2 rue de la liberté, 93200
Saint Denis
MEMOIRE DE RECHERCHE
Master 2 Psychologie de l'enfance et de l'adolescence
IMPLICATION DES ACTIVITÉS EXTRASCOLAIRES DANS LE
POTENTIEL CRÉATIF DE
L'ADOLESCENT
« Je ne cherche pas, je
trouve » Picasso
PRESENTE PAR DOCQUOIS MELODY
ETUDIANTE 11294739
SOUS LA DIRECTION DE MADAME GUERINI
ANNEE 2013/2014, SESSION SEPTEMBRE
RÉSUMÉ FRANÇAIS
Cette étude avait pour objectif de définir le
rôle des activités créatives dans l'émergence du
potentiel créatif de l'adolescent. En particulier, le but de cette
recherche était dedégager l'influence des activités
créatives pratiquées par les adolescents sur, d'une part, leur
pensée divergente et d'autre part, leur trait de personnalité
«Ouverture, Originalité, Ouverture d'esprit ».
Cinquante-six adolescents âgés de 14 ans à
18 ans (M=15.7) ont été soumis à trois demandes
différentes : (1) un questionnaire reposant sur leurs pratiques
créatives, (2) une tâche de pensée divergente et (3) une
échelle de personnalité : le Big Five version
Française (Plaisant, 2008).
Les résultats ont relevé des liens significatifs
entre les pratiques créatives et la pensée divergente. De plus,
le trait de personnalité « ouverture » a
établi à son tour une tendance intéressante. Nous
discuterons des résultats obtenus, des limites accordées à
notre étude et des nouvelles perspectives de recherche qui en
découlent.
Mot clés : Adolescent,
créativité, pensée divergente, trait de
personnalité « Ouverture, Originalité, Ouverture
d'esprit ».
RÉSUMÉ ANGLAIS
The purpose of this study is to define the role of creative
activities in development of adolescent's creative potential. The main focus of
this research is to analysis of the influence of creative activities on
adolescent's divergent thinking and openness. Fifty-six adolescents aged 14 to
18 (mean of 15.7 years old) were subjected to 3 types of tests: (1) a
questionnaire based on their creative activities, (2) a divergent thinking task
and (3) a personality scale (Big Five French version (Plaisant, 2008)).
The results revealed significant links between creative
activities and divergent thinking. Moreover, the openness aspect reached an
interesting result. We will discuss about the results, the frame of the study
and the new research perspectives that derived from it.
Keyword: Teenager, creativity, divergent thinking,
personality Openness.
REMERCIEMENTS
Je remercie ma directrice de mémoire, Madame Guerini,
de m'avoir donné l'envie de travailler sur ce sujet. Merci
également de vos conseils bienveillants pour l'élaboration de ce
mémoire.
Je remercie Jean-Marie etSébastien pour leur aide dans
la rédaction de ce mémoire. Merci de m'avoir accordé votre
temps.
Je remercie Daniel, mes amies et ma famille pour leur soutien
dans les moments de doutes. Merci de croire en moi.
Je remercie enfin tous les adolescents qui ont accepté
de participer à cette étude.
SOMMAIRE
TABLE DES ILLUSTRATIONS
3
INTRODUCTION
6
PARTIE 1 : CADRE THEORIQUE
I- LA
NOTION DE CRÉATIVITÉ
7
1)
Définition
7
2) Repère
historique
7
3) Les facteurs de la
créativité
8
3.1. Facteurs cognitifs
8
3.2. Facteurs conatifs
9
3.3. Facteurs émotionnels
10
3.4. Facteurs environnementaux
11
4) L'approche
multivariée de la créativité
11
II-
TENDANCE DÉVELOPPEMENTALE ET INFLUENCE SUR LA
CRÉATIVITÉ
15
1) L'enfance
15
2)
L'adolescence
18
3) L'adulte
19
III-
BÉNÉFICES DE LA CRÉATIVITÉ DANS LE
DÉVELOPPEMENT
20
1)
Créativité et transformation identitaire
20
2)
Créativité et expression de soi
21
PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES
22
PARTIE 2 :
METHODE
1) Population
3
2)
Matériel
24
2.1. Questionnaire : Activité(s)
créative(s).
24
2.2. Echelle de personnalité : Big Five Inventory version
Française (BIG-Fr).............24
2.3. Tâche de pensée divergente
...................................................................
245
3)
Procédure
26
3.2.1 Formation des groupes
27
3.2.2. Facteur cognitif : la pensée
divergente.
31
3.2.3. Facteur conatif : le BIG-Fr
32
PARTIE 3 :
RESULTATS
1) Facteur
cognitif : la pensée divergente.
3
2) Facteur
conatif : le trait de personnalité
« ouverture »
42
DISCUSSION
47
CONCLUSION
58
BIBLIOGRAPHIE
59
SOMMAIRE DES ANNEXES
ANNEXE A :
AUTORISATION PARENTALE
62
ANNEXE B : PROTOCOLE
DE RECHERCHE
63
ANNEXE
C :RÉPONSES DÉTAILLÉE DE TOUS LES
PARTICIPATIONS À LA TÂCHE DE PENSÉE
DIVERGENTE.
706
ANNEXE D: CLASSEMENT DES RÉPONSES EN 8
CATÉGORIES....................................69
ANNEXE E:RÉPONSES
DÉTAILLÉES DES ADOLESCENTS OBTENANT DES SCORES TOTAUXLESPLUS AU
CENTRE DE CHACUNE DES DEUX
DISTRIBUTIONS..............................................70
TABLE DES ILLUSTRATIONS
FIGURE
Figure 1: L'approche
multivarié de la créativité (Lubart, 2003)
3
GRAPHIQUES
Graphique 1: Moyennes et
écarts-types de la fluidité cognitive selon les groupes.
3
Graphique 2:
Représentation graphique des groupes (Boîte de
Tukey)
35
Graphique 3: Moyennes et
écarts-types de la flexibilité cognitive selon les groupes
38
Graphique 4:
Représentation graphique des groupes (boîte de Tukey).
39
TABLEAUX
Tableau 1: Comparaison des
contrastes de la fluidité cognitive entre les groupes.
3
Tableau 2: Comparaison des
contrastes de la flexibilité cognitive entre les groupes.
40
Tableau 3: Tableau
récapitulatif des comparaisons de la pensée divergente.
41
Tableau 4: Moyennes et
écarts-types des groupes pour le trait de personnalité
"ouverture".
42
Tableau 5:
Caractéristiques descriptives du trait de personnalité
"ouverture" du groupe A et du groupe B.
43
INTRODUCTION
La créativité, notion encore peu
étudiée dans le développement de l'adolescent, est
cependant riche d'intérêt dans le domaine de la psychologie. Qu'il
s'agisse du domaine cognitif ou affectif, la créativité laisse
réellement apparaître de nombreux bénéfices pour la
personne. Les études existantes ont par exemple pointé le
rôle de la créativité dans (a) la résolution de
problèmes (Lubart, 2003), (b) les processus de pensée (Guilford,
1950) ou encore (c) les émotions positives (Baas,Dreu & Nijstad,
2008). De manière plus spécifique, la créativité a
été mise en lien avec la formation identitaire de l'adolescent
(Barbot, 2008 ; Barbot & Lubart, 2012 ; Berman, Schwartz,
Kurtines& Berman, 2001 ; Dollinger,Clancy Dollinger & Centeno,
2005 ;Rothenberg, 1990). Les adolescents les plus créatifs
auraientalorsplus facilement accès à une identité
personnelle, auraient confiance en eux et seraient plus à même de
faire des choix (Barbot, 2008). De plus, les principaux facteurs de la
créativité ont pu être mis en lumière par plusieurs
auteurs. Ils permettent d'expliquer les conditions suffisantes à
l'émergence du potentiel créatif de chacun (Lubart, 2003). Sur
la base des données de la littérature, l'objectif de cette
présente étude est en ce sens de répondre aux questions
suivantes : comment les adolescents peuvent-ils exploiter leur potentiel
créatif ? Plus précisément, existe-t-il un lien entre
la pratique d'activités créatives et le déploiement des
facteurs de la créativité ?
Nous avons en ce sens étudié l'influence des
pratiques créatives des adolescents vis à vis dedeux facteurs
connus de la créativité (pensée divergente et trait de
personnalité). Le but était de vérifier notre
hypothèse générale ; la pratique soutenue de
plusieurs activités créatives aune influence sur les facteurs de
la créativité.
Après avoir discuté la notion de
créativité et de son développement tout au long de la vie,
nous examinerons les bénéfices qui en découlent chez les
adolescents. Sur la base d'une recherche empirique, nous tenterons de donner
des pistes permettant de comprendre l`importance des pratiques créatives
pour l'adolescent en développement.
PARTIE 1 : CADRE THEORIQUE
I- LA NOTION DE CRÉATIVITÉ
1)
Définition
D'un point de vue étymologique, le terme
« créer » du latin
« creare » renvoie aux notions : engendrer,
mettre au monde, produire. Le mot
« créativité » ne faisait cependant pas parti
de la langue française avant les années 1970.Ce motest en
réalité un néologisme de l'américain. Il fait
référence à la racine du verbeanglais
« create » créer, et au suffixe anglais -ivity,
élaboration.Etymologiquement, être créatif serait donc la
capacité à créer et élaborer des productions qui
n'existeraient pas encore. La créativité demande en ce sens une
élaboration cognitive, propre à l'être humain, le
distinguant de la sorte des primates (Csikszenmahalyi, 2006).
Sans aborder les débats scientifiques que le terme de
«créativité » suscite entre les différents
courants de la psychologie (humaniste, positive, cognitive, psychanalytique),
il semble exister une définition consensuelle admise par la plupart des
chercheurs. Un accord est mis sur l'idée qu'une personne créative
est en mesure d'accomplir une production nouvelle, dans une situation
adaptée(Sternberg &Lubart, 1995). En d'autres termes, nouvelle car
originale et imprévue, et adaptée, car l'idée nouvelle
doit satisfaire différentes contraintes liées aux situations dans
lesquelles se trouvent la personne (Lubart, 2003).
2)
Repère historique
C'est en 1950 que Joy PaulGuilford,psychologue
américain, constatant que le domaine de la créativité
était encore négligé par les chercheurs -psychologues-, a
marqué le début de la recherche contemporaine sur la
créativité. Dans une démarche cognitive, Guilford a
apparenté le terme « créativité » aux
activités permettant de dégager de nouvelles solutions à
des problèmes donnés. La créativité ferait selon
lui appel,d'une part à des aptitudes divergentes,
requérantles
capacitésnécessaires àla production de nombreuses
idées alternatives, et d'autre part, à des aptitudes
convergentes, nécessitant de déduire et analyser pour trouver la
bonne réponse à un problème donné. Ces deux
pensées -divergentes et convergentes- seraient en
sommeintégrantes à la capacité de créer des
solutions nouvelles. Nous verrons par la suite que ces facteurs cognitifs de la
créativité sont toujours mis en lumière de nos jours.
3) Les facteurs de la créativité
3.1. Facteurs cognitifs
Les facteurs cognitifs de la créativité sont
spécifiques et interdépendants (Runco, 2010).
Dans un premier temps, la pensée divergenteest l'une
des compétences les plus citée dans la littérature pour
relier la créativité à une action cognitive. Evoqué
en premier par Guilford (1950), il s'agit d'un processus qui permet
d'émettre de nombreuses idées à partir d'une simple et
uniquequestion. Par conséquent, c'est une capacité
essentiellepour la créativité. Plus un individu
donned'idées sur un mêmeproblème, plus il a de chances de
trouver une idéenouvelle et originale. Ce type de pensée renvoie
à trois aptitudes particulières. La pensée divergente se
mesure donc par (a) la fluidité des réponses, c'est-à-dire
le nombre d'idées trouvées à partir d'une même
question, (b) la flexibilité, particulièrement, l'aptitude des
individus à trouver différentes solutions à un
problème et à appréhender le problème sous des
angles différents (Georgsdottir et Lubart, 2003) et (c)
l'originalité des idées. Dit autrement, un individu
créatif doit être en mesure de trouver des idées
différentes et originales, pouvant se regrouper dans diverses
catégories. Georgsdottir et Lubart, en 2003, ont ainsi soulevé
l'existence d'une relation positive entre la flexibilité cognitive et la
créativité chez l'enfant. Pour résumer, la pensée
divergente permet à l'individu de produire un grand nombre
d'idées, différentes et originales (Lubart, 2003).
Afin de mettre en exergue les réponses de la
pensée divergente, de nombreux auteurs lui associent les
compétences de la pensée convergente intégrative.En
d'autres termes, pour choisir les idées les plus originales tout en
étant les plus adaptées, il faut utiliser la pensée
convergente. Cette pensée est de type logique. Elle est notamment mise
en pratique à l'école (Lubart, 2003), lorsque l'enfant, suite
à un problème donné, doit s'orienter vers des
réponses attendues. Mais la pensée convergente est à
considérer uniquement comme réponse à la pensée
divergente. Elle n'est utile dans la production créative que dans la
mesure où le travail divergent a pu être réalisé par
l'individu. Cette dualité divergente-convergente est en
réalité mise en oeuvre dans le lien entre la
créativité et la résolution de problème, mais nous
n'entrerons pas dans des explications plus précises dans
l'intérêt du sujet de notre recherche.
3.2. Facteurs conatifs
Les facteurs conatifs font généralement
référence d'une part, aux traits de la personnalité et
d'autre part à la motivation.En ce qui concerne les traits de
personnalité, les différents auteurs semblent s'être mis
d'accord sur celui « ouverture » (Sternberg & Lubart
(1995) ; Georgsdottir & Lubart(2003) ; Lubart (2003) ;
Fürst,Lubart, Ghisletta& Dufour, (2012)). Ce trait de
personnalité est en réalité relié au modèle
du Big Five (John, Donahue & Kentle, 1991) décrivant la
personnalité selon cinq traits majeurs. Le trait
« ouverture » correspond en somme à la profondeur,
la variété, l'originalité et à la complexité
de la vie mentale et expérimentale d'un individu(John et
al., 1991). Autrement dit, les individus au trait de personnalité
« ouverture » font preuve d'innovation, sont ouverts au
changement, se montrentcurieux ou encore rejettent
les règles et les traditions. Georgsdottir et Lubart (2002)
ont mené une recherche à cesujet sur des enfants de fin
d'école primaire. Une mesurede la performance créative a
été mise en corrélation avec le trait de
personnalité « ouverture à de nouvelles
expériences ». Les résultats montrent que, chez les
enfants de 10ans, ceux ouverts à de nouvelles expériences, sont
les plus créatifs.
De manière plus générale, les individus
les plus créatifs sont également décrits comme
non-conformistes, plus impulsifs ou plus à même de prendre des
risques (Lubart, 2003). Après avoir mis l'accent sur ces deux premiers
facteurs (cognitifs et conatifs), il nous parait intéressant de parler
de la recherche deFürst et al. (2012). Ces derniersont mis en
évidence un schéma expliquant la dynamique de la
créativité sous l'association personnalité-cognition.
