L'aide au développement stimule-t-elle les réformes économiques ?Une analyse économétrique à partir des données de panel des pays en développement.( Télécharger le fichier original )par Marius KOUNOU INEF-SAGEP - ISIA 2015 |
B. Types d'Aide Publique au Développement et évolution des montantsL'APD prend différentes formes selon les objectifs visés et l'utilisation faite des fonds. Ainsi, on distingue l'aide humanitaire d'urgence, l'aide alimentaire, l'aide de projet, l'aide de programme, l'aide budgétaire, les prêts concessionnels et l'assistance technique. ? L'aide humanitaire d'urgence dont l'objectif est de répondre à une catastrophe humaine ou naturelle. Elle a représenté 1% de l'Aide internationale en moyenne au cours des années 1980, puis 5% la décennie suivante et près de 10% depuis. ? L'aide alimentaire dont l'objectif est de répondre aux problèmes d'alimentation chroniques. Elle permet de faire face aux besoins prévisibles mais elle est critiquée parce qu'elle détruit les incitations à produire localement. ? L'aide de projet dont l'objectif est le financement (la construction de puits dans une région par exemple) d'un projet spécifique avec contrôle précis d'utilisation des fonds est l'instrument d'aide le plus classique. Elle constitue 25% des aides bilatérales. ? L'aide de programme est constitué des financements qui ne sont pas accordés sur un projet précis mais en fonction d'un objectif macroéconomique ayant comme caractéristique commune le transfert des ressources qui vont directement vers les gouvernements bénéficiaires et Mémoire de fin de formation ISIA 11 Rédigé par : Marius KOUNOU L'aide au développement stimule-t-elle des réformes économiques? non à des structures parallèles. L'aide au programme a une diversité d'instruments :
Mémoire de fin de formation ISIA 12 Rédigé par : Marius KOUNOU L'aide au développement stimule-t-elle des réformes économiques? l'exemple de l'initiative PPTE (Pays Pauvre Très Endetté) engagé par le FMI et la Banque Mondiale ? Les prêts concessionnels qui visent à prévenir le surendettement, tout en permettant de mobiliser un financement extérieur suffisant. Ces prêts offrent un certain nombre d'avantages à l'emprunteur au niveau soit des garanties soit des taux d'intérêt. L'une des conditions d'un tel prêt peut être un taux d'intérêt faible voire nul. ? L'assistance technique est aussi une autre forme de l'APD dont l'objectif est d'accroitre le capital humain et de favoriser le transfert de technologie par la formation initiale ou continue et la mise à disposition d'experts. La part de l'assistance technique dans l'aide bilatérale est passée de 12% en moyenne dans les années 1980 à 20% depuis les années 2000 L'aide publique au développement a progressivement pris de l'importance aussi bien en termes de montants promis que de montants octroyés. Il faut noter généralement que la première phase de l'APD est la promesse. Le partenaire s'engage auprès du pays bénéficiaire, sur la demande de ce dernier ou dans le cadre d'accords de partenariat prédéfinis, à financer soit un projet, un programme ou de façon générale le gouvernement. Ensuite, l'aide est progressivement déboursée au cours du temps pour utilisations. Enfin, les dépenses sont évaluées afin de s'assurer que l'aide a été correctement et efficacement utilisée. Le graphique 1 ci-dessous montre qu'aussi bien les montants des promesses d'aide et aide déboursées ont connu une forte progression entre 1970 et 2010 avec des fluctuations. La croissance a été particulièrement plus rapide Mémoire de fin de formation ISIA 13 Rédigé par : Marius KOUNOU L'aide au développement stimule-t-elle des réformes économiques? à partir du début des années 1980 qui ont marqué une période de crise dans la plupart des PVD et donc un plus grand besoin de financement extérieur. Le premier pic dans les montants de l'aide déboursée vers 2002-2004 correspond à la période où l'initiative dénommée Pays Pauvres Très Endettes (PPTE) a permis un large effacement de dette extérieure pour de nombreux pays en développement ayant atteint un niveau de dette très élevé. Par la suite, il y a un léger déclin dans l'APD puis une reprise spectaculaire entre 2005 et 2010. Cette reprise s'explique en partie par les efforts de reconstruction après-guerre dans certains pays comme l'Afghanistan, l'Irak, les pays des grands lacs, les pays des Balkans. Par ailleurs, c'est au cours de cette période également que des engagements financiers importants ont été pris pour soutenir les efforts pour l'atteinte des OMD lancés au cours des années 2000. L'observation du graphique révèle aussi que généralement, le montant des promesses est largement au-dessus des montants déboursés. Ce gap s'explique principalement par deux facteurs. D'une part, les promesses ne sont toujours pas respectées soit parce qu'il y a des changements de la part du donateur , soit parce que le bénéficiaire n'a pas satisfait toutes les conditions pour le déboursement de l'aide. La seconde explication est liée au fait que le montant promis peut être déboursé sur plusieurs années. Mémoire de fin de formation ISIA 14 Rédigé par : Marius