5-DEFINITIONS DES CONCEPTS
Le concept étant un instrument heuristique de
découverte de la réalité sociale qui nécessite une
définition opératoire afin de faciliter la compréhension
du phénomène étudié. Et comme le stipule
Lapeysonnie « la sagesse des nations, à défaut de la
logique formelle nous enseigne qu'il faut, lorsqu'on prend la parole, savoir de
quoi l'on parle (1998 : 1)».
· Connaissance / Savoir
Le lexique de sociologie (2007 :50) définit au sens
général le concept de connaissance comme l'ensemble des savoir
disponible dans un espace social. Le terme est souvent utilisé de
façon spécifique pour en distinguer les différentes formes
(connaissance scientifique, technique, de sens commun). Les approches
sociologiques font l'objet de nombreux débats. Le premier a trait
à la détermination sociale des connaissances. Pour Durkheim
(lexique de sociologie), le caractère collectif de la connaissance est
un critère de validité : les sociétés devenant de
plus en plus rationnelles, les connaissances qu'elles produisent sont de plus
en plus assurées. Pour les marxistes au contraire, les rapports de
production conditionnent les formes de connaissance et l'usage qu'en font les
diverses classes sociales (lexique de sociologie).
Le second concerne l'objet d'une sociologie de la
connaissance. Gurvitch s'est attaché à étudier les formes
de la connaissance qui dépendent, selon lui, des « cadres sociaux
» dans lesquels elle s'est produite (société globale, classe
sociale ou groupe sociale). A l'opposé, les ethnométhodologies ne
font aucune différence entre les formes de connaissance et ne
s'intéressent qu'à leur aspect intersubjectif.
Olivier de Sardan (1995), dans un contexte large
appréhende le concept de savoir en procédant à une
confrontation des savoirs techniques (issus d'un système de savoirs
technico-scientifique cosmopolite et d'origine occidentale) et des «
savoirs populaires » (technique et non technique). Il souligne à
cet effet que les cultures africaines rurales ne font pas nécessairement
une nette distinction entre des savoirs « techniques » et quand elles
le font, n'y mettent pas nécessairement les mêmes contenus .tout
d'abord, elle a l'avantage de souligner que de nombreux savoirs populaires
locaux ont une base ou une visée empirique (ils correspondent à
ce Weber appelle la « rationalité en finalité ». En
second lieu, elle permet de différencier ces savoirs pratico-empiriques
des savoirs sociaux plus diffus, plus larges, plus spéculatifs (à
condition de ne jamais oublier que cette différenciation est relative et
mouvante). Pour lui donc, les savoirs populaires techniques constituent des
stocks de connaissances pragmatiques, opérationnelles qui couvrent tous
les domaines de la pratique sociale. Ils sont variables, multiples,
hétérogènes et inégalement répartis selon le
sexe, l'âge, le statut, le milieu social proche, la trajectoire
personnelle. Toutes les nuances existent entre un « sens commun »ou
un savoir routinier maitrisé à peu près par toute une
population villageoise, des savoirs symboliques et techniques propres à
sexe, une « caste » ou un groupe professionnel et des savoirs
individuels acquis au fil des pérégrinations.
Aussi, Olivier de Sardan se propose de distinguer au minimum savoirs
populaires communs et savoirs populaires spécialisés, car en
effet, certains savoirs populaires non spécialisés ne sont pour
autant pas communs. Entre ce qui fait figure d'un « don »
hérité et les connaissances sophistiquées, pour une bonne
part ritualisées d'un prêtre, des génies, il y'a un
fossé. Autrement dit il existe une inégalité dans la
profondeur du savoir entre profanes et spécialistes. Les savoirs
populaires techniques sont localisés, contextualités, empiriques,
là ou des savoirs technico-scientifiques sont standardisés,
uniformisés, uniformes. Ainsi, il signale qu'en matière de
santé nombre de pratiques populaires relèvent d'un savoir «
prosaïque »,non pas aux yeux de l'observateur extérieur qui
est en général mal placé pour décider ce qui est
magico religieux et ce qui ne l'est pas ,mais aux yeux des
intéressés eux-mêmes. Il y'a en effet une distinction entre
ce qui est « magico-religieux »et ce qui ne l'est pas, qui est
opérée dans toute culture mais dont les critères et la
frontière varient d'une culture a une autre. Il y'a autrement dit des
définitions « émiques » autochtones de ce qui ne l'est
pas. toujours dans le domaine de la santé ,on aura des pans entiers de
savoirs techniques populaires relevant clairement de la phytothérapie,
des « remèdes de grand-mère », ou de savoirs
spécialisés qui n'incorporent pas eux-mêmes des
opérations de type magico-religieux. D'autres séries de
représentants et de techniques thérapeutiques par contre,
impliquent des agents naturels(ou humains dotés de pouvoirs surnaturels)
: En ce cas, on peu d'aucune façon faire la part du « technique
»et du « magico-religieux ». En fait les savoirs populaires se
distinguent entre eux pour une bonne part en raison de la nature même de
leurs référents empiriques. Autrement dit, ils sont soumis, selon
les domaines auxquels ils sont soumis, selon les domaines auxquels ils
s'appliquent, à des systèmes de contraintes distincts qui
induisent des configurations dont les logiques, les assemblages, et les
contenus diffèrent.
