.
Avec la croissance urbaine et la diminution des espaces
agricoles au profit de projets de logements, la majeur partie de la population
s'active aujourd'hui dans le commerce et tout ce qui tourne autour de
l'immobilier (vente de terrain, terrassement, courtier, vente de
matériel de construction, etc.)
· L'agriculture : L'abandon progressif des
activités agricoles :
L'agriculture dans les communes de Bambilor et
Tivaouane-Peulh-Niague est localisée dans les villages de Mbeut, Mbeye,
Kaniack, Niague-Wolof, Beunoba et Déni Guedj. Ce qui a été
confirmé par notre enquête ou ceux qui disent détenir de
champs sont localisés dans les villages de Niague-Wolof 20 %, Beunoba 18
% et Déni Biram Ndao 13 %. Mais ces chiffres peuvent être
relativisés dans la mesure où les champs sont aujourd'hui
détenus la majeure partie par des fonctionnaires 75 %, ceux qu'on
appelle les jardins du dimanche. Ces vergers sont des fermes
équipés et s'activent dans le maraîchage et
l'arboriculture. Sur l'ensemble des villages enquêtes, il ressort que 14
% des personnes enquêtés disent disposés de champs contre
222 sois 84,09 % des personnes enquêtées disent ne pas disposer de
champs. Cette situation est due à l'insécurité
foncière. Une partie importante des paysans autochtones, qui disposaient
de champs ont vendu leur terre pour éviter de se retrouver sans
indemnisation faute d'acte de propriété. Les nombreux projets de
l'Etat dans la zone, les extensions des villages, les opérations de
40
lotissements sont les causes de cette diminution d'espace
agricole dans les périphéries des villages.
Graphique n° 3 :Personnes
enquétés proprietaires de vergers
DISPOSE DE VERGERS NE DISPOSE PAS
Communes Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague
38
Propriete des vergers
222
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
· Le maraichage et l'arboriculture
Ils sont les principaux types de cultures
répertoriés dans les communes de Bambilor et
Tivaouane-Peulh-Niague. Le maraîchage est le plus
développé. En effet, l'urbanisation rapide et l'environnement
propice ont favorisé cette activité à tel point qu'elle
devient essentielle même pour la sécurité alimentaire de la
région de Dakar. Le maraîchage est fait souvent sur de petites
parcelles. La typologie du sol et la présence de cuvettes ont
facilité la pratique de ce type de culture. Les forts besoins de la
capitale en légumes et la réduction progressive des espaces
agricoles dans le Niaye, offre une plus grande rentabilité de
l'activité de maraîchage.
Le maraîchage dans la commune de Bambilor et
Tivaouane-Peulh-Niague est de plus en plus exercé par des
étrangers (guinéens) qui sont employés par des
propriétaires terriens (jardiniers du dimanche). Les étrangers
louent et empruntent souvent des terres pour se lancer dans l'activité.
Les exploitations maraîchères aujourd'hui font face à deux
contraintes: - la salinisation des terres surtout dans des villages de Mbeye,
Beunoba, Déni Guedj, -le coût élevé de la
consommation d'eau pour ceux qui sont branchés sur le réseau
de
41
distribution de Sen-eau, la coupe des filaos et l'extraction
de sable ont même accentué le phénomène et
l'insécurité foncière qui pousse les petits exploitants
à vendre leur terre aux promoteurs.
L'arboriculture est moins coûteuse que le
maraîchage, elle est plus présente dans les grandes surfaces
détenues par des jardiniers du dimanche. L'arboriculture s'est au fil du
temps modernisé, il s'est diversifié en donnant une place de
choix aux plantations de citrons, de papayes. L'arboriculture reste très
présente dans la commune de Bambilor. Les plantations de mangue dominent
toujours dans la zone, les variétés sont le fruit de greffes
minutieuses ou de sélections rigoureuses. Les possibilités
d'exportations ont largement impacté la qualité des produits.
