Promotion
2009/2010
![](Accessibilite-urbaine-dans-les-villes-du-sahel-Cas-de-la-mobilite-urbaine-de-la-ville-de-Niamey1.png)
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Ecole Nationale d'Application des
Techniques des Transports Terrestres
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Mémoire de fin d'études, soutenu en vue de
l'obtention du diplôme d'Inspecteur Principale des Transports
Terrestres
![](Accessibilite-urbaine-dans-les-villes-du-sahel-Cas-de-la-mobilite-urbaine-de-la-ville-de-Niamey2.png)
THEME:
Problème de l'accessibilité urbaine
dans
les pays du sahel: état de la
mobilité
urbaine à Niamey
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Réalisé par: MAMANE IDI Ali
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Encadré par:
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Dr. Hichem YESGUER
M. Mahieddine GHODBANE
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Remerciements
Je tiens tout d'abord à remercier mes encadrants, Hichem
YESGUER et Mahieddine GHODBANE, pour avoir accepté de m'accompagner et
de me guider tout au long de ce travail.
Je remercie aussi les enseignants de l'ENATT, pour leur un
rôle important tout au long de mon cursus, en particulier M. MASSMOUDI,
pour sa gentillesse et sa disponibilité.
Je remercie également le directeur général
de L'ENATT M. BEN AICHA ainsi que M. HAFIDI, M. ABDI et l'ensemble du personnel
de L'ENATT.
Je tiens à remercier bien évidemment mes parents :
mon père et mère à qui je dois tout..... Merci pour votre
soutien matériel et moral inestimable
Un grand merci à mes nombreux frères et soeurs,
pour leur soutien ô combien important. Je salut aussi mes cousins, mes
neveux et nièces et toute la grande famille.
Je remercie également tous mes collègues de classe
ainsi que les camarades et amies que j'ai connus en Algérie.
Enfin, merci à tout ceux qui de près ou de loin,
m'ont aidé dans la réalisation de ce travail.
3
Table des matières
Introduction générale 6
Chapitre 1 : mobilité et accessibilité :
concepts essentiels pour comprendre les déplacements en
milieu urbain 9
1.1. Mobilité : concept fondamental pour comprendre
l'accessibilité 10
1.1.1. Les enjeux de la politique de mobilité urbaine
10
1.1.2. Les différents types de mobilité
11
1.1.2.1. Mobilité en fonction de l'échelle
11
1.1.2.2. Mobilité selon le type de déplacement
..13
1.1.3. Caractéristiques de la mobilité
14
1.1.3.1 le mode de déplacement 14
1.1.3.2. Le budget dédié aux déplacements
16
1.1.3.3. La distance parcourue 17
1.1.4. Les déterminants de la mobilité
18
1.1.4.1. La démographie 18
1.1.4.2. L'activité économique
18
1.1.4.3. L'urbanisation et la densité de la population
19
1.2. Ville et mobilité 19
1.2.1. Fonctionnalité urbaine 19
1.2.2. La dimension urbaine de la mobilité
20
1.2.3. La dimension sociale de la mobilité
21
1.3. Le concept de l'accessibilité 22
1.3.1. Accessibilité, élément de
définition 22
1.3.2. De quoi dépend l'accessibilité ?
23
1.3.3. Accessibilité et exclusion sociale
24
1.3.4. Accessibilité et mobilité durable.
26
1.3.5. Les effets structurants des transports
27
Chapitre 2 : Accessibilité urbaine dans les villes
sahéliennes 31
2.1. Le Sahel africain 32
2.1.1. Spécificités géographiques
32
2.1.2. Spécificités économiques
33
2.1.3. Spécificités politiques
34
4
2.2. Ville et transport au sahel 36
2.2.1. Urbanisation dans les villes sahéliennes
36
2.2.2. Croissances urbaines et problème de transport
37
2.2.3. Organisation et gestion des transports urbains au Sahel
38
2.2.3.1 les premières entreprises d'autobus
39
2.2.3.2 La défaillance de la réglementation
39
2.2.3.3 les infrastructures de transport 41
2.3. L'offre de transport dans les villes sahéliennes
43
2.3.1. Le secteur artisanal 43
2.3.2. Des entreprises nationales en déclin
45
2.4. Mobilité urbaine et usage des modes au sahel
46
2.4.1. Niveau de mobilité des sahéliens
46
2-4-2. le poids des dépenses en transport des
ménages sahéliens 48
2.4.3. Les moyens de transport utilisés par les
sahéliens pour accéder aux services urbains
48
2.4.3.1. Les modes de transports doux 49
2.4.3.2. Les modes de transport collectif 51
Chapitre 3 : la mobilité urbaine à I iamey
: constats et solutions 55
3.1. La ville de Niamey 56
3.1.1. Caractéristiques géographiques et
démographiques 56
3.1.1.1. Caractéristiques géographiques
56
3.1.1.2. Croissance démographique de la CUN
58
3.1.2. Les zones attractives de Niamey 59
3.1.2.1. Le centre de la ville 59
3.1.2.2. Spécificités des zones attractives
60
3.1.3. Etalement urbain et problème de déplacement
62
3.2. Quelle pratique de mobilité pour les niaméens
? 63
3.2.1. Spécificités des déplacements
à Niamey 63
3.2.2. Niveaux de mobilité des niaméens
66
3.3. Structure de l'offre des transports collectifs à
Niamey 69
3.3.1. Les taxis collectifs 69
3.3.2 Les minibus faba-faba 70
3-3-3 La sotruni 71
3.4. Problème de desserte dans la ville de Niamey
72
3.4.1. La réalité de la desserte en transport
collectif 72
5
3.4.2. Difficultés de déplacement et exclusion
sociale 74
3.5. Problème d'organisation et de gestion des transports
à Niamey 76
3.5.1. Insuffisance de la voirie urbaine à Niamey
76
3.5.2. Conditions de circulation difficiles
76
3.5.3. La défaillance de l'Autorité Organisatrice
des Transports urbains à
Niamey .78
3.6. Synthèse des problèmes de mobilité et
recommandations 79
Recommandations 80
Conclusion générale 83
Bibliographie 86
Tableau des illustrations 90
6
Introduction générale
«Sans prétendre que les transports aient
un rôle dominant, ils constituent une contrainte, dont il est difficile
de s'affranchir et qu'il est dangereux de négliger ». (P. MERLII ,
1991)
L
es villes sont considérées de nos jours comme le
moteur de croissances des pays. Les transports urbains et la mobilité
sont de ce fait essentiels au fonctionnement des villes qui sont
généralement les lieux principaux de développement.
Malgré son importance communément admise, la question de la
mobilité est encore considérée comme secondaires en
Afrique. Elle arrive très souvent, bien après les questions de
santé, de l'éducation, d'accès à l'eau et de
l'assainissement. Pourtant, les déplacements représentent une
composante essentielle de la vie urbaine, permettant l'accès à
l'emploi, aux besoins quotidiens et aux services de bases. Ces besoins de
mobilité s'inscrivent dans la politique du PNUD et ses Objectifs du
Millénaire pour le Développement, visant à réduire
de moitié la part des populations en extrême pauvreté
à l'horizon 2015. Mais pour sortir du cercle vicieux de la
pauvreté, un niveau de mobilité minimal est indispensable. Il en
va même de la question de survie quotidienne des populations
démunies vivant dans les pays pauvres, notamment en
périphérie des villes.
Dans un contexte mondial d'urbanisation auquel
n'échappent pas les villes en voie de développement, la
mobilité quotidienne est essentielle pour accéder aux ressources
et aux opportunités offertes par la ville. Elle est d'autant plus
indispensable que les villes s'étalent dans l'espace comme c'est le cas
des villes africaines qui connaissent un développement horizontal, une
fragmentation des lieux de résidence et des lieux d'emploi et des
distances moyennes à parcourir qui tendent à s'accroitre
fortement. (F. DEVILLE, X. GODARD, 2008).
En Afrique Subsaharienne, les transports urbains traversent
une crise caractérisée par l'insuffisance de l'offre de
transport, la dégradation de la voirie, la disparition des entreprises
structurées au profit du transport artisanal, un prix de transport
élevé pour les budgets des ménages pour ne citer que ceux
là. Cette situation de crise des transports, ajoutés
7
à un contexte général de croissance
démographique et de pauvreté des ménages, rendent assez
problématique l'accès des citoyens pauvres à la ville et
à ses opportunités.
Dans cette étude, nous nous intéressons à
l'accès aux services urbains dans les pays sahéliens, en
particulier dans la ville de Niamey au Niger. L'accessibilité urbaine
est en effet, un enjeu majeur dans toutes les villes ; en particulier dans les
villes du Sahel ou le développement spatial s'accompagne d'un rejet
à la périphérie des couches pauvres de la population
vivant de plus en plus loin du centre, ou sont concentrés la plupart des
activités économiques, administratives et sociales. Une situation
paradoxale ou les plus démunies doivent effectuer les
déplacements les plus longs et payer ainsi les prix de transport le plus
élevés (AMAKOE Adolehoume, SITRASS, 1996).
Le Sahel (c.1~e) est un mot Arabe qui signifie rivage. Il
désigne une bande de territoires marquant la transition, à la
fois floristique et climatique, entre le domaine saharien au nord et les
savanes du domaine soudanien, où les pluies sont substantielles, au sud.
D'Est en Ouest, il s'étend de l'Atlantique à la mer Rouge. La
définition de la zone couverte est très variable selon les
auteurs. Ainsi pour certains le Sahel comprend tout les territoires bordant le
Sahara: il y à donc un Sahel septentrional et un Sahel
méridional. C'est ce dernier qui est cependant désigné
quand on ne lui ajoute pas de qualificatif (Theodore MONOD, 1986).
Pour plusieurs auteurs (G.-F, DUMONT notamment), une ceinture
couvre la zone du Sahel. Cette ceinture sahélienne recouvre le
territoire de plusieurs pays africains (cf. chap1). Les pays ayant cette
couverture sahélienne sont communément appelés pays du
Sahel. Cependant, pour cette étude nous allons restreindre le sahel au
quatre pays ouest africain : le Niger, le Sénégal, le Mali et le
Burkina Faso ; pays que nous pensons être assez représentatifs du
Sahel tant par la couverture de leur ceinture sahélienne, la faiblesse
de leur densité' (11 habitants/km2), leur croissance
démographique, que par le climat, la végétation et le
faible revenu de leur population.
Aussi, il est important de souligner la difficulté de
faire une étude sur cette zone pauvre et enclavée. En effet, nous
avons eu énormément de difficultés à
récolter les données concernant ces quatre pays, une
enquête et un travail de terrain étant impossible vu
l'éloignement de l'espace d'étude, nous nous sommes basés
dans notre recherche sur une
1 Cette densité est trois fois
inférieure à celle de l'Afrique dans son ensemble, qui est de 32
habitants/km2, plus de trois fois inférieure à la densité
moyenne de l'Afrique subsaharienne, 37 habitants/km2, et près de cinq
fois inférieure à la densité moyenne dans le monde, soit
49 habitants/km2
8
bibliographie riche et spécialisée, qui à
notre sens a beaucoup contribué à enrichir davantage notre
travail.
Pour la cohérence de cette étude et afin de
mieux comprendre le problème, nous avons divisé le travail en
trois chapitres :
Un premier chapitre qui porte sur la mobilité et
l'accessibilité urbaine. Il s'agit en effet de deux concepts clés
dans cette étude. Leur compréhension nous parait indispensable
pour mieux cerner les déplacements en milieu urbain. Plusieurs notions
relatives à ces deux concepts seront traitées dans ce chapitre,
entre autre, les différents types de mobilité, les
caractéristiques et les déterminants de la mobilité, la
dimension urbaine et sociale de la mobilité, accessibilité et
exclusion sociale, accessibilité et mobilité durable, etc.
Un deuxième chapitre intitulé «
accessibilité urbaine dans les villes sahéliennes » à
travers lequel nous analyserons les différents problèmes relatifs
à l'accès aux services urbains des citadins sahéliens. Il
sera question d'abord des spécificités géographiques,
économiques et politiques du sahel Africain ; mais aussi des
problèmes d'urbanisation, des croissances urbaines et de
l'étalement des villes, et surtout des questions de l'organisation des
transports urbains, de l'offre de transport, de la mobilité des citadins
sahéliens et des différents moyens de transports utilisés
par les sahéliens pour accéder à la ville.
Enfin, le troisième chapitre traitera sur
l'étude cas sur la mobilité urbaine dans la ville de Niamey. Nous
parlerons d'abord des spécificités propres à la ville de
Niamey : croissance démographique, les zones attractives,
l'étalement de la ville, etc. Ensuite, nous analyserons les pratiques de
mobilité des niaméens et la structure de l'offre des transports.
Puis nous verrons les problèmes de dessertes dans la ville, les
difficultés de déplacement et l'exclusion sociale d'une partie de
la population, et les problèmes d'organisation et de gestion des
transports urbains. Enfin, la dernière partie sera consacrée aux
recommandations en vu de permettre l'accès à la ville et aux
services urbains à tous les citadins niaméens.
9
Chapitre 1
Mobilité et accessibilité : concepts
essentiels
pour comprendre les déplacements en milieu
urbain
L
es concepts de mobilité et de l'accessibilité
occupent une place centrale dans les études relatives aux
déplacements en milieu urbain. Ce chapitre traite justement de ces deux
concepts importants en vu de mieux comprendre la problématique de
l'accessibilité aux services urbains. Ainsi, donc dans ce chapitre, nous
allons aborder les notions de mobilité et de l'accessibilité.
Dans un premier temps, nous parlerons de la question de mobilité, entre
autres sa définition, les différents types de mobilité,
les éléments qui la caractérise, ses déterminants,
ainsi que sa dimension urbaine et sociale. En deuxième lieu nous
traiterons le concept de l'accessibilité. Il sera d'abord question de
définir la notion de l'accessibilité, puis on évoquera la
question de l'accessibilité et l'exclusion sociale, ensuite,
l'accessibilité et mobilité durable et enfin nous parlerons des
effets structurants des transports.
10
1.1. Mobilité : concept fondamental pour
comprendre l'accessibilité
La mobilité est définie en général
comme étant la facilité à se mouvoir, à être
en mouvement, à changer, à se déplacer. « C'est
une forme de mouvement qui s'exprime par le changement de position »
(R. BRUNET, R. FERRAS, H. THERY, 2005). Pour Pierre
MERLIN (1991), c'est la propension d'une personne à se déplacer.
On peut aussi la définir comme étant la capacité qu'a une
personne à se déplacer.
La mobilité se mesure généralement en
fonction du nombre de déplacement par jours. Ce qui correspond au nombre
de mouvement d'une personne de l'origine à la destination. Pour ce qui
est du niveau de mobilité, il peut être mesuré par personne
ou par ménage.
La mobilité dépend de plusieurs facteurs
socio-économiques tels que le niveau de vie ou de revenu, qui explique
la mobilité des riches par rapport aux pauvres, l'offre des transports,
qui à une influence directe sur le déplacement par sa
qualité et sa quantité, le taux de motorisation, qui favorise une
très grande mobilité du fait de la possession de son propre moyen
de transport, etc.
1.1.1. Les enjeux de la politique de mobilité
urbaine
La politique de mobilité cherche en
générale à garantir les effets positifs du secteur,
notamment l'accès au système de transport et au milieu urbain, et
la réduction continuelle des effets négatifs tels que la
pollution, le bruit, la congestion, etc. De ce fait une politique de
mobilité notamment en milieu urbain doit viser une accessibilité
interne et externe2. Elle doit mettre l'accent sur
l'intégration du transport et de l'urbanisme. Elle doit également
favoriser la possibilité de l'utilisation conjointe du moyen de
transport personnel et d'un transport public de haute qualité, tout en
maintenant la possibilité de libre choix pour le voyageur et le
transporteur Enfin, une politique de mobilité urbaine doit être
adaptée à un système de transport offrant une
sécurité élevée et une durabilité
écologique.
