Données statistiques :
- Genre M
- Âge 38 ans
- Niveau d'étude Bac + 1
- Environnement familial et géographique : Divorcé
, deux enfants , métropole lilloise
- Secteur d'activité : Santé
- Durée de l'entretien : 43 minutes
L'entreprenariat de nécessité : Qu'est ce
que cela signifie pour vous ?
Objectif : Evaluer comment l'interlocuteur se positionne
vis-à-vis de l'entreprenariat
Pourquoi êtes vous devenu entrepreneur ? (Distinction de
l'opportunité et de la nécessité)
· Quelle était votre situation avant de vous
lancer dans cette aventure ? Quand et comment avez vous décidé de
devenir entrepreneur ?
Ma situation, j'étais employé. J'ai entrepris
par opportunité. Il y a deux parties, il y a eu la fois où
j'étais entrepreneur où je me suis lancé dans l'entreprise
tout seul et après il y a l'entreprise familiale. L'entreprise familiale
c'est complétement subi, je suis né dedans et je ne vois pas
comment je pourrais avoir ma place ailleurs d'une certaine manière ou
difficilement. Et il y a l'autre partie où j'ai entrepris en 2015, et
là c'était parce qu'il y avait une opportunité.
J'étais dans mon boulot, je faisais un truc et là je me suis dit
tiens il y a un « biz )) à faire. Ce que j'ai trouvé bah
tout le monde me le demande. Tous les clients me le demande, tout le monde
cherchait à avoir ce produit donc je me suis lancé,
c'était dans le domaine de la santé, l'emballage. Un process
industriel en machine.
· À quelle point désiriez-vous que cette
aventure se concrétise ? Pourquoi ?
Je le désirais fortement mais je n'avais pas les
capacités donc j'étais plutôt dans la logique d'une auto
efficacité faible. C'est à dire que j'ai de grandes ambitions
mais en fait il m'était impossible de déceler que je n'avais pas
les capacités organisationnelles pour pouvoir le mener à bien.
J'ai réussi un tant soit peu, mais juste un temps parce qu'à un
moment donné la réalité a rencontré la fiction et
je me suis arrêté. Je me suis dit arrête toi avant que
ça te coûte de l'argent vraiment, je sais pas que je puisse avoir
un passif complétement dingue et qu'il m'oblige encore à ce jour
à rembourser les dettes.
· Quelles compétences faut-il pour devenir
entrepreneur ?
Il me manquait de la gestion. Moi à la base
c'était un tableau « débit-crédit )) pour la
facturation tout bêtement pour savoir enregistrer les factures. Je savais
manipuler les tableurs EXCEL mais pas dans la forme gestionnaire. De là
je faisais mes prix de vente de
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produits en fois 2, je ne calculais pas les tout ce qui
pouvait être frais intermédiaires de gestion, de placement enfin
tout ce qui pouvait être des coûts et charges variables quoi.
Charges fixes, je les connaissais, je les intégrais mais les charges
variables je ne savais même pas ce que ça voulait dire. Il faut de
l'empathie aussi. Savoir admettre ses erreurs et rebondir dessus, c'est
complétement imbriqué dans les compétences sociales
ça. Il faut être socialement intégrable et performant
humainement et économiquement. C'est complétement lié
à l'humain quoi.
· Est-ce que cela s'apprend et comment ?
Il y a une fibre mais ça s'apprend, c'est à
dire que tu n'as pas vraiment la fibre mais tu as une bonne idée et puis
il y a les compétences de base. Il y a de très mauvais
entrepreneurs pour vous prédire mais qui ont les compétences et
donc ils réussissent. Parce qu'ils ont l'intelligence au moins pour vous
dire « voilà le panel de compétence nécessaire c'est
celui-ci » et ils le gardent en tête et quand ils constatent qu'il y
a un défaut sur un des segments de ce panel de compétences, je
sais pas de gestion, commercial, de management etc, hé bah les mecs ils
ont quand même la jugeote d'y aller même s'ils n'ont pas ça
dans le sang quoi. Ils ont une certaine intelligence, une certaine
méthode et ils sont capable de réussir parce qu'ils sont capable
d'analyser les nécessités d'une compétence
managériale ou même d'entrepreneur et donc en fait de mettre
à profit leurs capacités mais dès qu'ils en trouvent la
limite, ils savent aussi aller chercher ailleurs de quoi combler ces manques.