Erny (1988) dans une perspective voisine, distingue en Afrique
noire, des degrés et des formes de savoirs. Pour lui, il existe d'une
part une connaissance technique véritable, unscience empirique
doublée d'un savoir-faire, dont les porteurs sont des médecins,
des guérisseurs, des matrones expérimentées. Dans un tout
autre registre, se place selon lui, le savoir de types
ésotériques auquel on n'accède que par une initiation
lente et progressive et dont le but n'est pas l'exercice d'un art ou d'une
profession, mais la compréhension des choses et une saisie en profondeur
du dynamisme universel. L'auteur conclut par le savoir de l'homme moyen qui
pour lui, a aussi un certain nombre de connaissances techniques, mais
incomplètes, partielles. Ce sont d'une part, les catégories de la
pensée ordinaire qui servent aux spéculations
ésotéristes. D'autre part, il se produit toujours un
phénomène de vulgarisation de sorte que l'ensemble de la
population véhicule un certains nombres de connaissances dont il
n'arrive cependant pas à percevoir toute la portée.
Kalis (1997) par contre en distingue deux types de savoirs
dans le contexte spécifique de la santé à savoir : D'une
part, le savoir commun populaire qui est accessible à tous et exempt de
tout support rituel. Il n'utilise les plantes et ne manipule le verbe que dans
le but de soulager le mal symptomatique. Pour Kalis, ce savoir se pratique la
plupart du temps dans le champ restreint de la famille ou de relations proches.
D'autre part, le savoir spécialisé qui exige une connaissance
spécifique conférée par l'apprentissage et l'initiation.
Il stipule à cet effet qu'une liste catégorielle des types de
pratiques spécialisées est difficile à établir car
ces dernières correspondent en fait aux techniques
thérapeutiques dominantes utilisées.
· Représentations sociales
Pour Jodelet (1989), le concept de représentation
sociale désigne une forme de connaissance spécifique, le savoir
de sens commun dont les contenus manifestent l'opération de processus
cognitifs génératifs et fonctionnels socialement marqués.
Plus largement, il désigne une forme de pensée sociale. Le
marquage social des contenus ou des processus de représentation est
à référer aux conditions et aux contextes dans lesquels
émergent les représentations, aux communications par lesquelles
elles circulent, aux fonctions qu'elles servent dans l'interaction avec le
monde et les autres.
Quant à Schurmans (1990), les représentations
sociales sont des catégories cognitives, autour desquelles s'organise
un ensemble cohérent de normes évaluatives et comportementales
qui orientent nos actions, nos décisions, nos jugements dans notre vie
quotidienne. Au-delà de sa propre définition, Shurmans s'accorde
avec Jodelet pour dire que le concept de représentation sociale
désigne une forme de connaissance spécifique, le savoir de sens
commun dont les contenus manifestent l'opération de processus cognitifs
génératifs et fonctionnels socialement marqués. Plus
largement, il désigne une forme de pensée sociale. Le marquage
social des contenus ou des processus de représentation est à
référer aux conditions et aux contextes dans lesquels
émergent les représentations, aux communications par lesquelles
elles circulent, aux fonctions qu'elles servent dans l'interaction avec le
monde et les autres.
· La maladie
Dans la médecine moderne, la maladie est un état
affectant le corps d'un individu. Pour Philippe Adam et Claudine Herzlich
(2001; 5), cette définition résume la maladie à sa
réalité organique or dans la sociologie, la maladie n'est pas
seulement une réalité biologique mais aussi sociale. Ainsi,
s'inspirant des auteurs comme Marcel Mauss (1926) et Durkheim (1987), ils
soutiennent que si l'on veut analyser les différentes manières
dont la maladie est, dans notre société, liée au social,
on doit en premier lieu s'attacher à sa nature et à sa
distribution. Pour ces auteurs, la maladie constitue toujours un état
pourvu de significations sociales et par conséquent la maladie constitue
un jugement évaluatif. Dans ce sens, la maladie fait l'objet de diverses
représentations, selon les sociétés et même entre
les hommes d'une même société.
· Catégories
socio-économiques
Avant de définir une catégorie
socio-économique, Hadad (1999) souligne qu'il est utile de commencer par
se demander ce qu'est une catégorie.Elle est ainsi définie par
l'auteur comme étant une classe dans laquelle on regroupe des objets ou
des personnes représentants des caractères communs. De cette
définition découle une définition d'une catégorie
socio-économique comme étant une classe dans laquelle sont
rangés les individus ayant des caractères sociaux et
économiques semblables. Cependant, sur quels critères
socio-économiques peut-on se baser pour élaborer une telle
typologie de la population. Les critères les plus adoptés sont
relatifs à l'exercice d'une activité professionnelle que sont
:
ü La profession principale
ü L'activité économique principale
ü Le statut socioprofessionnel
Pour l'auteur, l'exercice d'une profession est la source la
plus évidente d'un revenu qui est l'un des indicateurs les plus
pertinents des niveaux de vie. Il ajoute aussi que pour enrichir la
classification en catégorie socio-économique, il est opportun
d'intégrer d'autres variables sociodémographiques telles que
l'âge, le sexe, la situation dans la famille, le lieu de
résidence, ainsi que des variables concernant le niveau
d'instruction.
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