4 .3 Consommation du tabac et âge
La plupart des nouveaux fumeurs sont des adolescents ou des
jeunes adultes. Les jeunes commencent à fumer dès le bas
âge. Ils fument le plus souvent à la maison, à
l'école, chez les amis et à des endroits publics. Ils le font
souvent par imitation des adultes, en particulier les parents, les
éducateurs, les vedettes de la musique, des sports et des
films.16 Les nouvelles générations semblent commencer
à fumer plus tôt que les anciennes générations,
parfois dès l'âge de 8 ou 9 ans.13-15 L'initiation au
tabagisme chez les jeunes a des répercussions graves pour les
priorités sanitaires futures dans les pays africains déjà
assaillis par la charge d'autres problèmes de santé,17
en particulier dans la mesure où les taux de prévalence
féminins s'approchent des taux masculins et égalisent le fardeau
entre les sexes. Si le fardeau des maladies attribuables au tabac est
actuellement faible en Afrique, cela ne sera plus le cas dans la mesure
où la consommation de tabac continue à augmenter dans tout le
continent.95 Il convient toutefois de préciser que la
présente étude n'a pas investigué l'âge de
début du tabagisme dans la communauté sous examen.
4.4 Tabagisme, troubles lipidiques et autres facteurs de
risque
L'observation dans ce travail des indices pondéraux
significativement plus faibles parmi les fumeurs par comparaison aux non
fumeurs, parait conforme à la littérature.96 Le poids,
le tour de taille, le tour de hanches et l'indice de masse corporelle chez les
fumeurs ont tous été plus faibles que chez les non fumeurs. Cela
étant davantage manifeste dans le sexe masculin probablement du fait de
la prédominance des fumeurs dans ce genre. D'aucuns ont fait le
même constat.96 , 97 Les fumeurs ont
généralement en moyenne un poids corporel de 4 à 5 kg
inférieur à celui des non fumeurs.96 De plus,
Williamson et al rapportaient que le gain pondéral au décours du
sevrage de tabac était on ne peut plus remarquable dans une cohorte
nationale. 96 Chez les non fumeurs les indices pondéraux plus
élevés pourraient être en partie imputables à leur
âge plus avancé et probablement aussi à d'autres mauvaises
habitudes de vie (sédentarité, régime riche en
cholestérol). Mais les mécanismes impliqués sont sans
doute plus complexes.97 D'une part, le fait de fumer la cigarette a
un effet coupe-faim et résulte en une diminution des apports caloriques.
D'autre part, la nicotine augmente les dépenses
énergétiques de repos de par son effet
sympathomimétique.98 Un tel effet ne peut être
judicieusement invoquée dans notre étude où les stigmates
d'une stimulation sympathique comme l'accélération de la
fréquence cardiaque et le surpoids n'étaient pas l'apanage des
fumeurs mais plutôt des non fumeurs.
Outre le surpoids, le taux des lipides
athérogènes s'est avéré également plus
faible chez les fumeurs. Cette observation est à l'inverse de ce que
rapporte la littérature. La littérature décrit des
anomalies lipidiques chez les fumeurs chroniques dans le sens d'une
augmentation des taux plasmatiques de cholestérol total, des
triglycérides, de LDLc, de VLDLc mais d'une diminution du taux de
HDLc.99-101 On peut invoquer le fait que les fumeurs sont plus
jeunes et que partant, leur tabagisme est récent, pour rendre compte de
leurs faibles taux des lipides athérogènes. L'argument ne semble
pas plausible car les anomalies persistent après ajustement des
données pour l'âge.
Par ailleurs, on ignore dans quelle mesure les
résultats de cette étude peuvent être fiablement
extrapolés à l'ensemble de la population congolaise.
L'échantillon des sujets évalués n'était
représentatif que d'un quartier urbain de la ville de Kinshasa.
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