Bah oui si tu n'as pas de compétences techniques, tu te trouves un
technicien. J'en connais un aujourd'hui, le mec humainement il est super,
techniquement il est assez limité et toutes les compétences il
les acquiert. J'étais d'ailleurs avec un de ses collaborateurs, on
dirait que c'est un petit mec qui a démarré comme ça dans
un coin mais aujourd'hui il vient de débaucher le directeur commercial
d'un de ses plus gros concurrents. On m'a demandé de me mettre dans son
équipe mais c'est une petite boite, je ne sais pas par quoi il l'a
appâté. De toute façon tu peux aller voir le chiffre
d'affaire, il faisait 1,6 millions de chiffre d'affaire il y a deux ans, il en
fait 4 millions aujourd'hui. Il est venu de rien. Quand je l'ai connu en 2014
il démarrait sa boite quoi.
· Quelle(s) différence(s) y a-t-il selon vous
entre l'entrepreneuriat de nécessité et l'entrepreneuriat
d'opportunité ?
Pour moi il n'y a pas de différence entre les
entrepreneurs parce qu'il faut toujours une opportunité pour pouvoir
entreprendre. Alors tu peux le faire par nécessité et non par
choix mais pour moi il y a toujours une opportunité qui se
présente ou quelque chose, il y a un déclic, un truc eurêka
tu vois. Là il y a un truc à faire, là forcément il
y a une opportunité qui est venue quoi, qui a été
créé par la personne ou qui est venu d'elle-même.
· Que signifie être efficace dans le processus de
création puis dans la pérennisation de l'entreprise ?
C'est vraiment pour moi d'avoir identifié toutes les
nécessités de ton domaine d'activité, de ton modèle
économique et puis mettre ça en parallèle avec les
nécessités de base de gestion d'une entreprise et de faire
matcher les deux quoi. Quand on parle de modèle économique, moi
je pense plus à la partie technique, aux besoins de l'activité
technique
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elle-même après greffée aussi ça
dans une logique de management, de gestion. Faire matcher ça, ça
veut dire aussi faire matcher les compétences nécessaires c'est
à dire identifier ses propres lacunes et les compenser soit en se
formant comme je le fais, soit aller les chercher ailleurs, faire du
consulting, embaucher des mecs compétents.
· Quel est votre cursus scolaire ?
Avant d'entreprendre je n'avais pas de diplômes mais
j'avais déjà une expérience. Je faisais de la gestion
commerciale, j'avais des tableurs EXCEL, des calculs de devis. C'est
compliqué donc j'estimais qu'en capacité de calculs, de gestion
ça allait. Je faisais de la gestion de projet mais freestyle quoi, je
pensais que le freestyle ça fonctionnait partout quoi.
· Quand avez-vous décidé de devenir
entrepreneur ?
En fait dans mon poste, je commençais à avoir
fait le tour, je me disais « barre toi, barre toi mais vu comment t'es
naturellement c'est pas pour rien », partir dans une nouvelle boite encore
employé ? bof, donc il faut trouver un truc.
Déterminants de l'auto efficacité
entrepreneuriale
Objectif : Identifier les déterminants de
l'auto-efficacité entrepreneuriale
· Comment imaginiez-vous la vie d'un entrepreneur ?
(Idées préconçues, croyances, barrières) Que
recherchiez-vous à travers la réalisation de cette
expérience ?-
J'idéalisais rien puisque je viens d'une famille
d'entrepreneur donc je savais ce que c'était. Je savais la charge de
travail que ça demandait. Enfin l'asservissement. Je cherchais à
prouver à moi même que j'étais capable de faire la
même chose comme mes parents et mes grands-parents, ma famille même
parce qu'ils sont tous entrepreneur chez moi. Ils ont tous crée quelque
chose. Plus ou moins bien réussi mais ils ont tous crée quelque
chose.
· Quelles qualités sont requises, selon vous, pour
créer une entreprise ?
Première chose : l'humilité, la
résilience, je pense que c'est même avant l'humilité et
puis de la méthode. Savoir se conditionner aussi, c'est vraiment faire
de l'introspection, de la remise en question. La résilience c'est un peu
ça, mais la résilience c'est quand t'es en face de
l'échec. La résilience elle doit être proactif, il ne faut
pas attendre l'échec pour poser des questions.
