CHAPITRE 1. RISQUE CARDIOVASCULAIRE DU FUMEUR
1.1 Risque cardiovasculaire lié au tabagisme
Comme déjà mentionné, la relation entre
le tabagisme et les affections cardiovasculaires a fait l'objet de plusieurs
études.10,11 Le tabagisme s'est avéré
responsable de bien d'affections cardiovasculaires.
Les coronaropathies : Le tabagisme contribue davantage
à la survenue des événements thrombotiques aigues que dans
l'athérogénèse. Chez les sujets jeunes et d'âge
moyen, le tabagisme est considéré comme responsable d'environ 50%
d'infarctus du myocarde.12 Les individus jeunes fumant plus de 20
cigarettes par jour ont 5 à 6 fois plus de risque de développer
l'infarctus du myocarde que les sujets non fumeurs de même tranche
d'âge.13 D'une manière générale, le
risque cardiovasculaire augmente avec le nombre de cigarettes fumées par
jour, mais cette relation n'est pas linéaire.14,15 Les
fumeurs ont 3 fois plus de risque de faire un infarctus aigu du myocarde non
fatal14 et ont un risque très élevé (risque
relatif RR 2,3 ; intervalle de confiance 95% : 1,2 - 4,0) de mort
subite. 17
Les artériopathies périphériques :
les fumeurs ont 7 fois plus de risque d'en développer.18 Le
début des symptômes survient une décade plus tôt. Par
ailleurs ils ont un risque double d'amputation comparés au non
fumeurs.19
L'anévrysme de l'aorte abdominale : le tabagisme
en augmente la probabilité de survenue. Plus spécialement, par
comparaison au non fumeurs20fumer :
· 1 paquet par jour multiplie le risque par 3,
· 1 à 2 paquets par jour le multiplie par 5, et
· plus de 3 paquets par jour le multiplie par 7,
L'accident vasculaire cérébral : le
tabagisme est considéré comme un facteur de risque majeur de
l'accident vasculaire cérébral que ce soit de type
ischémique ou hémorragique ou même l'hémorragie sous
arachnoïdienne; le risque augmente avec le nombre de cigarettes
fumées par jour.21
Le tabagisme passif : les fumeurs passifs ont une
probabilité de 25% de développer une coronaropathie de quel que
type que ce soit 22 et une forte probabilité (30%) d'en
mourir. Ils ont en outre un risque élevé de faire un
AVC.23 On estime à 8% la mortalité cardiovasculaire
imputable au tabagisme passif.24 La fumée inhalée par
le fumeur passif est un courant secondaire provenant des fumeurs actifs de
cigarettes et a une composition différente de celle de la fumée
du courant primaire inhalée par les fumeurs actifs.
1.2. Physiopathologie des maladies cardiovasculaires
liées au tabagisme par cigarette
1.2.1. Propriétés physiques et biochimiques de
la fumée du tabac
Conventionnellement, la fumée de cigarette est
subdivisée en deux phases : une phase particulaire et une phase
gazeuse. La phase particulaire est définie comme la substance
isolée lors du passage de la fumée dans le filtre en fibre de
verre de cambridge, qui retient 99,9% de toute substance particulaire ayant une
taille supérieur à 0,1 um2. La phase gazeuse est la
substance qui passe à travers ce filtre. La phase particulaire de la
fumée de cigarette contient plus de 107 radicaux libres/g, et
la phase gazeuse contient plus de 105 radicaux
libres/bouffee26. Les radicaux contenus dans la phase particulaire
ont une demi-vie longue (quelques heures à quelques mois), tandis que
ceux contenus dans la phase gazeuse ont une demi-vie courte (quelques
secondes).27 La fumée de cigarette tirée du tabac vers
la bouche du fumeur actif est appelée courant primaire. Le courant
secondaire est la fumée émise par le bout incandescent de la
cigarette.
Le courant primaire comprend 8% de composants particulaires et
92% de composants gazeux26. La fumée d'un environnement
tabagique résulte de la combinaison du courant secondaire (85%) et de la
petite fraction du courant primaire (15%) exhalée par les
fumeurs.28Le courant secondaire contient des concentrations
relativement plus fortes des composants gazeux toxiques que le courant
primaire.29 De tous les constituants connus du tabac, la nicotine,
un composant de la phase particulaire, est la substance addictive de la
fumée du tabac.30
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