CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTERATURE
2.1. DEFINITION DES
CONCEPTS DE BASE
a) L'adolescence
L'adolescence est une période de l'évolution
d'un individu, conduisant de l'enfance à l'âge adulte ;
c'est-à-dire période pendant laquelle l'être humain passe
du stade de la première apparition des caractères sexuels
secondaires à celui de la maturité sexuelle.Il acquiert des
structures psychologiques et les méthodes d'identification qui
transforment l'enfant en adulte ; une transition se réalise entre le
stade de dépendance sociale et économique totale à celui
de l'indépendance relative.
Le concept d'adolescence recouvre plusieurs dimensions :
biologique, démographique, sociale, psychologique, juridique,
économique ; il n'est par conséquent pas étonnant que les
définitions utilisées diffèrent selon les chercheurs.
L'absence d'une définition univoque de ce concept rend ainsi difficile
la détermination d'une période stable de la vie à laquelle
s'appliquerait l'adolescence. Cependant, dans cette étude nous allons
tenir compte rien que de la définition proposée par l'OMS et
UNFPA ; ceux-ci définissent l'adolescence comme étant la
période allant de dix à dix-neuf ans, qualifiée de «
âge de tous les possibles »[11]. Elle englobe ainsi deux parties :
la première partie s'étend de 10 à 14 ans correspond
à la période pré et péri pubertaire dominée
par les changements corporels et des transformations émotionnelle,
sexuelle et psychologique et la deuxième partie correspond à la
tranche d'âge de 15-19 ans où l'essentiel des changements
physiques est accompli même si le développement corporel se
poursuit[12].
b) Le comportement sexuel
Pour certains auteurs, « le comportement sexuel
désigne pour chaque individu, une configuration qui comprend un
répertoire de pratiques sexuelles, un répertoire de
scénarios et un répertoire de significations
»[13].Cependant, le début précoce d'une sexualité
chez les adolescents comporte certains risques ; elle peut ainsi avoir des
conséquences négatives d'où l'expression comportement
sexuel à risque.
Le comportement sexuel à risque se définit par
ses trois composantes ;1) le rapport sexuel précoce,
c'est-à-dire avant l'âge de 16 ans, 2) le multi partenariat :
le fait d'avoir le rapport sexuel avec plus d'un partenaire sexuel et 3) la non
utilisation de préservatif.
2.2. LES DETERMINANTS DU
COMPORTEMENT SEXUEL A RISQUE
EnAfrique sub-Saharienne les données
révèlent une situation, caractérisée par une
population extrêmement jeune dont plus de la moitié de la
population a moins de 20 ans. Plusieursétudes ont constaté des
comportements sexuels à risque au chef des adolescents[14 - 16]. En
RDC, l'éducation à la sexualité en famille est souvent
déficiente[17]. La communication en matière de la
sexualité avec les parents se révèle comme un facteur
important d'adoption de comportement responsable.Malheureusement cette
communication est faible comme l'a démontré un chercheur lors
d'une étude réalisée à Brazzaville où
seulement moins d'un tiers d'adolescents abordait le sujet relatif à la
sexualité avec leurs parents[18].
La sensibilisation, l'éducation sexuelle à
l'école et l'implication des parents demeurent les armes fortes pour
acquérir à l'adolescent des connaissances nécessaires pour
la prévention des comportements à risque[13,19].L'absence de
dialogue sur des questions ayant trait à la sexualité tels que la
prévention des IST/SIDA et de grossesse non désirée, de
l'utilisation des préservatifs et des relations intersexuelles chez les
adolescents entretiennent les comportements à risque.
Plusieurs facteurs sociodémographiques sont à la
base de cette déficience de communication en matière de la
sexualité qu'un bon nombre de nos traditions africaines considère
comme étant Tabou.La combinaison de multiples facteurs
généralement interdépendants (âge, sexe, niveau
d'instruction, milieu de vie, situation familiale, initiation
sexuelle, ...) influence le comportement sexuel en favorisant les IST/SIDA
et les grossesses précoces chez les adolescents, comme l'affirme Gabriel
NSAKALA[20].