Les objectifs majeurs de cette politique de mobilité
peuvent être résumés comme suit :
· L'accessibilité garantie dans toutes ses
dimensions : possibilité d'accès aux services de transport et au
milieu urbain ;
2CAPAS : sciences &industrie,
www.j46pays.renault-trucks.com/mobilite
urbaine 2004569 0.html
· 11
Une mobilité durable impliquant la croissance
économique et sociale ainsi que la
réduction des externalités du système :
accidents, pollution, bruits
· La réalisation, le maintien et la modernisation
en permanence du réseau de transport indispensable en fonction des
besoins ;
· La liberté du consommateur de décider du
moyen de transport à utiliser, du moment, du trajet, tout en
étant confronter aux conséquences financières et autres de
sa décision ;
· L'utilisation rationnelle des moyens de transports
ainsi que l'optimisation de la capacité d'infrastructure existante, en
mettant en place une politique efficace de déplacement urbain;
· La sécurité aussi bien des usagers que
celle des matériels et infrastructures de transport.
1.1.2. Les différents types de mobilité
On peut dresser deux typologies de mobilité : en
fonction de l'échelle (spatiale ou temporelle), ou de part le type de
déplacement (motorisée ou non motorisée). La connaissance
des différents types de mobilité est importante dans les
études de l'accessibilité urbaine. Elle permettra entre autre de
connaître et de comprendre les pratiques de déplacement surtout en
milieu urbain.
1.1.2.1. Mobilité en fonction de
l'échelle
Comme nous l'avons introduit, en fonction de l'échelle
on peut distinguer deux types de mobilité : spatiale et temporelle.
Pour l'échelle spatiale, MERLIN (1991) distingue quatre
types de mobilités :
· l'échelle intercontinentale ;
· l'échelle interrégionale ;
· l'échelle régionale ;
· l'échelle locale, qui concerne
l'agglomération urbaine.
Dans cette étude, seule l'échelle locale nous
intéressent vraiment ; car il s'agit des déplacements en
agglomération, donc s'effectuant en milieu urbain.
Pour ce qui est de l'échelle temporelle il fait le
classement suivant :
·
12
Mobilité occasionnelle : elle n'obéit à
aucune périodicité et correspond à des motifs divers et
variés : loisirs, professionnels, achats, visites des parents, ou
d'amis, etc.
· Mobilité hebdomadaire : elle se
répète chaque semaine. Il s'agit des travailleurs amenés
à exercer leur activité trop loin de leur domicile pour y revenir
chaque soir, d'élèves ou d'étudiant soumis à
l'internat ou dont le lieu d'études est éloigné de la
résidence familiale, des déplacements de loisirs vers les centres
de loisirs, de sport et de repos.
· La mobilité quotidienne : qui correspond au
déplacement du domicile au lieu de travail ou d'étude, les achats
des produits d'usage quotidiens (composante obligée), les
déplacements de loisir, d'achats, de visites, d'affaires (composante
volontaire) ;
· Mobilité résidentielle : il s'agit de
changement de résidence qui peut impliquer également un
changement de milieu de vie ou non ;
· Mobilité saisonnière : qui se
répète chaque année
Vincent KAUFMANN (1999), lui parle de mobilité
spatiale mais en distingue quatre types de mobilité : mobilité
cyclique ou linéaire et mobilité à l'intérieur ou
à l'extérieur d'un bassin de vie. Son raisonnement bien que
spatial nous permet de faire le lien avec l'échelle urbaine, puisque les
mouvements qui se font à l'intérieur du bassin de vie peuvent
être assimilés aux mouvements s'effectuant en milieu urbain.
Tableau 1.1 : système de mobilité spatial
|
Mouvement interne
bassin de vie
|
à
|
un
|
Mouvement vers l'extérieur d'un bassin de vie
|
Mouvement cyclique
|
Mobilité quotidienne
|
|
|
Voyage
|
Mouvement linéaire
|
Mobilité résidentielle
|
|
|
Migration
|
|
Source : KAUFMAN (1999)
Le mouvement cyclique selon Kaufmann est un
déplacement avec intention de retour à court terme (aller-retour)
; si le retour à court terme n'est pas envisagé, le
déplacement alors est linéaire (origine-destination).
L'observation de ces deux définitions faites par
MERLIN et KAUFFMAN nous permet de faire le constat suivant : que la
mobilité ne sort pas du contexte spatio-temporel. En effet comme le
soutien H. YESGUER (2009), la mobilité est à la fois spatiale et
temporelle. Tout déplacement appartient en même temps aux deux
échelles. On ne peut pas envisager
13
d'étudier un déplacement sans se
référer à l'espace et au temps. De ce fait, nous pouvons
faire la distinction suivante :
· Echelle temporelle : qui est non seulement celui de la
mobilité régulière qui se répète de
façon constante ; c'est le cas des mouvements cycliques selon la
distinction de KAUFMAN, et c'est ce que MERLIN appelle mobilité
quotidienne, hebdomadaire ou saisonnière ; mais aussi celui de la
mobilité occasionnelle qui correspond au mouvement cyclique ou
linéaire n'obéissant à aucune
périodicité.
· Echelle spatiale : nous allons nous concentrer
seulement sur l'urbain qui est notre cas d'étude. On peut alors
distinguer deux cas :
> Mobilité locale ou urbaine selon MERLIN, et
mobilité à l'intérieur d'un bassin de vie selon KAUFMAN
;
> Mobilité non urbaine ou externe à notre
bassin de vie.
1.1.2.2. Mobilité selon le type de
déplacement
En fonction du type de déplacement (travail/loisir),
(courte distance/longue distance) mais aussi d'autres facteurs tels que le
revenu, le cout de transport..., les modes de transports peuvent être
différents. En effet, E.S. CHEMIN (2009) pense que la mobilité
peut être analysée par type de déplacement :
motorisé et non motorisé, impliquant de ce fait divers modes de
déplacement. On peut alors schématiser ces deux types de
mobilité en fonction du mode ou moyen de transport utilisé
à travers la figure suivante.
Fig1.1 Les types de mobilité
bll
![](Accessibilite-urbaine-dans-les-villes-du-sahel-Cas-de-la-mobilite-urbaine-de-la-ville-de-Niamey6.png)
Source : Elodie Sentenac Chemin, Panorama 2009, mobilité
des passagers : évolution et enjeu
1.1.3. Caractéristiques de la mobilité
Trois éléments caractérisent la
mobilité : le mode de déplacement, le budget qui leur est
consacré, et la distance parcourue par les individus (PAPON,
1997)3
1.1.3.1 le mode de déplacement
Comme nous l'avons avancé ci-dessus on peut se
déplacer selon plusieurs modes de transport. Connaitre et comprendre ces
différents modes permettraient une meilleure planification.
Il existe quatre modes de transport : le maritime, le fluvial,
l'aérien, et le terrestre. Dans cette étude, nous nous
intéressons au mode terrestre notamment les moyens de transport urbain :
voiture, transport en commun, deux roues motorisés, vélo et la
marche à pied.
Fig. 2.2 Les types de mobilité dans le monde en
pourcentage de déplacement
![](Accessibilite-urbaine-dans-les-villes-du-sahel-Cas-de-la-mobilite-urbaine-de-la-ville-de-Niamey7.png)
100% 90%
80% 70% 60%
40%
0%
20%
10%
Oen i
p ay s pays en voie de Asie du
industrialisés développement Sud-pst
_onde
§ Voituras
Transport an
e rurolurl
Deux-rouas vé,a
§ A a '"i
14
Source : PAPON, 1997, Panorama de la mobilité mondiale non
motorisée
La figure 2.2 montre que le mode le plus utilisé dans
le monde (pour les courtes distances) est la marche à pied, qui
correspond à 36 % des déplacements. Le deuxième type de
a Cité pat E. S. Chemin dans Panorama 2009, La
mobilité des passagers : évolutions et enjeux,
www.ifp.fr
15
transport le plus courant est la voiture (22%), suivie de
près par les transports en commun (20 %).
Mais l'utilisation de ces modes dépend beaucoup de la
distance à parcourir. Si le mode « à pied » est
dominant sur les courtes distances, le mode «en voiture» est
préféré, quant à lui, sur les trajets à
longue distance. Effectivement, contrairement aux autres modes de transport, le
véhicule particulier apporte un grand nombre d'avantages, comme la
vitesse, le confort et la flexibilité.
Ainsi, d'après la figure 2.1, la voiture
particulière est le mode de transport dominant dans les pays
industrialisés ; en Asie du Sud-est, les deux roues motorisés et
le vélo jouent un rôle important. Dans les pays en voie de
développement, la marche à pied et le transport en commun sont
dominants. En Afrique, comme on le verra à travers les pays du Sahel,
c'est la marche à pied qui est le principal moyen d'accès
à la ville.
Il apparait donc d'après la figure 2.1, une
différenciation de mobilité à l'échelle mondiale,
en fonction des pays riches et des pays pauvres. Mais cette distinction de
mobilité s'explique du fait des caractéristiques propres à
ces groupes de pays.
Les pays développés sont en effet
caractérisés par :
· Des niveaux de revenu en moyenne élevés
: plus de 20000$/an (banque mondiale 2008)
· Une urbanisation forte ;
· Une mobilité motorisée importante ;
· Une population vieillissante mais stable en moyenne
;
· Une dépendance à l'automobile
très grande ;
Les pays sous développés sont
caractérisés eux par :
· Des revenus bas, voire très bas en moyenne : moins
de 2500$/ans
· Un taux d'urbanisation qui augmente très
fortement
· Des déplacements qui se font toujours en
majorité à pied ;
· Une population en forte croissance et très jeune
;
· Une croissance des véhicules particuliers ;
16
1.1.3.2. Le budget dédié aux
déplacements
Le budget est un des éléments
caractérisant le déplacement. Il est lié non seulement aux
modes de transport utilisés mais aussi au niveau de revenu et de
développement du pays. A ce niveau, il y'a lieu de préciser que
deux types de budgets sont à prendre en compte. Le budget temps et le
budget monétaire. Les principaux constats sur la mobilité dans le
monde sont les suivant :
Premièrement, le temps passé à se
déplacer est relativement stable en moyenne 1,1h/j et par personne dans
le monde (SCHAFER, VICTOR, 2000).
Deuxièmement, le budget varie selon le mode de
transport utilisé. Si une personne dépense entre 3 et 5% de son
budget à des déplacements non motorisés ou en transport en
commun, une autre dépensera entre 10 et 15% de son budget à des
déplacements en automobile (SCHAFER, 2006).
Enfin troisièmement, les gens se déplacent de
plus en plus loin. Ce sont donc les modes de transport rapides qui dominent. Le
budget temps est stable en moyenne mais il peut varier suivant les villes. En
fait c'est la conjoncture de ZAHAVI. Selon lui, le budget temps
dédié au déplacement reste inchangé. Il parle de la
relative constance du budget temps transport(BTT). Et selon lui, c'est ce qui
explique l'étalement des villes du fait de l'utilisation de la voiture
individuelle. Y. ZAHAVI(1979) part de l'hypothèse de l'existence d'un
lien fort entre le temps et l'extension des villes. Pour lui, les gains de
temps occasionnés par les gains de vitesses ces dernières
décennies, sont tous réinvestis dans les transports. Donc
l'augmentation de la vitesse a entrainé une croissance des distances
parcourues au lieu du temps de parcours. Le budget temps transport (BTT) reste
lui constant (aux environs d'une heure par jour) en dépit de
l'augmentation de la distance (Cyril ENAULT, 2009).
La conjoncture de ZAHAVI résulte d'un raisonnement
essentiellement microéconomique par lequel l'agent représentatif
est censé optimiser ses choix ; elle ne se fonde pas sur une
détermination sociale ou culturelle 4 . En effet, des
études réalisées par le laboratoire d'économie des
transports (LET) de Lyon ont nuancé quelque peu cette conjoncture et
sont arrivées à la conclusion qu'il existe « des
facteurs qui peuvent inciter les individus à
4 Yves Crozet, Iragael Joly, 2003, laboratoire
d'économie des transports.
http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00087658/en/
17
accepter un temps de déplacement
particulièrement long », contrairement à l'idée
reçue qu'ils cherchent avant tout à le minimiser Ainsi, des
déterminants culturels, socio-économiques ou familiaux conduisent
une partie au moins de la population, à une gestion inédite de
son temps de transport. Pour ces personnes, la limite du « supportable
» se situe, non autour d'une heure, mais autour du double. Aussi le
phénomène de congestion dans les villes, ainsi que la non prise
en compte de la marche à pied dans les travaux de ZAHAVI surtout en ce
qui concerne les pays africains ou la proportion de ce mode de transport est
particulièrement élevée, limitent cette théorie.
Quant au budget monétaire, ZAHAVI pense qu'il est lui aussi stable et
tourne autour de 3% pour les ménages non motorisés et 15% pour
les ménages motorisés. Ce budget est largement dépendant
du mode de transport utilisé et augmente avec l'accès à
l'automobile. Il représente environ 5% dans les pays à
motorisation faible et 12% dans les pays à motorisation
élevée (E.S CHEMIN, 2009)
1.1.3.3. La distance parcourue
La mobilité dépend également de la
distance parcourue, qui est par définition la distance qui sépare
le lieu d'origine à la destination. C'est en fait l'intervalle à
franchir pour se rendre d'un lieu à un autre. Ce qui signifie que son
parcours nécessite un effort, une dépense d'énergie. Et
comme souligne Denise PUMAIN (2004), « par cette perte
d'énergie qu'elle suppose, la distance a pour effet de réduire la
fréquence de déplacement ». Le coût de la
distance peut représenter aussi une pénibilité physique,
une consommation d'énergie et/ou de temps. Même si la distance a
un effet dissuasif sur le déplacement, notons par ailleurs que l'homme
est obligé de composer avec elle car comme le constate H.
REYMOND5 (1981), « deux objets ne peuvent occuper la
même place, il y a une obligation d'espacement ». Ce qui
explique le besoin et la nécessité pour les individus de se
déplacer pour leurs activités quotidiennes. Or la localisation
des activités, de l'emploi, de l'habitat et l'urbanisation
détermine le plus souvent la distance de déplacement. Car les
déplacements s'effectuent généralement des zones
d'habitation vers les zones d'activités.
La distance est une contrainte qui limite la mobilité
réduisant du cout l'accessibilité des individus à un lieu.
En effet, bien que les nouveaux modes de transport urbain (tramway,
métro) aient permis de maitriser la distance, la mobilité reste
contrainte à la distance, et intervient fortement dans la
détermination du prix de déplacement. C'est dire que la
distance
Cité par D. Pumain dans accessibilité, 2004
18
influe sur le coût de la mobilité. La distance
est souvent source de fatigue et de perte de temps surtout dans les pays
africains ou les transports s'effectuent encore dans des conditions
difficiles.
1.1.4. Les déterminants de la mobilité
Plusieurs facteurs influencent la demande de transport :
1.1.4.1. La démographie
Le mode de peuplement de la population et son
évolution exercent une influence importante sur la mobilité. Plus
il y a d'individus, plus il y'a besoin de déplacement. La forte demande
de déplacement de la population est souvent considérée
comme un dynamisme économique, parce qu'elle se traduit par un niveau de
mobilité motorisé élevé, caractéristique des
pays développés.
Les régions urbaines en sont l'exemple type de
l'accroissement rapide de la population, exerçant du coup une pression
importante sur les infrastructures sociales. Le système des transports
n'échappe pas à cette forte demande de la population urbaine qui
à besoin de se déplacer pour subvenir à ses besoins
quotidiens. M. FRYBOURG (1974) disait que « la circulation est un
signe de santé », Santé non seulement physique mais
aussi économique puisque « l'accroissement de la
mobilité des citadins est aussi un signe de progrès »
et de développement.
1.1.4.2. L'activité économique
La croissance économique augmente la demande de
transport. Mais notons également que l'accroissement de la demande de
transport est souvent considéré comme facteur de
développement économique. Le constat qui se dégage est que
dans un pays plus le niveau de revenu élevé, plus on se dirige
vers des modes de transport motorisés et individuel. C'est pourquoi les
pays développés ont un taux de motorisation important alors que
dans les pays du sud et particulièrement les pays du sahel, le taux de
motorisation étant faible, possédé un véhicule et
parfois même une moto est un privilège, un luxe !