Tableau n° 3 : Production
maraichage commune Tivaouane- Peulh- Niague 2018 : FPMN
Villages Produits
|
|
Chou
|
Oignon
|
Persil
|
Poivron
|
Salade
|
Tomate
|
Navet
|
Jaxatu
|
Auberge
|
Pomme de terre
|
Niague
|
100
|
80
|
20
|
6
|
2
|
80
|
60
|
80
|
30
|
100
|
Beunoba
|
100
|
1
|
10
|
10
|
0 ,5
|
2
|
50
|
2
|
1
|
3
|
Deni Guedj
|
90
|
1
|
8
|
3
|
0
|
1
|
90
|
1
|
1
|
3
|
T. Peulh
|
60
|
13
|
0
|
5
|
13
|
6
|
7
|
6
|
4
|
3 ,5
|
|
EN TONNE
|
|
Source : FPMN 2018
Tableau n° 4: Production maraichage
commune de Bambilor Source : FPMN
Villages
|
Produits
|
|
Chou
|
Oignon
|
Poivron
|
Tomate
|
Navet
|
Jaxatu
|
Aubergine
|
Persil
|
Pomme de terre
|
Deni Nord
|
180
|
45
|
9
|
25
|
150
|
13
|
0
|
15
|
140
|
Deni Sud
|
3
|
3
|
1
|
1
|
2
|
0
|
1 ,5
|
2
|
1
|
Kaniak
|
140
|
30
|
9
|
10
|
50
|
10
|
15
|
10
|
50
|
Gorom1
|
25
|
10
|
10
|
15
|
30
|
10
|
20
|
20
|
35
|
Gorom 2
|
3
|
5
|
1
|
2
|
5
|
1
|
2
|
3
|
3
|
Bambylor
|
10
|
12
|
8
|
12
|
7
|
12
|
8
|
2
|
20
|
Mbeuth
|
20
|
15
|
30
|
100
|
0
|
5
|
8
|
0
|
50
|
Mbeye
|
10
|
20
|
8
|
5
|
15
|
5
|
8
|
10
|
25
|
K.ND Lo
|
3,2
|
45
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
0
|
6
|
K .D Sarr
|
2
|
5
|
1
|
2
|
3
|
2
|
2
|
0 ,1
|
6
|
Kounoune
|
60
|
100
|
2
|
3
|
3
|
10
|
4
|
2
|
0
|
|
EN TONNE
|
|
Source : FPMN 2018
42
Photo n° 1 : Activités
agricoles dans le village de Mbeye/Bambilor
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
· L'élevage
Le secteur de l'élevage est fortement dominé
par l'aviculture. Sa rentabilité et la forte demande dans les zones
urbaines pourraient expliquer le développement de ce secteur.
L'aviculture a su s'adapter et se moderniser pour faire face à une forte
demande.
La proximité des industries comme la SEDIMA, AVISEN a
permis aux producteurs d'augmenter leurs productions. Les outils de plus en
plus modernes et la disponibilité de produits
vétérinaires, ont réduit les pertes liées aux
conditions de travail et aux épidémies. Aujourd'hui, toute une
chaîne d'activité est créée allant de la vente de
poulets de chair, d'oeufs, de produits d'aliments et d'outils pour poulaillers.
L'aviculture se fait souvent en parallèle avec le maraîchage
autour d'une ferme. Les excréments de la volaille servent comme fumiers,
ils sont un des meilleurs fumiers pour le maraîchage.
L'élevage bovin aussi connaît un essor important,
autrefois extensif dans les communes de Tivaouane-Peulh-Niague et de Bambilor.
Il devient de plus en plus intensif grâce à l'introduction de race
importée, le métissage du cheptel (insémination
artificielle ou importée) et la réduction d'espace de
pâturage.
Des fermes comme Wayembam, Mapathé Diouck sont bien
implantées dans la zone et emploient plusieurs personnes.
L'élevage ovin est plus prestigieux, il est mené souvent par des
jardiniers du dimanche qui ont trouvé dans l'élevage du Ladoum un
business plus que rentable et passionnant, c'est pourquoi nous remarquons la
floraison de bergeries dans la zone.
43
Pour la filière équine, l'installation
d'écurie dans les communes de Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague,
était plus due aux climats favorables de la zone, sa proximité
avec la capitale ou la majeure partie des propriétaires résident
de même que sa proximité des hippodromes de Rufisque et de
Thiès. Ainsi que les caractéristiques de son sol avec la
présence du sable de Dior, bon pour les exercices de chevaux de course.