Les auteurs ont ainsi montré que les facteurs de personnalité
tels que « divergence » (non-conformisme,
impulsivité, agréabilité) et
« plasticité » (extraversion, ouverture,
inspiration) favorisaient les aptitudes cognitives telles que la
« génération », c'est-à-dire, la
recherche de nouvelles idées. Leurs résultats suggèrent
que ces deux facteurs prédisent à leur tour les productions
créatives. Autrement dit, les traits de personnalité
favoriseraient les processus cognitifs, qui eux-mêmes, prédiraient
les productions créatives telles que la pensée divergente ou la
créativité de tous les jours.
Par ailleurs, le second facteur conatif de la
créativité est relié à la motivation
intrinsèque, c'est-à-dire une motivation qui prend naissance dans
les besoins de l'individu, comme la curiosité ou l'envie de s'exprimer
à travers uneproduction (Besançon, Guignard &Lubart,2006).
3.3. Facteurs émotionnels
En ce qui concerne le facteur
émotionnel,l'émotion positive est supposée être
propice à la créativité et jouer un rôle
renforçateur dans lesprocessus de la pensée créative
(Masmoudi et Charaf, 2013). En effet, plusieurs études ont mis en
évidence les liens entre l'émotion, et plus
généralement l'affect, avec la créativité. Bien que
les approches et les résultats diffèrent, une idée se
dégage. Elle met en évidence l'effet facilitateur des
états émotionnels positifs sur les performances créatives,
contrairement aux états émotionnels négatifs et neutres
(Isen, 1999 cité par Masmoudi et Charaf, 2013). Par le caractère
positif de ses émotions, l'individu serait en somme plus apte à
s'engager dans des activités créatives, plus soucieux de s'y
investir à part entière et d'y prendre du plaisir. Une personne
heureuse serait en ce sens plus créative qu'une personne triste. A
l'inverse, les émotions négatives seraientrattachées
à une inhibition cognitive, défavorable à la
créativité.
3.4. Facteurs environnementaux
Les activités culturelles dans lesquelles baignentles
enfants influenceraient le développement de leur capacité
créative. Le cinéma, les visites de musées, les
concerts,les expositions artistiquespourraientalors favoriser le
développement de la créativité et donc la capacité
de l'individu àinnover plus tard(Besançon, Georgsdottir &
Lubart, 2005).
Les études examinant le lien entre lescapacités
cognitives et de lastructuration familiale ont montré que lesenfants
appartenant à des familles de type «souple »,
c'est-à-dire les familles qui donnent des règles aux enfants tout
en les adaptant en fonction de la situation, avaient de meilleures
capacités cognitives. Notamment, dans le raisonnement logiqueet dans la
performance créative (Runco, 2010). De plus, mêmesi le niveau
socio-économique de la famille semble jouerun rôle dans le niveau
de créativité (les enfantsvenant d'un niveau
socio-économique élevé sontplus créatifs que les
autres), la relation entre lasouplesse des règles et la
créativité serait présentepour tous les niveaux
socio-économiques(Lubart, 2003).
En résumé, les parents qui
préconiseraient des règles de vie
« flexibles » auraient des enfants avec des performances
créatives plus élevées (Lubart & Lautrey, 1995). Par
conséquent, la structure des règles familiales peut être
une des composantes de l'environnement qui influerait sur le
développement de la créativité de l'enfant. Nous
détaillerons davantage ce point dans la suite de notre cadre
théorique.
4)
L'approchemultivariée de la créativité
Todd Lubart, en 2003, propose l'approche multivariée de
la créativité (Fig. 1). En s'inspirant de son modèle
précédent (Sternberg & Lubart, 1995), il précise la
notion de créativité telle un assemblage de plusieurs facteurs
agissant en interaction. Il ajoute notamment un aspect de plus aux
différents facteurs : le caractère émotionnel de
l'individu dans ces processus créatifs.
Avant d'expliquer plus en détails les différents
facteurs mis en oeuvre dans la créativité, rappelons que selon
Lubart (2003), le degré d'importance que les différents facteurs
pourraient avoir ne seront pas les mêmes chez tous les individus. Les
interactions seront de plus, spécifiques selon les individus et les
potentialités créatives particulières à chaque
domaine d'activité.
Figure 1:
L'approchemultivariée de la créativité (Lubart,
2003)
Facteurs cognitifs
-Intelligence
-Connaissance
Facteurs
environnementaux
Facteurs
émotionnels
Facteurs conatifs
- Style
- Personnalité
- Motivation
Autres domaines
Art
POTENTIEL CRÉATIF
Commerce
Science
Littérature
PRODUCTION
CRÉATIVE
Tentons maintenant d'éclairer les notions relatives
à ce modèle.
Les facteurs cognitifs comprennent deux
aptitudes : (a) l'intelligence, qui renvoie à trois
compétences principales. Premièrement, il s'agit de
lacompétence synthétique, c'est-à-dire la capacité
à voir les problèmes dans de nouvelles perspectives et
d'échapper aux limites de la pensée conventionnelle. Plus
généralement, il s'agit de la pensée divergente.
Deuxièmement, les compétences analytiques, qui consistent
à reconnaitre les idées qui méritent d'être
approfondies de celles qui ne le sont pas.Troisièmement, des
compétences pratiques et contextuelles sont requises, afin de persuader
l'autre de la valeur de ses idées.Les trois compétences doivent
être en interaction (Sternberg, 2012).
Dans leur expérimentation, Sternberg et Lubart
(1995)ont étudié l'émergence de ce facteur en distinguant
les individus qui étaient capables d'expliquer,par exemple, pourquoi
dans 1000 ans, le meilleur danseur de la planète mangera ses
chaussures ? L'individu créatif devait alors être capable
d'ouvrir son champ de pensée (compétence synthétique),
d'inhiber les idées non judicieuses (compétence analytique) et de
persuader son interlocuteur (compétence pratique et contextuelle) ;
(b) la connaissance,quant à elle, stipule que pour être
créatif, il faut assez de connaissancedans un domaine pour le faire
avancer, et donc, pour y créer de nouvelles productions.Mais l'individu
ne doit pas fermer son champ de vision à sa propre expertise, ce qui
renverrait alors à une fermeture d'esprit.
Les facteurs conatifs renvoient respectivement aux styles de
pensées, à la personnalité et à la motivation. Les
styles de pensées font référence à la
manière d'utiliser ses compétences. Sont prises en compte les
décisions sur la meilleure façon de déployer ses
compétences. En 2012, Sternberg propose le « style
législatif » comme particulièrement important à
la créativité. Ces individus seraient réflexifs sur leur
nouvelle façon de penser, ils prendraient plaisir à concevoir de
nouvelles stratégies et créeraient leurs propres lois.
Lapersonnalité fait quant à elle référence aux
personnes qui ont la volonté de surmonter les obstacles, de prendre des
risques raisonnés et de tolérer l'ambiguïté. Ils
seraient ouverts à de nouvelles expériences, et aimeraient
explorer l'inconnu. Le facteur motivation, enfin, renvoie à une
motivation intrinsèque, c'est-à-dire que l'action créative
doit être menée par plaisir et intérêt. Cette
condition serait alors nécessaire à l'élaboration
créative.
Enfin, les facteurs environnementauxintègrent
l'idée selon laquelle l'individu doit avoir connu un environnement
propice et enrichissant d'idées créatives. En somme, si aucun
soutien environnemental n'est présent, tel que l'accès aux outils
nécessaires, la créativité de la personne ne pourra jamais
être exploitée.
Comme nous l'avons spécifié, Lubart (2003)
ajoute à son modèle le facteur émotionnel. Selon lui,
l'état émotionnel peut focaliser des énergies. Son
idée est alors que l'acte créatif est un moyen d'évacuer
une énergie émotionnelle dans un travail productif.
Pour résumer, le potentiel créatif va se
cristalliser à travers une production créative en fonction de
l'individu (niveau individuel), par la mise en oeuvre des différents
facteurs (cognitifs, conatifs, émotionnels et environnementaux) et
selon les caractéristiquesdu travail créatif à
réaliser. De ce fait, différentes tâches créatives
peuvent intervenir dans différents domaines (art, littérature,
science, commerce ou autre) ou à l'intérieur d'un même
domaine. Ces prises en compte pourraient alors expliquer que l'individumobilise
les composantes du potentiel créatif à des degrés
variés (Lubart 2003). Nous comprenons maintenant pourquoi un individu
sera créatif dans un domaine particulier, par exemple la danse, et non
dans un autre. Il pourra d'ailleurs être plus créatif dans la
danse moderne que dans la danse classique. Sa créativité sera
également le reflet d'un investissement personnel, de sa motivation, de
ses états émotionnels, ou encore de son environnement familial et
social propice à la pratique de la danse. En conclusion, il importe de
stipuler qu'il n'existe pas une unique forme de créativité mais
bien plusieurs formes, caractérisées par l'individu et ses
potentialités. De plus, la combinaison des différents facteurs
cognitifs, conatifs, environnementaux et émotionnels expliquerait les
différences interpersonnelles de la créativité (Lubart
& Georgsdottir, 2004).
II- TENDANCE
DÉVELOPPEMENTALEET INFLUENCE SUR LA CRÉATIVITÉ
« Everyone has the potential to be creative, but
not everyone fulfils that potential»
(Runco, 2010, p. 40).
Les données de la littérature stipulent un
développement non linéaire de la créativité au
cours de la vie, avec notamment des périodes de stagnation mais aussi
d'affaiblissement temporaire des performances créatives (Lau &
Cheung, 2010 cité par Barbot 2008).Nous proposons d'exposer dans cette
partie les différentes perspectives en ce qui concerne le potentiel
créatif selon un axe développemental.
1)
L'enfance
Les enfants peuvent être originaux ou expressifs dans
leurs arts, leurs danses, leurs chansons, leur imagination dans le jeu ou
encore leurs questions sur le monde qui les entourent. Selon Runco (2010). Il
est même envisageable qu'un enfant soit plus créatif que certains
adultes, par le simple fait de son impulsivité ou son manque
d'inhibition.
La créativité n'est donc pas à comprendre
en termes d'évolution linéaire, d'âge en âge,
même si certaines capacités cognitives nécessaires à
la créativité évoluent. Un enfant de trois ans n'aura pas
les mêmes productions créatives qu'un adulte(Lubart, 2003), mais
cela ne veut pas dire que ce jeune enfant ne peut pas exploiter son potentiel
créatif. Cependant, les données de la littérature
introduisent l'idée qu'avant l'âge de 18 mois, ou plus
précisément, avant l'accès à la symbolisation, il
est difficile de parler de créativité (Torrance, 1968, Runco,
2010). La symbolisation, évolution cognitive, permet à l'enfant
d'évoquer des objets ou des situations non perçues, au moyen de
signes ou de symboles. Il nous paraît judicieux de resituer cette notion
tant elle revêt une importance dans l'acte créatif. En effet, pour
comprendre la notion de créativité de l'enfant, il est essentiel
d'introduire les capacités qui émergent chez lui lorsqu'il
accède à la symbolisation. Cette nouvelle faculté pointe
en sommel'apparition de conduites spécifiques telles que l'imitation
différée, le jeu, le dessin symbolique, la pratique du langage ou
encore l'imagination. Le jeu symbolique notamment, qui apparaît vers 18
mois, va s'enrichir à travers le développement de l'enfant
grâce aux capacités cognitives qu'il fait émerger. L'enfant
va être en mesure de penser le réel autrement qu'il ne le voit
instantanément. Paul Harris (2007) stipule d'ailleurs que se
représenter le réel permet à l'enfant d'ouvrir sa
pensée. A travers le jeu symbolique, l'enfant décompose le
réel et le transpose sur le plan de la fiction. Il donne de cette
façon de l'épaisseur au réel en imaginant d'autres
choses.Selon lui, le jeu symbolique est fictif. L'enfant imagine des
situations, des histoires et se les représente. Et cette activité
fictive durera toute la vie. En somme, Paul Harris précise que le jeu
symbolique en tant que jeu libre va favoriser la créativité et
l'imagination de l'enfant, favorisant à son tour la capacité
à créer, à prévoir, à anticiper, à
rêver (...)Nous l'avons compris, l'accès à la symbolisation
est alorsimportant pour le développement de la créativité.
D'autres habilités cognitives sont cependant nécessaires à
la créativité et se développe au cours de l'enfance.
Lubart et Georgsdottir (2004) ont ainsi relevé trois autres
capacités cognitives : (a) l'encodage sélectif, pour relever
les éléments pertinents de l'environnement, (b) la pensée
analogique et métaphorique pour faire des comparaisons sélective
et (c) la mémoire de travail.
Cependant, une première chute temporaire de la
créativité est à relever chez les enfants de 5 à
6ans. C'est Torrance, dès 1968 qui a montré cet affaiblissement
en dégageant le caractère social de cette permutation. Cette
période correspondrait en réalité à l'entrée
au CP, classe où les enfants apprennent à lire, à
écrire et calculer. C'est aussi à ce moment qu'ils
intègrent des règles de conduite et qu'ils se conforment à
de nouvelles règles (Runco, 2010). Cette première chute de la
créativité est donc à comprendre en termes de
conséquence sociale.
Comme nous l'avons spécifié en début de
paragraphe, le développement de la créativité n'estpas
linéaire, et peut connaître des périodes de
relâchement. Nous l'avons évoqué pour les enfants de 5
à 6ans. Mais les notions de pensée divergente et de pensée
logique peuvent à leur tour expliquer une récession temporaire du
développement créatif chez l'enfant. Plusieurs études
longitudinales ont effectivement montré une chute temporaire de la
pensée divergente1(*), et plus spécifiquement de la
flexibilité mentale chez les enfants de 9 à 10 ans (Lubart &
Lautrey, 1995 ; Georgsdottir, Ameil & Lubart, 2002 cité par
Georgsdottir & Lubart, 2003). Ces résultats s'expliqueraient
notamment par le développement de la pensée logique, au
même âge. Ces études indiquent que le développement
des habilités cognitives impliquées dans la pensée
divergente (flexibilité) est associé, à un moment
donné, au développement d'autres capacités cognitives
(Lubart & Georgsdottir, 2004).
D'un autre point de vue, Runco (2010) met en évidence
qu'il est nécessaire à l'enfant d'être influencé par
ses expériences sociales pour qu'il puisse mettre en oeuvre son
potentiel créatif tout au long de sa vie. Le rôle de
l'étayage prend alors sens ici. Les parents, en favorisant le
développement de la créativité dès le plus jeune
âge, permettraient à l'enfant d'acquérir de nouvelles
expériences et de s'ouvrir davantage. L'entourage familial permet de
développer chez un enfant de six ans, par exemple, les conditions
susceptibles de l'intéresser à différentes formes
d'activité créative (Karbowniczek, 2010). Ainsi, le foyer
familial apporte à l'enfant d'âge préscolaire les
matériaux nécessaires au développement de son imagination.