19
1.1.4.3. L'urbanisation et la densité de la
population
Les concentrations urbaines sont de plus en plus importantes
non seulement dans les pays industrialisés mais aussi dans les pays en
développement. Deux modèles d'urbanisation se sont
développés dans les pays industrialisés : la ville dense,
qui favorise l'utilisation des modes de transport non motorisés et les
transports en communs comme Europe ou au Japon. La ville étalée
est le second type de planification d'urbanisation. On la retrouve aux Etats
Unis ou encore en Australie. L'essentiel de déplacement dans ces villes
s'effectuent en voiture. Dans les pays en développement, la motorisation
est un phénomène urbain, d'où les problèmes de
congestion des mégalopoles. Dans les périphéries des
villes et les zones périurbaines, la faible densité à la
fois des habitants et de l'habitat ne permet pas la desserte par les transports
publics. Ce qui oblige les individus à se déplacer en voiture et
surtout à pied dans les pays africains.
Mais en plus de ces trois facteurs déterminants, des
enquêtes sur la mobilité montrent l'influence d'autres facteurs
MERLIN (1991) :
· Le lieu de résidence : mobilité plus
élevée dans les quartiers périphériques des
agglomérations éloignés, des lieux de travail, de
commerce, des services, des loisirs,.....
· Le sexe : les hommes se déplacent le plus en
utilisant un moyen de transport que les femmes, qui compensent par une
mobilité à pied (donc de proximité) supérieure ;
· L'âge : les adultes jeunes (16 à 45ans)
sont les plus mobiles ;
· La taille du ménage : elle est plus faible dans
les petits ménages (personnes isolées souvent âgées)
et chez les familles nombreuses que dans les ménages de trois ou quatre
personnes.
1.2. Ville et mobilité
1.2.1. Fonctionnalité urbaine
Du point de vu de la dynamique économique, la ville est
synonyme de proximité ; des contacts et des activités
variés font de lui un centre polyvalent. La ville rempli
également une fonction sociale. L'établissement d'un nombre
important de services accroit fortement son attraction. La fonction d'habitat
reste bien évidemment essentielle. La ville possède aussi
20
une dimension culturelle importante. De plus la ville remplie
d'importantes fonctions politiques, et offre un choix en bien de
consommation.
A la mobilité de voyageur s'ajoute celles de
marchandises qui s'accroit en volume au fur et à mesure du
développement des diverses activités économiques. Ces deux
formes de mobilité transforment la problématique de
l'accessibilité en une priorité de politique de gestion urbaine.
En effet dans la mesure où la ville se profile comme centre politique,
économique, financier et culturel, un centre de service et
d'enseignement, son attractivité dévient alors évidente.
La force d'attractivité de la ville résulte justement de l'aspect
qualitatif et quantitatif de ces équipements. Plus le niveau
d'équipement est élevé, plus la ville est attractive et
plus la mobilité vers ces lieux est importante. C'est dire que la
mobilité est le niveau d'équipement sont liés
étroitement. Cela nous amène à la dimension urbaine de la
mobilité.
1.2.2. La dimension urbaine de la mobilité
Le problème de la mobilité s'observe
particulièrement en milieu urbain, du fait de la complexité de la
ville. De ce fait, le concept de mobilité urbaine pose le
problème de la dimension urbaine du transport. En effet, puisque la
ville est complexe la mobilité dans la ville l'est aussi, puisque la
ville est transversale, la mobilité l'est aussi
également6. La réflexion sur la mobilité doit
donc être intimement liée à la réflexion sur la
ville. Il y'a lieu de préciser que les transports font la ville aussi
bien spatialement, que socialement, que les transports occupent un temps
important de l'activité des individus et que les transports ont une
influence certaine sur l'environnement urbain.
Les déplacements dans la ville s'effectuent entre les
zones d'habitas et les lieux des activités et pour la marchandise entre
les zones de production, de transformation et les zones de commercialisation et
de consommation. Ces déplacements correspondent aux modes d'occupation
du sol par la population urbaine. Si dans le temps, les villes sont
basées sur le monocentrisme, de nos jours, on assiste à des
villes à noyaux multiples qui se fusionnent pour donner des zones
urbaines. Les faubourgs urbains et les communes rurales qui en résultent
posent des problèmes de mobilité surtout dans les pays en voie de
développement. Dans ces pays le problème des transports pour les
quartiers périphériques peut être assimilé
à
e CAPAS sciences &industrie,
www.j46pays.renault-trucks.com/mobilite
urbaine 2004569 0.html
21
celui de L'enclavement des campagnes ou des zones rurales.
Puisque l'enclavement des régions rurales est certainement dû aux
manques d'opportunités de ces zones et bien évidemment,
ajouté à une absence de politique efficace, d'aménagement
du territoire. En milieu urbain, les disparités entre le centre et la
périphérie tiennent du fait de la centralisation des services et
des activités dans le centre. Cela a pour effet l'isolement des
quartiers périphériques. C'est ainsi qu'on assiste parfois
à l'absence même des services et des équipements de bases
tels que l'éducation et la santé ; obligeant du coup les
habitants à se déplacer parfois sur des très longues
distances pour pouvoir s'offrir le moindre service.
Il est incontestable que les infrastructures de transport ont
une influence importante sur la morphologie des villes, des régions
urbaines et des zones urbaines. Mais les équipements de transport
subissent à leurs tours l'influence du développement à
l'intérieur des zones urbaines, cherchant ainsi à desservir en
premier lieu les zones urbaines les plus développées. Ces
interactions permanentes entre le développement urbain et les
infrastructures de transport ont comme conséquence le problème
des transports et de la mobilité en milieu urbain.
1.2.3. La dimension sociale de la mobilité
M. WOLKOWITSH (1973) a écrit : « les hommes ne
se déplacent pas seulement pour faire face aux besoins de la production
et du commerce, mais en êtres sociables ils cherchent à
établir des contacts avec leurs semblables ; les relations sont pour eux
une exigence quotidienne absolue ». Et d'ajouté que «
la circulation ne répond pas exclusivement à des fins
économiques, mais est chargée d'une profonde signification
humaine ». En effet, pendant longtemps, la mobilité a
été le domaine exclusif d'études des ingénieurs en
transport particulièrement, qui cherchaient à comprendre sa
dimension technique. L'apport des chercheurs en sciences sociales, sociologues,
psychologues et même psychologue a donné une autre vision de la
notion de mobilité notamment sa dimension sociale. Il s'agit en effet,
de comprendre entre autres les conditions sociales et psychologiques que
suscite un déplacement ainsi que sa valeur sociale et culturelle. De ce
fait le comportement des citadins vis-à-vis des transports, le regard de
la société urbaine sur la mobilité ainsi de suit
permettent d'appréhender la valeur que la société accorde
à la mobilité, la question de la mobilité vis-à-vis
de l'intégration, ce que révèle la mobilité sur les
pratiques sociales, etc.
www.pagesperso-orange.fr/ville-en.../La
mobilite urbaine.pdf
22
Les différentes réflexions sur l'environnement
des transports ainsi que sur la mobilité permettent sans nul doute une
meilleure prise en compte de la notion de mobilité dans sa
globalité en particulier sur sa dimension sociale. Nous verrons par la
suite que les déplacements pour motif de sociabilité sont
particulièrement importants dans les pays sahéliens.
1.3. Le concept de l'accessibilité
Le terme accessibilité défini par plusieurs
auteurs tient à se faire préciser. Car en transport, on peut non
seulement parler de l'accessibilité d'un lieu mais aussi celui d'un
moyen, d'un service de transport ou plus généralement d'un
système de transport et même d'une personne. Voyons donc à
travers quelques défmitions ce qu'on entend par ce mot.
1.3.1. Accessibilité, élément de
définition
L'accessibilité dans les transports défini la
possibilité pour tous d'accéder au système des transports
(loti8, 1982). Cette défmition renvoie non seulement à
la question des personnes à mobilité réduites mais aussi
à celle d'équité et d'égalité des chances en
vogue dans les pays développés. Pour B.
MATALON9(1974), «l'accessibilité d'une personne
c'est l'ensemble des destinations auxquelles cette personne peut se rendre dans
les conditions raisonnables de durées de confort et de coût
». Dans une certaine mesure c'est ce que pense MERLIN(1991) en disant
que « l'accessibilité d'une personne c'est la capacité
d'accès à des endroits variés ». D'autres
auteurs parlent de l'accessibilité d'un lieu. Ainsi, JM. HURIOT et J.
PERREUR 1° soutiennent eux que «
l'accessibilité d'un lieu, depuis un autre lieu ou depuis un
ensemble d'autres lieux, mesure la facilité du déplacement qui
permet d'atteindre ce lieu ». Une autre définition un peu plus
large donnée par la Direction Générale des Routes(France)
dit que ((l'accessibilité peut être défini comme
étant la quantité de biens d'emplois ou de volume de population
qu'un individu peut joindre à partir d'un point donné, compte
tenu du niveau d'offre, d'infrastructures routières, de son comportement
de déplacement et de l'attractivité des destinations possibles.
» cette dernière définition nous semble plus
approprié en ce qui concerne l'accessibilité urbaine ; car c'est
ces différentes opportunités qui font l'attraction de la ville et
expliquent également le besoin des individus à vouloir se
déplacer et à accéder au milieu urbain. Le constat qui se
dégage est
8 Loi
d'orientation en
transport intérieur
9 Benjamin Matalon, les transports
urbains, Paris, commissariat général au plan, 1975, cité
par Merlin (1991)
10 JM. HURIOT et J.
PERREUR: accessibilité des territoires et des services,
www.setra.equipement.gouv.fr
23
qu'en parlant de l'accessibilité d'une personne ou d'un
lieu, tout les auteurs évoquent explicitement ou implicitement trois
facteurs : le lieu (origine et destination), le moyen de transport et le ou les
personnes voulant se déplacer. C'est dire que le terme
accessibilité en lui-même n'a de sens que lorsque ces trois
facteurs sont réunis. Car un déplacement implique automatiquement
un lieu de destination, un moyen de transport permettant d'accéder
à ce lieu, et bien sûr la personne voulant se déplacer.
A partir de toutes ces définitions, on peut dire que
l'accessibilité urbaine, qui est notre cas d'étude est la
possibilité qu'a une personne d'atteindre ou d'accéder aux
services urbains. Cette définition implique à notre sens non
seulement l'offre de transport, mais aussi le moyen de déplacement
utilisé ainsi que les infrastructures de transport et
l'aménagement nécessaire permettant d'accéder aux services
urbains, pour les déplacements motorisés et non
motorisés.
1.3.2. De quoi dépend l'accessibilité ?
Nous avons défini précédemment
l'accessibilité urbaine comme étant la possibilité
d'atteindre ou d'accéder aux services urbains. Cette définition
est proche de celle de Laurent CHAPELON (2004) qui défini
l'accessibilité d'un lieu comme « la plus ou moins grande
facilité avec laquelle ce lieu peut être atteint par un ou
plusieurs individus susceptible de se déplacer à l'aide de tout
ou parti de moyen de transport existant. » Mais pour CHAPELON
l'accessibilité ne renvoie pas uniquement à la seule
possibilité d'atteindre ou non un lieu donné, mais elle traduit
également la pénibilité du déplacement. De ce fait,
l'accessibilité va dépendre non seulement de la position
géographique des lieux d'origines et de destination, mais
également du niveau de service offert par le ou les systèmes de
transports utilisés pour accomplir le déplacement. Il
considère de ce fait deux cas :
- Pour les transports individuels auxquels est
rattachée la marche à pied, CHAPELON pense que le service offert
est essentiellement fonction :
· De la structure du réseau ;
· De la qualité des infrastructures,
appréhendées par leur caractéristiques techniques (nombre
de largeur des voies, aménagement des cotés, existence d'un
séparateur central de chaussées, etc.) ;
· Des contraintes topographiques (pentes) ;
· Des réglementations en vigueur ;
·
24
Des caractéristiques techniques du véhicule
utilisé (de la condition physique de l'individu pour ce qui est de la
marche).
· Et de la congestion, qui perturbe le fonctionnement du
système et fait ainsi varier la qualité de service offert selon
les jours et les heures des pointes.
- En ce qui concerne les transports collectifs, aux six facteurs
explicatifs précédents, il ajoute :
· Le schéma de service en vigueur tenant compte
des règles de sécurité (noeud desservis, fréquence
de la desserte, et horaires de circulation) ;
· Et le taux de remplissage du véhicule qui peut
interdire l'utilisation lorsque la capacité maximale est atteinte dans
le cas des systèmes de transport à réservation
obligatoire.
Chapelon précise enfin que même si
l'accessibilité renvoie à des critères spatiaux-temporels,
d'autres critères pourraient être envisagés tels que :
économiques, esthétiques, paysagers, environnementaux,
touristiques, etc.
Pour Pierre MERLIN (1991), l'accessibilité
dépend des facteurs suivants : le niveau de revenu du ménage, la
position de la personne dans le ménage, le cadre géographique de
l'habitat et le niveau de développement du pays où on
réside.
En plus des facteurs cités par CHAPELON et MERLIN,
nous pensons que d'autres critères sont à prendre en compte
telles que : la politique des transports et de l'aménagement du
territoire, et l'intervention des pouvoirs public dans les transports qui
peuvent avoir une influence certaine dans le choix du mode de
déplacement.
1.3.3 Accessibilité et exclusion sociale
La question de l'exclusion sociale est un
phénomène préoccupant surtout pour les
sociétés développées. Il s'agit
généralement de la question relative à l'accès au
logement, à la santé, ou encore à l'éducation. Mais
pour ce qui est des transports, il s'agit selon MERLIN (1991) d'assurer une
accessibilité minimale qu'il qualifiera de « droit au transport
». Un auteur lui parle de « mobilité de base ».
C'est-à-dire, le droit pour chaque habitant de disposer d'un
service de transport en commun minimal. Pour Eric LE BRETON (2002), «
la mobilité quotidienne est une des dynamiques de l'exclusion.
Toutefois, elle n'a pas le même statut que le logement,
l'éducation, ou la santé ». Nous nous alignons avec lui
pour dire en effet
25
que même si la mobilité en elle-même n'a
pas de sens ; rien aussi n'est possible sans mobilité. Nos
activités quotidiennes en dépendent fortement et l'absence de la
mobilité conduit sans nul doute à l'immobilisme. C'est peut
être ce qui a poussé LE BRETON à se poser la question
suivante : «peut-on alors considérer que la perte de
mobilité est la forme la plus déterminante de l'exclusion
sociale? »
En géographie des transports l'accessibilité
est définie comme la capacité d'un endroit à être
atteint à partir d'autres endroits de localisation géographique
différente. (RODRIGUE, J-P et al. 1998), Le rôle du système
de transport est alors déterminant. Puisqu'il doit permettre aux
habitants l'accès à la vie urbaine, à d'autres personnes,
aux activités, aux loisirs, etc. Comme nous l'avons évoqué
ci-dessus ; MERLIN(1991) pense que l'accessibilité se présente de
façon très différente selon le niveau de revenu du
ménage, la position dans le ménage, le cadre géographique
de l'habitat et le niveau de développement du pays où on
réside. Et En parlant des pays développés, il
précise que le principal facteur discriminant est la position par
rapport à l'utilisation de l'automobile et en fait la distinction
suivante en classant les personnes en quatre catégories :
· Les personnes qui ne recourent au transport en commun
ou la marche à pied que de façon volontaire : ce sont des
personnes qui ont l'automobile à leur disposition pour tous leur
déplacement ;
· Les captifs potentiels des transports en commun : ce
sont des personnes qui appartiennent à un ménage motorisé
mais qui n'ont pas l'usage quotidien ;
· Les captifs absolus des transports en commun : ce sont
des personnes qui appartiennent à un ménage non motorisé,
mais résident en un lieu desservi par les transports en commun ;
· Enfin les exclus du système de transport : les
personnes appartenant à un ménage non motorisé et
résidant dans un lieu non ou très mal desservi par les transports
en commun.
Selon MERLIN, la proportion des exclus est surtout important
en milieu rural ou périurbain. Auxquelles s'ajoutent les personnes
à mobilité réduite : personnes handicapées, les
personnes âgées, etc.