Cependant aujourd'hui, l'élevage équin devient de plus en plus
rare du fait du manque d'espace ou les chevaux de courses pourront
s'entraîner. Cependant il reste toujours quelques écuries qui
comptent déménager vers la région de Thiès.
Photo n° 2 : L'élevage dans
une ferme /Village de Mbeut
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
· Autres activités : L'émergence du
secteur tertiaire principalement marchand.
Le commerce est devenu l'activité la plus
présente dans les deux communes. Il revêt plusieurs formes et est
relié aux activités agricoles et d'élevages. En effet, les
femmes sont nombreuses à mener cette activité, de petits
commerces aux abords des maisons et dans les marchés. L'activité
commerciale aussi, touche les autres activités qui tournent autour de
l'immobilier, la vente d'eau, de matériaux de construction et de
terrain. L'artisanat est bien présent dans les deux communes. Les jeunes
en font un alternatif à l'éducation scolaire. Les infrastructures
routières ont permis de nouveaux métiers comme les chauffeurs de
clandos ou les coxers ainsi que les métiers de mécaniques. Les
mines avec
44
l'extraction du sable et du sel au niveau de la commune de
Tivaouane -Peulh-Niague et à Lac Rose. La production annuelle du sel est
de 38000tonnes/an (Malan, 2015).
Le tourisme est également, une des activités qui
existe dans la zone au niveau du Lac Rose l'un des pôles touristiques du
Sénégal depuis l'avènement du Rallye Paris-Dakar en 1981.
Fortement impactées par la croissance urbaine et la diminution de leurs
espaces agricoles, les populations locales se sont adapté et ont
adopté de nouvelles activités qui cadrent aux besoins actuels des
populations.
Ainsi, au cours de notre enquête dans la zone, nous
avons 85,98 % qui considèrent que d'autres activités sont
dominantes en dehors de l'aviculture 68,18 %, du maraîchage 50 % et de
l'arboriculture 32,95 %. Dans les autres activités, nous trouvons
l'artisanat, la mécanique, des petits commerces, etc. Une
économie locale basée sur les petits services voit le jour dans
de nombreux villages. Il est fréquent de voir sur le long des routes de
Niague et de Sangalkam ces petites boutiques et de services qui s'activent dans
le transfert d'argent.
Les populations venues de la banlieue et des autres
régions se sont aussi fondues dans cette dynamique qu'elles connaissent
bien. Elle est même l'une des moteurs de cette mutation par une forte
demande qui a diversifiée l'offre. Une partie d'elle profite de cette
mutation surtout dans le secteur de l'immobilier ou toute une chaîne
d'activité est créée. La forte demande foncière
dans la zone a contribué au développement d'activités
connexes, ces activités sont répertoriées dans le secteur
de l'immobilier. Ainsi, des métiers comme la maçonnerie, la vente
de matériaux de construction et de sables sont fortement
exercés.
Graphique n° 4: Catégories
socio-professionnelles personnes enquêtées
Categories socio-professionnelles personnes
enquetées
95
82
Bambilor et Tivaouane-Peulh -Niague
32 21
14
11 4
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
45
Graphique n° 5: Personnes
enquêtées qui sont dans le secteur de l'immobilier
MAÇONS VENDEURS DE
MATERIEAUX DE CONSTRUCTIONS
14
Personnes enquetées qui sont dans le Secteur
immobilier
Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague
9
AGENTS IMMOBILIERS COURTIERS
5
4
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
Chapitre II: Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague des
communes -rurales en pleine croissance urbaine.
I. Dynamique d'habitat et consolidation de l'usage
d'habitat
1. une dynamique d'habitat hors de
contrôle.
.
