2.2.2- Associations des
plantes médicinales
L'association ou non des espèces dans la
préparation médicinale tient sans nul doute de la
propriété curatives des plantes, de l'effet recherché et
varie par conséquent d'un individu à l'autre suivant
l'apprentissage et les représentations de ces maladies. A ce titre,
à la question de savoir pourquoi les remèdes surtout du paludisme
sont amers, un de nos informateurs atteste :
Comme je l'ai dit, nos parents ne font rien au hasard. Ils
ont un savoir-faire qui a une cohérence et une logique que seul
eux-mêmes peut expliquer. En réalité, c'est la science des
Alcaloïdes qu'ils font. L'alcaloïde contenu dans ces plantes a une
activité sur le plasmodium (entretient avec D.P.Z, le 20/04/2012,
Banfora).
De ce fait, suivant le paludisme et la fièvre jaune les
remèdes sont préparés isolement à partir d'une
plante ou en association avec plusieurs plantes. Et l'association peut aller de
deux espèces à cinq espèces selon les données de
terrain. Ainsi, nous énumérerons quelques exemples dans chaque
cas et par maladie :
Ø Les plantes employées
seules
Sont employées isolement dans la cure du paludisme une
décoction feuilles d'Azadirachta indica (neemee yrii) et
prendre en bain en boisson matin/soir pendant 5 jours une décoction des
racines de Cassia sieberiana (guanguambere) ou une réduction en
poudre de cet organe. La macération des feuilles de cossafina
qui est beaucoup employé à titre préventif.
L'infusion des racines de N 'Kounkine.
ü Dans la cure de la fièvre jaune
La décoction des racines et des feuilles d'Entada
africana Guampanlè (Samanere). A ce niveau il est à signaler
que c'est la seule plante employée seule dans la cure de cette
affection. Ce qui rappelle une fois de plus la perception de cette affection
sur l'axe de gravité croissante du paludisme.
Ø Association de deux plantes
ü Dans le traitement du paludisme
Préparer en association une décoction des
racines ou des feuilles d Anofeissus leiocarpa (Guamungu ou kerekete)
et de Mitragyna inermis (Anfian ou Dun yrii) prendre le
décocté en boisson et bain matin/soir ou réduire en poudre
les racines de ces deux plantes et en prendre avec la bouillie ;
· La macération des feuilles de cossafina
et de Carica papaya pour boisson matin/soir ;
· La décoction des racines de Cassia
sieberiana (Guanguambere ou sindjan) et de Lannea microcarpa
(Tantambila) et prendre le décocté en boisson en
bain matin/soir.
ü Dans la cure de la fièvre jaune
· Préparer une décoction des racines du
Carica papya et de Cochlospernum planchonii (N'dribala) et
prendre le décocté en boisson, en bain matin et soir pendant 5
jours ;
· Une décoction des racines d'Entada africana
(Guampanlè) et les feuilles d'Anofeissus leiocarpa
(Guamungu) à prendre en bain, en boisson matin/soir
· Décoction des racines de Nauclea latifolia
(Tchofian) et de Cochlospernum planchonii (N'dribala).
Ø Association de trois plantes
ü Dans la cure du paludisme.
· Préparer une décoction des feuilles
d'Eucalyptus camaldulensis (yrii djan), de cossafina et de
Carica papaya, prendre le décocté en boisson, en
bain matin et soir ;
· Une décoction des feuilles de Bomboromafian,
d'Anofeissus leiocarpa (Guamungu) et d'Azadirachta indica (neem
yrii) à prendre en bain et en boisson, matin/soir.
ü Dans la cure de la fièvre j aune
· Préparer ensemble une décoction des
racines et des feuilles de Nauclea latifolia (Tchofian ou Bati),
les racines de Ficus. Gnaphalocarpa (toroyrii) et les tiges de
subagadjo et prendre le décocté en bain/boisson matin
et soir ;
· Une décoction des racines de Tobra,
siyèlè, Tchatèrè et prendre le
décocté en bain ; en boisson, matin et soir pendant 5 jours
;
· Décoction des racines de Cassia sieberiana
(Guanguambere ou sindjan), sonsolon Nauclea latifolia (Tchofian ou bati)
à prendre en bain boisson matin et soir pendant 7 jours.
Ø Association de cinq plantes
ü Dans la cure paludisme
· Préparer une décoction des feuilles de
Carica papaya, Eucalyptus camaldulensis, Manguifera indica,
d'Azadirachta indica et du Citrus limon puis prendre le
décocté en boisson, bain, matin et soir.
ü Dans la cure de la fièvre jaune : aucune
association n'a été relevée aussi à ce niveau.
Du reste, il est à signaler que plusieurs raisons ont
été avancées pour justifier ces différentes
associations de plantes. Et la principale raison avancée par les
enquêtés est l'efficacité à 68,42%. Certains
enquêtés évoquent le traitement ou l'ordonnance à
23,68%. Parlant d'efficacité un thérapeute déclare :
« pour soigner le Djokadjo, il faut obligatoirement associer ces trois
plantes (Tobra, siyele, Tchatere) si non l'ordonnance n'est pas au complet.
Tobra par exemple assoupli le ventre et lutte contre la constipation
(entretien avec S.M., le 09/04/2012, Diarrabakôkô) ».
D'autres par contre attribuent ces différentes associations
à l'apprentissage (7,89%). Cependant, quel que soit les raisons
avancées, il convient de mentionner que ces différentes
associations des espèces relève non seulement de la
diversité biologique dans cette localité de
Diarrabakôkô, mais aussi et surtout de l'effet thérapeutique
recherché par les enquêtés suivant ces affections. C'est en
ce sens que nous en convenons avec Kerharo qui affirme que
Dans les différents cas envisagés,
l'association des médicaments sous toutes les formes est courante, on
pourrait presque dire de règle, soit pour renforcer l'activité
d'un composant ou pour en diminuer son caractère irritant, soit pour
chercher une polyvalence des effets thérapeutiques (1974 : 88).
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