· Quelles étaient vos attentes de résultats
au lancement du projet ?
Réussir à gagner assez bien ma vie pour
arrêter de travailler au plus tôt. Mon objectif dans la vie c'est
de trouver un moyen de faire des choses que j'aime, pas rien foutre quoi. En
tout cas par un levier qui est celui que j'aurais trouvé par rapport
à une opportunité de générer assez de
tranquillités pour faire ce que j'aime. On sait toujours
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que faire ce qu'on aime, s'il y a une logique business qui se
greffe dessus ça ternit un peu le tableau. A moins que ça
génère tellement d'argent que tu ne te poses même plus la
question de la logique de productivités. Une logique de
productivité qui rentre quand tu greffes l'économie qui est
souvent pervertie et casse le rêve.
· Dans quelle mesure considériez-vous que le projet
était faisable ?
C'était faisable. En fait, l'erreur que j'avais faite
c'était d'avoir écouté ma famille. J'avais une logique
moderniste d'un manager. J'avais cherché quand même sur le net,
j'avais muri la chose. J'avais un business plan béton, avec un
investissement de fou avec au moins 400 000€ à mettre sur la table
pour embaucher un ami ingénieur, acheter des machines, acheter 2 ou 3
premières machines que je pouvais avoir à crédit de la
part de mon fournisseur qui est un pote aussi et pour pouvoir faire de la
prospection en direct et faire de la vente et avoir un showroom, tu vois un
truc bien costaud quoi. De là, j'ai écouté quelqu'un de ma
famille qui m'a dit « mais nan, te mets pas autant d'argent à dos,
commence petit, fait un bureau de représentation de ton fournisseur et
puis aucun besoins en fond de roulement, tu fais que acheter les machines la
bas et les revendre. Tu peux même les faire fabriquer au besoin comme
ça tu n'as pas besoin d'investissement et tu prends ta marge dessus
». Mais en fait en faisant ça c'était du pur commercial, et
moi je n'avais pas fait la relation entre ce modèle pure commercial et
moi, mon envie qui était oui du commerce mais de la technique et de la
qualité technique, du SAV tout ça. En fait, je m'appuyais sur les
capacités techniques, les personnels de mon fournisseur qui était
à l'autre bout du monde. C'était un modèle qui
n'était pas en relation même aux besoins économiques d'ici.
On a besoin de sécurité, de SAV, de pouvoir si on a un
problème claquer des doigts et trouver une solution technique surtout
pour des machines qui valent entre 20 000€ et 1 000 000€. Je suis
parti sur le projet que ma famille m'avait conseillé et c'est pour
ça que je me suis planté, j'ai pas écouté mon
coeur, j'ai écouté des personnes qui pour moi avaient plus
d'expériences et qui pouvaient analyser mieux que moi le marché.
Je faisais confiance à leur expérience alors qu'ils n'avaient pas
analysés mieux que moi le marché, ils étaient pas dans le
métier. Ils avaient des connaissances dans ce métier mais pas du
produit que je vendais, des contraintes particulières du modèle
économique que je voulais mettre en place et là grosse erreur.
J'ai bossé 4 ans. La 4ème année je n'ai plus
rien vendu et donc j'ai préféré m'arrêter quand
j'étais à +1000€ sur mon compte. En fait, j'avais mis 10
000€ de capital de départ. Je commençais à rogner mon
capital, je me suis dit oula récupère ton capital avant que ton
capital devienne zéro il va se passer 3 minutes. Il y a les frais de
cessation d'activité, je ne savais pas mais ça fait 3000€
par ci, 1000€ par-là etc ... Il me restait plus que 1000€ pour
m'acheter une bagnole quand je suis parti vivre ailleurs.
· Quelle connaissance du monde de l'entreprise
aviez-vous avant d'initier votre projet ?
J'avais toutes les connaissances, à part en gestion
pure. Techniques : je connaissais mon produit, pas pointu comme un technicien
mais j'avais une vision globale de la qualité de mon produit. Des
avantages, des inconvénients de mon produit. J'avais le carnet
d'adresse, et j'avais les banques qui me suivaient. Elles me disaient «
monsieur, vous voulez 400 000 bales, pas de souci, je vous les donnes »
peut-être pas à ce point-là mais c'était les banques
qui venaient me solliciter pour me prêter de l'argent. C'est rarement
comme ça. Les
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banquiers connaissaient des gens que je connaissais, ils
connaissaient aussi des relations personnelles qui avaient une certaine
confiance en le back ground autour de moi de réussite professionnelle.