Les villes africaines sont caractérisées par une
perpétuelle dualité entre les espaces restructurés et les
bidonvilles, les privilégiés et les exclus. La configuration de
ces villes favorisait une occupation du sol par classification sociale, cette
situation est souvent porteuse de frustration et de fracture. Les politiques
d'habitats initiées par l'Etat du Sénégal trouvaient leur
fondement, dans la volonté de corriger ces inégalités
socio-économiques et d'éviter la perte de l'unité
nationale. Pour réduire ce fossé, L'Etat avait ciblé dans
sa politique d'habitat les couches moyennes. Ainsi, la première
réponse apportée par les autorités a été la
mise en place de deux organismes, la SICAP en 1957 et la SN-HLM ex OHLM en
1960. La faiblesse du secteur privée et l'omnipotence de L'Etat dans un
contexte de post indépendance mettait ce dernier, au coeur des
politiques économiques et sociales. Ainsi, il jouait un rôle
d'aménageur et de constructeur grâce à la création
du Fond d'Appui à l'Habitat Urbaine (FAHU) et à l'appui de la
Caisse Centrale de Coopération Economique (CCCE). Cette politique fut
facilitée par une
46
croissance démographique moyenne, une production
foncière qui satisfaisait la demande grâce à une
disponibilité foncière et un financement favorable.
Mais cette situation changea radicalement à partir des
années 1970 avec la crise pétrolière (choc
pétrolier), les catastrophes environnementales (sécheresse) et le
retrait de la CCCE qui affectèrent la société
sénégalaise désintégrée et les politiques
d'habitat au Sénégal qui y prennent un sacré coup. L'Etat
n'avait plus les moyens d'aménager et de construire, il se devait avec
l'appui de la banque mondiale et de la Fmi d'adopter une nouvelle politique
privatiste ou il serait un créateur d'environnement technique,
institutionnel et financier.
Ainsi, dans sa nouvelle politique d'habitat, l'Etat va
diminuer les charges foncières et faciliter l'accès à la
terre en allégeant les normes de construction et du code de l'urbanisme.
Cette nouvelle politique va favoriser l'émergence de nouveaux acteurs
comme les réseaux de coopératives d'habitats avec l'appui du
BAHSO (le Bureau d'Appui à l'Habitat Social). Au même moment, la
BHS est créée pour s'occuper de l'organisation de la demande et
l'accès aux prêts. L'opération des Zones
d'Aménagement Concertées (ZAC) en est un exemple. Ces vastes
réformes, n'ont pas permis de satisfaire la demande en logements qui se
fait de plus en plus pressante et la prolifération des quartiers
irréguliers gagne la proche campagne réduisant progressivement
les espaces agricoles. Les autorités ont d'abord tenté de
maîtriser cette croissance en enclenchant toute une procédure de
réglementation foncière. Avec des résultats mitigés
dans certaines zones de la région de Cap vert dû à une
opposition classique entre le droit positif et la réalité
coutumière.
L'Etat s'est adapté à ces contraintes et
à travers l'immatriculation, des terres du domaine national
occupées de façon anarchique et illégale par des
populations avec le décret 96-386 1996 mettant en place le Fonds
Régularisation et de Restructuration Foncière (FORREF). Mais la
très forte demande foncière dans la région de Dakar n'a
néanmoins pas été satisfaite. Elle se traduit même
par un étalement urbain anarchique et un marché foncier
incontrôlable. Ce qui a poussé les autorités à se
faire une évidence de la nécessité de se projeter en
planifiant l'occupation du sol dans les zones ou la croissance pourrait avoir
d'impact. Le département de Rufisque est devenu, cette alternative qui
pourrait régler la question de l'habitat social surtout dans sa partie
Nord-Est touchant des communes telles que Diamniadio, Sebikhotane, Bambilor et
Tivaouane-Peulh-Niague.
On estime qu'entre 2002 et 2014, le tissu urbain a
été multiplié par 2,524. Les communes
4 M. Kader Ngom contribution parue dans Dakaractu du 8 Juin
2017.
47
de Tivaouane-Peulh Niague et de Bambilor qui ont une
potentialité agricole exceptionnelle, en font les frais,
l'avancée du bâti en est le principal facteur.