Les familles qui fournissent une stimulation à travers la mise à
disposition de nombreux livres, de magazines ou d'activités culturelles
auront tendance à favoriser la pensée créative de leur
enfant (Simonton, 1984 cité par Lubart & Georgsdottir, 2004). Dit
autrement, l'environnement familial peut fournir un soutien cognitif et
affectif à la créativité tout comme un cadre physique dans
lequel l'enfant grandira (Lubart & Georgsdottir, 2004).
Enfin, l'école aurait également un rôle
important à jouer auprès des enfants.Les enseignants peuvent, de
ce fait, encourager ou décourager la créativité de leurs
élèves à travers leur mode de transmission des
connaissances et des attitudes qu'ils ont envers leurs élèves
(Lubart, 2003). En ce sens, l'école devrait intervenir pour stimuler
l'imagination des enfants, pour les aider à exprimer et à mettre
en oeuvre leur pensée créatrice.
2)
L'adolescence
Nous l'avons vu, la créativité engage l'individu
dans sa globalité par les différents facteursen interactions.
Elle résulteen ce sens de l'alliance de nombreuses composantes
individuelles et de facteursenvironnementaux. Ceux-ci sont d'ailleurs au cours
de l'adolescence, en plein remaniement (Barbot & Lubart, 2012).Bien que les
précurseurs du développement de la créativité
soient présents dès l'enfance, c'est cependant au cours de
l'adolescence que vontapparaître à la fois la motivation et la
capacité à créer durant toute la vie(Rothenberg, 1990) et
c'est aussi au cours de cette période que la
créativitépourrait devenir une capacité plus
spécifique selon les domaines de production.
Dans la littérature cependant, plusieurs auteurs
pointent un déclin de la créativité dans le passage du
collège au lycée, vers 14 ans (Barbot, 2008 ; Lubart,
2003 ;Runco, 2010 ; Torrance, 1968). Les explications de cette chute
laissent apparaître plusieurs causes. Premièrement, les
changements pubertaires impliqués dans la formation de l'identité
peuvent engager l'adolescent dans de nouveaux centres d'intérêts.
De plus, l'environnement social peutgénérer une
permutationà travers le nouveau contexte scolaire. Les adolescents
pourront alors se détourner de toute forme de créativité
au profit d'un engagement dans les groupes de pairs, d'un conformisme ou d'une
exigence normative (Lubart, 2003). Enfin, les changements biologiques de
l'adolescent sont à prendre en compte. En effet, signe d'une
restructuration neurologique, de nombreuses études IRMf mettent
enévidence une diminution de la matière grise au cours de
l'adolescence (Raznahan et al., 2010 cité par Barbot et Lubart,
2012) et en particulier une baisse de l'activation du cortex préfrontal.
Or le cortex préfrontal est lié à plusieurs composantes du
facteur cognitif de la créativité (flexibilité, attention,
mémoire de travail).
En résumé, ces données nous permettent de
comprendre que les restructurations neuro-anatomiques connues à la
période de l'adolescence peuvent bouleverser le potentiel et les
capacités créatives des jeunes de 14 à 15 ans (Lubart,
2003).
3)
L'adulte
Le développement de la pensée créative
continue à l'âge adulte. Runco (2010) aproposé de le
caractériserpar le stade « post-formel », comprenant
tous les individus ayant dépassé le stade formel2(*). L'évolution et les
fluctuations de la créativité seraient en ce sens
influencées par le système cognitif de l'adulte. Après
l'acquissions de la pensée formelle, les adultes seraient capables de
comprendre la relativité, auraient une pensée dialectique, et
seraient capables d'invention (Runco, 2010). Ces trois domaines, et notamment
le dernier seraient ainsi liés aux réalisations et aux
productions créatives.
D'un autre point de vu, la connaissance,
spécificité du facteur cognitif de la créativité
peut également être mis en lien avec le potentiel créatif
de l'adulte. En effet, la connaissance évolue avec l'âge et peut
faciliter la créativité si elle est utilisée de
manière flexible (Lubart & Georgsdottir, 2004). Ces données
suggèrent qu'un processus stochastique est une partie de la production
créative de l'adulte (Lubart, 2003). Dit autrement, la
créativité de l'adulte et les productions qui en découlent
seraient aléatoire. Certains adultes seront alorsplus créatifs
à un moment donné alors que d'autre le seront à un autre
moment. C'est lors de ces périodes d'activité que les
contributions les plus créatives seront observées (Sternberg
&Lubart 1995). La nature des idées créatives et leur
spécificité évolue également avec l'âge. Ces
changements seraient d'ailleurs situés à l'intérieur d'un
modèle d'interaction entre les capacités et les connaissances, y
compris les changements développementaux. Ces derniers seraient (a) la
vitesse de traitement de l'information, (b) la taille et (c) la pertinence de
la connaissance (Lubart & Sternberg, 1995). En conclusion, la
créativité de l'adulte continuerait de s'élaborer à
travers les interactions des habilités et du savoir qui
évolueraient de manière variable.
III- BÉNÉFICES DE LA CRÉATIVITÉ
DANS LE DÉVELOPPEMENT
1)
Créativité et transformation identitaire
L'adolescence, période de remaniement psychique et
physique est par nature un moment clé dans le développement de
l'individu. Cette période, par ces transformations, bouleverse
l'individu dans sa quête identitaire. Ces données, connues et
reconnues par tous, nous amènent à nous questionner sur la place
de la créativité dans la transformation identitaire.Certains
chercheurs ont par ailleurs placé l'adolescence comme un acte
créatif en lui-même. Le processus de transformation de soi, les
remaniements psychiques, la quête identitaire seraient pour eux partie
intégrante à un processus créatif (Getz &Lubart, 1998,
Gutton, 2008).
Mais le lien entre identité et créativité
est encore peu abordé dans la littérature, notamment en ce qui
concerne la période de l'adolescence, alors qu'elle est largement
étudiée chez l'enfant et l'adulte depuis les années
1950(Hennessey & Amabile, 2010 cité par Barbot, 2008).Pourtant,
l'adolescence est le moment propice pour l'expressioncréative. C'est
à cet instant précis que l'individu tente de se construire une
identité propre et personnelle, pourvue de changement, en vue d'une
organisation psychique adaptée. Les activités créatives
pratiquées par les adolescents telles que la musique, l'écriture,
le théâtre ou encore la danse pourraient en ce sens leur permettre
de pointer leur singularité et leur unicité, signe
d'uneexpressionde l'identité en développement (Barbot &
Lubart, 2012). Ainsi, l'engagement dans des activités créatives
aiderait à construire une identité cohérente durant et
après l'adolescence (Rothenberg, 1990). Réciproquement,
Dollingeret al.(2005) ont montré que plus l'identité
d'un adolescent était accomplie, plus il avait tendance à
être créatif et ouvert. Plus spécifiquement, ces auteurs
ont montré des liens entre la quantité d'idées
générées en réponse à un problème
unique (critère de la pensée divergente) et la quantité
d'exploration impliquée dans la construction identitaire (Dollinger
et al., 2005). Le terme « exploration » fait
initialement partie du modèle de la structuration identitaire de Marcia
(1993) (cité par Barbot, 2008). Il correspondrait au type d'individu qui
cherche à prendre des décisions concernant des choix de vie
importants en fonction d'eux et de leur environnement. Les adolescents ayant
atteint ce statut seraient capables d'articuler les raisons de leur choix,
seraient solides et sûrs d'eux-mêmes (Barbot, 2008). Un point
important nous semble alors à retenir : Le lien entre
identité construite et la créativité chez l'adolescent.
2)
Créativité et expression de soi
En considérant enfin que la créativité
répond aux émotions négatives (Barbot & Lubart, 2012),
il importe de pointer le rôle de la créativité dans
l'expression de soi.
Plusieurs recherches ont montré un lien entre la
créativité et l'humeur positive. Autrement dit, la
créativité aurait une place surl'humeur de l'individu. En 2008,
Baas et al. à travers une méta-analyse de 102
études ont montré que l'humeur positive était
significativement corrélée à une forte
créativité. En ce sens, la créativité serait
renforcée par une humeur positive, active et motivée,telle que le
bonheur. A l'inverse, la recherche de l'humeur positive visant à un
évitement, tel que ne plus penser pour se détendre, ne serait pas
renforcée par la créativité. Ainsi, les personnes
créatives seraient plus heureuses à travers leur recherche du
bonheur. Elles chercheraient activement un état de bien-être, en
s'engageant dans des actes volontaires plutôt que dans des comportements
de fuite ou d'évitement. Les auteurs stipulent que même si
l'humeur négative telle que la tristesse n'est pas liée à
la créativité, celle engageant une motivation d'évitement
ou de prévention (la peur, l'anxiété) correspondrait aux
individus de créativité
« inférieure », et ce, particulièrement dans
l'évaluation de la flexibilité mentale. L'humeur positive,
à travers l'intensité affective qu'elle procure, serait donc
liée aux performances créatives en comparaison à l'humeur
négative ou neutre. Cependant, il est nécessaire de prendre en
compte le contexte, le type de tâche créative et l'état
émotionnel au moment des évaluations (Davis, 2009). Dans
l'ensemble, les résultats des différentes méta-analyses
(Bass et al., 2008 ; Davis, 2009) sont compatibles avec le point
de vue général stipulant que les émotions positives
amènent les individus à penser et agir de façon à
promouvoir leur efficacité dans une variété de domaines.
En résumé, il semble que de nombreuses
études pointent le rôle structurant de la créativité
dans le développement de soi au cours de l'adolescence. Cette
idée, forte, dépendrait en somme des facettes isolées de
la créativité et de l'identité.
PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES
Les productions créatives sont multifactorielles dans
leur émergence. De plus, si nous considérons les
bénéfices découlant de la créativité, il est
intéressant d'en étudier son jaillissement. Comme nous l'avons
vu, l'adolescent peut profiter de plusieurs avantages par sa
créativité. Nous avons plus particulièrement
abordél'expression de soi et la transformation de soi. Certains auteurs
accordent même à la période de l'adolescence un acte
créatif en lui-même (Getz & Lubart, 1998, Gutton, 2008). C'est
à cette période que les remaniements psychiques et physiques vont
en effet permettre à l'adolescent de se
« créer » sa propre identité. C'est en
partant de ces perspectives que nous avons vouluétudierla relation entre
lapratique soutenue de plusieurs activités créativeset
lepotentiel créatif de l'adolescent.Le but sous-jacent de cette
recherche est donc de découvrir si les adolescents pratiquant plusieurs
activités créatives, de manière soutenue, sont plus
enclins à l'émergence de certains processus créatifs.
Dès lors, la mise en pratique de ses activités créatives
pourrait être à considérer dans le quotidien de
l'adolescent.
Inspirés des facteurs de la créativité
(Guilford, 1950 ; Torrance, 1968 ; Lubart, 2003) nous posons deux
hypothèses en fonction de deux facteurs de la
créativité : (1) facteur cognitif et (2) facteur conatif.
HYPOTHÈSE 1 :
Hypothèse
générale :la pratique créative a une
influence positive sur la pensée divergente.
Hypothèseopérationnelle :plus
les adolescents pratiquent des activités créatives soutenues,
plus leur pensée divergente est élevée.
Hypothèse 1.1.Plus les
adolescents pratiquent des activités créatives soutenues, plus
ils ont une fluidité cognitiveélevée.
Hypothèse 1.2.Plus les
adolescents pratiquent des activités créatives soutenues, plus
ils ont une flexibilité cognitiveélevée.
HYPOTHÈSE 2 :
Hypothèse générale: la
pratique créative a une influence positive sur le trait de
personnalité «ouverture».
Hypothèse opérationnelle :
plus les adolescents pratiquent des activités créatives
soutenues, plus ils se caractérisent par le trait de personnalité
« ouverture».
PARTIE 2 : METHODE
1)
Population
La population d'intérêt de notre recherche est
celle des adolescents. Nous sommes donc intervenus au sein de deux classes de
lycéens de seconde et première du nord de la France.
L'échantillon de notre recherche est composé de cinquante-six
adolescents, lycéens, de sexe féminin et masculin,
âgés de 14 ans à 18 ans (M = 15.7, Max =18, Min = 14, ET =
3.13).
2)
Matériel
Pour réaliser cette étude, nous avons
créé un protocole de recherche comprenant trois demandes
spécifiques. Il a été conçu en fonction de notre
variable indépendante d'intérêt et de nos deux variables
dépendante(Annexe B : Protocole de recherche).Ce protocole
comprenait successivement, un questionnaire sur les activités
créatives pratiquées, une échelle de personnalité
(le Big Five Inventory version française, Plaisant, 2008) et une
tâche de pensée divergente ( 2.3. ci-dessus).
2.1. Questionnaire :
Activité(s) créative(s).
Nous avons élaboré une grille de réponse
concernant (1) le type d'activité créative, (2)
le nombre d'annéesà les pratiquer et
(3)le temps consacré par semaine. Nous avons
proposé une liste de plusieurs activités jugées
créatives et connues des adolescents. Pour laisser place à
d'éventuelles autres activités méconnues par
nous-même, nous avons ajouté une option
« autre » afin de ne pas limiter le choix des adolescents
à notre unique connaissance.
2.2. Echelle de
personnalité : Big Five Inventory version Française (BIG-Fr)
Le Big Five Inventory est une échelle de
personnalité initialement mise en oeuvre par John, Donahue et Kentle en
1991. Cette échelle a été traduite de l'américain
et validée en français par Plaisant en 2008. Le BIG-Fr (Plaisant,
2008) est en sommeune échelle d'auto-évaluation, mesurant
précisément 5 grands types de personnalité :
E (Extraversion, Énergie, Enthousiasme) ;
A (Agréabilité, Altruisme, Affection) ;
C (Conscience, Contrôle, Contrainte) ;
N (Émotions Négatives, Névrosisme,
Nervosité) ; O (Ouverture, Originalité,
Ouverture d'esprit).
Nous avons choisi cette échelle car elle propose de
mesurer le trait de personnalité « ouverture »,
correspondant à l'un des facteurs de la créativité.
Les 44 items des cinq facteurs se répartissent ainsi :
· E (Extraversion, Energie, Enthousiasme) : 8
items;n° 1, 6R, 11, 16, 21R, 26, 31R,
36 ;
· A (Agréabilité, Altruisme, Affection)
: 10 items, n° 2R, 7, 12R, 17, 22, 27R, 32, 37R, 42,
45R;
· C (Conscience, Contrôle, Contrainte) : 9
items, n° 3, 8R, 13, 18R, 23R, 28, 33, 38, 43R ;
· N (émotions Négatives,
Névrosisme, Nervosité) : 8 items, n° 4, 9R, 14, 19,
24R, 29, 34R, 39;
· O (Ouverture, Originalité, Ouverture
d'esprit) : 9 items, n° 5, 10, 15, 20, 25, 30, 40, 41R,
44.