KOUNOU L'aide au développement stimule-t-elle des réformes économiques? Figure 1 : Evolution de montants de l'APD entre 1970 et 2011 Montants (milliards de Dollar) 100000 50000 0 1970 1990 Total des promesses d'aide Total des aides deboursees 400000 1974 1988 1978 1976 1980 1972 1986 1984 1982 2000 1998 2008 2006 1996 1994 1992 2010 2004 2002 350000 300000 250000 200000 150000 Source : A partir des données du site www.aiddata.org L'APD provient de plusieurs types de donateurs. On distingue généralement l'aide bilatérale et l'aide multilatérale. Initialement les structures d'APD ont été fondées sur les relations historiques entre anciens empires coloniaux et les anciennes colonies. Ainsi donc par exemple, l'aide de la France était destinée essentiellement aux pays francophones ; l'aide de la Grande Bretagne était dirigée vers les pays anglophones, etc. Par la suite, les intérêts économiques, politiques et même idéologiques ont prévalu et l'aide est destinée de façon plus globale à tous les pays dans le besoin même si la plus grosse part de l'aide est restée toujours aux anciennes colonies. Ainsi à ces débuts, l'aide a été fondamentalement bilatérale. Avec l'avènement des institutions financières internationales tels que la Banques Mondiale, le Fonds Monétaire International, les Agences des Nations Unies, les banques Mémoire de fin de formation ISIA 15 Rédigé par : Marius KOUNOU L'aide au développement stimule-t-elle des réformes économiques? de développement, les fondations privées, et les fonds d'investissement privés et publics d'aide multilatérale plus basée sur des critères économiques a émergé et a également très vite pris de l'ampleur. Dans la même dynamique, les pays n'ayant pas eu de colonies mais ayant des intérêts économiques, politiques stratégiques ou simplement animés par le sentiment d'aider, se sont progressivement investis dans l'assistance au développement. Le graphique ci-dessous désagrège le montant total de l'aide déboursé au cours du temps par type de donateur. Bien qu'à ces débuts, l'aide était essentiellement bilatérale, très vite, les banques et fonds de développement ont joué un rôle prépondérant. Entre 1980 et début 2000, la part de l'aide déboursée par ces banques a été la plus importante. Les plus importantes de ces institutions sont entre autres la Banque Mondiale (BM), le Fonds Monétaire International (FMI), la Banque Africaine de Développement (BAB), la Banque Asiatique de Développement (BAsD) la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA), la Banque de développement des Caraïbes (BDC), la Banque interaméricaine de développement (BID), la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Ces banques ont été également les plus grands contributeurs aux initiatives d'effacement de la dette à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Cependant l'aide bilatérale directe6 continuait de jouer un grand rôle. Au cours de la dernière décennie, cette aide bilatérale directe représente la plus importante. Les plus grands donateurs sont entre autres les pays de l'Union Européenne (France, Royaume 6 Il faut noter, que les pays développés financent la plus part de ces banques et fonds de dévelopment ainsi que les agences des Nations Unies et donc l'aide de ces agences peut etre consideré comme une aide bilateral indirect sauf que les pays ne decident pas directement a quelle partenaire l'aide doit aller. Mémoire de fin de formation ISIA 16 Rédigé par : Marius KOUNOU L'aide au développement stimule-t-elle des réformes économiques? Uni, Allemagne, Espagne, Italie, Hollande, Belgique, Portugal, Danemark, Suède, Finlande, etc.), certains pays non membres de l'UE comme la Suisse et la Norvège, les Etats-Unis, le Japon, etc. Avec le lancement des OMD, on voit une part de plus en plus importante de l'aide provenir directement des Agences de l'Organisation des Nation Unies (ONU) comme le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF), le Fonds mondial de lutte contre le sida , la tuberculose et le paludisme (Fonds Mondial), Programme des Nations Unies sur le VIH/Sida (ONUSIDA), Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Programme Alimentaire Mondial (PAM), l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), etc. Figure 2 : Evolution de montants de l'APD par type de donateur entre 1970 et 2011 120000 100000 40000 80000 60000 20000 0 Agences des Nations Unies Banques de Dévélopment Aide bilatérale (autres pays) Aide bilaterale (pays développés) Autres donateurs 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 Source : A partir des données du site www.aiddata.org Enfin il faut noter que même si leur part reste encore marginale, de plus en plus l'APD provient de pays émergents qui pour la plus part étaient de grands bénéficiaires Mémoire de fin de formation ISIA 17 Rédigé par : Marius KOUNOU L'aide au développement stimule-t-elle des réformes économiques? d'aide. Parmi les plus importants donateurs des pays émergents on peut citer la Chine, l'Inde, le Brésil, la Russie, les monarchies du Golfe, et les dragons et tigres d'Asie. |
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