Pour les pays en développement, ce qui est le cas bien
évidemment des pays sahéliens, il affirme que le taux de
motorisation étant beaucoup très faible, la très grande
majorité de la population appartient aux deux dernières
catégories : captifs absolus et exclus des transports.
26
1.3.4. Accessibilité et mobilité durable.
Quand on défini la mobilité comme
l'accessibilité minimale, tous porte à croire que c'est
l'accessibilité qui impliquerait la mobilité. Or ici,
l'accessibilité traduit tout simplement le minimum accès aux
services des transports, pour permettre dans notre cas d'étude,
d'accéder aux commodités urbaines. En partant de l'idée de
CHAPELON(2004) que l'accessibilité c'est la plus ou mois grande
facilité d'atteindre un lieu, nous disons qu'il n'y aurait pas
d'accessibilité tant qu'une minimale mobilité n'est pas
assurée. Puisque il faudrait se déplacer au préalable pour
pouvoir accéder au lieu désiré. De ce fait le lien entre
la mobilité et l'accessibilité n'est pas à sens unique. Il
existe donc une certaine nuance entre ces deux concepts. Cependant, il est
à noter que le lien entre la mobilité et l'accessibilité
n'est pas automatique. Nous nous alignons avec H. YESGUER (2009) pour dire que
tout ce qui entrave la mobilité entraverait l'accessibilité mais
le contraire n'est pas toujours vérifiable. En effet nous verrons par la
suite que les habitants du Sahel et particulièrement ceux de Niamey, se
déplacent en dépit du fait que l'offre des transports est souvent
limitée voire inexistante. En revanche, l'impossibilité
fmancière de prendre un taxi empêche bien la mobilité
même si l'offre de transport est disponible.
Mais étant donné l'étroite relation
entre le concept de mobilité et celui de l'accessibilité, peut-on
alors parler de l'accessibilité urbaine et de mobilité durable
?
Nous avons vu au niveau de la première partie, les
différents enjeux de la mobilité. L'approche transversale des
enjeux de la mobilité permet aux spécialistes de la ville et des
transports de faciliter la mobilité selon une double approche :
spatiale, en favorisant l'accessibilité urbaine, et temporelle, en
recherchant une mobilité durable". Cette double approche fonde deux
exigences fortes en matière de réflexion et d'action sur la
ville. D'une part, l'accessibilité permet d'assurer une forme
d'équilibre entre les territoires de la ville : tous les territoires
doivent être accessibles, c'est à dire qu'ils doivent être
reliés d'une façon ou d'une autre, aux autres territoires de la
ville et qu'on puisse s'y rendre et en sortir facilement. Aujourd'hui, un
territoire, un quartier non accessibles, sont des lieux qui souffrent
d'exclusion, avec des impacts forts en termes économiques et sociaux
importants. En favorisant l'accessibilité urbaine, on assure la
diffusion spatiale de la mobilité. D'autre part, la mobilité
durable permet de soutenir des formes de mobilité qui soit le moins
nuisible
11 La mobilité urbaine : un nouveau cadre conceptuel,
www.
pagesperso-orange.fr/ville-en.../La
mobilite urbaine.pdf
27
possible pour l'environnement et profitable pour un
développement harmonieux de la ville. Penser le caractère durable
de la mobilité, c'est penser aux générations futures et
à la ville de demain. En favorisant une mobilité durable, on
assure le maintien dans le temps de la mobilité.
Mais comment assurer une accessibilité urbaine pour tous
et une mobilité durable ?
La question mérite réflexion ; en fait le
défit consiste à accroitre la mobilité en permettant une
meilleure accessibilité de la ville aux citadins tout en
réduisant la congestion, les accidents, et la pollution afin de garantir
une qualité de vie dans la cité. La responsabilité des
transports dans le réchauffement planétaire et le changement
climatique étant de plus en plus citée, on parle aujourd'hui des
transports et développement durable. Dans les pays du nord on
évoque beaucoup les moyens de transports doux et propres tels que la
marche à pied, le vélo, le véhicule électrique.
Pour ce qui est des pays en développement l'utilisation de plus en plus
de la voiture particulière est la mauvaise gestion des transports
urbains sont responsable de la congestion dans les villes.
Même si le concept de mobilité durable n'est pas
encore d'actualité dans les pays africains, particulièrement les
pays du sahel ou l'enjeu d'abord reste de desservir une très grande
partie de la population urbaine exclue du système de transport, la
mobilité durable est très certainement la condition pour tous
développement stable de la ville, et surtout que la proportion des
citadins ne fait qu'augmenter.
1.3.5. Les effets structurants des transports
Nous n'entendons pas faire une étude
détaillée des effets structurants des transports qui peuvent en
eux même faire l'objet d'un sujet d'étude ou de recherche. Notre
objectif ici est de parler d'une quelconque relation présupposée
entre l'amélioration de l'accessibilité urbaine et le
développement socio économique et spatial. Mais qu'est-ce qu'il
faut comprendre par effet structurant ?
Par effet structurant, il faut entendre toute modification du
comportement des agents économiques et des ménages et tous
changements des structures socio-économiques qui en résultent
à la suite de la mise en service d'une nouvelle infrastructure de
transport12. En fait
12 Véronique Fourault, Les concepts de la
Géo humaine, « la géographie des transports », G. Pini,
pp175-185,
www.
pweb.ens-Ish.fr/omilhaud/geo
transports.doc
28
l'idée ici est l'existence d'un impact, d'une relation
mécanique, automatique, d'une relation de cause à effet entre le
transport et le développement régional en général.
De ce fait l'amélioration de l'accessibilité engendrerait le
développement économique. Donc si un lieu, une région, ou
une ville n'est pas développés cela tient tout simplement de leur
mauvaise accessibilité. Cela reviendrait également à dire
qu'un investissement dans les transports, matérialisé par la
construction d'une infrastructure des transports orienterait la distribution
spatiale des hommes et des activités. Partant de cette idée, une
amélioration sensible de l'accessibilité urbaine qui est notre
cas d'étude, d'un quartier périphérique, par la
construction d'une route qui le desserve, entrainerait non seulement le
développement économique de ce quartier par le regroupement des
activités, des industries, et des commerces, mais aussi l'augmentation
des valeurs foncières et une diffusion démographique
importante.
Mais pour beaucoup d'auteurs, les transports ne sont qu'une
condition nécessaire mais pas suffisante pour orienter le
développement. Ainsi, QUINET (1992), SAVY (1994) évoquent les
transports comme une opportunité à saisir. Et soulignent que si
l'absence d'infrastructures est difficilement surmontable, les
conséquences de leur présence doivent être
provoquées.
Pour PLASSARD (2003), les infrastructures des transports ont
pour premier but de faciliter la circulation, mais elles transforment aussi
l'ensemble du territoire en modifiant les facilités d'accès
à certaines régions, et en favorisant les migrations des
activités et des hommes Mais temporise en disant qu'on en «est
pas à mesure encore aujourd'hui d'apporter des réponses
définitives à la question des effets structurants des transports
».
Bien souvent, le transport est considéré comme
étant un levier de changement économique et social. Cette
représentation du transport recouvre deux idées distinctes : que
la qualité de l'offre modifie les comportements des acteurs en
matière de choix modal et que la qualité de
l'accessibilité est synonyme de développement économique
(Vincent KAUFMANN & July BARBEY, 2004). Pourtant, bien des analyses
montrent les limites de cette approche du transport. D'une part les
stratégies de développement d'offres des transports publics n'ont
que peu d'impacts sur les répartitions modales, que ce soit pour les
déplacements urbains ou interurbains de voyageurs ou en matière
de trafic combiné (le trafic TGV, qui n'a que très
29
peu d'impact sur le trafic routier (KLEIN 2001). D'autre part
de nombreuses études limitent la portée d'une telle
théorie.
De nombreuses études empiriques mettent en doutes la
réalité d'une causalité linéaire entre le
développement d'une offre nouvelle des transports et des transformations
spatiales, économiques ou sociales. Dans ses études sur les
effets structurants des transports, Jean
Marc OFNER (1993) a commencé d'abord par
définir impact et effet : effet : ce qui est produit par une cause ;
impact : effet d'une action forte, brutale. Ainsi donc pour lui les notions
d'effet et d'impact font bien référence à une vision
déterministe des rapports entre réseaux de transport et
structures urbaines. Alors que l'on ne peut parler d'une relation de cause
à effet puisqu'une infrastructure de transport n'apporte pas
forcément bonheur et prospérité pour les zones qu'elle
traverse. Pour soutenir ses dires, OFNER en donne un exemple : une commune de
la banlieue parisienne, Montreuil, desservie par le métro dès
1937, a été comparée dans l'évolution de ses
variables sociodémographiques et urbanistiques à des communes
semblables mais atteintes quelques décennies plus tard par le
réseau. Aucune différence n'a pu être mise en
évidence. Aussi sur près de deux cents ans, des
corrélations ont été recherchées entre l'existence
d'une desserte ferroviaire et la croissance économique des petites
villes françaises de 5 000 à 20 000 habitants. Aucune
interdépendance n'a été détectée.
Nous pensons qu'une offre nouvelle de transport peut stimuler
la croissance socio économique et spatiale. Mais cela va dépendre
de beaucoup de facteurs tels que les caractéristiques propres de la
région desservie, le comportement des agents économiques et des
acteurs politiques. De ce fait nous nous alignons avec OFNER pour dire que Les
infrastructures de transport n'ont pas d'effets automatiques, car les
transformations auxquelles leur mise en service peut donner lieu
dépendent largement des stratégies des acteurs locaux, qu'il
s'agisse des acteurs économiques ou qu'ils s'agissent des acteurs
politiques. Les infrastructures de transport apparaissent ainsi de plus en plus
comme une opportunité de mettre en place des nouvelles stratégies
économiques reposant sur les avantages nouveaux procurés par
l'infrastructure, en termes d'accessibilité ou de coût de
transport.
30
Conclusion
A travers ce chapitre nous avons traité successivement
les concepts de mobilité et celui de l'accessibilité. Il ressort
que la mobilité est fondamentale pour comprendre l'accessibilité.
On a vu en effet le lien étroit entre les deux concepts. C'est dire
qu'une étude sur l'accessibilité urbaine ne peut se faire sans
traiter de la mobilité sur toutes ses formes, notamment sa dimension
urbaine. Parler de l'accessibilité c'est poser donc la question de
mobilité puisque l'on ne peut accéder au milieu urbain qu'en se
déplaçant. Ainsi dans le chapitre suivant nous verrons comment
est- ce que les sahéliens accèdent au milieu urbain : en d'autres
termes l'état de leur mobilité.
31
Chapitre 2
Accessibilité urbaine dans les villes
sahéliennes.
S
e déplacer en ville, pour son travail, pour ses
études, pour se soigner, etc. est un besoin primordial mais de plus en
plus difficile à satisfaire dans les pays en développement. En
effet, comme le constate Amakoe ADOLEHOUME (SIRTASS, 1996) « les
métropoles africaines offrent à des rares exceptions le
même spectacle : de longues files d'attentes aux heures de pointes, des
bus bondés, une circulation urbaine au bord de l'asphyxie une
qualité de service en décrépitude ». Les villes
sahéliennes où les populations font parties des populations les
plus démunies ne s'en démarquent point. L'accessibilité
urbaine est particulièrement difficile pour les citadins
sahéliens. Dans ce chapitre nous traitons justement des problèmes
de mobilité et d'accessibilité dans les villes
sahéliennes. Pour cela, nous parlerons d'abord du sahel africain
notamment ses spécificités géographiques, politiques et
économiques. Ensuite nous aborderons la question de ville et transport
au Sahel, entre autre l'urbanisation, la croissance et le problème de
transport, et l'organisation et la gestion des transports urbains. Puis nous
traiterons de la question de mobilité et usage des modes, où nous
parlerons particulièrement du niveau de mobilité et des
différents modes de transport utilisés par les sahéliens
pour leurs déplacements quotidiens, après avoir bien sûr
analyser l'offre de transport au sahel.
32
2.1. Le Sahel africain
Nous allons parler dans cette partie des
spécificités géographiques, économiques et
politiques des pays sahélien, afin de mieux comprendre le
problème de mobilité et de l'accessibilité urbaine dans
les villes sahéliennes.
2.1.1. Spécificités géographiques
Le Sahel est la région d'Afrique qui constitue la
transition entre la partie aride du Sahara au nord, et les régions
tropicales plus humides au sud. La ceinture du Sahel s'étend de
l'Atlantique à l'océan Indien.
Carte 2.1 : la ceinture sahélienne
![](Accessibilite-urbaine-dans-les-villes-du-sahel-Cas-de-la-mobilite-urbaine-de-la-ville-de-Niamey8.png)
Source : H.G Mensching Desertifikation Darmstadt, 1990
La ceinture sahélienne couvre une partie plus ou moins
importante des pays suivants : l'Algérie, le Burkina Faso, l'Ethiopie le
Niger, le Nigeria, le Mali la Mauritanie, le Sénégal, le Soudan
et le Tchad. Pour cette étude nous allons restreindre la
définition du sahel au quatre pays de l'Afrique de l'ouest à
savoir : le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Sénégal.
Carte 2.2 : les pays retenus pour l'étude
![](Accessibilite-urbaine-dans-les-villes-du-sahel-Cas-de-la-mobilite-urbaine-de-la-ville-de-Niamey9.png)
Mali
Soudan
Tchad
Algérie Libye
Nigeria
Mauritanie
Burkina Faso
Source : à partir de H.G Mensching Desertifikation
Darmstadt, 1990
33
Sur le plan climatique, le Sahel peut être défini
comme la zone comprise entre les domaines saharien et soudanien où se
produit une alternation marquée entre une courte saison humide estivale
et une longue saison sèche hivernale (8 à 10 mois), elle
même subdivisée en une saison sèche et froide suivi d'une
saison sèche et chaude qui se termine lorsque les pluies commencent
(T. MONOD, 1986)
La végétation sahélienne est une savane
d'herbes et d'arbustes disposés en touffes discontinues, où
dominent les plantes comme l'acacia et le gommier Terre de transhumance, le
sahel est une région pastorale par excellence avec des grands troupeaux.
Enfin, le sahel est une région en proie à la sécheresse et
à une désertification croissante.
2.1.2. Spécificités économiques
Les pays sahéliens de l'Afrique de l'ouest font partie
des pays les plus pauvres du monde. Ils sont caractérisés par un
bas niveau de développement humain. L'indicateur de développement
humain13 de ces pays est plus faible que celui observé en
Afrique en général. Le tableau suivant montre le niveau de vie
(selon l'IDH) dans les pays sahélien en comparaison avec
l'Algérie et la France.
Tableau 2.1 : IDH des pays sahéliens en comparaison avec
la France et l'Algérie.
Pays
|
Burkina Faso
|
Mali
|
Niger
|
Sénégal
|
Algérie
|
France
|
IDH
|
0.389
|
0.371
|
0.340
|
0.464
|
0.754
|
0.961
|
|
Source : rapport PNUD 2009
La pauvreté est une caractéristique dominante
dans les pays du sahel. Le produit intérieur brut (PIB) moyen de ces
pays (441$) est très en dessous du PIB moyen africain
791$14
Les pays que nous avons retenus pour cette étude sont
tous membres des deux espaces économiques de la sous région. Il
s'agit de la Communauté Economique des états de l'Afrique de
l'Ouest (CEDEAO) et de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africain
(UEMOA). Ces deux institutions jouent un rôle très important dans
la vie des populations
13 IDH : indice de développement humain,
élaboré par le PNUD afin de rendre compte de l'état de
développement des nations. Il est calculé sur la base de
l'espérance de vie, du taux d'alphabétisation et du PIB
14 Données 2003, rapport PNUD 2005
34
sahéliennes. A travers l'UEMOA15, les pays
sahéliens de l'Afrique de l'ouest partagent la même monnaie qui
est le franc CFA. La CEDEAO16, espace d'intégration
régionale, vise notamment la libre circulation des personnes, des
services, des biens et des capitaux. La création de la zone de libre
échange qui prévoie la suppression des droits et taxes entre les
échanges intracommunautaire constitue une étape importante de
cette intégration. Le Burkina Faso, le Mali et le Niger sont tous des
pays enclavés ; qui n'ont donc aucun débouché sur la mer.
