Approvisionnement de la ville de N'Djamena en bois-énergie. Ses influences sur le milieu naturel.( Télécharger le fichier original )par Man-na Djangrang Université de Bangui - Maîtrise 2002 |
PREMIERE PARTIEL'ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUEChapitre 1 : L'ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUE ET LA MOBILITE DE L'ESPACE URBAINUn secteur ne peut être mieux analysé que lorsqu'on le situe dans son environnement socio-économique. Le bassin d'approvisionnement de N'Djaména situé entre la zone soudanienne au sud et le domaine saharien au Nord, couvre une superficie de 72 900 km2. Ce secteur renferme une proportion importante des migrants. Le dernier Recensement Général de la Population de 1993, dénombre 776 939 habitants, soit une densité de l'ordre de 10,6 habitants au km2. La concentration de la population dans cet environnement écologiquement fragile s'est traduite par la mutation du milieu naturel tant en zone rurale qu'urbaine. Ainsi, pour appréhender le fonctionnement du milieu physique d'une part et les rapports socio-économiques qu'entretiennent les différents acteurs avec la ville de N'Djaména d'autre part, nous sommes amené à travailler à différents stades : Le stade régional (le bassin d'approvisionnement, (figure 1) et local (la ville de N'Djaména, (figures 2 et 3)). A. La ville de N'Djaména : une localisation préférentielle héritée de l'histoire.1. Le cadre historique.D'après les travaux de BOURDETTE (1998), le Tchad, avec un taux d'urbanisation de 21,4%, apparaît comme l'un des pays les moins urbanisés de la sous région d'Afrique Centrale. Son réseau urbain est composé de 44 villes de moins de 5 000 habitants et de 40 villes de plus de 5 000 habitants. En l'absence d'une véritable politique d'urbanisation et d'aménagement du territoire, il s'en est suivi une urbanisation accélérée, anarchique, largement alimentée par l'exode rural. Ce mouvement migratoire est provoqué par l'insécurité grandissante, l'appauvrissement de la population et les sécheresses récurrentes en milieu rural. N'Djaména3(*), la capitale, anciennement Fort-Lamy, est créée en 1900 par le commandant DESTENAVE le 22 Avril de la même année après la bataille de Kousseri qui l'avait opposé à Rabah4(*). DESTENAVE installe alors son poste de commandement face à Kousseri, au confluent du Logone et du Chari, sur l'emplacement d'anciens villages disparus. Il donne à ce poste le nom de Fort-Lamy. Jusqu'en 1920, Fort-Lamy ne fut donc qu'une « bourgade » qui se développa peu à peu sans dépasser le cadre d'un gros village vivant de sa garnison. Erigé en commune mixte en 1920, lors de la séparation du territoire du Tchad de l'Oubangui (BOUQUET, 1982), Fort-Lamy deviendra en 1940, à l'occasion de la deuxième Guerre Mondiale, la plaque tournante de l'Afrique centrale pour les communications terrestres et aériennes des Alliés5(*). Lors de la proclamation de la République du Tchad en 1958, puis de l'indépendance en 1960, Fort-Lamy, devint naturellement la capitale du Tchad. Elle sera rebaptisée en 1973, N'Djaména6(*) par le Président NGARTA TOMBAL BAYE. La ville de N'Djaména est une agglomération où se mélangent toutes les ethnies, les religions et les langues. Elle comptait jadis quatre quartiers : Djambal-Ngato, Gardolé et Bololo. Pour les besoins de la guerre, on construisit tout d'abord des casernes, des logements, des dépôts, etc. Puis ce fut le début de l'exode rural et les constructions en terres s'étendirent progressivement vers le Nord. Après la guerre, les rues furent tracées et Fort-Lamy se développa dans tous les domaines et de nouveaux quartiers naquirent comme en témoigne la figure 2. Ceux à vocation administrative, commerciale, « industrielle » et d'autres résidentielles. Des magasins et des banques s'implantèrent, les rues furent bitumées, un château élevé, mais c'est surtout après l'indépendance que la ville connut un essor considérable. * 3 N'Djaména vient de Am Djaména, nom de l'un des villages arabes situés dans le périmètre urbain (projet de loi du 19.02.1966). Le préfixe « Am » indique en arabe un nom de lieu et « Djaména », un arbre donnant de l'ombre ( Ficus bongoensis = Figuier ) : un « arbre de paix et repos » sans doute (CHAPELLE, 1986). * 4 Rabah était un aventurier esclavagiste soudanais. Après avoir séjourné durant sept ans sur le territoire de l'actuel Centrafrique, il pénétra au Tchad en 1893 dans la région de Bousso. Il battit Gaourang II, le Sultan de Baguirmi, chassa Hachem du Bornou puis s'installa à Dikoa. Ce n'est qu'en 1900 qu'il fu vaincu et tué par les troupes du Commandant Lamy, lui aussi décédé lors du combat (Gentil, 1971 in Bouquet, 1982). * 5 N'Djaména a servi comme point de départ des bataillons de marche de la colonne Leclerc qui ont combattu au côté de la France en Syrie, Libye, Somalie, Turquie, etc. * 6 Dans les années 1972-1973, intervint au Tchad la « Révolution Culturelle et Sociale » qui prônait le retour vers une culture authentique. La première mesure appliquée fut le changement de noms. Les noms chrétiens et français sont bannis (CHAPELLE, 1986). |
|