En effet, l'avancée du bâti dans ces communes ne
date pas d'aujourd'hui, le morcellement des terres agricoles a commencé
depuis que les villages, étaient sous la coupole de l'ancienne
communauté rurale de Sangalkam avec l'installation des
coopératives d'habitat comme la Comico, Teylium, Bicis. D'autres comme
Dakar Dem Dikk, Cité Amadou Kane, Nouvel horizon dans la commune de
Bambilor et Namorra, Apix, Socabeg, cité Darou Salam, cité Safco,
cité groupe Naby, Coseprime, Cité gendarmerie dans la commune de
Tivaouane Peulh-Niague. Aujourd'hui, le bâti occupe 24 % de la superficie
de la commune de Tivaouane-Peulh-Niague, soit 13 503,6 hectares, il augmente
sensiblement dans la commune de Bambilor 27 % soit 13 548,06 hectares.
Les villages qui composent les deux communes, surtout ceux qui
sont les chefs-lieux ont changé d'aspect, ils ressemblent plus à
des zones urbaines que des zones rurales. La pression foncière du fait
de la forte croissance urbaine n'est plus seulement causée par les zones
urbaines externes comme Dakar, Rufisque et la banlieue. Cette croissance est
aussi interne, car aux fils des années, certains villages qui composent
les deux communes connaissent une forte croissance spatiale causée par
la croissance démographique. Le rythme de création des quartiers
dans les gros villages de ces communes est également un indicateur de la
rapidité de la croissance spatiale. En effet au fur et à mesure
que leur extension se poursuit, d'autres quartiers se créent et certains
de ces nouveaux quartiers sont issus d'éclatement des premiers
quartiers. Dans les villages de Niague, Tivaouane-Peulh et Beunoba, 307
hectares ont changé de vocation au profit du résidentiel de 2011
à 2013 (Ngom, 2013). La croissance spatiale de ces gros villages a un
effet déclencheur sur l'avancée du bâti dans les villages
environnants. En effet, elle impacte sur le développement des autres
villages environnant qui gardent de peu leur ruralité avec un
déficit d'infrastructure et une activité agricole présente
malgré la réduction des espaces agricoles. Ces extensions ont
donné naissance à d'autres villages. Dans le village de Kounoune,
il y' a une extension importante soutenue par la création de nouvelle
citée. Cette extension, qui longe la route de Sangalkam à Niague,
a donné naissance à Kounoune 2. On peut donc noter qu'avec la
forte pression immobilière dans la localité, les activités
agricoles et d'élevage perdent du terrain et c'est le cas, dans toute la
zone, Sangalkam y comprit.
48
Photo n° 3 : Deux parcelles
agricoles bornées destinées à l'habitat dans le village de
Tivaouane-Peulh
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
2. La consolidation de l'usage d'habitat
La volonté de l'Etat de faire de Bambilor et
Tivaouane-Peulh-Niague, une zone à usage d'habitation urbaine
malgré qu'elle fasse partie de la zone des Niaye ne date pas
d'aujourd'hui. Cette volonté est traduite par les politiques
d'aménagement de l'Etat, dans son plan directeur d'urbanisme
Dakar-Thiès et environ horizon 2035 surtout son volet habitat, ou il est
question de trouver des logements pour les populations à revenues
moyennes. La Dua a proposé dans le PDU que l'axe
Niague-Niacoulrap-Tivaouane-Peulh soit constitué d'un pôle urbain
secondaire avec une capacité de 350 000 Hbts et que des logements
à usages mixes soient créés, de même qu'un nouvel
aménagement urbain soit fait sur une surface de 2 376 ha à
Déni Biram Ndao.
Ce pôle urbain va englober les villages de Déni
Biram Ndao, Mbeye, Niague -Peulh, Niague-Wolof, Déni Guedj et Beunoba
sur une superficie de 2.015 ha. Mais le plan prend aussi en compte,
malgré les forts besoins en logement dans la région, la
nécessité de promouvoir les spécificités de la zone
avec l'éco-tourisme et l'agro-industrie (PDU 2035).Les initiatives de
l'Etat de transformer ces communes du Nord du département de Rufisque en
zones d'habitat,
49
ont démarré au temps du régime
libéral ou beaucoup d'actes de propriété avaient
été attribué pour des projets de logement.