Des lors on comprend le rôle important que joue le transport terrestre
dans la vie économique de ces pays. La CEDEAO représente pour eux
une institution efficace leur permettant non seulement de faciliter
l'exportation de leurs produits mais aussi et surtout d'importer des produits
manufacturés et autres nécessaires pour les besoins de leurs
populations. Le flux des marchandises et des personnes résultant de
l'accès à la mer et de la facilitation des transports inter
étatique a un impact certain sur la mobilité urbaine. Le
transport terrestre est d'ailleurs le mode de transport le plus utilisé
au sahel.
Dans les pays africains, plus de la moitié des
investissements industriels et commerciaux se concentrent le plus souvent dans
les zones urbaines, mais celles-ci se caractérisent
généralement par un niveau inadéquat d'infrastructures et
de services de transport, ce qui entraîne une perte de
productivité des investissements en question et contribue de fait
à la pauvreté urbaine17. C'est dire que la politique
économique a donc une grande influence sur la mobilité et
l'accessibilité en milieu urbain.
2.1.3. Spécificités politiques
Du point de vu politique, les pays du sahel se
défmissent d'abord au sein du Comité inter Etat de Lutte contre
la Sécheresse dans le Sahel (CILSS18). Mais comme nous
l'avons souligné, Les pays ouest africains s'intègrent
également au sein de l'espace CEDEAO. Organisme économique au
début, la CEDEAO est aussi une institution politique chargée de
prévenir et de régler les conflits régionaux touchant la
communauté. Car estimant que la paix, la sécurité et la
stabilité sont des conditions si ne qua non préalables au
développement économique et au progrès social.
15 L'UEMOA est composé de 8pays : Benin,
Burkina Faso, cote d'Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger,
Sénégal, Togo,
17
www.banquemondiale.org
16 La CEDEAO est composé de 15 membres : le
Bénin, le Burkina, le Cap-Vert, la Côte d'Ivoire, la Gambie, le
Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Mali, la
Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, la Sierra Leone et
le Togo.
18 Pays membres du CILSS : Burkina Faso, Cap-Vert,
Gambie, Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et
Tchad
35
La politique régionale en matière de transport
vise une mobilité accrue par l'amélioration des réseaux de
transport existants et par l'établissement des nouveaux réseaux,
afin de renforcer la cohésion entre les différents états
et d'encourager les mouvements des personnes, des marchandises et des services
au sein de la communauté19. Même si les
décisions politiques régionales ont une influence sur les
transports urbains, il y a lieu de rappeler que ces derniers sont avant tout
l'apanage de chaque pays ; par conséquent, leur organisation et leur
développement incombent aux autorités locales de chaque ville.
Aussi faut-il préciser que les politiques et
stratégies nationales en matière des transports sont
influencées par les programmes d'ajustement structurel de la banque
mondiale visant la réduction des dettes intérieures et
extérieures. C'est ce qui a conduit dans les années 90, la
libéralisation et le désengagement des états de la gestion
directe du secteur et à une certaine privatisation. Cette
déréglementation n'est pas sans conséquence. On a
assisté en effet, au développement du secteur artisanal et
informel en milieu urbain, dans la plus part des villes africaines et
particulièrement dans les villes sahéliennes. Nous verrons dans
la deuxième partie de ce chapitre que ces politiques d'ajustement
structurel ont contribué à la paupérisation des citadins
et à l'étalement urbain.
Enfin, notons également que la dévaluation a
fragilisé le secteur des transports et a réduit à la
baisse la mobilité des sahéliens. En effet la dévaluation
de 50% du FCFA intervenu dans les pays du sahel s'est traduite d'abord par une
hausse de prix (jusqu'à 40% pendant la première année).
Cela a augmenté la cherté de la vie des sahéliens,
l'accroissement de leurs dépenses en transport qui atteint dans certain
cas jusqu'à 30% du revenu des ménages, et une augmentation de la
marche à pied qui peut représenter jusqu'à 50% des
déplacements20. Les entreprises de transport, quant à
elles se sont vues dégrader leur parc de véhicule, du fait du
renchérissement des prix des véhicules importés et des
pièces de rechanges. En même temps on a assisté à
une contraction qualitative et quantitative de l'offre de transport du fait des
difficultés de renouvèlement des flottes. Bref, la situation du
secteur de transport s'est fortement détériorée à
la suite de la dévaluation.
19 Document programme de transport routier régional de la
CEDEA, Avril 2002
20
www.isted.com/pole-ville/transport
urbain/transpurb_bilanl.pd
36
2.2. Ville et transport au sahel
Après avoir cerné les
spécificités du sahel africain, nous allons nous
intéresser maintenant aux villes sahéliennes et leur
transport.
2.2.1. Urbanisation dans les villes
sahéliennes.
L'urbanisation rapide des populations est un
phénomène mondial auquel les pays africains et sahéliens
en particuliers n'échappent pas. C'est même un problème
préoccupant pour ces pays, qui sont dans la phase de transition
démographique, caractérisée par une
accélération rapide de la population surtout en milieu urbain.
Les pays sahéliens ont en général un faible taux
d'urbanisation par rapport aux autres régions africaines et mondiales.
Seul le Sénégal se détache avec plus de 50% de citadin en
2003.
Tableau 2.2 : taux d'urbanisation dans les pays
sahéliens
Pays
|
Burkina Faso
|
Mali
|
Niger
|
Sénégal
|
Taux
d'urbanisation (2005) en %
|
18.6
|
33.7
|
23.3
|
51
|
|
Source : Microsoft Encarta, 2009
Cependant, ces faibles taux ne doivent pas cacher
l'accroissement rapide de la population urbaine sahélienne comme nous
montre le tableau suivant
Tableau 2.3 : La population sahélienne totale et urbaine
(en millions) et le niveau d'urbanisation
|
1960
|
1980
|
1990
|
|
Popu. totale
|
Popu. urbaine
|
Niveau d'urbanisat En%
|
Popu totale
|
Popu urbaine
|
Niveau d'urbanisat En%
|
Popu totale
|
Popu urbaine
|
Niveau d'urbanisat En%
|
Burkina Faso21
|
5.32
|
0.53
|
2.5
|
7.19
|
1.34
|
12.7 (1985)
|
8.68
|
2.05
|
15.5 (1996)
|
Mali
|
4.86
|
0.27
|
5.6
|
5.70
|
0.62
|
10.8
|
8.18
|
1.86
|
22.7
|
Niger
|
3.77
|
0.20
|
5.3
|
5.82
|
0.71
|
12.2
|
7.68
|
1.22
|
15.9
|
Sénégal
|
2.85
|
0.85
|
29.8
|
5.60
|
2.15
|
38.4
|
7.29
|
3.11
|
42.7
|
|
Source : travaux WALTPS 1993- 1995,
21 Le niveau d'urbanisation est tiré de la
source : COUREL et LARDINOIS, 1979 ; INSD, 1960-61, 1975,1985, 1996 ; et
OUATTARA, 1982
37
La croissance urbaine des villes sahéliennes est en
partie liée à l'accroissement démographique naturel
occasionné par la baisse du taux de mortalité infantile
(58%° au Sénégal en 2008) et un fort taux de
fécondité (7.3 enfant/femme au Niger en 2008). Mais elle est
surtout le résultat d'une migration des campagnes en direction des
villes. La sécheresse dont on a évoqué ci-haut,
caractéristique du sahel africain, la désertification, ou encore
la pauvreté rurale poussent un grand nombre des jeunes villageois
à quitter les campagnes en direction des villes afin bien
évidemment de chercher d'autres perspectives économiques et
sociales.
Cette ruée des jeunes de la campagne vers la ville a
eu comme conséquence l'extension des villes, avec la création des
bidonvilles et un développement anarchique des villes et capitales
sahéliennes ; que ça soit à Niamey, à Ouagadougou,
à Bamako ou encore à Dakar pour ne citer que ces capitales ouest
africaines. La particularité de ces villes qui sont souvent à la
fois capitales politique et économique explique aussi leur attraction et
leur croissance rapide. A Niamey par exemple, la population est passée
de 30 000 en 1960 à 400 000 hab. en 1988 (RÉPUBLIQUE DU NIGER,
1994). A Dakar22, la population a pratiquement doublée de
1980 à 2000 allants de 1.097 298 à 2.326 929 hab.
2.2.2. Croissance urbaine et problème de
transport
Si aujourd'hui un africain sur trois vit en ville, selon les
projections de l'ONU, en 2030 ce taux passerait d'un sur deux. Or dans la
plupart des villes sahéliennes, les municipalités ont eu et ont
encore du mal à satisfaire les demandes de services des nouveaux
habitants urbains, les pauvres en particulier. L'absence ou la faiblesse des
politiques d'utilisation des terres a débouché sur l'extension
anarchique des villes. La baisse de la densité associée a cette
extension non contrôlée à fait augmenter les distances et
ont poussé à la hausse le prix des transports publics quant ils
existent, dans la pluparts des villes sahéliennes. L'accès
à l'emploi, à la santé, à l'éducation ;
bref, l'accessibilité urbaine devient alors problématique pour
les citadins pauvres des périphéries.
L'étalement urbain est un phénomène
causé d'une part par l'urbanisation de plus en plus rapide et d'autre
part par les programmes d'ajustement structurel. Ces derniers ont poussé
bon nombre de citadins à chercher un habitat accessible souvent
très loin de la ville, du fait
22 www.senegalaisement. corn
38
de la perte de leur emploi, occasionnée par la
privatisation des sociétés nationales. Ce phénomène
d'étalement urbain revêt deux aspects différents dans les
villes sahéliennes.
Le premier, est caractérisé par la formation
d'importantes zones périurbaines ou des modes d'utilisations des sols
sont informels et illicites mais prédominants. A cela s'ajoutent
l'absence d'infrastructures, des services publics et des services de bases, et
surtout, des transports publics peu développés et des routes
d'accès peu adaptables. C'est le cas par exemple de Birni N'Konni, une
ville moyenne du Niger ou la voirie se réduit au strict minimum avec un
transport public basé essentiellement sur les mototaxis (DILLE,
2002)23. Le second aspect est l'expansion des banlieues, dans
lesquelles des zones résidentielles regroupant des catégories de
population à revenu élevé et moyen, et parfois des centres
d'affaires et de ventes, facilement accessibles par des moyens de transport
individuels plutôt que collectifs. C'est le cas par exemple du quartier
Kouara kano de Niamey dans la capitale nigérienne.
Aussi, il convient de souligner que l'étalement des
zones périphériques pauvres intervient essentiellement parce que
les autorités accordent peu d'importance aux bidonvilles, donc à
la question foncière et aux transports. Elles n'ont peut être pas
la capacité nécessaire pour anticiper la croissance urbaine, et
de ce fait ne parviennent pas à libérer des terres qui pourraient
être mises à la disposition des pauvres. En outre, les
ménages pauvres se voient refuser l'accès à des droits
fonciers, ce qui est l'un des principaux facteurs les amenant à se
déplacer vers la périphérie.
L'étalement urbain a favorisé l'utilisation des
moyens de transport individuels et motorisés. Cette utilisation accrue
des véhicules privés et motorisés souvent d'occasion,
ajoutée à une mauvaise gestion de la circulation, a
entrainé l'engorgement des routes menaçant du coup la
sécurité des piétons et la santé des citadins qui
inhalent les gaz d'échappement.
2.2.3. Organisation et gestion des transports urbains au
Sahel
Pierre MERLIN(1991) affirme que : « les transports
ont toujours été, dans tout les pays du monde, un des domaines ou
l'interventionnisme étatique a été le plus
systématique, le plus universel, le plus permanent ».
L'état intervient en effet dans les transports :
23 Cité par Xavier Godard dans les transports
et la ville en Afrique au sud du Sahara, 2002
·
39
Par son rôle garant d'un certain nombre de conditions
fondamentales telles que la liberté d'entreprendre,
l'égalité des citoyens, la sécurité des personnes
et des biens, les conditions des travails, et le respect de l'environnement
;
· Comme investisseur pour de nombreuses infrastructures
;
· Par les aides financières qu'il apporte,
directement ou indirectement, au fonctionnement des transports ;
· Par sa politique fiscale ;
· Aussi par son rôle d'organisateur et de
planificateur des transports
Mais comment les autorités sahéliennes
interviennent- elles dans l'organisation et la gestion des transports urbains ?
Autrement dit quel rôle joue les pouvoirs publics dans les transports
urbains au sahel ?
2.2.3.1 les premières entreprises d'autobus
La forme la plus visible de l'intervention des pouvoirs
publics dans les transports au sahel était sans doute la création
des premières entreprises d'autobus après les
indépendances (TUB de Bamako en 1962, la régie de transport de
Dakar en 1963). Ces entreprises étaient une façon pour les Etats
nouveaux d'assumer leur indépendance mais aussi d'affirmer leur
capacité d'organisation. Elles avaient pour vocation, le transport des
scolaires, des fonctionnaires et du grand public, et assuraient plus ou moins
une grande mobilité de la population. Ces entreprises de transport
urbain sont très tôt devenues pour emprunter les mots de X. GODARD
et P. TEURNIER(1992) «l'expression de l'Etat à travers la
notion de service public, réappropriée selon le modèle
français ». Les tarifs de transport sont imposés par
l'Etat et maintenus dans la plupart du temps, malgré la crise
économique et la dévaluation du FCFA.
Du fait des prérogatives de service public, les
entreprises publiques de transport ont été pendant longtemps
protégées par les autorités en leurs octroyant aides et
subventions. Les politiques d'ajustement structurel ont mis fm a ces
privilèges et ont conduit beaucoup de ces entreprises à la
faillite.
Afin de permettre la viabilité des entreprisses
étatiques, beaucoup de pays africains, sahéliens en particuliers,
ont essayé de réprimer le transport artisanal ; et même
quand il est autorisé, les véhicules n'ont pas accès
à certaines lignes de transport urbain. Le monopole de
40
ce secteur apparaissait donc comme une politique de
préservation et par conséquent de promotion.
2.2.3.2 La défaillance de la
réglementation
Il est connu de tous, qu'une politique efficace de
mobilité urbaine doit mettre l'accent sur une gestion coordonnée
entre la planification urbaine, la construction et l'entretien des
infrastructures ainsi que l'organisation des services de transport. Or, dans
les villes africaines en générale, sahéliennes en
particuliers, plusieurs institutions sont impliquées dans la
planification, la réglementation, la délivrance du permis et le
contrôle du transport urbain. Cela engendre une mauvaise prise de
responsabilité et un manque de coordination pour mettre en place des
stratégies de transport au service des besoins de la population. On
assiste de ce fait à une réglementation inefficace et une absence
presque de la planification.
Dans une étude sur les transports urbains,
réalisée sur 14 villes africaines,24 il a
été constaté que certaines villes sahéliennes comme
Bamako et de Dakar ont créé des agences consacrées aux
transports urbains. Cependant ces organismes, DRCTU (Bamako) et CETUD (Dakar)
ne disposent pas des pouvoirs exécutifs nécessaires pour mettre
en oeuvre leur vision et doivent travailler par le biais d'autres agences
officielles.
L'étude a montré par ailleurs, que pour ces
villes les gouvernements en place ne font rien pour contrôler par exemple
les fournitures des minibus. La fonction a été laissée aux
associations ou syndicats de transport routier. Les syndicats sont
habituellement chargés de collecter les cotisations payées par
leurs membres contre le droit d'utiliser les installations des terminaux qu'ils
gèrent. Ils font également payer des frais journaliers sur la
base de l'utilisation des terminaux. Certains jouent un rôle dans la
réglementation des lignes et la détermination des tarifs.
