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Connaissances locales et modes d'utilisation des plantes médicinales dans le traitement du paludisme et de la fièvre jaune dans la région des cascades. Cas du village de Diarrabakoko.

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par Saliou SANOGO
Université de Ouagadougou - Mîtrise 2014
  

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CHAPITRE II : CONSTRUCTION SOCIALE DU PALUDISME ET DE LA FIEVRE JAUNE

La maladie et l'interprétation qu'elle présente débordent la seule arène médicale. En effet, toute maladie et par extension toute infortune donne lieu à de multiples interprétations à savoir : celle du soignant, qui renvoie à la culture savante, celle du malade qui renvoie à son enracinement dans une culture donnée (Dacher 1992 ; Bonnet 1988 ; Fainzang 1986). Dit autrement, cela renvoie à son «modelage culturel». A cet effet, construire la maladie revient donc à porter une particulière attention aux différentes modalités de la penser et de la soigner, car elle n'est pas seulement une réalité biologique, mais aussi une réalité sociale qui demande d'être comprise et analysée. Comme le note Kalis « l'organique ne prend son sens que relié au social » (1997 : 108).

I-Construction biomédicale du paludisme et de la fièvre jaune

La médecine savante, dans son référent biologique, désigne et nomme une entité nosologique « disease » (en anglais) qui peut être socialement reconnue ou pas. En ce sens, la maladie est prise comme une catégorie objective dont l'interprétation et la détermination des facteurs étiologiques s'inscrivent dans une approche éthique. Dans cette perspective, le paludisme est une maladie potentiellement mortelle transmise par des moustiques. Les scientifiques, selon Santé actu 2007: 24, ont découvert en 1880 la véritable cause du paludisme, un parasite unicellulaire appelé plasmodium. Ils ont ensuite découvert que le parasite était transmis d'une personne à une autre par les piqûres de moustique anophèle femelle. Il existe quatre types de paludisme humain : le plasmodium vivax, le plasmodium malaraie, le plasmodium ovale et le plasmodium falciparum. Ce sont le plasmodium vivax et le plasmodium falciparum qui sont les plus courants au Burkina Faso. Cependant, il convient de mentionner que la prophylaxie même du paludisme fondée sur des bases scientifiques a été possible lorsqu'à la suite de « Laveran, prix Nobel en 1907, qui a découvert le parasite du paludisme, Manson avait démontré en 1978, à Shanghai, qu'un moustique, le « culex », hébergeait les formes larvaires microscopiques (ou microfilaires) de la filaire. Grassi découvrait en Italie, le responsable de la transmission du paludisme humain, l'anophèle «du grec anopheles dangereux» (Lapeyssonnie 1988: 44-45). De plus, le paludisme est perçu comme une maladie de « l'ancien régime » qui aurait marqué l'histoire « puisque les textes assyriens, chaldéens, égyptiens, védiques et chinois le mentionnent sans ambigüité. Il n'a pastoujours été l'apanage des tropiques : Les grecs l'ont connu, Hippocrate en donne la première description clinique 400 ans avant notre ère. De 1939 à 1945, pendant les six ans qu'a duré le second conflit mondial, il a donc tué plus de monde que les faits de guerres, les bombardements et les camps de concentration réunis ! (Lapeyssonnie 1988 : 40-41) ». Mais aussi du « nouveau régime » car il constitue de nos jours le premier motif de consultations, d'hospitalisations et la cause de nombreux décès dans les formations sanitaires du Burkina Faso voire de l'Afrique subsaharienne. Au Burkina Faso, il constitue un problème de santé publique et reste une endémie stable dans tout le pays avec une recrudescence saisonnière (mai - octobre). Il se caractérise cliniquement par un groupe de symptômes tels que la fièvre, les céphalées, et les troubles digestifs.

Par ailleurs, tout comme le paludisme, la fièvre jaune relève aussi de la famille des fièvres. Mais dans la conception biomédicale la fièvre jaune est une maladie différente du paludisme car son agent causal est un moustique non transgénique, Aides. Comme le note Lapeyssonnie « le virus amaril (de amarillo « jaune », en espagnol). Celui-ci, véhiculé par d'autres moustiques, les aèdes (ou stegomyia), d'un « jauneaux » à un sujet sain, déterminait chez les malheureux une hépatonéphrite le plus souvent mortelle (1988 : 48)». A son origine, elle fut également appelé « mal de siam ». C'est aussi une maladie de « l'ancien régime » car « elle n'a fait parler d'elle en Afrique que près de 300 ans plus tard, exactement en 1778, avec l'épidémie qui décima les troupes britanniques stationnées à Saint-Louis au Sénégal. De toutes les maladies « pestilentielles », comme on a longtemps appelé la peste, la variole, le choléra, le typhus et la fièvre jaune, cette dernière est celle qui présente le potentiel de diffusion et de transfert à distance le plus élevé » (Lapeysonnie 1988 :49). De plus, les signes cliniques de cette pathologie se caractérisent par une hémorragie au niveau des gencives et la fièvre. Mais il est à signaler que cette maladie n'est plus une question alarmante aujourd'hui puisqu'elle est en voie de disparition suite à de la généralisation de la vaccination antiamarile .De tout ce qui précède, il reste que le paludisme et la fièvre jaune forment des « éco pathogènes » du fait qu'ils sont étroitement liés à certains caractères climatiques, hydrographiques, et biologiques de la zone concernée. L'aire d'extension de l'activité de ces vecteurs dépend du contexte social (lieu de vie) et aussi de la densité de la population.

Cependant, dans le cadre de cette étude, nous mettrons plus l'accent sur la construction profane de ces deux pathologies à partir d'une analyse sociologique qui nous enseigne de prendre en compte la conception populaire de la maladie lorsqu'il existe une médecine savante.

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