Ils avaient vu mon business plan, ils ont dit oui, on vous suit et c'est
là où je me suis rétracté, ils n'ont pas compris
quoi. La banquière en plus j'avais de bon contact avec elle en plus,
elle m'aurait dit monsieur votre business c'est de l'or et allez-y ne changez
pas de modèle, j'aurais écouté la banquière.
· À quels obstacles imaginiez-vous être
confronté ?
Je n'imaginais pas d'obstacle, mais j'en ai rencontré
dans tout ce qui est administratif, je me suis dit je vais commencer à
embaucher, URSSAF aie aie . C'était un peu nébuleux. Un peu sur
les sociétés j'avais un peu perçu parce qu'à chaque
fois les modif avec la CSG-CRDS. Je dirais tout ce qui est fiscal et
administratif j'avais peu de compétences là-dessus. Les
compétences en gestion c'est ça, il faut quand même
à un moment se faire violence et puis en faire quoi.
· Comment gérez-vous l'imprévu, les
difficultés ? (Comment réagissez-vous face à un stress
?)
Je faisais de l'introspection « pourquoi tu prends
ça comme une difficulté » Les difficultés que j'ai pu
constater dans ma carrière, les autres dirigeants que j'ai
côtoyés, « je me suis dit pourquoi lui il le prend bien et
moi je le prends mal ? ». C'était surtout en prospection où
t'as un business qui tourne et à un moment le business se casse la
gueule, tu dois retourner faire de la prospection, c'est un peu faire
pitié, tu as besoin d'activité. Tu dois aller solliciter des gens
et t'es pas forcément dans les dispositions psychologiques les
meilleurs. Comment tu te donnes la niaque pour y aller mais pas faire
pitié en fin de compte, paraître sérieux et fiable quoi.
· Quels exemples de réussite dans l'entreprenariat
dans votre entourage ?
Plein, il y a 3 créations d'entreprise
pharmaceutiques. Il y en a eu une qui a périclité mais il gagnait
tellement d'argent qu'il a arrêté de bosser pour sa boite et puis
de claquer son fric. Sa boite s'est cassé la gueule pour finir et c'est
normal. 2 autres qui tournent bien : la nôtre et une autre, celle de mon
oncle. J'ai des amis qui en ont une dans le sud mais qui risque d'être
racheté par les américains.
· De quel soutien bénéficiez-vous ?
J'ai du soutien mais en fait à l'époque quand
j'ai créé ma boite, j'avais déjà fait le choix du
modèle économique bureau de réorientation et eux ils m'ont
dit « ne fait pas un bureau de représentation comme ça, fais
un bureau de réorientation plutôt comme ça. Nous on a
l'expérience. » Commercialement et au niveau de l'image il y avait
une autre forme à mettre. Je ne les ai pas écoutés et je
suis resté sur le conseil de la personne familiale la plus proche de
moi.
Développement du sentiment d'auto
efficacité
Objectif : déterminer les facteurs qui contribuent au
développement du sentiment d'auto efficacité
· 87
Quels obstacles avez-vous surmonté et comment ?
J'étais en déséquilibre parce que comme
j'avais les dents longues et je n'avais pas les capacités
réelles, en tout cas j'avais des grosses lacunes sur certaines
capacités nécessaires à réussir l'entrepreneuriat.
