v Enoncé du problème
Après la récession économique de 1980,
les pays de l'Est de l'Asie comme le Japon, la Taiwan et la Corée du Sud
se sont lancés dans l'investissement en infrastructure rural et aussi
dans des reformes agricoles. Les aspects organisationnels et institutionnels du
développement rural de ces pays sont aussi pris en compte afin de
financer l'industrialisation au moyen d'une base agricole hautement productive
(Peter et Somsak, 1993). Aujourd'hui, ses pays qui étaient auparavant
des Pays en développement (PED), ont connu une nouvelle impulsion et
s'écarte remarquablement des pays sous-développés sur le
plan mondial. Le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique de Sud
(BRICS) constituent une force économique majeure mondiale avec 42,1% de
la population mondiale à leurs actifs, une dépense publique
élevé d'environ 28,06% du PIB et un niveau d'investissement
important d'environ 24,92% du PIB (Dione, 2016). En effet, entre 2000 et 2010,
ces pays ont connu des taux de croissance nettement supérieurs à
ceux des pays développés : Brésil (3,7%), l'Inde (8%), la
Chine (10,8%) et l'Afrique du Sud (3,9%) contre 1,6% en moyenne pour les pays
développés (CNUCED, 2012).
En revanche, les pays africains, en particulier, ceux de
l'UEMOA ayant subi la même récession économique sont
restés à la traine. Malgré les réformes mises en
oeuvre pour améliorer le cadre macroéconomique, le taux de
croissance de ces pays demeure instable et encore en dessous de ceux
estimés par les Objectifs de Développement Durable, qui doit
être supérieur à 7%. L'agriculture, un secteur clé
à la portée de l'évolution de la croissance
économique de ces pays, fait face à des obstacles comme les
aléas climatiques. La pauvreté, le chômage et
l'insécurité alimentaire sévissent encore dans ces
pays.
Selon un rapport de la Banque Mondiale sur le
développement dans le monde 1998/1999, la population de l'UEMOA
estimée à 66 millions d'habitants en 1997, ne compte que trois
millions de population active, soit 4,5% de la population totale. Plus d'une
personne sur deux en milieu rural connaît une situation de sous-emploi.
Selon Dione (2016), l'UEMOA en 1997 ne dispose que d'un faible niveau de
dépenses
Boris J. B. Gomez & Ulrich G. Segodo 8
Analyse comparative des déterminants de la croissance
économique des pays de l'UEMOA et des pays du BRICS
publiques et d'investissement (14,7% du PIB et 16,9% du PIB).
Selon le classement de l'Indice de Développement Humain (IDH) de 2013
réalisé par le PNUD, les pays de l'UEMOA font partie des
cinquante derniers pays.
Face à cette situation, les organisations sous
régionales telles la Communauté Economique et Monétaire de
l'Afrique Centrale (CEMAC) et l'UEMOA ont demandé aux différents
Etats-membres de s'engager dans la voie du développement pour l'atteinte
d'une forte croissance (Dedewanou, 2016). Le graphique 2.1 présente
l'évolution du PIB par habitant (en dollars) dans les pays de l'UEMOA et
du BRICS entre 2007 et 2018. On remarque que le PIB par habitant des pays du
BRICS en moyenne, est largement au-dessus de ceux de l'UEMOA.
Le graphique 2.1 : Evolution du PIB par
Habitant en moyenne (en dollars) dans les pays de l'UEMOA et les pays du BRICS
entre 2007 et 2018
![](Analyse-comparative-des-dterminants-de-la-croissance-conomique-dans-les-pays-de-l-UEMOA-et-d4.png)
Source : Banque Mondiale (2020).
La différence du PIB par habitant observée
entre les pays de l'UEMOA et du BRICS de 20072018, peut s'expliquer par
plusieurs facteurs sur le plan économique, politique ou social. Il est
donc très important d'analyser les facteurs de la croissance des pays
à forte croissance (les BRICS) afin d'aider ceux de l'UEMOA dans la mise
en oeuvre de leurs politiques de marche vers une croissance
équilibrée et soutenue. Nous nous sommes ainsi posés la
question : comment expliquer l'écart de croissance économique
entre les pays du BRICS et les pays de l'UEMOA ?
Boris J. B. Gomez & Ulrich G. Segodo 9
Analyse comparative des déterminants de la croissance
économique des pays de l'UEMOA et des pays du BRICS
v Intérêt de l'étude
L'importance de la croissance économique pour un pays
n'est plus à démontrer d'autant plus qu'elle permet :
l'amélioration des services publics, l'investissement, etc. L'analyse
comparative et l'identification des principaux facteurs caractéristiques
de l'émergence dans les pays du BRICS permettront de forger des
politiques susceptibles de relancer la croissance économique dans les
pays de l'UEMOA. Ainsi, l'étude met en exergue des facteurs sur
lesquelles l'UEMOA devrait agir pour améliorer sa croissance. Il ne
suffit pas de montrer simplement l'effet d'une variable sur la croissance
économique. Il faudra que cette variable soit utilisable par les
gouvernants pour avoir de meilleurs résultats économiques. Par
exemple, une hausse de l'investissement privé, de la population active
et des dépenses publiques induira une augmentation de la production pour
une meilleure croissance dans les pays de l'UEMOA. Cette hausse des
investissements privés peut aussi engendrer une réduction du taux
de chômage et une amélioration des conditions de vie des
populations.