Les projets de recasement des victimes d'inondations et
d'expropriation ont accéléré ce processus de
transformation de l'axe Bambilor-Tivaouane-Peulh-Niague en une future zone
résidentielle. Les inondations qui avaient touché la banlieue en
2007 ont déplacé beaucoup de familles vers le département
de Rufisque via des projets de recasement « Plan Jaxaay ». Certaines
victimes qui n'avaient pas bénéficié de ce programme
s'étaient installées dans la commune de Tivaouane Peulh-Niague
qui avait l'atout d'avoir un sol de bonne qualité, capable d'absorber de
grandes quantités d'eau.
La disponibilité des réserves foncières a
permis aussi l'accueil d'une partie des personnes affectées par les
inondations dans le cadre des projets du ministère de la restructuration
et de l'aménagement des zones inondées (MRAZI) du gouvernement
sénégalais dans le village de Niague-Wolof, ce qu'on appelle
aujourd'hui la "Cité Tawfekh ".Les habitants des cités,
situées dans la commune de Tivaouane-Peulh-Niague sont majoritairement
originaires des communes de Pikine, Thiaroye, Guédiawaye et Keur
Massar.
Ceci s'explique par les programmes de recasement que l'Etat
avait initié après les inondations de la banlieue (cité
Tawfekh) ainsi que les recasés des victimes de l'autoroute à
péages (cité Apix) qui permettent de comprendre l'origine de ces
habitants des cités dans la commune de commune de
Tivaouane-Peulh-Niague.
Dans les deux communes, les cités nouvellement
érigées commencent à supplanter les quartiers populaires.
Ces cités bénéficient plus de services, car elles sont
mieux aménagées que les villages traditionnelles restés
dans leur état de nature d'origine d'habitations spontanées.
Les cités sont plus nombreuses que les villages, leurs
habitants sont majoritairement venus de Dakar et sa banlieue. La qualité
des aménagements dans ces zones et l'accessibilité des services
ont encouragé les promoteurs immobiliers à y investir et inciter
des populations venant de d'autres communs alentours y installer. L'Etat
à travers ces structures qui ont en charge de la gestion des pôles
comptent beaucoup sur le secteur privé pour réussir ce projet. De
ce fait, ils encouragent les promoteurs immobiliers à investir dans des
projets de logements dans la zone qui englobe le pôle touristique de Lac
Rose. Ces programmes de logements de divers standing sont souvent
destinés aux coopératives d'habitats et à la classe
moyenne qui voit dans ces projets, l'occasion d'avoir des parcelles et des
logements à moindres coûts et accessibles à la capitale. La
commune de Bambilor en est une illustration parfaite, les coopératives
d'habitats
50
foisonnent et les logements construits par des promoteurs
privés, utilisent des moyens publicitaires pour vendre leur produit en
faisant de la proximité de la zone avec Dakar, comme un atout.
Ci-dessous deux tableaux l'un indiquant un projet de coopérative de
l'entreprise immobilière « Touba Bambilor Immobilier Sarl »
dans le village de Mbeut ou deux vergers, ont été morcelés
et vendus à une coopérative d'habitat des agents de Dakar Dem Dik
(DDD) et l'autre énumérant les différentes cités
dans les deux communes.
Photo n° 4 : Tableau indiquant un
projet de coopérative d'habitat des agents de DDD dans le village de
Mbeut
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
Tableau n° 5 : Cités
privés et coopératives d'habitats dans les deux communes
COMMUNES
|
CITE
|
PROMOTEURS
|
VILLAGES
|
Bambilor
|
Comico
|
BHS, coopérative militaire
|
Bambilor
|
Dakar Dem Dikk
|
Coopérative DDK
|
Mbeut
|
Cité des AKYS
|
Teylium
|
Bambilor
|
Cité Awa Dia
|
Privé
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Kounoune
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51
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Cité CDC
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Caisse des dépôts et de consignation
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Bambilor
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Tivaouane- Peulh-Niague
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Cité Namorra
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Group Namorra
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Tivaouane peulh
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Cité Naby
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Group Naby
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Tivaouane Peulh
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Cité Apix
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Apix recasement autoroute
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Tivaouane Peulh
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Cité Tawfekh
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Etat recasement inondation
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Niagha wolof
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Cité
Gendarmerie
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Coopérative
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Beunoba
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Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
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