Les comportements à risque dépendent notamment
d'un déficit d'informations et d'un faible accès aux soins et
services de santé de reproduction. Par ailleurs, les éducateurs
potentiels des adolescents dans leurs différents milieux de vie,
participent au déficit d'éducation sexuelle des adolescents. En
effet, les parents assurent une éducation sexuelle superficielle
(voilée) et sélective à leurs enfants ; les
enseignements ne disposent pas d'outils pédagogiques répondant
aux besoins de l'éducation sexuelle des adolescents ; les leaders
religieux adoptent des positions controversées par rapport au message de
la prévention ; les médias, sont peu
intéressés à promouvoir la santé sexuelle des
adolescents et diffusent des imagent irréelles de la
sexualité.
Donc les besoins en informations et éducation des
adolescents et jeunes ne sont pas correctement satisfait, à tel point
que les jeunes et adolescents vont finalement les rechercher ou
compléter auprès des pairs, des tiers et autres sources
communautaires avec les risque de partager les informations erronées.
2.1.1. Activités et pratiques sexuelles des
adolescents
L'activité sexuelle des jeunes et les comportements qui
la régissent sont aussi le résultat d'un calcul rationnel de
leurs auteurs. Ainsi donc, les jeunes qui s'engagent dans l'activité
sexuelle et adoptent certains comportements ne le font qu'à la suite
d'une décision bien réfléchie, en vue d'atteindre des
objectifs bien précis d'ordre économique et social[14]. Cherlin
et Riley cités par Meekers en 1994 ont distingué deux
catégories d'objectifs poursuivis par les jeunes, comme l'affirme aussi
une étude réalisée à Kinshasa en 2007: l'objectif
économique et l'objectif social. Certains adolescents ont des rapports
sexuels contre une gratification financière ou des cadeaux qui leur
permettent de satisfaire leurs besoins matériels et financiers[17].
L'activité sexuelle devient alors une stratégie de survie, un
moyen de se mettre à l'abri du besoin matériel et financier.
Ils'agit le plus souvent des filles qui dans l'incapacité de satisfaire
leurs besoins financierssont obligées de commercialiser leur sexe aux
hommes de situationfinancière aisée. « Si l'argent
neconstitue pas une motivation importante pour la première
expériencesexuelle, il constitue toutefois par la suite une composante
majeure de leurvie affective[13]. D'où la recherche d'autonomie par la
création des activités génératrices des recettes
reste un moyen efficace qu'il faudrait encourager chez les jeunes.
Dans le monde, plusieurs études réalisées
nous donnent une vision globale et de statistique pouvant permettre
d'apprécier la problématique de comportement des adolescents.
Du point de vue de l'activité sexuelle, un bon nombre
d'auteurs parle dans leurs enquêtes du commencement de plus en plus
tôt des activités sexuelles chez les adolescents [2,21].Une
étude réalisée à Lubumbashi en
2013[22]auprès des adolescents a montré une proportion de 76,9%
des rapports sexuels avant l'âge de 16 ans chez les adolescents
scolarisés et le rapport de la direction de santé publique 2017
de Québec a montré 43% de rapport sexuel avant 16 ans[23].
En ce qui concerne l'utilisation des préservatifs chez
les adolescents, les données de l'EDS-RDC 2013-2014 a montré que
26,8% des filles et 31,1% des garçons utilisent les préservatifs,
alors que le taux d'utilisation des préservatifs aux derniers rapports
sexuels au Canada selon une enquête québécoise sur la
santé des adolescents 2011, 65% en Astrie et 68% au Québec.En ce
qui concerne le multi partenariat, il a été observé en
Mauritanie une prévalence de 41% en milieu scolaire [15], mais aussi une
plus forte susceptibilité des adolescents de 18-19 ans d'avoir plusieurs
partenaires sexuels dans quatre pays d'Afrique Sub-Saharienne : Burkina Faso,
du Ghana, du Malawi et de l'Ouganda en 2012[12].
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