Il est demandé au sujet de se positionner sur une
échelle de Likert en cinq points du type : « désapprouve
fortement » à « approuve fortement ». L'instrument
présente dans l'ensemble de bonnes propriétés
psychométriques (Plaisant, 2008). Notamment, sa structure factorielle a
été reproduite dans plusieurs pays du monde. De plus, les indices
de cohérence interne excédaient tous 0,70. Les qualités
psychométriques sont similaires pour la version Française
(Plaisant, 2008). Enfin, l'analyse factorielle du Big Five Français
confirme la normalité de la distribution respectivement pour E, A, C, N
et O : d = 0,05 ; d = 0,08 ; d = 0,06 ; d = 0,04 ; d = 0,06, p< 0,01 ;
Lilliefors, p< 0,01(voir Plaisant, 2008).
2.3. Tâche de pensée divergente
La pensée divergente correspond selon Guilford (1950)
à un processus de pensée permettant de rechercher des
alternatives ou des possibilités différentes pour résoudre
un problème. Selon le même auteur, les trois indices de la
pensée divergente sont, la fluidité cognitive (nombre de
réponses données), la flexibilité cognitive (nombre de
réponses différentes trouvées), et l'originalité
des réponses (rareté des réponses).
Afin de mesurer la pensée divergente des adolescents de
notre échantillon, nous nous sommes inspirés d'une des
tâches proposées par Torrance (1968). La tâche de
pensée divergente proposée par Torrance (1968), repose en effet
sur une question nécessitant au sujet de nommer toutes les utilisations
possibles qu'il fera d'un objet usuel. Nous avons doncdemandé à
nos sujets d'élaborer plusieurs idées sur la base d'un seul
élément. Pour ce faire, nous leur avons proposé la
question suivante : « Quelles sont toutes les utilisations
possibles d'une ou plusieurs boîte(s) en
carton ? ». Nous avons accordé 10
minutes maximum de temps de réponse aux adolescents.
Cette tâche nous a ainsi permis de mesurer deux aspects
de la pensée divergente : la fluidité, qui correspond au
nombre d'idées trouvées et la flexibilité, qui correspond
au nombre d'idées différentes.
3) Procédure
3.1. Recueil des données
Avec l'autorisation d'une enseignante de français, nous
somme intervenu au sein de deux classes de lycéens. Une première
rencontre a d'abord eu lieu dans les deux classes afin d'exposer aux jeunes
notre demande. Nous leur avons ainsi expliqué en quoi leurs
participations seraient nécessaires pour mener à bien notre
recherche. Dès lors, nous leurs avons transmis l'autorisation parentale
(Annexe A) en précisant qu'une signature de l'un de leurs parents
était obligatoire pour qu'ils puissent répondre à notre
protocole de recherche. Après plus d'une semaine, l'enseignante de
français nous a fait part, par téléphone, que l'ensemble
des lycéens des deux classes avaient rendu l'autorisation parentale
signée. Nous avons donc convenu d'une prochaine date de rencontre pour
la passation du protocole. Suivant leur emploi du temps, nous avons alors
rencontré les adolescents de seconde en matinée et ceux de
première dans l'après-midi. Les passations se sont donc faites en
une seule journée. Lors de nos interventions, nous avonsinvité
les adolescents à répondre à l'écrit au protocole
de recherche. Après leur avoir expliqué que les réponses
devaient être individuelles, les adolescents ont répondu au
protocole en classe entière. Les passations ont duré trente
minutes.Lors de la passation, certains lycéens semblaient plus
concentrés que d'autres, mais le silence est resté requis. Nous
n'avons pas dû intervenir pendant le temps de passation. A la fin, nous
avons expliqué aux jeunes que nous pouvions répondre à
leur question s'ils en avaient besoins. Cependant, aucune demande n'a
été faite de la part des adolescents des deux classes. Nous avons
donc rappelé aux jeunes que nous resterons joignables sur notre adresse
e-mail, inscrite sur l'autorisation parentale.
3.2. Les variables
La variable indépendante est la pratique
d'activité créative. Il s'agit d'une variable indépendante
provoquée.
Les variables dépendantes sont
respectivement :
VD1 : la pensée divergente.
VD2 : le trait de personnalité
« ouverture ».
3.3. Traitement des données
Avant toute analyse, nous avons retranscris l'ensemble des
réponses formulées par les adolescents dans un tableau Excel.
Plusieurs feuilles de travail ont été créées afin
de comparer les différents groupes, en tableaux et/ou graphiques. Les
données ainsi obtenues ont ététraité pour
aboutirà des résultats analysésen fonction des
hypothèses posées en début de recherche.
3.2.1Formation des groupes
Conformément à notre variable
indépendante, notre échantillon de départ a
été divisé en 4 sous- échantillons selon leur(s)
pratique(s) d'activité(s) créative(s)
connue(s)grâceà l'analyse du questionnaire n°1 de notre
protocole de recherche (Annexe B). Suivant notre variable
d'intérêt, les groupes formés sont les suivants.
1.1. Groupe 0
L'effectif de ce groupe est de 15 adolescents. Ces jeunes se
caractérisent par un nombre limité d'activité
créative. Soit ils n'en pratiquent aucune, soit ils en
pratiquent une seule depuis seulement 1 an. Afin de respecter
notre variable « activité créative », nous ne
considérons pas le sport comme une activité créative.
Tableau 1 : Caractéristiques du groupe
0
n
|
Sujet
|
Activité
|
Durée
|
Age
|
1
|
5
|
Autres : Gym (sport)
|
4 ans
|
16
|
2
|
25
|
Autres (sport)
|
1 an
|
16
|
3
|
37
|
Autres (sport)
|
9 ans
|
16
|
4
|
51
|
Aucune
|
0
|
15
|
5
|
1
|
Autres: Badminton (sport)
|
4 ans
|
16
|
6
|
55
|
Danse
|
1 an
|
15
|
7
|
52
|
Peinture
|
1 an
|
16
|
8
|
48
|
Danse
|
1 an
|
15
|
9
|
44
|
Danse
|
1 an
|
17
|
10
|
43
|
Ecriture
|
1 an
|
15
|
11
|
36
|
Peinture
|
1 mois
|
15
|
12
|
31
|
Danse
|
1 an
|
17
|
13
|
18
|
Ecriture
|
1 an
|
16
|
14
|
7
|
Théâtre
|
1 an
|
17
|
15
|
3
|
Danse
|
1 an
|
16
|
1.2. Groupe 1
L'effectif de ce groupe est de 14 adolescents. Ces derniers se
caractérisent par la pratique d'uneseule
activité créative, mais depuis plus de 2 ans.
Tableau 2 : Caractéristiques du groupe
1
n
|
Sujet
|
Activité
|
Durée
|
Age
|
1
|
6
|
Musique
|
3 ans
|
15
|
2
|
8
|
Danse
|
5 ans
|
18
|
3
|
9
|
Musique
|
8 ans
|
16
|
4
|
10
|
Danse
|
11ans
|
15
|
5
|
15
|
Ecriture
|
5 ans
|
15
|
6
|
17
|
Musique
|
7 ans
|
16
|
7
|
26
|
Musique
|
11ans
|
16
|
8
|
28
|
Arts plastiques
|
3 ans
|
15
|
9
|
29
|
théâtre
|
8 ans
|
14
|
10
|
35
|
Danse
|
4 ans
|
16
|
11
|
40
|
Danse
|
3 ans
|
17
|
12
|
42
|
Musique
|
3 ans
|
16
|
13
|
46
|
Danse
|
5 ans
|
16
|
14
|
47
|
Musique
|
9 ans
|
17
|
1.3. Groupe 2
L'effectif de ce groupe est de 14 adolescents. Ils pratiquent
quant à eux deux activités créatives,
dont au moins une depuis 2 ans.
Tableau 3 : caractéristiques du groupe
2
n
|
sujet
|
Activités
|
Temps
|
Age
|
1
|
54
|
Danse - Arts plastiques
|
Danse : 1 an ; Arts : 2 ans
|
15
|
2
|
53
|
Musique - Autres
|
Musique: 2 ans ; Dessin: 1 an
|
16
|
3
|
50
|
Danse - théâtre - Autres (sport)
|
Danse : 1 an ; Théâtre : 3 ans
|
16
|
4
|
20
|
Peinture - Arts plastiques
|
2 ans pour les deux
|
17
|
5
|
2
|
Danse - Musique
|
Danse : 1 an ; Musique : 2 ans
|
15
|
6
|
21
|
Musique - Création d'objets (bijoux, accessoires...)
|
Piano: 5 ans; Création d'objets: 2 ans.
|
15
|
7
|
56
|
Danse - Musique
|
Danse : 11 ans ; Musique: 10 ans
|
16
|
8
|
19
|
Danse - Création d'objets (bijoux, accessoires...)
|
Danse: 5 ans; Création d'objets: 3 ans
|
15
|
9
|
33
|
Danse - Musique
|
Danse:3 ans ; Musique : 2 ans
|
17
|
10
|
30
|
Danse - Musique
|
5ans les deux
|
17
|
11
|
41
|
Peinture - Création d'objets (bijoux, accessoires...)
|
"Depuis toujours"
|
16
|
12
|
16
|
Peinture - Arts plastiques
|
Peinture et dessin: 5 ans
|
15
|
13
|
22
|
Danse - Musique
|
Danse: 6 ans ; Violon: 8 ans
|
16
|
14
|
13
|
Ecriture - Arts plastiques - Autres (sport)
|
Ecriture: 2 ans ; Arts plastiques: 3 ans
|
16
|
1.4. Groupe 3
Ce dernier groupe comporte 13 adolescents pratiquant
troisactivités créatives dont au moins
deux depuis 2 ans.
Tableau 4 : caractéristiques du groupe
3
n
|
Sujet
|
Activité
|
Temps
|
Age
|
1
|
4
|
Danse - théâtre - Musique - Autres
|
Danse: 5 ans; Théâtre: 2 ans; Musique: 3ans ;
Cirque: 1 an.
|
15
|
2
|
12
|
Théâtre - Musique - Ecriture - Création
d'objets (bijoux, accessoires...)
|
Théâtre: 4 ans ; Piano: 4 ans ; Ecriture: depuis
toujours ; stages d'ateliers créatifs: 3 ans.
|
15
|
3
|
23
|
Théâtre - Musique - Ecriture
|
Théâtre: 3ans ; Guitare : 5-6 ans ; Ecriture: 1
an.
|
16
|
4
|
27
|
Danse - Peinture - Création d'objets (bijoux,
accessoires...) - Stylisme
|
Danse: 13ans ; autres: 2-3 ans.
|
17
|
5
|
32
|
Peinture - théâtre - Musique - Ecriture - Arts
plastiques - Création d'objets (bijoux, accessoires...) - Autres
|
de 2 à 10 ans.
|
17
|
6
|
11
|
Danse - Musique - Création d'objets (bijoux,
accessoires...)
|
Danse: 2 ans. Musique: 2 ans. Point de croix: 3 mois.
|
17
|
7
|
24
|
Danse - Musique - Création d'objets (bijoux,
accessoires...)
|
Danse: 2 ans ; Musique:7 ans ; Création: 1 ou 2 ans.
|
17
|
8
|
14
|
Danse - Peinture - Arts plastiques
|
Danse : 12 ans. Peinture et arts plastiques: 2 ans.
|
16
|
9
|
34
|
Danse (3 types différents)
|
Danse classique: 10 ans ; Danse moderne : 5 ans ; Dance hall
(danse afro jamaïcaine): 2 ans.
|
17
|
10
|
38
|
Danse - Musique - Ecriture
|
Danse depuis 13 ans; Musique depuis 5 ans, Ecriture: depuis
petite.
|
16
|
11
|
39
|
Théâtre - Musique - Ecriture (par plaisir) - Arts
plastiques
|
Piano: 9 ans ; théâtre: 2 ans ; Art
plastiques : 4 ans.
|
17
|
12
|
45
|
Danse - théâtre - Musique - Ecriture - Autres
|
Danse: 9 ans ; Piano: 9 ans ; Théâtre: 2 ans ;
Ecriture: selon envie.
|
17
|
13
|
49
|
Danse - Peinture - Arts plastiques
|
Danse: 9 ans; Peinture et Art: 5 ans.
|
15
|
3.2.2.Facteur cognitif : la
pensée divergente.
L'ensemble des réponses des participants est
présenté en Annexe C.
Pour comparer la variable pensée
divergentenous avons donc mesuré 2 indices la caractérisant.
Nos mesures prennent en effet en compte, d'une part, la fluidité
cognitive, et d'autre part, la flexibilité cognitive. Pour cela nous
avons (a) comptabilisé le nombre d'idée(s)des
participants à la question « Quelles sont toutes les
utilisations possibles d'une ou plusieurs boîte(s) en
carton? ». Ces données correspondent à la variable
« fluidité cognitive 3(*)». Puis (b) nous avons formé un ensemble de
8 catégories suivant les différentesréponses des sujets
(Cf. Annexe D). Cette étape nous a permis de comptabiliser les
idées différentes des participants. Dès
lors, (c) nous avonspu recueillir les valeurs associées à la
variable « flexibilité cognitive 4(*)».
Afin de comparer les groupes entre eux, nous avons (1) fait
une analyse descriptive en comparant la moyenne et l'écart-type des 4
groupes. Puis, (2) nous avons poursuivi notre analyse descriptiveen comparantla
médiane et l'écart interquartile (Q1-Q3) de chacun des groupes.
Cette étape nous a donc permis de comparer les jeunes se situant entre
le premier et le troisième quartile afin de pallier aux scores5(*)« extrêmes ». Enfin, (3) les
scores de chacun des groupes ont été comparés de
manière inférentielle. Pour ce faire, nous avons
vérifié la normalité de chacune des distributions afin
d'établir des comparaisons multiples grâce au test de student. Ce
test permet en effet de comparer la moyenne de deux groupes afin d'affirmer ou
infirmer la significativité des différences observées.
Ces trois procédures ont été réalisées pour
la variable fluidité cognitive dans un premier temps, puis pour la
variable flexibilité cognitive dans un second temps.
3.2.3. Facteur conatif : le
BIG-Fr
Afin de respecter l'intérêt du trait de
personnalité « ouverture » comme facteur conatif de
la créativité, nous avons choisi de ne prendre en compte que les
9 items (5, 10, 15, 20, 25, 30, 40, 41R, 44) correspondants au
trait O (Ouverture, Originalité, Ouverture
d'esprit).
Chaque item a été codé selon
l'échelle de Likert proposé aux sujets tels que 1= 1, 2=2, 3=3,
4=4, 5=5. L'item 41 étant inversé, la cotation devient 1 =5, 2=
4, 3=3, 4= 2, 5=1.
Après avoir comptabilisé les scoresde l'ensemble
dessujets, nous avons calculé la moyenne et l'écart-type des 4
groupes pour le trait de personnalité « ouverture ».
Considérant les faibles différences entre le groupe 0 et 1 et
entre le groupe 2 et 3, nous les avons rassemblés entre eux. La suite de
l'analyse comprenait respectivement le groupe A et le groupe B.Dès lors,
nous avons proposé une analyse descriptive en comparantla moyenne,
l'écart-type, la médiane et l'écart interquartile des deux
groupes. Pour terminer et suivant la logique de l'échelle de
personnalité, nous avons analysé de manière descriptive
les différentes réponses des adolescents6(*)se situant entre le premier et le
troisième quartile. Cette analyse nous a permis de relativiser les
différences intra-groupes observées.
