CONCLUSION
La reconnaissance officielle de la médecine et la
pharmacopée traditionnelle en1994 suite aux difficultés
financières et géographiques d'accès aux
médicaments essentiels par certaines populations a entrainé leur
développement et leur intégration dans le système de soin
moderne. Cependant, on ne peut arriver à cela qu'en tenant compte de la
pluralité des pharmacopées traditionnelles ; étant
donné qu'elles varient selon les spécificités culturelles
de chaque localité. Dans cette perspective, les démarches de
revalorisation et de promotion doivent tenir compte des connaissances locales
sur les matières premières de ces pharmacopées
traditionnelles que sont les plantes médicinales. C'est pourquoi
à partir de données de terrain récoltées dans le
village Diarrabakôkô, cette étude s'est
intéressée aux connaissances locales et modes d'utilisations des
plantes médicinales entrant dans la thérapie du paludisme et de
la fièvre jaune (avec un accent sur deux facteurs que sont le niveau de
connaissance /savoir et les caractéristiques socio-économiques
des usagers). Ces deux facteurs sont des déterminants significatifs dans
l'utilisation des plantes médicinales. Ainsi, les usagers ayant un
niveau de connaissance et de savoir-faire élevé ont une plus
grande capacité d'utilisation des drogues végétales.
Aussi, l'effet des variables tel que le sexe, le niveau d'éducation, la
profession, et le revenu sont liés aux itinéraires
thérapeutiques dans un contexte de pluralismes thérapeutiques. Il
faudrait cependant signaler que ces déterminants sont contextuels car
les itinéraires ne sont pas bien définis mais se situent dans un
va et vient entre les deux systèmes de soins.
De même, les résultats de notre recherche
confirment l'influence des facteurs tels que l'expérience et les
représentations locales de ces maladies et, l'accessibilité
financière et géographique des services médicaux modernes
dans l'utilisation des plantes médicinales. Ainsi, la
détermination de la perception des formations sanitaires liées
à la représentation de sa thérapie, sur sa capacité
à soigner le paludisme et la fièvre jaune ainsi que le mode de
tarification des services médicaux (le coût du traitement
biomédical) sont aussi contextuels. Les autres attributs tels que
l'expérience et les représentations locales de ces affections
sont des symboles d'utilisation des plantes médicinales variées
et diversifiés. Ainsi, l'inscription des organes employés
entrainent des conditions de leurs accès et des modes de
préparations médicinales qui influenceraient les
procédés d'utilisation.
Les procédés d'utilisation qui sont un processus
culturel d'acquisition des connaissances se transmettent à travers
l'enseignement oral et pratique dans le cadre des relations interpersonnelles
de père en fils, de grand père à petit fils, maitre
à initier. Dans cette perspective, les modes d'utilisation des plantes
médicinales seraient alors une forme d'objectivation des
connaissances/savoirs ou encore de l'héritage socioculturel et somatique
des sociétés locales. Pour conclure, nous disons que les
déterminants sociaux de l'utilisation des plantes médicinales
entrant dans la cure du paludisme et de la fièvre jaune sont
multidimensionnels et dérivent de l'expérience sociale et des
caractéristiques socio-économiques des usagers.
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