Introduction
1. Problématique
Le fait de respirer de l'air pur est considéré
comme une condition essentielle de la santé et du bien-être de
l'homme. Cependant, la pollution de l'air continue de faire peser une menace
importante sur le plan sanitaire partout dans le monde. Selon une
évaluation de la charge de morbidité due à la pollution de
l'air effectuée par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en
2006, plus de 2 millions de décès prématurés
peuvent chaque année être attribués aux effets de la
pollution de l'air extérieur dans les villes et de la pollution de l'air
à l'intérieur des habitations (due au fait que l'on y brûle
des combustibles solides). Plus de la moitié de cette charge de
morbidité est supportée par les populations des pays en
développement.
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a
établi en septembre 2011, une base de données sur la pollution de
l'air dans 1600 villes de 91 pays. La situation est la plus grave dans les pays
en développement, alors qu'elle est plus ou moins sous contrôle
dans les pays développés.
Même si la pollution de l'air est un problème
mondial, la charge de morbidité attribuable aux matières
particulaires présentes dans l'air est plus importante dans les pays
à revenu faible et intermédiaire (PRFI), notamment dans les
régions de l'Afrique, de l'Asie du Sud-Est, de la
Méditerranée orientale et du Pacifique occidental (Anonyme,
2018). En Mars 2014, cette même Organisation onusienne a indiqué
que près de 7 millions des personnes sont décédées
prématurément en 2012 du fait de l'exposition à la
pollution de l'air (Rahal, 2015).
Dans certains pays africains et asiatiques, la pollution
atmosphérique apparaît déjà comme un problème
de santé publique. Les conséquences sanitaires de cette pollution
suscitent actuellement des inquiétudes dans la population. Or, peu de
données sont disponibles pour la sensibilisation de la population et
pour convaincre les autorités des actions urgentes à entreprendre
en vue de freiner ce phénomène (Fourn et
al.,2006). Par ailleurs, des études
préliminaires menées par des chercheurs du laboratoire
d'aérologie et de différents laboratoires africains sur la
pollution atmosphérique dans plusieurs grandes villes d'Afrique ont
confirmé l'importance du problème (Liousse et al.,
2010).
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La pollution atmosphérique a été
identifiée désormais comme le principal risque environnemental
pour la santé dans le monde et qu'on pourrait sauver des millions de vie
en luttant contre ce type de pollution. En particulier, les concentrations
ambiantes de polluants gazeux tels que le dioxyde d'azote (NO2) et de
particules (PM10 et PM 2,5) sont réglementées dans d'autres pays,
ce qui implique que des stratégies de réduction
d'émissions doivent être mises en place pour diminuer ces
concentrations dans des lieux où la réglementation correspondante
n'est pas respectée ou n'existe pas (Thouron, 2017). Cas de la
République Démocratique du Congo.
Outre les effets sur la santé humaine, la pollution
atmosphérique induit des dégradations environnementales
importantes. La pollution atmosphérique nuit aux organismes,
réduit la visibilité et attaque des matières comme les
métaux, les plastiques, le caoutchouc et les tissus. La plupart des
formes de pollution atmosphérique diminuent la productivité des
cultures et, combinées avec d'autres mauvaises conditions
environnementales comme les basses températures hivernales ou des
sécheresses prolongées, elles entraînent un
dépérissement des plantes. La pollution atmosphérique joue
un rôle dans les dépôts acides, les changements climatiques
de la planète et la diminution de la couche d'ozone
stratosphérique (Raven et al. 2009).
Ainsi, la surveillance et la préservation de la
qualité de l'air sont devenues aujourd'hui un véritable enjeu
économique, juridique, sanitaire et environnemental tant à
l'échelle planétaire que local. La qualité de l'air est un
élément essentiel à la qualité de vie comme l'eau
et la terre. En ville, l'air avec le bruit constituent le principal
élément environnemental dont la dégradation est
directement ressentie par les populations (Primequal, 2009 cité par
Emery, 2012).
KUSONIKA et al. (2016), disent que la ville de
Kinshasa possède des industries utilisant des produits chimiques. On
peut alors comprendre que ces environnements soient considérés
comme des zones à risques chimiques. Cette industrialisation bien que
faible et ses rejets associés aux transports, les déchets et la
densification de l'urbanisation sont à l'origine de nombreuses
modifications écologiques, en l'occurrence, la dégradation de la
qualité de l'air dans la ville. De plus, on peut noter que les
infrastructures routières, les transports publics et
Le fait que l'air n'ait pas des frontières, les
polluants atmosphériques peuvent être transportés à
des grandes distances et associés à la pollution locale, cela
peut causer des dégâts
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l'aménagement urbain restent insuffisants, conduisant
à d'importants ralentissements et congestions de la circulation qui
aggravent le problème.
Bien que connue de longue date, la pollution
atmosphérique n'a pris une place importante dans la vie sociale
qu'à partir des années 1950 (Anne-Laure BORIE, 2006). Or,
jusqu'aujourd'hui la majorité de la population Kinoise, en particulier
et Congolaise, en général reste ignorante du
phénomène de la pollution de l'air et cela a comme
conséquence la non-considération du phénomène par
les décideurs politiques. En effet, il n'est pas évident qu'un
pouvoir public prenne en compte un problème que sa population ignore
complètement (Yombo, 2018), pourtant les effets de la pollution de l'air
sur la santé sont bien réels, et aussi son impact sur toute la
planète n'est pas négligeable à court et à long
terme.
Selon Camara (2014), la gestion d'un problème comme
celui de la pollution atmosphérique passe obligatoirement par une bonne
connaissance du phénomène qui, selon les régions, varie.
Cette connaissance passe par une collecte de données. Elles sont
utilisées principalement pour mener des études, qui par la suite
servent dans le domaine de la prévention et de la gestion des
épisodes de pics de pollutions. Une connaissance aussi largement
améliorée et approfondie des caractéristiques des
aérosols et autres polluants de l'air est donc capitale pour la
prévention et la surveillance de la qualité de l'air. Cette
caractérisation intervient par des investigations à long et
à court terme, mais également à différentes
échelles spatiales. (MO, 2000 cité par Doumbia, 2012).
Fort est de constater que plusieurs systèmes de
surveillance de l'atmosphère ont été
déployés sur toute la planète (Ces systèmes de
surveillance sont des équipements scientifiques installés au sol,
ou embarqués dans des satellites afin de mesurer et de fournir en temps
réel la concentration des espèces chimiques dans
l'atmosphère terrestre). Cependant, plusieurs grandes villes de
l'Afrique frappées par le problème de la pollution
atmosphérique, restent très peu couvertes par ces systèmes
de surveillance. (Yombo, op cit.). La ville de Kinshasa en
République Démocratique du Congo n'est pas couverte non plus par
un système de surveillance et la législation en la matière
fait défaut.
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énormes sur la santé humaine et l'environnement,
d'où, il est recommandé de surveiller la qualité de l'air
afin d'alerter sur les risques. Toutefois, par manque d'outils de monitoring
propres à la RDC, dans ce travail nous aurons recours à l'indice
atmo utilisé dans d'autres pays comme la France.
De ce qui précède, nos inquiétudes
peuvent tourner autour des questions pertinentes ci-après :
? La qualité de l'air dans la ville de Kinshasa
est-elle bonne ? Y a-t-il des
activités susceptibles de dégrader la
qualité de l'air dans cette ville ? ? Existe-t-il des normes des rejets
atmosphériques dans la ville de Kinshasa
en particulier, et en RDC en général ?
? Quelle est la perception de la population Kinoise sur la
pollution de l'air ?
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