PARTIE 3 : RESULTATS
Les résultats sont analysés et
développés en fonction des deux hypothèses
évoquées lors de la problématique. Ils sont
présentés sous forme d'analyses descriptives. Puis, une analyse
inférentielle a été faite pour la première
hypothèse. Cependant, des critiques sont admises compte tenu du faible
effectif de nos 4 sous-échantillons.
1)
Facteur cognitif : la pensée divergente.
Notre première hypothèse stipuleque plus
les adolescents pratiquent des activités créatives soutenues plus
ils ont une pensée divergente élevée.Nos analyses
prennent en compte la fluidité et la flexibilité
cognitive.Rappelons que la variable indépendante fait
référence à la pratique d'activité créative
et la variable dépendante correspond à la pensée
divergente mesurée à partir de la fluidité
cognitive et de la flexibilité cognitive.
1.1. Fluidité cognitive
Dans un premier temps, nous cherchons à montrer que la
« fluidité cognitive » augmente en fonction du
nombre et de la durée des activités pratiquées par les
jeunes. Autrement dit, et pour reprendre notre hypothèse
opérationnelle : plus les adolescents pratiquent des
activités créatives soutenues, plus ils ont une fluidité
cognitive élevée.
a- Analyse descriptive
Après l'analyse des réponses des participants
nous proposons le diagramme 1 ci-dessousdécrivant la moyenne et
l'écart type des 4 groupes précédemment décrits
(Partie 2 : Méthode 3.2.1).
Graphique 1 :
Moyennes et écarts-types de la fluidité cognitive selon les
groupes.
D'un point de vu descriptif, les moyennesde la fluidité
cognitive des groupes semblent,comme notre hypothèse l'indique,
augmenter en fonction du nombre et de la durée des activités
créatives pratiquées. Les adolescents pratiquantune seule
activitédepuis plus de 2 ans (groupe 1) ont une meilleure
fluidité cognitive que les adolescents n'en pratiquant aucune ou
une seule depuis seulement 1 an(groupe 0). De même, les jeunes
pratiquant deux activités créatives dont une
depuis 2 ans (groupe 2) ont une meilleure fluidité cognitive que ceux en
pratiquant une depuis plus de 2 ans (groupe 1). Enfin, les
adolescents pratiquant trois activités créatives
dont deux depuis 2 ans (groupe 3) ont une fluidité
cognitive supérieure aux adolescents en pratiquant
deuxdont une depuis 2 ans (groupe 2).
En moyenne, nous pouvons doncobserver qu'au plus les
adolescents pratiquent des activités créativessoutenues au plus
ils trouvent d'idées à la question « Quelles sont toutes les
utilisations possibles d'une ou plusieurs boîte (s) en
carton ? ».
Plus particulièrement, nous pouvons observer que la
différence la plus forte se situe entre le groupe 0 et le groupe 3. Dit
autrement, les adolescents ne pratiquant aucune ou une
seule activité depuis seulement 1 an trouvent
considérablement moins d'idées à la question posée
que les adolescents pratiquanttrois activités
créatives dont deux depuis 2 ans(M gp1 = 1.87 < M
gp3 = 9).
Les données analysées ci-dessus nous permettent
de distinguerl'augmentationdu nombre d'idéesà la question
« Quelle sont toutes les utilisations possibles d'une ou plusieurs
boite(s) en carton ? » en fonction du nombre et de la
durée des activités créatives pratiquées par les
adolescents de notre échantillon. En moyenne, plus les adolescents
pratiquent d'activités créatives, plus ils trouvent
d'idées. Nous pouvons cependant observer à travers les
écarts-types, que des différences interpersonnelles reposant sur
le nombre d'idées trouvées étaient présentes chez
les adolescents du groupe 3. Ainsi, afin de limiter l'effet des réponses
« extrêmes », nous avons décidé
d'observerl'écart interquartile noté Q3-Q1. L'analyse suivante
permet donc de comparer les 50% des adolescents de chaque groupe se rapprochant
de la médiane.De la sorte, pour chaque groupe, les 25% des adolescents
trouvant le plus d'idées et les 25 % trouvant le moins d'idées ne
seront plus pris en compte.
Graphique 2:
Représentation graphique des groupes (Boîte de Tukey)
La moitié7(*)des
jeunes du groupe 0 trouvent un nombre d'idéescompris entre 1 et
2. La moitié7des adolescents du groupe 1 trouvent
quant à eux entre 2 et 4 idées. La
moitié7 des adolescents du groupe 2 trouvent entre 3
et 6 idées. Enfin, la moitié7des jeunes du
groupe 3 trouvent entre 7 et 12 idées. Suivant cette
description, nous observons à nouveau que le nombre d'idées
augmente en fonction de la pratique créative concernant les 50% des
sujets les plus au centre de chaque distribution.
Aussi, nous pouvons observer que plus les adolescents
pratiquent des activités créativessoutenues, plus leur
distribution tend à s'étendre. Dit autrement,
l'hétérogénéité des groupes augmente en
fonction du nombre d'activités créatives pratiquées. Bien
que les adolescents pratiquant le plus d'activités créatives
soutenuesobtiennent un score de fluidité cognitive le plus
hétérogène (Q1-Q3= 5), les données
montrentcependant que la moitié d'entre eux trouvent au minimum 7
idées, soit davantage que les autres groupes.
En conclusion, les résultats tirés de notre
échantillon, semblent, de manière descriptive, aller dans le sens
de notre hypothèse, spécifiant que plus les adolescents
pratiquent des activités créatives soutenues, plus ils ont une
fluidité cognitive élevée.
b- Analyse inférentielle
Avant toute interprétation, nous avons
vérifié la normalité des quatre distributions par
l'intermédiaire du test de Shapiro-Wilk. Tous les groupes sont de
distribution normale vis-à-vis de la variable d'intérêt
fluidité (Groupe 0 : W (0.88) > p (0.05)=0.57 ;
Groupe 1 : W (0.90) >p (0.05)= 0.13 ; Groupe 2 : W (0.89)>
p (0.05)= 0.10 : Groupe 3 : W (0.97) > p (0.05)=
0.90).Étant donné le faible nombre d'individu par groupe, la
normalité des distributions peut cependant être discutée.
Les résultats obtenus prennent égalementen compte
l'hétérogénéité des variances et supposent
l'indépendance des échantillons. Nous avons choisi de comparer
les groupes entres eux, de manière à observer une augmentation
significative de la fluidité cognitive du groupe 0 au groupe 3 tel que
gp 0 < gp 1 < gp 2 < gp3. Pour cela, le test de Student a
été appliqué entre chacun des groupes.
Tableau 1: Comparaison des
contrastes de la fluidité cognitive entre les groupes.
Seuil á : 0.05
|
Gp 0
vs
Gp 1
|
Gp 1
vs
Gp 2
|
Gp 2
vs
Gp 3
|
Gp 0
vs
Gp 2
|
Gp 0
vs
Gp 3
|
Gp 1
vs
Gp 3
|
Degré de liberté
|
27
|
21
|
22
|
18
|
15
|
16
|
T de student
|
-2,73
|
-2,04
|
-2,91
|
-4,04
|
-6,38
|
-4,82
|
P(T<=t) unilatéral
|
0,005
|
0,03
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
Valeur critique de t
(unilatéral)
|
1,7
|
1,72
|
1,72
|
1,73
|
1,75
|
1,75
|
Les données du tableau 1 nous permettent d'examiner les
différences intergroupes de manière significative. De plus, les
degrés de différences n'étant pas les mêmes, nous
pouvons noter une hiérarchie entre elles.
Les différences les plus faibles, bien que
significatives, apparaissent entre : (a) les groupes 0 et 1, (b) les
groupes 1 et 2 et (c) les groupes 2 et 3. Les différences les plus
significatives sontnéanmoins observées entre (a) les groupes 0 et
2, (b) les groupes 0et 3 et (c) les groupes 1 et 3. Ces données nous
permettent donc de remarquer qu'au plus les adolescents se distinguent par le
nombre et la durée des activités créatives
pratiquées, au plus leur fluidité cognitive tend à
différer.
Notamment, les adolescents du groupe 0, pratiquant
aucune ou une activité depuis seulement 1
an ont une fluidité cognitive très inférieure aux
adolescents du groupe 3, qui en pratiquent trois dont au moins deux
depuis 2 ans.
Après les analyses descriptives et
inférentielles, notre première hypothèse stipulant que
plus les adolescents pratiquent des activités créatives soutenues
plus ils ont une fluidité cognitive élevée semblent
vérifiée sur notre échantillon.
1.2. Flexibilité cognitive
Dans un second temps, nous cherchons à montrer que la
« flexibilité cognitive » augmente en fonction du
nombre et de la durée des activités pratiquées par les
jeunes. Autrement dit, et pour reprendre notre hypothèse
opérationnelle : plus les adolescents pratiquent des
activités créatives soutenues, plus ils ont une
flexibilité cognitive élevée.
a- Analyse descriptive
Les premières données sont présentées
dans le graphique 3 ci-dessous.
Graphique 3: Moyennes et
écarts-types de la flexibilité cognitive selon les
groupes
D'un point de vu descriptif, les moyennes de la
flexibilité cognitive des groupes semblentcomme notre hypothèse
l'indique, augmenter en fonction du nombre et de la durée des
activités créatives pratiquées. Les adolescents
pratiquantune seule activitédepuis plus de 2 ans
trouvent davantage d'idées différentes que les adolescents n'en
pratiquant aucune ou une seule depuis seulement 1 an.
De même, les jeunes pratiquant deux
activités créatives dont une depuis 2 ans (groupe 2) ont
une meilleure flexibilité cognitive que ceux en pratiquant une
seule depuis au moins 2 ans (groupe 1). Enfin, les adolescents
pratiquant trois activités créatives dont deux
depuis 2 ans (groupe 3) ont une flexibilité cognitive supérieure
aux adolescents en pratiquant deuxdont une depuis 2 ans
(groupe 2).
En moyenne, nous pouvons donc observer qu'au plus les
adolescents pratiquent des activités créatives soutenues au plus
ils trouvent d'idées différentes à la
question « Quelles sont toutes les utilisations possibles d'une ou
plusieurs boîte(s) en carton ? ».
Tout comme la fluidité cognitive, la différence
la plus forte se situe entre le groupe 0 et le groupe 3. Dit autrement, les
adolescents ne pratiquant aucune ou une seule activité depuis
seulement 1 an trouvent considérablement moins d'idées
différentes à la question que les adolescents qui pratiquent au
moins trois activités créatives dont deux depuis 2
ans.
A nouveau, intéressons-nous au 50% des adolescents de
chaque groupe situés entre Q1 et Q3 afin de préciser nos
comparaisons.
Graphique 4 :
Représentation graphique des groupes (boîte de Tukey).
La moitié des jeunes du groupe 0 trouvent un nombre
d'idées différentes compris entre 1 et 2. La
moitié des adolescents du groupe 1 trouvent quant à eux entre
2 et 3 idées différentes. La moitié des
adolescents du groupe 2 trouvent entre 3 et 4idées
différentes. Enfin, la moitié des jeunes du groupe 3 trouvent
entre 4 et 7 idées différentes.Cependantil y a
davantage de jeunes qui trouvent un nombre d'idées différentes
supérieur à 5 dans ce dernier groupe.En somme, la majorité
des adolescents de ce groupe ont une flexibilité cognitive plus
élevée comparativement aux trois autres groupes. En ne
considérant plus que les 50% des sujets les plus au centre de chaque
distribution, nous observons à nouveau que le nombre
d'idées différentes augmente en fonction des
pratiques créatives.Cependant, à l'inverse des résultats
de la fluidité cognitive, nous observons que la distribution des groupes
ne s'étend pas de manière croissante. Les adolescents du groupe 3
seulement connaissent unehétérogénéitédans
leurs réponses (Q1-Q3= 5). En conclusion, ces résultats semblent,
sur notre échantillon et de manière descriptive, aller dans le
sens de notre hypothèse spécifiant que plus les adolescents
pratiquent des activités créatives soutenues, plus ils ont une
flexibilité cognitive élevée.
b- Analyse inférentielle
Après vérification de la normalité des
différentes distributions de la variable d'intérêt
flexibilité cognitive (Groupe 0 : W (0.88) > p (0.02)=
0.04 ; Groupe 1 : W (0.88) >p (0.05)= 0.06 ; Groupe 2 :
W (0.90)> p (0.05)= 0.12 : Groupe 3 : W (0.96) > p (0.05)=
0.81), nous supposons leurs indépendances. Pour cette variable, les
données ci-dessous prennent en compte
l'homogénéité des variances.
A nouveau, nous proposons des comparaisons intergroupes afin
de juger de la significativité des différences observées
précédemment.
Tableau 2: Comparaison des
contrastes de la flexibilité cognitive entre les groupes.
Seuil á : 0.05
|
Gp 0
vs
Gp 1
|
Gp 1
vs
Gp 2
|
Gp 2
vs
Gp 3
|
Gp 0
Vs
Gp 2
|
Gp 0
vs
Gp 3
|
Gp 1
vs
Gp 3
|
Degré de liberté
|
27
|
26
|
25
|
27
|
26
|
25
|
T de student
|
-1,92
|
-2,62
|
-2,41
|
-4,20
|
-5,91
|
-4,64
|
P(T<=t) unilatéral
|
0,03
|
0,01
|
0,01
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
Valeur critique de t
(unilatéral)
|
1,70
|
1,71
|
1,71
|
1,70
|
1,71
|
1,71
|
Les données du tableau 2 nous permettent d'examiner les
différences intergroupes de manière significative. De plus, les
degrés de différences n'étant pas les mêmes, nous
pouvons à nouveau noter une hiérarchie entre elles.
Les différences les plus faibles, bien que
significatives, apparaissent entre : (a) les groupes 0 et 1, (b) les
groupes 1 et 2 et (c) les groupes 2 et 3. Les différences les plus
significatives sont néanmoins observées entre (a) les groupes 0
et2, (b) les groupes 0 et 3 et (c) les groupes 1 et 3. Ces données nous
permettent donc de remarquer qu'au plus les adolescents se distinguent par le
nombre et la durée des activités créatives
pratiquées, au plus leur flexibilité cognitive tend à
différer.
Notamment, les adolescents du groupe 0, pratiquant
aucune ou une seule activité depuis seulement 1
an ont une fluidité cognitive très inférieure aux
adolescents du groupe 3, qui en pratiquent trois dont au moins deux
depuis 2 ans.
Après les analyses descriptives et
inférentielles, notre première hypothèse stipulant que
plus les adolescents pratiquent des activités créatives soutenues
plus ils ont une flexibilité cognitive élevée semblent
vérifiée sur notre échantillon.