L'étude précise que Le contrôle par les
syndicats présente toutefois quelques conséquences
négatives. La principale est la rigidité du réseau des
lignes. Des navettes relient les gares contrôlées par les
syndicats mais elles ne répondent pas de manière satisfaisante
à la demande des passagers. Pour arriver à une répartition
« équitable » des revenus entre leurs membres, les syndicats
imposent des pratiques qui vont à l'encontre des intérêts
des
24 Diagnostics des infrastructures nationales en
Afrique : coincé dans les embouteillages en Afrique, le transport urbain
en Afrique
41
passagers. La plus flagrante consiste à attendre le
remplissage total des véhicules avant de démarrer, ce qui oblige
souvent les passagers à rester assis dans le véhicule en plein
soleil pour garder leur place. Les temps d'attente dans les stations peuvent
dépasser une heure pendant les heures creuses, ce qui rallonge les temps
d'attente le long des itinéraires et rend difficile l'accès des
passagers potentiels aux services. Dans ce cas, il est difficile de parler de
la constance du budget temps transport de ZAHAVI.
Dans " les transports dans les villes du sud", Xavier GODARD
(1994) souligne «que dans la plupart des pays africains, on s'est
contenté de tolérer le secteur artisanal, sans pour autant
modifier ou adapter les règles qui régissaient les
systèmes de transport correspondants ». Il ajoute qu'une
réglementation très rigide a été maintenue, mais
qui n'était absolument pas adapté à la
réalité, de sorte qu'elle n'était pas en mesure
d'être appliquée. Ainsi d'après GODARD, à Dakar, le
parc des cars rapides était censé être contingenté,
alors que la direction des transports terrestre croule sous le poids des
demandes de licences et délivre des récépissés qui
tiennent lieu de License provisoire.
2.2.3.3. Les infrastructures de transport
Quant nous avons défini l'accessibilité urbaine
comme la possibilité d'accéder aux services urbains (cf. chap1),
nous avons précisé que cela implique également les
infrastructures et aménagement permettant l'accès au milieu
urbain. En effet les infrastructures de transport sont les supports de la
mobilité. Elles ont un impact certain sur les déplacements en
ville. Voyons alors comment celles-ci influent sur la mobilité des
citadins sahéliens et l'intervention des autorités publiques en
ce qui concerne ces infrastructures.
Les infrastructures des transports constituent un des
domaines classiques d'intervention des pouvoirs publics dans les transports,
dans tout les pays du monde. Il en est de même dans les pays du sahel ou
les autorités publiques se chargent de la construction des routes
urbaines bien souvent avec l'aide des bailleurs de fond.
Les villes sahéliennes sont
caractérisées par un réseau routier peu dense. Moins de la
moitié des routes urbaines sont revêtues, ce qui réduit
l'accessibilité des autobus aux faubourgs éloignés et
quartiers périphériques densément peuplé.
42
Dans une étude réalisée en 2008 par
l'AICD 25 sur les villes africaines dont les villes
sahéliennes sont incluses, il a été constaté que
dans toutes les villes étudiées:
· le réseau routier est inferieur à la norme
;
· La capacité est insuffisante ;
· Le revêtement est dégradé et
l'éclairage réduit au minimum ;
· Les routes sont dans un mauvais état : ce qui
limite la vitesse des véhicules, réduit considérablement
la productivité du parc d'autobus et alourdit le coût d'entretien
des véhicules. Cela favorise également l'utilisation des minibus,
taxis et motocyclettes qui possèdent une plus grande maniabilité
mais peu efficace en tant que moyen de transport public urbain.
L'étude montre aussi que La plupart des routes ont
été construites lorsque les villes n'avaient qu'un seul centre,
et avant la rapide croissance des formes personnalisées des transports
motorisés. Le réseau routier primaire part en étoile du
centre ville vers les zones environnantes et manque de liaisons orbitales ou
circulaires. La majorité des routes n'ont qu'une seule bande de
circulation dans chaque direction. Lorsqu'elles sont plus larges, une des voies
est souvent occupée par les piétons et les véhicules en
stationnement. Les carrefours sont peu espacés et mal conçus pour
changer de direction. La photo suivante illustre les problèmes de
circulation et de stationnement au sahel
Photo 2.1. Véhicules en stationnement et en circulation
à Niamey
![](Accessibilite-urbaine-dans-les-villes-du-sahel-Cas-de-la-mobilite-urbaine-de-la-ville-de-Niamey10.png)
Source : www.medianiger.info
Aussi, il a été constaté que peu
d'attention a été accordée à d'autres facteurs qui
facilitent l'opération des transports publics. C'est ainsi que l'on
remarque que les voies réservées aux autobus sont rares ou
carrément inexistantes. Les arrêts d'autobus, les abribus et
autres
25 AICD : African Infrastructure Country Diagnostic,
2008, fichier PDF téléchargeable sur
www.ppiaf.org/.../FINAL
AICD Brochure French.pdf
43
aménagements destinés aux passagers sont rares
et en mauvais état. Les terminaux d'autobus sont
légèrement plus grands que les aires de stationnement
surencombrées, sans aménagements pour les passagers.
Enfin l'étude conclue que La plupart des villes
ignorent les besoins des piétons. Environ 65 % du réseau routier
manquent de trottoirs, les piétons et véhicules motorisés
doivent partager le même espace. Lorsqu'ils existent, les trottoirs sont
mal entretenus, comportant des caniveaux à ciel ouvert, et sont
grignotés par les propriétés qu'ils bordent. Il n'y a ni
passages pour piétons ni ponts, sauf dans les centres villes. À
cause de la mauvaise gestion de la circulation, les accidents sont
fréquents. Les piétons représentent deux tiers des
victimes d'accidents mortels.
Ces exemples ne concernent pas bien sûr toutes les
villes sahéliennes. Mais la plupart des villes étudiées
sont les principales villes voire capitales africaines. Donc si la situation
des infrastructures et des transports plus généralement, est
compliquée dans ces villes ; l'on peut se demander qu'en est- il des
autres villes moyennes ou secondaires sahéliennes ?
2.3. L'offre de transport dans les villes
sahéliennes
Pour comprendre la mobilité urbaine, il est
impératif de comprendre l'offre de transport. Celle-ci joue un
rôle important dans la problématique de l'accès aux
services urbains, surtout dans les pays africains ou le taux
d'équipement en voiture particulière est très faible : 30
à 40 véhicules pour 1000 habitant (GODARD, 2008)
Tout comme dans les autres pays de l'Afrique subsaharienne,
l'offre de transport au sahel est caractérisée d'une part par le
secteur artisanal avec un niveau de service faible mais en croissance rapide,
et d'autre part, par le déclin et la disparition des entreprises
publiques nationales, qui sont bien structurées. De ce fait l'offre de
transport urbain reste insuffisante et assez limitée dans les villes
sahéliennes.
2.3.1. Le secteur artisanal
Le transport artisanal désigne l'exploitation à
une échelle individuelle de véhicule de transport collectif dont
la propriété est atomisée, c'est-à-dire repartie
entre de nombreux propriétaires.26 C'est en fait une
activité non structurée qui n'est pas organisée en
entreprise,
26 Xavier Godard, Colloque international
Environnement et transports dans des contextes différents,
Ghardaïa, Algérie, 16-18 fév. 2009
44
qui selon GODARD et TEURNIER (1992) «son exploitation
relève d'abord de microdécisions individuelles et met en oeuvre
des savoirs faire qui sont le fruit d'un apprentissage sur le terrain ».
L'exploitation s'intègre le plus souvent a travers des
règles élaborées par les organisations professionnelles ou
syndicales qu'on a évoqué au niveau de la réglementation.
Mais la responsabilité de l'exploitation du véhicule est
confiée largement au chauffeur, qui apparaît comme
l'exploitant.
On distingue différents types de transport artisanal,
le transport par : midi-bus, minibus, taxi collectif, taxi moto, etc. ces
moyens de transport se sont vu attribués des noms familiers dans chaque
pays : car rapide a Dakar pour les midi-bus27, sotrama
à Bamako pour les minibus, et kabu-kabu au Niger pour les
taxi-moto.
Photo 2.2. Car rapide à Dakar
![](Accessibilite-urbaine-dans-les-villes-du-sahel-Cas-de-la-mobilite-urbaine-de-la-ville-de-Niamey11.png)
Source :
www.
yahoo.dakar.bondyblog.fr
Le transport collectif artisanal comme nous l'avons
précisé, a souvent été combattu par la
réglementation, définie de manière à
préserver les intérêts et la viabilité des
entreprises et aussi la sécurité des usagers ; mais il a fini par
s'imposer. Les raisons de ce succès s'expliquent par :
27 Les « midi-bus » sont des
véhicules plus grands que les minibus dotés d'une capacité
d'environ 30 à 50 places tant assis que débout.
·
45
Les carences ou le vide laissé par les entreprises
publiques ;
· La dégradation des infrastructures, mieux
adaptées à des véhicules de faibles capacités ;
· La facilité relative de fmancement de l'achat
des véhicules d'occasion et la recette tirée de l'exploitation
;
· La souplesse et la flexibilité pour les
taxi-moto ;
· Le cout de transport, relativement faible
2.3.2. Des entreprises nationales en déclin
L'offre de transport urbain a été pendant
longtemps dominé par les premières entreprises publiques de
transport dans les pays africains. Ces entreprises on l'a dit, assuraient plus
ou mois une grande mobilité des citadins surtout les fonctionnaires et
les scolaires qui représentent environ la moitié de leur client.
La crise économique, la dévaluation de FCFA et les programmes
d'ajustement structurel ont mis ces entreprises dans des situations difficiles,
entrainant la faillite de plusieurs unes, entre autre la SOTRAC de Dakar ou
encore la SOTRUNI de Niamey qui est moribonde. Les principales causes
citées dans la faillite de ces entreprises sont :
· personnel pléthorique : surnombre de l'effectif
· mauvaise gestion : pratique des embauches sur
recommandation et non sur compétence, détournement de fond, etc.
;
· maintenance non adaptée du fait
généralement de l'absence des matériels de rechanges sur
le marché local ;
· coût d'exploitation élevé,
lié au tarif social trop bas imposé par l'Etat ;
· réductions tarifaires non compensées,
fin de monopole et mise en concurrence, etc.
L'offre de transport est globalement déficiente dans
les villes sahéliennes. On distingue 30 à 60 places de bus pour
mille habitants, essentiellement dans les minibus (AICD, 2008). A Ouagadougou
cet indicateur tourne autour de 10 pour mille Le nombre moyen de place pour
autobus est de 6 pour mille A titre de comparaison avec les pays à
revenu moyen de l'Amérique latine, Asie, Moyen Orient, et Europe de
l'est, cet indicateur est de l'ordre de 30 à 40 pour mille habitants des
villes. Le tableau qui suit montre la taille des flottes ainsi que l'âge
moyen des autobus et minibus à Dakar et à Bamako
46
Tableau 2.4 : taille des flottes et l'âge moyen des minibus
et des autobus à Bamako et à Dakar.
|
Grand autobus
|
Minibus
|
Villes
|
Age moyen
|
Taille de la flotte
|
Age moyen
|
Taille de la flotte
|
Dakar
|
|
410
|
15-20
|
3000
|
Bamako
|
17
|
168
|
15
|
1800
|
|
Source : Autorités municipales, documents publiés
; AICD, Janvier2008
On constate que pour les deux villes, les minibus sont de
loin plus nombreux que les autobus ; cela confirme la montée en
puissance du transport artisanal. Aussi, l'âge moyen que ce soit pour les
minibus ou les autobus est très avancé. En effet, les minibus
sont pour la plupart des véhicules d'occasion importés de
l'Europe ou d'Asie, et souvent mal entretenus occasionnant du coup des
problèmes de sécurité.
2.4. Mobilité urbaine et usage des modes au
sahel
2.4.1. I iveau de mobilité des sahéliens
La pauvreté est un facteur important qui limite la
mobilité des citadins africains. En effet comme on l'a vu dans le
premier chapitre, la mobilité est particulièrement sensible
à la situation économique, c'est à dire au niveau de
revenu, qui est très limité au sahel. La faiblesse de l'offre de
transport en est aussi pour quelque chose, ajoutée à cela un
faible taux de motorisation dû certainement au coût
élevé d'acquisition et d'entretien du véhicule. A Niamey
en 1996, trois ménages sur cinq ne possèdent aucun
véhicule motorisé tandis qu'à Dakar en 2001, on compte en
moyenne 12.3 voitures pour 100 ménages. (OLVERA, PLAT, POCHET, SAHABANA,
2002). Le tableau suivant montre le taux d'équipement en véhicule
individuel au Mali et au Burkina Faso
Tableau 2.5 : Pourcentage des ménages
équipés en véhicule privé, en milieu urbain
|
Bicyclette
|
Deux-roues motorisés
|
Voiture particulière
|
Burkina Faso 2003
|
63.2
|
55.4
|
12.0
|
Mali 2001
|
34.6
|
33.1
|
13.7
|
|
Source: DHS (Demographic and Health Surveys) in ORC Macro,
2006
47
Le taux d'équipement en voiture est très faible
pour les deux pays. Par contre les deux roues occupent une place importante
particulièrement au Burkina Faso où la proportion de ce mode est
élevée. Le recours aux deux-roues motorisés dans certaines
villes sahéliennes accroit la mobilité quotidienne. Ainsi
à Ouagadougou on enregistre un taux de mobilité de plus de 2
déplacements mécanisés. Dans les villes françaises
ce taux tourne autour de 2.7. Il est compris entre 0.8 et 1.2 à Conakry
et à Douala (SITRASS, 2004).
La mobilité comme le constate GODARD (2002) est
très inégale en fonction des villes. Elle varie également
comme nous l'avons vu dans le chapitrel, en fonction des normes sociales telles
que l'âge et le sexe traduisant ainsi les conditions d'insertion dans la
vie urbaine. Ainsi au sahel, les femmes se déplacent moins que les
hommes du fait certainement des valeurs cultuelles qui associent d'une part
femme et intérieur et d'autre part homme et extérieur
(SOUNTALMA28, 1991). L'âge aussi joue un rôle important
dans le niveau de mobilité. Les jeunes se déplacent beaucoup plus
que les adultes âgés ou les vieux (voire tableau 2.7). Cela est
dû au caractère contraignant de la mobilité
(professionnelle, scolaire) qui pèse sur les jeunes et les adultes
âgés. Chez les personnes âgées, la vieillesse et la
décharge des déplacements professionnels se traduisent par un
faible niveau de mobilité.
Tableau 2.6. Mobilité masculine et féminine dans
les capitales sahéliennes.
|
Bamako
|
Niamey
|
Ouagadougou
|
Homme
|
3.7
|
5.5
|
3.3
|
Femme
|
2.4
|
4.4
|
3.2
|
|
Source : GODARD, les transports et la ville en Afrique au sud du
Sahara, 2002 Tableau 2.7. Répartition de la mobilité en fonction
de l'âge
|
Jeune
(14-18 ans)
|
Adultes jeunes (19- 34 ans)
|
Adultes âgés (34- 55 ans)
|
Personnes âgées (+55 ans)
|
Bamako
|
3.5
|
3.1
|
2.7
|
2.2
|
Niamey
|
4.8
|
4.4
|
4.3
|
3.6
|
Ouagadougou
|
3.8
|
4.1
|
3.8
|
2.2
|
|
Source : GODARD, les transports et la ville en Afrique au sud du
Sahara, 2002
28 Cité par Olvera, Plat, Pochet dans les
transports et la ville, 2002
48
2-4-2 le poids des dépenses en transport des
ménages sahéliens.
Le poids des dépenses de transport dans le budget
ménage est souvent apprécié à travers les
enquêtes du budget consommation. Ainsi l'enquête ménage
UEMOA réalisée en 1996 indique que les dépenses transport
dans les villes sahéliennes sont de : 11.2 à Bamako, 8.2 à
Dakar, 11.8 à Niamey et 16.8 à Ouagadougou. Ces chiffres
confirment dans une certaine mesure la théorie de ZAHAVI sur la
constance du budget transport variant entre 3 et 15%. Mais ces chiffres ne
doivent cependant pas cacher une réalité : le coût
onéreux de transport collectif pour les ménages sahéliens.