Quand je vois ce que j'ai fait c'est « mais où tu trouves ça
». Au moment où je suis tombé face à ça, face
à ce problème de décalage entre réelles
capacités et réelles ambitions bah heureusement que j'avais une
femme qui m'a aidé à faire ma gestion et qui dans le cas de
figure où j'ai commencé à avoir une baisse de chiffre
d'affaire et devoir aller prospecter bah elle est allée avec moi dans
les salons quoi, limite elle m'a pris par la main. C'est là où je
me suis rendu compte que commercialement, vu que j'avais choisi le mauvais
modèle économique j'avais perdu foi en mon produit et là
c'était perdu aussi. Grosso modo il me manquait aussi un truc c'est un
peu le côté commercial. Ce que beaucoup de commerciaux type vente
porte à porte, ils savent très bien qu'ils savent très
bien qu'ils ont un produit pas terrible qu'ils vont emballer dans du papier de
soie et ils vont réussir quand même et ça ça me
manquait. Aujourd'hui j'ai réussi à peu le développer mais
en tout cas au moins à amoindrir ce sentiment. Il faut que je croie en
mon produit et ça bah en fait je n'ai pas eu assez de temps en tant
qu'entrepreneur pour pouvoir surmonter ça mais aujourd'hui tout
ça c'est lié à une mauvaise capacité d'analyse de
ces caractéristiques pour pouvoir les resservir dans un discours
commercial donc forcément quand j'ai été mis à mal
dans un point négatif et que entrer dans une logique bégnine
ça allait mais dès que c'était un point noir et qu'il
fallait que je mette de l'effort bah voilà. Mais en fait c'était
l'expérience, je manquais d'expérience, aujourd'hui il y a des
produits que je fabrique qui sont avec des trucs un peu commerciaux pour dire
que ça va sauver le monde, je n'en crois rien du tout mais j'arrive
à en faire la promotion. Je n'avais pas identifié qu'en fait
c'était facile mais avec l'expérience ça devient
naturel.
· Quel bilan dressez-vous de votre expérience ?
(Attentes en adéquation avec la réalité ?) -
Peut -être une leçon que je peux donner c'est
« écoutez-vous vous même ». Ça c'est un truc, je
pense dans mon cas de figure que j'avais déjà des exemples mais
quand tu as envie d'entreprendre tu te documentes, à moins que tu te
lances comme ça et là t'es vraiment con mais là ça
ne vaut vraiment pas le coup. Si tu te documentes un peu et tout ça, tu
as quand même une vision qui est bonne, qui est circonstanciée.
Qui est vraiment adaptée à ce que tu veux faire tout ça.
Si tu fais l'introspection bah forcément tu fais bien les choses. C'est
pas les « bons conseils » des autres qui doivent planter ton analyse
puisqu'ils sont en dehors du contexte, ils ont une analyse extérieur qui
vaut le coup d'être écouté mais ils n'ont pas toutes les
données que toi tu peux avoir. Même si tu les exprimes entre ce
que tu as comme idée en tête, ce que tu es capable d'exprimer, il
y a 70% de pertes, ça il faut le savoir mais il faut d'abord
s'écouter soi-même. Si tu le sens que c'est bon l'instinct il est
là quoi. Si j'étais resté sur ma première
idée, j'aurais réussi c'est certain. Quand je vois le truc et
quand je vois le marché aujourd'hui j'aurais mieux réussi.
J'étais en logique Apple, c'est à dire design in California, made
in China. J'avais vu ce truc-là, c'était vraiment l'idée.
L'idée aurait été de commencer autrement mais mon objectif
c'était ça. Prendre du made in China et de le transformer en made
in California parce que je n'avais pas la capacité de Design. Le Design
il existait et il était bon. C'était déjà des
copies de Design made in california quoi.
·
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Avez-vous bénéficié d'un accompagnement
dans la réalisation de votre projet ? Qu'en avez-vous pensé ?
(A-t-il répondu à vos besoins, a-t-il renforcé votre
motivation ? votre croyance en la faisabilité ?)
En amont j'avais rencontré l'instance régionale
d'aide à la création d'entreprise, ça ne m'avait pas du
tout plu comme démarche parce qu'en fait il était là le
conseiller « si tu veux j'te fais un crédit à 0%. ».
C'est pas ce que je voulais, moi je voulais que dans le bassin
économique locale être aidé au niveau des ressources.
Savoir ce qui était complémentaire à mon projet. Je
n'avais pas eu des réponses à toutes mes questions. Ah si pour
faire tes flyers, tes cartes de visites « j'ai un ami qui fait de la
communication », je m'en fou de ça, il y a vistaprint, donc j'ai
abandonné. Une mise en garde que je pourrais faire c'est tu as besoin de
formation, tu vas faire de la formation mais tu ne donnes pas ton business
plan. Tu dis ton business à personne. Ça à renforcer ma
motivation et ça à modifier ma vision. Modifier ma vision, c'est
là où c'est compliqué, c'est les aides, les conseils tout
ça. Si c'est des entrepreneurs, il faut vraiment que les gens mesurent
leurs propos. Ne pas catégoriser. Moi dans mon cas de figure
j'étais vraiment inexpérimenté. J'étais jeune,
influençable. De là, l'envie de bien faire m'a fait chambouler le
principe. J'avais toujours la même niaque mais ils me l'avaient
renforcés parce qu'ils m'ont dit qu'ils croyaient en mon projet. Mais
j'ai retenu « je crois en ton truc mais fait le pas comme ça
»Je ne me suis pas rendu compte que je pervertissais mon projet.