CONCLUSION : PENSÉE
DIVERGENTE.
|
Groupe 0
|
Groupe 1
|
Groupe 2
|
Groupe 3
|
|
Fluidité
|
Flexibilité
|
Fluidité
|
Flexibilité
|
Fluidité
|
Flexibilité
|
Fluidité
|
Flexibilité
|
Moyenne
|
1.87
|
1.67
|
3.43
|
2.50
|
5.21
|
3.79
|
9
|
5.46
|
Tableau 3: Tableau
récapitulatif des comparaisons de la pensée
divergente.
Nous avons montré que les différences
observées étaient toutes significatives entre nos 4 sous-
échantillons concernant (a) la fluidité cognitive et (b) la
flexibilité cognitive. Nous pouvons par conséquent confirmer
notre première hypothèse opérationnelle, sur notre
échantillon, spécifiant que plus les adolescents pratiquent des
activités créatives soutenues, plus ils ont une pensée
divergente élevée8(*).
2) Facteur conatif : le trait de
personnalité « ouverture »
Notre seconde hypothèse stipule que plus les
adolescents pratiquent des activités créatives soutenues, plus
ils se caractérisent par un trait de personnalité «
ouverture » élevé.
|
Groupe 0
|
Groupe 1
|
Groupe 2
|
Groupe 3
|
Effectif
|
15
|
14
|
14
|
13
|
Moyenne
|
24
|
26
|
32
|
34
|
Ecart-type
|
3,11
|
3,36
|
3,97
|
4,24
|
Tableau 4: Moyennes et écarts-types des groupes
pour le trait de personnalité "ouverture".
Au vu du tableau 4, la moyenne du trait de personnalité
« ouverture » semble augmenter légèrement en
fonction des groupes. En revanche, nous observons que la différence
entre le groupe 0 et le groupe 1 tout comme celle entre le groupe 2 et le
groupe 3 est faible (2 points).
De plus, il est tout de suite possible de constater
l'hétérogénéité de l'ensemble des groupes.
En effet, les écarts-types observés vont de ó= 3.21
à ó=4.24. Cette hétérogénéité
augmente d'ailleurs en fonction du nombre et de la durée des
activités créatives pratiquées par les adolescents. Le
groupe 3 étant le plus homogène.
Constatant les éléments décrits
ci-dessus, nous décidons, dans cette analyse, de regrouper les groupes 0
et 1 que nous comparerons aux groupes 2 et 3.
Tableau 5:
Caractéristiques descriptives du trait de personnalité
"ouverture" du groupe A et du groupe B.
|
Groupe A
Groupe 0 et Groupe 1
|
Groupe B
Groupe 2 et Groupe 3
|
Effectif
|
29
|
27
|
Moyenne
|
25
|
33
|
Ecart-type
|
3,27
|
4,22
|
Q1
|
24
|
30
|
Min
|
18
|
25
|
Médiane
|
26
|
32
|
Max
|
30
|
37
|
Q3
|
27
|
34
|
Le tableau ci-dessus nous permet de distinguer les deux
groupes en détails. Les adolescents du groupe A les plus au centre de la
distribution obtiennent des scores compris entre 24 et 27 (Q1-Q3= 3). Les
adolescents du groupe B les plus au centre de la distribution obtiennent quant
à eux des scores compris entre 30 et 34 (Q1-Q3=4). Nous pouvons donc
observer la différence entre les deux groupes concernant leur score pour
la mesure du trait de personnalité « ouverture ».
Les adolescents pratiquant le plus d'activités créatives, de
manière soutenue, obtiennent un score moyen au trait de
personnalité « ouverture » le plus
élevé.
Analysons maintenant plus en détails les
réponses des adolescents aux 9 items correspondants au trait
« ouverture ». La suite des analyses prend en compte les
adolescents obtenant des scores totauxles plus au centre de chacune des
deux distributions. Les réponses détaillées de
ces adolescents sont présentées en Annexe E.
Item 5 : Je suis créatif, j'ai plein
d'idées originales.
La majorité des adolescents du groupe A ne donnent pas
d'avis spécifiques en stipulant ni approuver ni désapprouver le
fait d'être créatif. Sinon, ils ont tendance à
désapprouver cette affirmation. Ceux du groupe B répondent en
partiesqu'ils approuvent un peuleur créativité
et le fait d'avoir plein d'idées originales. Les adolescents pratiquant
le plus d'activités créatives tendent donc davantage à
affirmer cette affirmation que ceux n'en pratiquant qu'une ou aucune.
Item 10 : Je m'intéresse à de
nombreux domaines.
A cet item, les deux groupes ont en moyenne
répondu qu'ils approuvaient un peuou fortementcette
affirmation. Aucune différence n'est à noter pour cet item selon
les caractéristiques des groupes.
Item 15 : Je suis ingénieux, une grosse
tête.
Les adolescents du groupe A répondent majoritairement
qu'ils désapprouvent fortementcet affirmationou ne
donne pas d'avis spécifiques (approuvent ni ne désapprouvent). De
même, ceux du groupe B, sont majoritaires à n'approuver ni
ne désapprouver le fait d'être ingénieux.
Même si les adolescents du groupe A ont tendance à ne pas se
considérer comme ingénieux, ceux du groupe B ne donnent pas
d'avis particulier sur l'affirmation.
Item 20 : J'ai une grande
imagination.
La majorité des adolescents du groupe A
n'approuvent ni ne désapprouventcette affirmation. En
revanche, ceux du groupe B ont davantage approuvé un peu ou
fortement cet item. Les adolescents pratiquant au moins deux
activités créatives reconnaissent avoir une grande imagination
contrairement aux jeunes ne pratiquant qu'une ou aucune activité.
Item 25 : Je suis inventif.
A nouveau, les adolescents du groupe A répondent
majoritairement désapprouver un peu le fait
d'être inventifs. Au contraire, ceux du groupe B approuvent un
peu cette affirmation. Les adolescents pratiquant au moins deux
activités créatives depuis au moins 2 ans se trouvent plus
inventifs que ceux n'en pratiquant aucune ou qu'une depuis seulement 1 an.
Item 30 : J'apprécie les activités
artistiques ou esthétiques.
Les adolescents du groupe A approuvent
majoritairement apprécier les activités artistiques ou
esthétiques. De même, la majorité des adolescents du
groupe B approuvent fortement le fait d'apprécier les
activités artistiques ou esthétiques. Les adolescents pratiquant
au moins deux activités créatives depuis au moins 2 ans sont
cependant plus nombreux à approuver cette affirmation.
Item 40 : J'aime réfléchir et jouer
avec les idées.
Les réponses des adolescents des deux groupes
paraissent similaires. Les adolescents du groupe A et du groupe B
approuvent pour la moitié d'entre eux cette
affirmation. Cependant, l'autre moitié des deux groupes
désapprouve, ou n'approuve ni ne
désapprouve l'item. Il n'y a donc pas de grandes
différences pour cet item, en fonction des groupes.
Item 41 R : Je suis peu intéressé
par tout ce qui est artistique.
La majorité des adolescents du groupe A
approuvent un peu cette affirmation. Autrement dit, ils
stipulent ne pas s'intéresser à ce qui est artistique. En
revanche, les réponses des adolescents du groupe B montrent davantage
qu'ilsdésapprouvent cet item. Les adolescents
pratiquant au moins deux activités créatives depuis au moins 2
ans se disent plus intéressés par ce qui est artistiques que les
adolescents ne pratiquant qu'une ou aucune activité créative.
Item 44 : J'ai de bonnes connaissances en art,
musique ou en littérature.
Enfin, notons qu'à cet item, la majorité des
adolescents du groupe A et B désapprouvent le fait
d'avoir de bonnes connaissances en art, en musique ou en littérature. La
différence entre les groupes n'est en ce sens pas à relever.
CONCLUSION DESCRIPTIVE :
Sur l'ensemble des huit items non inversés, les
adolescents du groupes A en approuvent majoritairement trois.
En revanche, ceux du groupe B en approuventsix. A l'inverse,
quatre items sont majoritairement désapprouvés
par le groupe A et un l'est pour le groupe B. De plus, l'item
inversé reflète ces mêmes observations. Enfin, les
adolescents du groupe A semblent plus indécis que les adolescents du
groupes B en approuvant ni ne désapprouvant davantage d'affirmations.
En conclusion, au vu du tableau 5 et des analyses
descriptives, notre deuxième hypothèse tend à être
validée sur notre échantillon. Cependant, cette conclusion repose
sur les adolescents obtenant des scores totaux les plus au centre de leur
distribution. Ainsi, l'hétérogénéité
intra-groupe est à prendre en compte et ne sera pas négliger dans
la discussion de ces résultats.
DISCUSSION
Cette étude avait pour but de montrer que les jeunes
pratiquantde nombreuses activités créatives, de manière
soutenue, avaient de bonnes potentialités créatives. Autrement
dit, que la pratique soutenue d'activités créatives favorisait
certains facteurs de la créativité. Suivant les résultats
de nos hypothèses de départ, plusieurs discussions s'imposent.
PENSÉE DIVERGENTE ET PRATIQUES
CRÉATIVES.
Les premières observations intéressantes
relevées dans cette étude montrent que la pensée
divergente des adolescents de notre échantillon augmente en fonction de
leurs pratiques créatives.Nos résultats suggèrent par
conséquent que le fait de pratiquer des activités
créatives, sur le long terme, permettrait aux jeunes de stimuler leur
pensée divergente. Cette pensée,rappelons-le, permet à
l'individu de chercher des alternatives face à un problème
donné. De plus, cette pensée permet de générer des
idées qui peuvent se détacher de la pensée habituelle
(Runco, 2010).
Revenons plus particulièrement à nos
résultats. Ces derniers montrent qu'à chaque changement de groupe
correspond un changement en terme de pensée divergente. Dit autrement,
que (a) la pensée des adolescents du groupe 0 diverge moins que celle du
groupe 1, (b) la pensée des adolescents du groupe 1 diverge moins que
celle du groupe 2 et (c) la pensée des adolescents du groupe 2 diverge
moins que celle du groupe 3. Cependant, et tel est le réel
intérêt de nos résultats, la différence la plus
significativement forte est relevée entre les adolescents pratiquant
aucune ou une activité depuis seulement 1 an et ceux en
pratiquant trois dont au moins deux depuis 2 ans. Qu'il
s'agisse de la variable quantitatives (fluidité cognitive,
c'est-à-dire le nombre d'idées trouvés à la
question « quelle sont toutes les utilisations possibles d'une ou
plusieurs boîte(s) en carton? ») ou de la variable qualitative
(flexibilité cognitive, c'est-à-dire le nombre d'idées
différentes)le contraste reste fort entre ces deux groupes. Les
adolescents pratiquant de nombreuses activités créatives depuis
un certain temps sont donc plus à même de surmonter
l'évidence d'un problème, ici de la question, et trouvent
davantage d'idées distinctes en peu de temps. Rappelons en effet que
nous avons demandé aux adolescents de consacrer 10 minutes maximum
à cette question.
Ces résultats vont dans le sens des conclusions de
Barbot (2008), qui, dans son analyse préliminaire, a trouvé une
corrélation significative (r =0.08) entre l'investissement dans des
activités créatives et la fluidité cognitive des
adolescents. Cette corrélation étant cependant faible, nous
pouvons argumenter nos résultats,davantage significatifs, en fonction
des outils utilisés dans ces deux études. De ce fait et
contrairement à notre outil, qui comprenait un questionnaire
ouvert avec la possibilité « autre » en
intégrant le nombre d'années, celui de Barbot (2008) reposait sur
un questionnaire fermé à 8 possibilités, uniquement sur la
dernière année écoulée (excluant la danse, le
stylisme, les arts plastiques et les éventuelles autres activités
pratiquées par les jeunes). Ainsi, il est légitime de penser que
les adolescents de notre échantillon étaient davantage
caractérisés par leur pratique créative réelle sur
le long terme : raisons pour lesquelles nos résultats paraissent
plus significatifs que ceux de Barbot (2008). Nos résultats se
rapprochent également, de manière plus large, de ceux de
Georgsdottir et Lubart (2003), stipulant l'existence d'une relation positive
entre la flexibilité cognitive et la créativité chez
l'enfant. Une seconde étude permettrait de valider ou non nos
résultats empiriques sur la population des adolescents.
Bien que significatifs, nos résultats sont
effectivement à prendre avec précaution en raison de (a) la
supposition de l'indépendance des groupes et (b) les effectifs de chaque
groupe. Même si cinquante-six adolescents ont participé à
notre recherche, la répartition de chacun d'eux en 4 groupes distincts
d'effectif compris entre 13 et 15 a pu fragiliser nos résultats. De
plus, nos observations s'appuient sur la flexibilité et la
fluidité cognitive, mais nous n'avons pas pris en compte
l'originalité des réponses, variable faisant cependant parti de
la mesure de la pensée divergente.
L'intérêt d'une nouvelle recherche, à plus
grande échelle et plus précise, paraît nécessaire
pour de meilleures conclusions. Une étude ultérieure serait en ce
sens requise, en prenant en compte les trois mesures de la pensée
divergente (flexibilité, fluidité, originalité), afin de
comparer des adolescentsne pratiquant aucune activité créative
avec ceux en pratiquant trois ou plus depuis longtemps. Des conclusions surles
réels bienfaits des pratiques créatives pour la pensée
divergente de l'adolescent pourraient alors être pertinentes.
Ce type de pensée, bien qu'opposé à la
pensée logique, est en effet empreint de bénéfices
diverssur le plan cognitif, social et affectif. Rappelons que selon Guilford
(1950), le développement intellectuel de l'adolescent passe par le
développement de la pensée divergente. Ce mode intuitif et
multidirectionnel de la pensée permet ainsi à l'adolescent de
devenir acteur de ses apprentissages, de réfléchir et de se
confronter à des concepts nouveaux (Guilford, 1950). En restant
concentré sur notre sujet de recherche, citons Aden (2008) qui stipulait
que « les pratiques artistiques ouvrent les voies d'une plus
grande autonomie cognitive dans la mesure où elles favorisent la
créativité et la pensée divergente » (Aden,
2008, p12).
De plus, la pensée divergente peut être un moteur
de changement personnel et social puisqu'elle apporte de nouvelles
réponses face à des problèmes rencontrés.
L'adolescent, face à une situation particulière serait alors
capable de s'y adapter par la mise en oeuvre de différents registres
mentaux (Besançon et Lubart, 2008).
A ce propos, Berman et al. (2001) ont montré
le lien entre les scores de la pensée divergente et le statut
« exploration »9(*)des adolescents. Leurs résultats
préconisaientalors que les adolescents ayant une pensée
divergente élevée expérimentaientde nombreuses
alternatives identitaires. Plus particulièrement, ces jeunes seraient
capables de choix personnels etauraient plus confiance en eux. De même,
Dollinger et al. (2005) ont montré des liens entre la
quantité d'idées générées en réponse
à un problème unique (critère de la pensée
divergente) et la quantité d'explorations impliquées dans la
construction identitaire.D'après les données de la
littérature sur les liens entre le statut
« exploration »et la pensée divergente (Barbot,
2008 ; Berman et al.,2001 ; Dollinger et al.,
2005), notre étude tend davantage à connaître un
intérêt pour l'adolescent en développement. De ce fait et
suivant les résultats de notre étude, les adolescents pratiquant
le plus d'activités créatives soutenues, qui obtiennent des
scores de pensée divergente les plus élevés seraient plus
à même de se construire une identité stable et de s'adapter
aux situations rencontrées. Rappelons enfin que selon Rothenberg (1990),
les pratiques créatives pourraient également être
structurantes parce qu'elles impliquent des engagements, et fournissent un
support d'expression utile pour la construction de l'identité.