En effet, comme le constatent D. OLVERA, D. PLAT et P. POCHET «la
faible marge des habitants pauvre apparait clairement lorsqu'on met en regard
le coût d'un usage régulier des transports collectifs et
l'étroitesse des budgets domestiques ». Ainsi à Niamey
en 1996, le coût mensuel de vingt aller-retour en transport collectif au
tarif de base de 150FCFA dépasse le sixième du salaire
médian des actifs et atteint pratiquement le douzième du revenu
médian des ménages. Cela traduit tout simplement la
difficulté pour un actif à revenu faible de payer au quotidien
les prix de transport. Des études récentes montrent que ce
phénomène est le même dans presque toutes les villes
africaines avec une dépense transport a la hausse de l'ordre de 20%,
infirmant ainsi ZAHAVI. A Conakry et à Douala les pauvres consacrent
respectivement 19% et 20% de leur revenu, en transport collectif ; les
non-pauvres eux consacrent respectivement 12 et 16% de leur revenu (SITRASS,
2004).
Les durées de déplacement sont
particulièrement longues dans les pays africains en
général, du fait des mauvaises conditions de déplacement :
mauvaises gestion de la circulation, routes dégradées,
congestion, etc. les temps de transports sont élevés et tournent
entre 80 et 100 mn, bien plus que les 60 mn annoncées selon le paradigme
de la constance du budget temps transport de ZAHAVI.
2.4.3. Les moyens de transport utilisés par les
sahéliens pour accéder aux services urbains
L'accès à l'emploi, au travail, aux
études, aux hôpitaux, en un mot aux services urbains suppose une
mobilité minimale. C'est une question d'intégration, d'insertion
sociale; voire de survie pour certains citadins. En dépit des
difficultés évoquées, les citadins sahéliens se
déplacent et utilisent différents types de modes de transport.
49
Mais la mobilité motorisée des citadins
sahéliens se résument pour la plupart à la composante
obligée de la mobilité quotidienne que nous avons
évoqué dans le premier chapitre. C'est-à-dire aux
déplacements domicile-lieu de travail ou d'études. D. OLVERA,
D. PLAT et P. POCHET (2007) soulignent d'ailleurs que ces
déplacements représentent 40 à 50% du total des
déplacements, devant la sphère domestique ; tandis que la
sociabilité suscite de l'ordre d'un déplacement sur quatre.
Tableau 2.8 : Répartition des déplacements selon
les trois types de motifs en semaine (%)
|
Bamako (1995)
|
Niamey (1999)
|
Ouagadougou (1993)
|
Vie professionnelle
|
48
|
41
|
47
|
Vie sociabilité
|
27
|
29
|
28
|
Vie domestique
|
25
|
30
|
25
|
|
Source : D. OLVERA, D. PLAT, P. POCHET dans GODARD les
transports et la ville en Afrique au sud du Sahara, 2002
La sociabilité joue un rôle important au Sahel,
elle est peut être même sous estimée sur ce tableau. En
effet, les visites familiales sont nécessaires pour l'intégration
de la personne dans le réseau familiale, et encore indispensables pour
les pauvres afm de profiter des aides des différents membres de la
famille ; surtout qu'en Afrique le mot famille à un sens élargi.
Les déplacements pour motif domestique quant à eux, peuvent
être nombreux : accompagnement, achats, prières quotidiennes,
etc.
2.4.3.1. Les modes de transports doux a) La marche
à pied
La marche à pied, moyen naturel de déplacement
est incontestablement le mode de transport le plus utilisé au sahel.
Pour la plus grande partie des citadins, la marche à pied
représente le seul moyen de déplacement réellement
accessible. Cette pratique de la marche comme le souligne GODARD (2009)
correspond selon le cas à des déplacements de courtes distances
lorsque les équipements et services de bases sont implantés
à proximités dans les quartiers, mais aussi à des
déplacements plus longs imposés par l'impossibilité
d'accéder aux transports motorisés, pour des raisons
financières le plus souvent. Mais le marché de l'emploi
accessible à pied est souvent trop restreint surtout pour les pauvres
qui vivent en périphérie ou les transports collectifs sont
parfois inexistants. L'accessibilité aux services
50
urbains est pour eux très limitée. C'est cette
catégorie de population que MERLIN (1991) qualifie « d'exclus
de système de transport », pour GODARD (2005), ce sont «
les exclus de la mobilité motorisée »
La marche est très présente dans les villes
africaines. Ainsi dans les capitales sahéliennes, le taux de
déplacement piétonnier varie de deux sur cinq (Ouagadougou)
à trois sur quatre (Dakar). A Niamey, un jour ordinaire plus de la
moitié des jeunes de plus de treize ans ne se déplace qu'à
pied (L.D. Olvera). Aussi, près de 20% des déplacements
piétonniers effectués à Bamako et Ouagadougou, près
de 15% à Niamey durent ainsi plus d'une demi-heure (Didier PLAT,
2003)
Tableau 2.9 : Part de la marche à pied dans les
déplacements pour la population de 13 ans et plus en%
|
Année
|
Déplacement à pied
|
Bamako
|
1993
|
57
|
Dakar
|
2000
|
74
|
Niamey
|
1996
|
69
|
Ouagadougou
|
1992
|
42
|
|
Source : D. OLVERA, D. PLAT, P. POCHET, M. Sahabana, la
marche à pied dans les villes africaines. Transport. 2005. n°
429
Les exclus de la mobilité motorisée sont donc
contraints à une mobilité essentiellement pédestre. La
marche est pourtant un exercice difficile même sur des courts trajets.
L'absence des infrastructures surtout en périphérie,
l'encombrement des trottoirs quant ils existent, le manque d'éclairage
et l'insécurité, sont là des paramètres qui
pèsent sur les piétons sahéliens. La marche quant elle est
choisie n'est pas mauvaise en soi. Elle est même économique et
écologique puisque faisant partie des modes de transport doux et
propres. Mais au sahel, la marche ne découle pas très souvent
d'un véritable choix modal ; c'est au contraire un moyen de
déplacement plutôt subi que désiré, et son
utilisation s'effectue encore dans des conditions difficiles et
pénibles.
b) L'utilisation de la bicyclette.
Contrairement à la marche, la bicyclette est peu
utilisée dans les villes africaines (Ouagadougou fait figure d'exception
avec un taux de 10% en 1992) malgré ses nombreux avantages pour les
trajets de courte distance. A Niamey par exemple, 2% seulement des
51
déplacements l'utilisent en 1996. La bicyclette a une
image négative en Afrique. De ce fait son utilisation est souvent
associée à la pauvreté, à un mode de vie rural et
à la «régression sociale ». En outre cette
identité culturelle associée à la bicyclette, son
utilisation comme moyen de transport efficace pour accéder aux services
urbains est souvent limitée dans les villes sahéliennes, du fait
des obstacles que GODARD et TEURNIER (1992) résument comme suit :
· Climat défavorable, avec à la fois la
chaleur et les difficultés particulières en saison de pluies;
· Topographie contraignante dans les villes qui ont un
site vallonné ;
· Structure urbaine étendue, entrainant de trop
longue distance de déplacements ;
· Cout d'achat de la bicyclette de l'ordre de 50 000
CFA, supérieur à la majorité des salaires mensuels ;
· Etat dégradé de la voirie, limitant les
possibilités de circulation ;
· Insécurité et risque de vol
2.4.3.2. Les modes de transport collectif
L'offre des transports étant insuffisante, le
transport collectif à un poids assez limité dans les
déplacements des citadins, par rapport à la marche, principale
mode de déplacement dans les villes sahéliennes. Les transports
collectifs représentaient seulement 22% des déplacements des
citadins à Dakar (2000), 17% à Bamako (1993), 11% à Niamey
(1996) et 3% à Ouagadougou (1991)
a) L'utilisation d'autobus
L'accès aux services de transport par autobus est
très faible dans les villes sahéliennes. La part des autobus dans
les différents moyens de transports urbain est de 1% à Bamako, 3%
à Dakar et 8% à Ouagadougou (AICD, 2008). La faible
densité du réseau des routes revêtues, ajoutée
à la croissance incontrôlée, au mauvais revêtement
des routes et à l'étroitesse des rues, laissent supposer que la
portée géographique des autobus est gravement limitée. Les
tarifs sont également élevés par rapport au pouvoir
d'achat d'une famille urbaine moyenne, en conséquence de quoi
l'utilisation des autobus est proportionnellement faible. A Dakar par exemple
le tarif pour les bus est de 150 FCFA contre 75 FCFA pour les cars rapides.
Les familles moyennes ne sont capables de se payer
généralement qu'un seul aller-retour par jour en autobus, alors
que pour les ménages les plus pauvres même ce niveau de
mobilité de base
52
est inaccessible. Dans certaines villes, les autobus sont
très peu nombreux pour répondre à la demande de
déplacement des citadins. Ainsi nous verrons qu'à Niamey, bien
que les bus soient moins chers que les autres moyens de transport collectif,
ils restent cependant très insuffisants.
b) L'utilisation accrue des minibus
Les citadins sahéliens utilisent de plus en plus les
minibus pour accéder aux services urbains. Les minibus constituent
d'ailleurs dans la plupart des villes africaines le principal moyen de
déplacement collectif. Ces minibus ont proliféré en
comblant le vide laissé par le transport par grands autobus. La part des
minibus dans les transports urbains est de 10% à Bamako, 73% à
Dakar. Ces minibus sont pourtant loin d'être un moyen de transport
parfait. En fait, ils présentent des inconvénients
évidents du point de vue de l'intérêt public. (AICD,
2008)
· Congestion de la circulation : Les minibus
représentent actuellement presque 50 % de l'ensemble du trafic
motorisé sur certains axes. Leur prolifération est la cause d'une
forte congestion, particulièrement aux heures de pointe ;
· Sécurité et émissions : La
plupart des minibus sont vieux, mal entretenus et roulent pendant de longues
heures à vitesse réduite ;
· Imprévisibilité des itinéraires,
horaires et tarifs : Les exploitants des minibus font varier les tarifs en
fonction de la demande et changent d'itinéraires à
volonté.
c) Les taxi- moto
Utiliser un taxi-moto pour satisfaire ses besoins de
déplacements, n'est plus étonnant en Afrique. C'est même
assez fréquent dans plusieurs villes africaines. Le taxi moto est un
moyen de transport collectif dont l'utilisation est autorisée et
réglementée. Contrairement en France ou ce mode de transport est
choisi pour décongestionner le trafic, en Afrique le
développement de ce mode de transport est le résultat d'une
conjugaison de plusieurs facteurs :
- l'incapacité du système de transport en
commun à satisfaire la demande de mobilité des populations ;
- l'accroissement de la pauvreté, du chômage des
jeunes, poussant ces derniers vers ce métier générateur de
revenu ;
53
- le faible pouvoir d'achat des populations : ne pouvant
utiliser que ce moyen de transport généralement moins cher.
- l'insuffisance et le mauvais état des
infrastructures routières, entrainant la non desserte de certains
quartiers par le transport en commun.
Dans plusieurs villes ouest africaines comme Cotonou,
Lomé ou encore certaines villes du Nigéria, les taxi-moto
représentent l'essentiel des transports urbains. Au sahel, ce
phénomène gagne de plus en plus de terrain. D'ailleurs depuis
plusieurs années le kabu-kabu, taxi-moto est le principal moyen
de transport collectif dans les villes secondaires du Niger. Et comme nous
l'avons précisé, DILLE (2002) à fait cas de ce mode de
transport qui est le seul moyen de déplacement collectif à Konni,
une ville moyenne du Niger.
Dans certaines capitales sahéliennes comme Ouagadougou
et Bamako, l'utilisation des motocyclettes privées est courante.
À l'origine, les services offerts par les motocyclettes permettaient de
relier les zones résidentielles aux grands axes routiers où les
passagers pouvaient trouver des taxis ou des autobus. Actuellement, on retrouve
les motocyclettes sur les routes principales et même dans le centre
ville. La souplesse, le service porte à porte et aussi leur
accessibilité en font le succès de ce moyen de transport.
Cependant les moto- taxi présentent plusieurs inconvénients :
· Les conducteurs des motocyclettes sont souvent jeunes
et inexpérimentés. Les accidents sont fréquents et souvent
mortels ;
· Impact sur la santé : L'activité de
taxi-moto est un métier à haut risque pour la santé du
conducteur et pour les populations, avec des maladies causées par le
contaminant comme le plomb ;
· Impact sur l'environnement : Les huiles usées
et les vieilles carrosseries des motos constituent une agression à
l'écosystème à travers la fumée
dégagée qui pollue l'air par les gaz d'échappement ou par
le plomb
54
Conclusion
Au terme de ce chapitre, il est évident que
l'accessibilité urbaine pour les citadins sahéliens est assez
problématique. Nous l'avons vu en effet, que la marche à pied
demeure le seul mode de transport réellement accessible pour la
population urbaine. La déficience de l'offre de transport qui n'arrive
pas à s'adapter à l'évolution croissante des villes
sahéliennes, la pauvreté des ménages, la mauvaise gestion
des transports urbains en sont entre autres des facteurs qui limitent la
mobilité des sahéliens.
L'accès aux services urbains est pourtant une question
non seulement d'intégration et d'insertion sociale, mais surtout de
survie pour les habitants pauvres des périphéries privés
souvent des services de bases, de santé de l'éducation, etc.
Dans le chapitre suivant, il sera question de la
mobilité urbaine dans la ville de Niamey, une des capitales
sahéliennes. Nous verrons notamment la particularité de cette
ville où le service des transports urbains est dominé par les
taxis- collectifs.
55
Chapitre 3
La mobilité urbaine à I iamey :
Constats et solutions
p
ays sahélo-saharien, le Niger est un vaste pays de 1
267000 km2 situé dans l'Afrique Occidentale. Sa situation
géographique à mi-chemin entre le golfe de Guinée et la
Méditerranée, fait de lui un carrefour d'échanges à
travers le Sahara (RAVALET, 2009). C'est l'un des pays les plus chauds de la
planète ; le climat nigérien est aride et majoritairement
désertique. En 2010, la population nigérienne est estimée
à 15.203.822 habitants (institut national de statistique). Le Niger est
un pays continental sans aucun accès maritime. Cette situation
confère aux transports une position stratégique aussi bien pour
la promotion des exportations, l'amélioration de la productivité
que pour les importations (M.G. BAYARD, 1999). L'absence du chemin de fer et le
manque d'aménagement nécessaire pour une bonne
navigabilité du fleuve, font que le pays reste plus que jamais
tributaire du transport routier. Dans cette étude, nous allons nous
intéresser particulièrement à l'aspect urbain des
transports dans la première ville du pays qui est Niamey. Il sera
question de la mobilité des niaméens, l'accessibilité des
citadins de la ville aux services urbains. Pour ce faire, nous traiterons
d'abord des spécificités de la ville de Niamey :
démographie, attractivité, étalement urbain, etc. Ensuite
nous examinerons les pratiques de mobilité des niaméens, la
structure de l'offre de transport, et les problèmes de desserte ; puis
nous analyserons les différents problèmes relatifs à
l'organisation et la gestion des transports à Niamey. Enfin nous
donnerons des recommandations en vu d'améliorer la mobilité des
citadins niaméens et de permettre à tous, d'accéder aux
services urbains
56
3.1. La ville de I iamey
Dans cette partie, il sera question des
spécificités propres à la ville de Niamey afin de mieux
comprendre les problèmes de mobilité et de l'accessibilité
urbaine dans cette ville.
3.1.1. Caractéristiques géographiques et
démographiques.
3.1.1.1. Caractéristiques
géographiques
Niamey, située à l'ouest du Niger avec une
superficie de 255 km2 est en même temps la capitale politique
et économique du pays. En effet, en plus de l'administration centrale,
Niamey abrite également la plupart des industries du pays. La ville est
divisée en deux parties inégales par le fleuve Niger. D'un
coté, la rive gauche qui s'étend de part et d'autre de la
dépression formée par le thalweg de Gounti
Yéna29, et concentre la partie la plus importante de la
ville. Et de l'autre coté, la rive gauche, qui est essentiellement
résidentielle à l'exception de l'université Abdou Moumouni
(E. RAVALET, 2009).
Carte 3.1 : le Niger
![](Accessibilite-urbaine-dans-les-villes-du-sahel-Cas-de-la-mobilite-urbaine-de-la-ville-de-Niamey12.png)
UB(E
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NIGERIA
? TCHi-.G
rvgulgml Yt ,
Aosso!? ma ·_
· GDur ·
s
M~ LI
Source :RAVALET, 2009
La région de Niamey est érigée en
Communauté Urbaine de Niamey (CUN) depuis 1989 (K. H. MOTCHO, 2006) et
compte aujourd'hui 5 communes et une communauté urbaine. Les communes I,
II, III et IV se trouvent sur la rive gauche et la commune V sur la rive
droite.