· Avez-vous bénéficié de formation
ou d'accompagnement quelconque depuis la création de votre entreprise ?
Lesquelles ? Pourquoi ?
Je m'étais connecté avec ce truc de
création d'entreprise local qui proposait de la formation mais en fait
quand j'ai vu que ça ne pouvait pas m'apporter quoi que ce soit pour le
business en soit, je me suis dit ça ne sert à rien. Si eux
conseiller en gestion d'entreprise ils ne sont pas capables d'identifier que le
poids des entreprises c'est d'avoir un tissu économique local et d'avoir
des facilités pour ton business, ils servent à quoi ? Ils sont
mauvais en gestion aussi. Comment des mecs mauvais en gestion peuvent
m'apprendre à la gestion. La comptabilité ils avaient un
programme de comptabilité qui les aidait à le faire, et une femme
qui les aidait à le faire. Des trucs tout bêtes. La plupart ont
appris par leurs experts comptables. Ma mère s'est formée sur le
tas, avec cet expert-comptable à l'époque qui nous avait
accompagné dans la croissance de l'entreprise, aujourd'hui lui il a un
cabinet géant mais ma mère est encore là à corriger
certaines de ses erreurs.
· Quelle(s) compétences pensez-vous avoir
acquises depuis la création de votre entreprise ? Comment
décririez-vous aujourd'hui vos connaissances en termes de savoir-faire
et de savoir être ?
Il faut être au maximum concis. Il faut savoir quand tu
dois être concis et quand tu peux te laisser aller à des
familiarités. Être au service mais pas être asservi. Moi les
clients je les gères comme ça aujourd'hui. Il y a des moments je
suis dedans, mais je ne peux pas l'être à 100%. Quand ils
manifestent le besoin, il faut répondre mais après dans le
quotidien, tu ne dois pas être tout le temps présent pour eux
quoi. Il faut que tu jauges selon tes disponibilités quoi. Les mecs le
comprennent très bien. Par contre quand il y a un problème ou
quoi que ce soit, tu dois être présent quand même.
Déjà juste identifier
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un besoin, le catégoriser et savoir quel niveau de
réponse au niveau de l'urgence mettre en place, ça ça m'a
appris. J'estime ne jamais être assez performant à ce niveau
là parce qu'il y a toujours des trucs que tu te dis bah rien qu'hier,
j'avais promis un truc à u mec mais hier soir je me suis dit oula j'ai
complétement oublié. Mais même lui, son besoin a
évolué, son urgence à évolué mais il
comprend tout à fait. Il sait que je suis busy. Tous mes clients savent
que je suis pris.
· Comment est votre motivation aujourd'hui en
comparaison avec ce que vous ressentiez au début du projet ? Pourquoi
?
Je suis tout aussi motivé mais il y a une part de
désillusion qui est récurrente. En fait tous les points
négatifs, je les ai identifiés dans mon activité. Les
choses que t'aime soit pas faire dans l'activité, dans le quotidien,
soit des choses qui se passent mal de manière récurrente par
exemple en ce moment ce sont des problèmes de production et à
l'affut de client ça se passe bien mais au moment où tu ne
t'attends pas tu te prends un « skude » en te faisant traiter
d'amateur alors tu as envie de dire mais pourquoi je fais ça quoi. C'est
eux que tu remets en question. Attend est ce que j'aime encore entreprendre
dans cette boite, est ce que ces personnes pour qui je me donne elles en valent
le coup ? Soit je dégage les personnes ou soit moi je dégage
quoi. Il y a toujours ces interrogations, je suis un peu idéaliste, donc
en fait quand il y a des tracas comme ça qui se passe ça me casse
le rêve un peu.
· Quel niveau de satisfaction ressentez-vous
vis-à-vis de votre projet ?
Total satisfaction, je viens de loin, je n'avais pas de
diplômes. Je vois ce que je fais aujourd'hui, mes clients m'adorent.
Aussi j'en connais beaucoup plus grâce à l'expérience, cela
me permet d'être beaucoup plus efficace au quotidien.