Les bienfaits des pratiques créatives sont à
nouveau relevés, même si des études complémentaires
seraient utiles pour confirmer le lien entre les pratiques créatives et
les nombreux avantages qui découlent de la pensée divergente.
Rappelons enfin que d'après l'approche
multivariée de la créativité (Lubart, 2003), c'est
l'interaction des différents facteurs de la créativité qui
permet à un individu d'exploiter son potentiel créatif. Autrement
dit, c'est parce-que l'individu a des connaissances et une intelligence
nécessaire (facteurs cognitifs), qu'il est motivé et ouvert
(facteurs conatifs), qu'il connait un environnement stimulant (facteurs
environnementaux) et qu'il est dans un état émotionnel propice
(facteurs émotionnels), qu'il sera capable d'entreprendre un travail
créatif. Concernant notre étude, nous avons montré le
lien entre la pensée divergente et les pratiques créatives de
notre échantillon. Même si la pensée divergente fait partie
des mesures du potentiel créatif, il importe de considérer les
nombreuses autres mesures nécessaire pour établir la valeur du
potentiel créatif de chacun. En effet, les adolescents pratiquant le
plus d'activités créatives ont-ils des capacités de
productions créatives les plus développées ?
Rappelons que la pensée divergente n'est pas synonyme de pensée
créative mais qu'elle nous permet de mesurer les processus cognitifs qui
peuvent conduire à des idées et des solutions originales,
conditions nécessaire à la créativité. (Runco,
2010). Ainsi, notre étude permet d'ajouter des variables
intéressantes pour de futures recherches. Dès lors, l'ensemble
des facteurs de la créativité devraient être mis en
relation avec les pratiques créatives.
Récemment, Lubart, Besançon et Barbot (2011) ont
d'ailleurs proposé une échelle du potentiel créatif
intitulé EPOC(Évaluation du Potentiel Créatif). Cet outil
permettrait de répondre de manière précise à la
question suivante : les adolescents pratiquant beaucoup d'activités
créatives ont-ils un haut potentiel créatif ? Cette
interrogation suit la logique de notre étude, malgré le fait que
nous n'ayons mesuré que deux facteurs de la créativité.
Notre intérêt pour la précédente question reste
entier.
TRAIT DE PERSONNALITÉ
« OUVERTURE » ET PRATIQUES CRÉATIVES.
En ce qui concerne notre deuxième hypothèse,
nous cherchions à démontrer que la pratique soutenue de plusieurs
activités créatives favorisait l'émergence du trait de
personnalité « ouverture ». Autrement dit, que les
pratiques créatives avaient une influence positive sur le facteur
conatif de la créativité.
En effet, des études ont montré que la
persévérance, la tolérance à
l'ambiguïté,l'ouverture aux nouvelles
expériences,l'individualisme et la prise de risque étaient
lestraits de la personnalité qui caractérisaient le plus
lesindividus créatifs (Sternberg &Lubart, 1995).
Cependant, nos résultats sont à discuter. Nous
avons montré, de manière descriptive, que le trait de
personnalité « ouverture »avait tendance à
augmenter en fonction du nombre et de la durée des activités
créatives pratiquées par les jeunes. De cette manière, la
moyenne des adolescents pratiquant le plus d'activités créatives
soutenues était la plus élevée (M = 34 sur un score totale
de 45). Celle des adolescents n'en pratiquant qu'une seule depuis seulement 1
an ou aucune était quant à elle la plus basse (M = 24 sur un
score total de 45). Ces observations laissent présager que notre
hypothèse de départ est intéressante. Cependant, nous
avons pu observer des scores relativement similaires pour les groupes 0 et 1 (M
Gp0=24 et M Gp1=26) tout comme pour les groupes 2 et 3 (M Gp2= 32 et M Gp3=
34). Contrairement à la pensée divergente, il n'y a donc pas de
différence majeure entre les adolescents pratiquant aucune ou
une seule activité depuis seulement 1 an et ceux en pratiquant
une seule depuis plus de 2 ans. De même, la
différence entre les adolescents pratiquant deux
activités dont une depuis 2 ans et ceux en pratiquant
trois dont deux depuis 2 ans n'est pas considérable.
Nous avons de la sorteunifié nos 4 groupes initiaux
afin de ne comparer plus que deux groupes : groupe A (groupe 0 et groupe
1) et groupe B (groupe 2 et groupe 3). Les adolescents pratiquant une
activité depuis 1 an et ceux n'en pratiquant aucune obtiennent des
scores compris entre 18 et 30 (Médiane = 26). Les adolescents pratiquant
au moins deux activités créatives depuis 2 ans obtiennent des
scores entre 25 et 37 (Médiane = 32).Malgré
l'hétérogénéité intra-groupe, que nous
discuterons par la suite, nos résultats suivent la tendance de notre
hypothèse. Les adolescents pratiquant le plus d'activités
créatives obtiennent un score moyen non négligeable et
supérieur à celui des adolescents ne pratiquant qu'une ou aucune
activité (M gp A = 25 et M gp B= 33).
Le trait de personnalité
« ouverture », rappelons-le, fait référence
aux individus curieux, imaginatifs, artistes, s'intéressant à de
nombreuses choses ou encore non conventionnels (Plaisant, 2008). Nous n'avons
pas démontré, contrairement à Lubart et Georgsdottir
(2004) une relation positive entre l'ouverture aux expériences et la
créativité, mais une relation entre le trait de
personnalité « ouverture » et les pratiques
créatives chez les adolescents de notre échantillon. Dans la
littérature cependant, les études tendent davantage à
démontrer le lien positif entre le trait de personnalité
« ouverture » et la créativité. Dollinger
et al. (2005) ont notamment montré qu'à l'exception du
trait « ouverture », aucune autre dimension de la
personnalité, mesurée avec le Big Five Inventory, n'était
positivement corrélée avec la créativité de la
personne. Ces résultats nous permettententre autre d'assurer notre seule
prise en compte des 9 items reliés à la mesure du
trait « ouverture » pour établir le lien entre
facteur conatif et pratiques créatives. Notre étude permet
d'apprécier l'idée qu'au-delà du lien entre personne
« ouverte » et créativité, il semble
également exister un lien entre personne« ouverte » et
pratiques créatives. Cela signifie-t-il que les personnes pratiquant de
nombreuses activités créatives et
« ouvertes », seraient les plus créatives ?
C'est ce que nous supposons.
Une nouvelle étude paraîtcependant
nécessaire pour aboutir à des conclusions significatives
concernant ces liens.
En termes de limite cependant, les résultats de notre
étude ont pointéune
hétérogénéité intra-groupe.Cette
hétérogénéité peut se comprendre en
admettant les âges différents des participants. Considérant
ce fait, il est important de remarquer que le groupe A comprenait des jeunes de
14 ans à 18 ans. Le groupe B quant à lui comprenait des jeunes de
15 à 17 ans. L'âge réel, variable non prise en compte dans
nos données, peut sans doute expliquer une partie des différences
intra-groupes observées. Notamment en ce qui concerne le
facteur« personnalité » à l'adolescence. En
effet, la formation identitaire peut coïncider avec le
développement de la personnalité (Lubart & Barbot, 2012), qui
selon des études longitudinales, suit des épisodes de croissance,
de stabilité et d'affaiblissement au cours de l'adolescence (Barbot,
2008). La mesure d'un trait de personnalité chez les adolescents encore
en construction identitaire n'a en ce sens pas objectivé totalement nos
résultats. Au contraire, en s'intéressant, par
l'intermédiaire d'un auto-questionnaire au trait de personnalité
« ouverture », nous admettons les limites de notre seconde
hypothèse. Notamment, nous concevons que ce type d'auto-questionnaire a
pu provoquer un biais de désirabilité sociale, qui rappelons le,
peut amener un individu à décrire, de manière consciente
ou non, les meilleures facettes de sa personnalité.
Par ailleurs,
l'hétérogénéitéet les résultats
observés pourraientégalement être expliqués par le
rang occupé par les jeunes dans la fratrie. Selon Lubart et Lautrey
(1998), il pourrait véritablement exister des liens stables entre le
rang dans la fratrie et certains traits de personnalité importants pour
la créativité : les benjamins étant plus sociables et
ouverts que les aînés.
Pour des résultats plus précis entre les
facteurs conatifs de la créativité et les pratiques
créatives, le facteur de la motivation intrinsèque aurait pu
être intéressant à juger. En effet, selon Prabhu, Sutton et
Sauser(2008), c'est la motivation intrinsèque qui favoriserait la
relation positive entre « ouverture » et
« créativité ». Ainsi, il aurait
été utile de comparer le plaisir et l'intérêt qu'ont
les adolescents pratiquant plusieurs activités créatives par
rapport à ceux n'en pratiquant qu'une seule. La motivation
intrinsèqueest, rappelons-le, une condition nécessaire à
l'élaboration créative (Lubart, 2003).
Enfin, rappelons que le facteur conatif de la
créativité ne fait pas uniquement référence au
trait de personnalité « ouverture ». Il regroupe
également la prise de risque, l'individualité ou encore la
tolérance à l'ambiguïté (Lubart, 2003). Nous
supposons qu'une recherche plus précise aurait pu relever le lien entre
l'ensemble des facteurs conatifs et les pratiques créatives.
PENSÉE DIVERGENTE, TRAIT DE PERSONNALITÉ
« OUVERTURE » ET PRATIQUES CRÉATIVES
Après avoir discuté des principaux
résultats de notre étude, il reste un point important à
aborder qui est la relation entre nos deux variables dépendantes
concernant notre variable indépendante : la pratique
créative. Suite à nos données, nous pouvons
suggérer que les pratiques créatives sont en lien avec d'une
part, la pensée divergente et d'autre part, la personnalité
« ouverture ». Nous avons en effet montré que les
adolescents pratiquant le plus d'activités créatives, de
manière soutenue, obtenaient des scores élevés aussi bien
à la tâche de pensée divergente qu'à
l'échelle du trait de personnalité
« ouverture ». Les adolescents de notre étude,
pratiquant au moins trois activités créatives dont deux depuis
plus de 2 ans, ont trouvé de nombreuses idées différentes
en peu de temps et se caractérisent eux-mêmes comme imaginatifs
(item 20), inventeurs (item 25) ou encore créatifs (item 5). Cette
étude a permis de donner des pistes favorables concernant le lien entre
pratiques créatives et créativité. Cependant, cette
étude ne s'est basée que sur deux facteurs du potentiel
créatif. Or, d'autres constituants sont relevés dans la
littérature visant à établir les conditions favorables
à la créativité de chaque individu. Suivant ces
perspectives, notre étude laisse de nombreuses opportunités aux
recherches ultérieurescherchant à vérifier le lien entre
les pratiques créatives et le potentiel créatif de l'adolescent.
De plus, il paraît utile d'étudier les bénéfices de
ce lien pour l'adolescent.
OUVERTURE ET PERSPECTIVE
De nombreuses problématiques émergent suite
à cette présente étude. Elles nous permettent d'ouvrir le
champ des recherches sur la créativité. Nous l'avons vu dans
notre partie théorique, la créativité varie et se
développe de manière non linéaire (Lau & Cheung, 2010
cité par Barbot 2008). Aussi, l'environnement joue un rôle sur le
potentiel créatif d'un individu (Lubart, 2005). Plus
particulièrement, les familles qui fournissent une stimulation à
travers la mise à disposition de nombreux livres, de magazines ou
d'activités culturelles auront tendance à favoriser la
pensée créative de leur enfant (Simonton, 1984 cité par
Lubart & Georgsdottir, 2004). La stimulation familiale aurait alors un
rôle majeur dans la créativité de l'enfant et de
l'adolescent.
Rappelons que selon Lubart (2003), la créativité
naît de la combinaison interactive de différents facteurs
(psychologiques, type de pensée, personnalité,
émotions...), qui va créer des niveaux de
créativités variables. Le potentiel créatif existerait
donc en chacun de nous, et serait mis en oeuvre dans
l'environnement.L'intérêt de ces théories nous laisse
supposer que la stimulation familiale permettrait à l'enfant de
s'intéresser davantage aux activités créatives, à
les pratiquer et à laisser exploiter son potentiel créatif. Nous
pensons, tout comme Karbowniczek, (2010), que la famille, et
particulièrement le rôle qu'elle occupe dans la stimulation de son
enfant ou adolescent, peut permettre à ces derniers une ouverture de
pensée et de centres d'intérêts. Des recherches montrent
d'ailleurs que les enfants provenant de familles à structuration rigide
trouvent moins d'idées que les enfants provenant de famille à
structuration souple dans des tâches de pensée divergente (Lubart
& Lautrey, 1998). De même, la fratrie aurait un rôle dans le
développement de la pensée divergente. Les enfants de familles
nombreuses seraient alors plus susceptibles de partager, de diviser ou de
prendre en compte les points de vue des frères et soeurs. Ces
échanges favoriseraient la flexibilité des enfants dès le
plus jeune âge (Runco, 2010).
Enfin, après avoir abordé le facteur familial
dans le potentiel créatif, revenons, pour compléter le rôle
de l'environnement dans le développement de la créativité,
sur l'école. Lieu par ailleurs, très largement investit par
l'enfant et l'adolescent. Ainsi, quel rôle peut avoir l'école dans
la créativité de l'enfant ? Nous l'avons vu, les
récessions temporaires de la créativité apparaissent chez
les enfants de 5-6 ans avec l'entrée au CP (Torrance, 1968). De plus,
elle se retrouve chez les adolescents de 14-15 ans dans le passage du
collège au lycée (Lubart, 2003 ; Barbot, 2008). Ces
ralentissements seraient entre autres expliqués par l'intégration
de règles de conduite et de la demande d'une conformité aux
nouvelles règles (Runco, 2010). Il faudrait, selon Lubart (2003),
repenser et réinventer l'éducation en se posant des questions que
de grands chercheurs comme Jean Piaget se posaient déjà il y a
quarante ans ; l'école doit-elle former des imitateurs et des
conformistes ou bien des inventeurs, capables de dépasser les
générations précédentes ?
En d'autres termes, et suivant notre problématique de
recherche, demandons-nous si l'école peut stimuler la
créativité, en développant d'autres modes de
pensées, notamment la pensée divergente et l'ouverture à
de nouvelles expériences ?
Dès lors, la place des activités
créatives pourrait être pensée au sein même des
établissements scolaires. En effet, nous avons montré que les
adolescents pratiquant le plus grand nombre d'activités
créatives, de manière soutenue, avaient une pensée
divergente et un trait de personnalité « ouverture »
les plus élevés. Cependant, au lycée notamment, même
si le sport reste un enseignement faisant parti du programme scolaire, les
arts-plastiques ou la musique ne sont proposés que de manière
optionnelle et en place limitée. Nous ouvrons en conséquence le
champ de rechercheen nous interrogeant sur les bénéfices des
pratiques créatives pour l'adolescent (et l'enfant) au sein même
de son établissement scolaire.
CONCLUSION
Cette étude avait pour objectif de définir les
bienfaits des pratiques créatives pour l'adolescent en
développement. Nous cherchions à montrer que les adolescents
pratiquant de nombreuses activités créatives,de
manièresoutenue, étaient plus à même d'exploiter
leur créativité.
Pour cela, trois questionnaires ont été soumis
à cinquante-six adolescents. Le premier nous renseignait sur
leur(s)pratique(s) créative(s), le second reposait sur une
échelle de personnalité, le « Big Five »
version Française (Plaisant, 2008) et le troisième
correspondait à une tâche de pensée divergente.
Nous avons montré que plus les adolescents
pratiquaient des activités créatives soutenues, plus ils
obtenaient des scores de pensée divergente élevés. Les
adolescents pratiquant le plus grand nombre d'activités créatives
soutenues étaient par ailleurs ceux qui obtenaient,en moyenne,des scores
au trait de personnalité « ouverture » les plus
élevés.
Des limites ont cependant été atteintes
concernant l'hétérogénéité des
résultats pour le trait de
personnalité « ouverture ». La
personnalité reste en effet une variable difficilement objective chez le
sujet adolescent. Outre les limites observées, ces résultats nous
ont permis de juger l'utilité des pratiques créatives pour
l'adolescent. Elles seraient en ce sens empreintes de bénéfices
sur lesfacteurs cognitifs et conatifs du potentiel créatif.
Cette étude ne s'est cependant portée que sur
deux mesures des multiples facteurs du potentiel créatif. Une
étude ultérieure parait nécessaire pour mettre en relation
les pratiques créatives avec l'ensemble des facteurs de la
créativité et des bienfaits qui en découlent. Dès
lors, le lien entre pratiques créatives et créativité
pourrait être finement étudié. Cette étude permet
également de réfléchir sur les différents lieux
d'investigation des pratiques créatives. Avec ses amis, en famille ou
même à l'école, de nombreuses opportunités sont
à considérer, ou plus précisément à
réexaminer dans l'intérêt de l'adolescent en
développement.
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ANNEXE A :autorisation
parentale
Le 10 Mars 2014
Mélody Docquois
Master de développement de l'enfant et de l'adolescent
UFR Psychologie Paris 8
2 rue de la liberté - 93526 Saint-Denis cedex
Directrice de recherche :
Caroline Guerini
Maître de conférences à Paris8
Melody.docquois@etud.univ-paris8.fr
OBJET : DEMANDE D'AUTORISATION
PARENTALE
Madame, Monsieur,
Je suis actuellement étudiante en Master 2 Psychologie
de l'enfant et de l'adolescent à l'université Paris 8.
Dans le cadre de mon mémoire de recherche sur le
développement des adolescents, j'aimerais recueillir des données
par l'intermédiaire de plusieurs petits questionnaires écrits,
grâce à la participation de votre enfant. Le temps imparti ne
dépassera pas 30 minutes.
Les résultats seront anonymés et utilisés
uniquement dans un but scientifique.
Bien évidemment et conformément à la
recherche en psychologie, je me tiens à votre disposition pour tout
renseignement complémentaire.
Je vous remercie d'avance pour la participation de votre enfant
et je vous prie d'agréer, Madame, Monsieur, l'expression de ma
considération la meilleure.
Mélody Docquois
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Je soussigné(e) Monsieur/Madame
______________________________
q Autorise
q N'autorise pas
la participation de mon enfant (nom) _______________________
(prénom) ______________.à l'étude ci-dessus
expliquée.
Date : Signature :
ANNEXE B : Protocole
de recherche
ANNEXE C : Réponses détaillée
de tous les participations à la tâche de pensée
divergente.
1
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...
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2
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Rangement, décorations.
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3
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Boîte, table basse, étagère, rangement.
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4
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Faire une cabane, une boite au lettre pour sa chambre, un paquet
cadeau, une pyramide, un feu (dehors), un nid pour son animal de compagnie, un
déménagement, un masque (s'il est assez petit).
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5
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J'ai déjà fait un étage d'une maison dans
une boîte en carton. Sinon je n'ai pas d'autres idées.
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6
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Construire des bâtiments de carton (Tour Eiffel), des pots
de fleurs, des scènes pour jouer avec des enfants (poupées).
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7
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Maison pour sdf.
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8
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Maquettes, Mangeoire pour les oiseaux...
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9
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Ranger des choses dedans.
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10
|
Une table de chevet, une petite table de salon, une boite
à bijoux, une boite pour le rangement, une boite à crayon, un
tout petit meuble à tiroirs, une boite CD...
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11
|
On peut faire: des cartons de déménagement, des
cadres, un bac à linge, des sculptures, des sets de tables, un costume
de robot, une cabane a oiseaux.
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12
|
Ranger des choses, créer un faux aquarium, créer
une maison de poupée, créer un théâtre pour
marionnettes, créer des paysages en peignant les boites, servir de
tableau + cadre, servir de cachette, créer un meuble design, faire un
déguisement type cosplay Minecraft, se défouler en les
coupant/déchirant, faire des dessous de verres, des panneaux, des pots
à crayons ou autres objets utiles, s'abriter (faire une cabane par
exemple), créer un objet d'art (sculpture en carton).
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13
|
En faire une sculpture. Créer une autre forme à
partir du support.
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14
|
Rangements, support artistique, tabouret, meuble artificiel,
affiche, costume, décors,barrières,jeu de chamboule tout, objet
pouvant être transformé en autre, Scrapbooking, base pour mini
théâtre (avec marionnette), maison de poupée,
château, protection de sol pour travaux.
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15
|
Construire une cabane, un avion. En faire une boîte
à pizza.
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16
|
Les empiler pour faire des maisons. Le mettre sur sa tête.
Mettre son chat dedans. Le trouver pour que son chat puisse jouer avec. faire
des sculptures.
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17
|
Rangement pour chaussures ou livres, déménagement,
transport d'objets, fabrication de décorations, fabrication de meubles.
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18
|
Un rangement, un découpage de toute sorte, un
château fort avec une multitude de boîte.
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19
|
Boite à chaussure, de rangement, pour cacher des objets,
escabeau, un jouet (maison de poupée)
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20
|
Transporter des objets, décorées elles peuvent
servir dans un projet d'art plastique, elles peuvent servir de niche pour un
chien.
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21
|
Une cabane, un déguisement de robot, des boîtes de
rangement, des poubelles, un patron.
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22
|
Boite à crayon, support, range papier, endroit où
l'on peut mettre un cousin dedans et le chat peut venir se reposer,
fourre-tout, boîte à maquillage, "défouloir" : on peut
écrire tout ce qu'on veut dessus, boîte à secret, sert
à mettre des accessoires de musique (capo, accordeur, ...), boîte
aux meilleurs souvenirs, boîte à CD.
|
23
|
Créer un château fort avec un pont levis, aplatir
les boites et les mettre au mur pour écrire/peindre/graver/taguer
dessus, se cacher, entrer dans les cartons s'ils sont assez grands et dessiner
sur la face intérieure, améliorer la boite pour en faire une
vraie boite présentable, faire vivre une souris dedans, si c'est une
petite boite y faire pousser une plante, en faire des confettis.
|
24
|
Cabane, meuble, boite, jeux, déménagement, table,
projet d'art-pastique, recyclage, décoration.
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25
|
...
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26
|
Une boite à mouchoir, une boite pour récolter des
sous, ou encore récupérer le carton pour faire une maquette d'un
projet.
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27
|
Des enceintes, une boite personnalisée, des rangements,
des étagères.
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28
|
une boite de rangement, une cachette, créer un jeu (avion,
voiture...), un support (peinture, collages...), panier pour chat.
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29
|
....
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30
|
Etagères. Pyramides. Rangement. Matériel
pédagogique. Support.
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31
|
Une cabane, un projet d'art plastique, une structure, une
statue.
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32
|
On peut les utiliser comme boîtes à chaussures,
boîtes à cadeaux, boîtes à souvenirs, boîtes
aux trésors, pour y stocker des choses, la décorer. On peut
créer des villes minimalistes entières faites de boîtes en
carton, une maison avec un plafond, un sol et des murs. Sinon, on peut s'en
servir pour faire des jeux comme une chasse aux trésors, ou des objets
de décoration. Si la boîte est suffisamment grande, il est
possible de construire tout un habitat pour notre animal de compagnie. On peut
remodeler la boîte à sa guise en découpant des choses
dedans.
|
33
|
Boites de rangement de toute sorte, s'en servir en les
décorant.
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34
|
Rangement, boite à chaussure, possibilité de faire
une commode, cabane (tout dépend la taille), panier pour animaux.
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35
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Faire des maquettes, des pancartes, des supports.
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36
|
Faire des meubles en cartons, des cadres et divers objets.
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37
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Ce cacher, ranger des affaire dedans, dessiner dessus, s'en
servir comme meuble.
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38
|
Les customiser pour s'en servir de rangement, faire un feu de
cheminée.
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39
|
Une boîte en carton pour ranger des choses. Tout simplement
l'utiliser telle quelle, pour ranger des bricoles. Une boîte en carton
découpéepeut faire une boîte à thé ou
à maquillage. Elle peut être utilisée pour créer un
système de carburateur de 4x4 (je ne peux pas expliquer comment mais
quelqu'un l'a fait, avec succès, dans mon entourage). Elle peut servir
pour créer des patrons pour la couture. Elle peut servir pour envoyer
des colis à des gens. Elle peut servir pour faire de la
décoration.Elle peut loger un animal. Les enfants peuvent jouer avec.
Des personnes sans-abris peuvent dormir dedans ou dessus.
|
40
|
Rangement pour déménagements par exemple. Jeux pour
les tout-petits. Colis lorsque l'on effectue une commande
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41
|
Des maisons (déco), des rangements, pour que le chat se
mette dedans, un château pour se mettre dedans, des luminaires, des
meubles (tables, chaises, commodes, étagères), des maisons
temporaires pour rongeurs (domestiques), des cache-pots ou des pots a
crayons.
|
42
|
Rangement, jouet.
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43
|
Créer un mécanisme de distributeur de
céréales. Créer un rangement avec. Améliorer un
costume de carnaval avec. On peut le recycler.
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44
|
Des rangements, une table de nuit.
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45
|
1) Une boite pour expédié des objets ou des
documents 2) Un déguisement de robots. 3) On peut se cacher dans une
grosse boite en cartons, suivre les gens dans la rue et quand ils se
retournent, s'accroupir et se cacher dedans 4) Une voiture 5) Support dans
une maison 6) Aider à porter les courses 7) Un chapeau 8) Une chaussure.
9) Jeux pour les chats 10) Un dés géant si elle est
carrée. 11) Un avion 12) Untrain 13) Abris pour les San Domicile Fixe si
elle est suffisamment grande.
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46
|
...
|
47
|
Une table de chevet, un meuble de rangement.
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48
|
Boîte de mouchoirs.
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49
|
Table de salon, chevet. Boîtes de rangements. "Commode".
Elles peuvent êtres découpées pour fabriquer d'autres
choses. On peut les peindre, les décorer avec des photos, des images
pour les rendre plus jolies, y ranger des choses.
|
50
|
Niche pour des chatons, boîte à souvenirs, un
costume, déménagement avec, projet en art plastique, planter des
lentilles dedans, marques page.
|
51
|
Boite à souvenir.
|
52
|
Créer une architecture comme une maison, un immeuble.
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53
|
Faire des maquettes, les découper pour faire un livre en
carton, faire des trous dedans, en faire des masques, en faire des lettres
stylisées, en faire des chaussons en carton...
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54
|
Une table de chevet, du rangement, un support photo, un
par-dessus lampe.
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55
|
Pour ranger des affaires ou comme table de nuit.
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56
|
Ranger, faire du feu, décore, servir de support, caisse
pour un animal, siège.
|
ANNEXE D : CLASSEMENT
DES RÉPONSES EN 8 CATÉGORIES.
RECIPIENT "BATIMENT" MEUBLE
FABRICATION/
LIEU UTILISATION ARTISTIQUE
Idée de boîtes Maison pour SDF
Table Bijoux
Rangements Cabane Etagère
Décorations
Pots Mini théâtre Meubles
Cadre
Poubelle Château fort Tabouret Sculpture
(statue)
Bac à linge Pyramide Cache pot
Costume
Coffre Maison de poupée Support
Trousse Etage de maison Affiche
Support de course Structure, ville. Scrapbooking
Origami
UTILITAIRE TRANSPORT
Graver/ Taguer
Mangeoire oiseaux Déménagement Voiture
Sets de table Avion Chapeau
Protection de sol Transport objets Chaussure
Patron Poste : Colis Géants
Maquette Livre
Cage à souris ASPECT LUDIQUE
JEUX Masque
Emballage (paquet cadeau) Jeu de carte Figurine
Enceintes S'y cacher
Lettre stylisée
Matériel pédagogique Jouer dedans
Pancarte
Niche Confettis
Panier Chasse aux trésors
Feu (de cheminée) Faire des trous dedans
Système de carburateur Jeux pour chats
Barrière Jeu de chamboule tout
Potager Le mettre sur sa tête
Distributeur de céréale
Marque page AUTRE
Chausson Recycler,
projet d'art-plastique
Par-dessus lampe SiègeDéfouloir
ANNEXE E: Réponses détaillées des
adolescents obtenant des scores totauxlesplus au centre de chacune des deux
distributions (groupe a et groupe b).
GROUPE A
Item
5
|
Item
10
|
Item
15
|
Item
20
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Item
25
|
Item
30
|
Item
40
|
Item
41 R
|
Item
44
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1
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5
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5
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5
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3
|
Réponses des 15 sujets classées par rang
selon chaque item.
GROUPE B
Réponses des 15 sujets classés par rangs
selon chaque item.
Item
5
|
Item
10
|
Item
15
|
Item
20
|
Item
25
|
Item
30
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Item
40
|
Item
41 R
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Item
44
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* 1 Facteur cognitif de la
créativité
* 2 Stade marquant
l'achèvement de la construction des structures logiques de la
pensée chez l'enfant et l'adolescent selon Jean Piaget.
* 3 Nombre d'idée(s).
* 4 Nombre d'idée(s)
différente(s).
* 5Fluidité et
flexibilité.
* 6 Pour l'ensemble des 9 items
reliés au trait « ouverture ».
* 7 Située au centre de
la distribution.
* 8Cette hypothèse
est vérifiée sur notre échantillon et est à prendre
avec précaution. Notamment en ce qui concerne la normalité des
distributions, compte tenu des faibles effectifs de chaque groupe.
* 9 Selon la typologie de Marcia
(1993).
|
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