29 Le Gounti Yéna est un petit
filet d'eau qui est situé au fond d'un goulet.
57
Chaque commune est un regroupement de quartiers et de village
administratif. La communauté urbaine de Niamey est administrée
par un Préfet Président et chaque commune est dirigée par
un maire.
Carte 3.2 Les communes et les quartiers de la Communauté
Urbaine de Niamey.
![](Accessibilite-urbaine-dans-les-villes-du-sahel-Cas-de-la-mobilite-urbaine-de-la-ville-de-Niamey13.png)
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Source : à partir de RAVALET (2009) et Motcho (2006)
La ville de Niamey présente deux secteurs urbains
très différenciés tant par leur fonctions que par leur
organisation urbaine (A. BALTAGI, 2002) :
> Le secteur central qui s'étend le long du fleuve
Niger et occupe l'espace entre ce dernier et les boulevards extérieurs
(Indépendance, Liberté, 15 Avril). Il est organisé autour
de trois fonctions principales :
· Administrative à l'ouest : ministères,
ambassades, etc.
· Commerciale au centre : Grand marché et le Petit
marché ;
· Grands équipements (stade, Musée,
lycées, etc.), casernes et zone industrielle à l'est. > Les
quartiers d'habitat qui se sont développés autour du secteur
précédent sous la
forme des lotissements et ont occupé dans un premier
temps, la première couronne
délimitée par les boulevards extérieurs et
la rocade (Boulevard Malibéro), et la
58
deuxième couronne qui est délimitée
à l'est par une zone non constructible (la ceinture verte30).
Cependant, des quartiers périphériques ont vu le jour
au-delà de cette deuxième couronne. Il s'agit d'une part des
quartiers Talladjé, Aviation et Koira Tégui et d'autre part du
quartier Lazaret sur la route de Oualam et du quartier Saga sur la route de
Kollo.
Le secteur central est desservi par plusieurs voies
bitumées dont les principales s'étendent d'ouest en est qui
relient les trois fonctions précédentes. La première
couronne est séparée du secteur central par le boulevard de
l'indépendance et de la deuxième couronne par le Boulevard Mali
Béro. La dernière artère, bitumée, relie le
quartier Yantala au carrefour du Boulevard Zarmaganda.
Une douzaine de voies rapides bitumées (orientation
Nord-Sud) desservent le secteur périphérique de la ville : il
s'agit dans le sens Ouest-Est du Boulevard du Zarmaganda, Avenue de l'Adar,
Avenue de l'Arewa, Avenue du Niger, Avenue du Canada, Avenue de l'OUA,
Boulevard de Tanimoun, Boulevard du 15 Avril, Avenue du Travail et l'Avenue de
l'Afrique.
En dehors de ces axes, on ne trouve que des voies en terre
parfois non aménagées difficiles d'accès pour des
véhicules de transport en commun de grand gabarit.
3.1.1.2. Croissance démographique de la CUI
A l'instar des autres capitales sahéliennes, Niamey a
connu une croissance très rapide particulièrement après
les indépendances. La population s'est pratiquement
décuplée passant d'environ 30 000 en 1960 à 400 000 en
1988. En 2005, elle est de l'ordre de 750 000 et compte aujourd'hui plus de 1
million d'habitants.
Tableau 3.1 : évolution de la population niaméenne
(estimations)
Année
|
1901
|
1930
|
1960
|
1988
|
2002
|
2005
|
Population
|
600
|
3000
|
30 000
|
400 000
|
600 000
|
750 000
|
Source : www. wikipédia org
30 La ceinture verte est une forêt de 2500
ha, 25 km de long et 1km de large. Dans les années 1960, les
autorités avaient lancé la plantation d'une grande ceinture
végétale en arc de cercle autour de Niamey, afm de la
protéger de l'harmattan, le vent sec du nord, et maintenir un grand
"poumon vert" à proximité de la capitale.
59
La croissance démographique de la ville de Niamey
s'explique d'une part par l'exode rural comme en témoigne la vague
migration due à la sécheresse de 1973- 1974 ; et d'autre part,
par l'accroissement naturel de la population avec un fort taux de
fécondité (7enfants/femme)
3.1.2. Les zones attractives de I iamey
Pour comprendre les déplacements des niaméens,
il est nécessaire d'identifier les zones attractives de la ville. En
effet les déplacements se concentrent souvent vers ces zones qui
constituent le principal secteur urbain de Niamey ; et aussi, la
centralité joue un rôle important dans la desserte des transports
collectifs.
3.1.2.1. Le centre de la ville
Le centre de la communauté urbaine de Niamey est
naturellement le plus attractif de la ville. Précisons que la ville de
Niamey s'est développé de façon concentrique atour de son
noyau historique : Kelley/ Maourey/Zongo. Mais parlant du centre de Niamey, il
y a lieu de le préciser aujourd'hui. En effet, comme le constate CLEMENT
(2000), « la question de centre de I iamey reste assez
théorique pour les citadins niaméens ». Mais plusieurs
études (SIDIKOU, 1980, LET, 1996) montrent que les niaméens
placent le centre de leur ville autour du Grand et Petit marché. Dans
cette étude, nous nous référerons à E. Ravalet
(2009) pour dire qu'au-delà des deux grands marchés de la ville,
plusieurs quartiers sont regroupés dans ce que nous considérerons
comme étant le centre de Niamey. Kalley Amirou (entre le Petit et le
Grand Marché), Maourey/Liberté et Zongo, sont trois quartiers
anciens, qui ont été relocalisés au fil du
développement de la ville et des planifications. Banizoumbou,
Lacouroussou et Stade/Maisons Economiques en font également partie, tout
d'abord parce qu'ils sont proches des Grand et Petit Marchés ; mais
aussi leur population est en partie originaire des trois villages anciens de
Kalley, Zongo et Maourey et que ces quartiers sont fréquemment
cités par les Niaméens comme symbolisant le centre-ville.
Ces quartiers comme nous le verrons par la suite vont jouer un
rôle important dans la desserte par les transports collectifs, du fait
justement de leur position centrale.
- Fleuve Niger et Gounti Yen. Espaces verts
localisation du centre par les Niaméens % sur
l'ensemble des réponses
§ Plus de 10 %
§ entre 5 et 10%
q entre 3 et5%
q entre 1 et 3%
q Moins de 1 %
Délimitation choisie du centre
Carte 3.2 : localisation du centre de Niamey.
![](Accessibilite-urbaine-dans-les-villes-du-sahel-Cas-de-la-mobilite-urbaine-de-la-ville-de-Niamey14.png)
Source : E. RAVALET, 2009
60
3.1.2.2. Spécificités des zones
attractives
A Niamey, la majorité des déplacements hors
quartier d'habitation se dirigent vers ce centre. La localisation de tous les
grands marchés de la ville en est bien sûr pour quelque chose. A
l'instar donc de nombreuses villes ouest africaines, les marchés jouent
un rôle fort à Niamey. « La direction centripète
des déplacements est manifeste à I iamey lorsque l'on observe
l'inscription spatiale des déplacements réalisés à
l'extérieur du quartier d'habitation » (E. RAVALET, E. BUENO
CEVADA, 2007).
Six territoires comme le constate RAVALET (2006) ressortent
comme structurants l'aire urbaine niaméenne. Le centre est
évidemment très représenté puisque cinq d'entre eux
y sont situé. Le Petit marché, le Grand marché et le
marché de Katako rassemblent en leur sein un grand nombre de citadin
venant de divers quartiers de la ville.
Les fonctions de ces territoires diffèrent cependant
assez largement. Tout d'abord la zone du Petit marché, de loin la plus
attractive, elle regroupe bon nombre d'emplois formels (banques,
Communauté Urbaine de Niamey, ministères, musée
nationale,....) et informels
(vendeurs de rues, ) C'est également l'endroit
ou beaucoup de citadins viennent faire leurs achats principalement en fruits
et légumes et produits de consommations immédiates. Ensuite, les
deux autres marchés de la ville qui sont particulièrement
très attractifs, le Grand marché et le marché de Katako.
Le premier est un marché d'équipements divers et de tissus en
particulier. Sa zone regroupe plusieurs activités informelles. Le
deuxième, est un marché d'accessoires et de ferrailleries. C'est
l'une des zones les plus attractives du fait de sa proximité avec le
Lycée Kassaï. Puis deux autres zones aussi très actives du
fait particulièrement des enseignements secondaires. Il s'agit de la
zone Ecole d'une part qui
61
concentres plusieurs établissements tel que le
lycée Korombé, et d'autre part la zone 105 logements dont
l'attractivité est lié surtout au collège franco-arabe.
Enfin la zone Maourey/liberté, très centrale attire les citadins
niaméens pour des raisons plus variés (travail formel, informel,
achats, écoles...).
Cependant, nous pouvons remarquer quelques zones
polyfonctionnelles d'attractivités secondaires qui
génèrent aussi des déplacements. :
La zone Wadata, qui est un pole d'achat, d'emplois informels,
d'enseignement secondaire et de loisirs. « Cette combinaison fait de
cette zone un véritable centre secondaire pour I iamey et surtout pour
les zones situées au nord-est de la ville » (RAVALET,
2009).
La zone Plateau/Yantala à l'ouest, qui peut être
associée à des emplois formels et des déplacements
liés aux démarches administratives. On y trouve des ambassades,
plusieurs ministères et administrations et des ONG Enfin, la zone
université, polyfonctionnelle mais pas très attractives ; elle
est située sur la rive droite et accueille l'Université Abdou
Moumouni et le Centre Hospitalier Universitaire de Niamey
Carte 3.3. Les zones attractives de Niamey
Attractivité
des
espaces urbains niaméens
![](Accessibilite-urbaine-dans-les-villes-du-sahel-Cas-de-la-mobilite-urbaine-de-la-ville-de-Niamey15.png)
Nombre d'enquatés intrants dans la zone par units
de surface
1.1 3k 31311 a qn
· Mains rie 100 intrants
· Entre 100 et 500 intrants
· Plus de 500 intrants
Source : SITRASS, 2007, la non planification des transports
urbains à Niamey et Puebla.
62
3.1.3. Etalement urbain et problème de
déplacement.
L'accroissement rapide de la population explique en partie
l'étalement urbain de la communauté urbaine de Niamey. Nous avons
indiqué dans le chapitre précédent que l'urbanisation et
les politiques d'ajustement structurel ont joué un rôle important
dans le phénomène d'étalement urbain. Pour le cas de
Niamey, «deux mouvements peuvent être observés : une
migration intra urbaine, caractérisé par un départ des
quartiers centraux vers les quartiers périphériques, et une
migration externe plus typique qui correspond à l'exode rurale »
(P. GILLIARD, 2005). Il y a lieu de souligner d'abord que
les parcelles lotis, très insuffisantes se sont avérés
d'un prix élevés pour les couches populaires. Même si ces
coûts d'acquisitions des parcelles loties sont restés plus
modérés qu'à Dakar ou Abidjan (POITOUT, 1984). Cela a
entrainé l'éviction de la majorité de la population
urbaine vers la périphérie ou les parcelles sont plus
accessibles. Des nouveaux quartiers comme Talladjé, Kouara Tégui,
Lazaret,.... ont vu le jour. Ensuite la pauvreté, combinée
à une forte croissance a conduit bon nombre de citadins et des paysans
vers les nouveaux lotissements ou pour les plus miséreux dans les
bidonvilles de la ceinture verte (Hervé KEMPH, 2007). Puis les
politiques d'ajustement structurelles qui ont chassé les employés
des entreprises nationales, contribuant de ce fait à la
paupérisation et à la baisse du pouvoir d'achat de beaucoup de
citadins.
La croissance spatiale de la ville de Niamey est liée
bien évidemment à la croissance démographique qu'a connue
la ville après 1960, mais c'est surtout accéléré
après les années 70 (voire carte 3.4). Mais l'étalement de
la ville de Niamey est avant tout dû à un problème de
planification urbaine entrainant une extension anarchique de la ville.
L'absence d'un schéma directeur pour la ville31, la
spéculation foncière entrainant le morcellement progressif des
réserves foncières à des fins pécuniaires, le troc
de parcelle contre arriérés de salaires ont contribué
à l'étalement de la ville de Niamey. Cette explosion spatiale de
la ville ne s'est pas accompagnée d'un développement
d'infrastructures urbaines à sa mesure. Les zones
périphériques sont à la fois marquées par la
rareté des équipements de quartier et par une mauvaise
qualité de la voirie. « L'insuffisance de la couverture
spatiale des transports collectifs accentuent l'enclavement de ces zones
(D. OLVERA, D. PLAT, P. POCHET, 2002). Ces zones sont
d'ailleurs les moins attractifs de la ville. Elles
générèrent généralement beaucoup de
déplacements allant vers le centre ville du fait de
l'inéxistance
31 Le schéma directeur d'aménagement et
de l'urbanisme de la ville date de 1984, il est arrivé en terme depuis
1996
63
très souvent dans ces zones de services de bases de
santé de l'éducation, de l'approvisionnement, etc. mais on
constate dans ces zones l'absence ou la faiblesse des infrastructures des
transports rendant du cout difficile voire problématique l'accès
aux transports collectifs et aux services urbains.
Carte 3.4. les etapes de la croissance de Niamey.
![](Accessibilite-urbaine-dans-les-villes-du-sahel-Cas-de-la-mobilite-urbaine-de-la-ville-de-Niamey16.png)
II:Il
Licatitdo
Mil Avant 1930
1939 · 1960
® 1961 - 1977
I I 1971- 1976
. i9T7 · 1980
1980 · 1990
Apols 1990
(::: 1
fl
dvn
Les étapes de la croissance de Niamey
Kirkissoye
· Saga Gourma
Source : P. GILLIARD, 2005
3.2. Quelle pratique de mobilité pour les
niaméens ?
3.2.1. Spécificité des déplacements
à I iamey
> Types de déplacement
Comme nous l'avons vu dans le chapitrel, les types de
déplacement se font selon Kaufman (1999) par rapport à un bassin
de vie. Si l'on prend le quartier comme bassin de vie, on arrive à la
répartition suivante :
Tableau 3.2 : Répartition spatiale de flux en % à
Niamey
A l'intérieur du quartier d'habitat
|
45
|
Entre le quartier et une zone contigile
|
13
|
Entre le quartier et le centre ville
|
13
|
Autres issues ou allant vers le quartier
|
19
|
Sans extrémité dans le quartier
|
10
|
Source : X. GODARD, transports dans les villes
du sud, 2002
64
La répartition montre que 45% des déplacements
se font à l'intérieur du quartier d'habitat ; 13% se dirigent
vers le centre ville, 19% des déplacements vont vers d'autres issues ou
allants vers le quartier et 10% sans extrémité dans le quartier.
Pourtant, comme nous le verrons par la suite la plupart des lignes de
transports sont localisées vers le centre ; les déplacements
entre quartiers ne sont pas beaucoup pris en comptes. Mais cela est peut
être dû à la nature des déplacements des
niaméens qui correspondent d'abord à des déplacements de
proximités ; des déplacements qui s'effectuent non loin du
domicile, donc à des courtes distances. Ces déplacements se font
généralement à pied, et comme le soulignent PLAT, OLVERA
et POCHET (2002), 46% de ces déplacements pédestres ne
dépassent pas 5 minutes et 65% n'excédent pas 10 minutes.
> Période de déplacement
Les déplacements de proximité sont en
général variables et peuvent concerner toutes les heures de la
journée. Mais quant aux déplacements qui se font sur des longues
distances, ils se concentrent autour des heures de pointes du matin et du soir
qui peuvent être distinguées comme suit : début et fm de la
matinée et début et fin de l'après midi. Ces
déplacements, comme le constate PLAT et OLVERA dans GODARD (2002)
correspondent à une concentration temporelle de flux allant
jusqu'à 40% des déplacements, se concentrant sur 4h30.
> Répartition modale des
déplacements
La marche à pied, nous l'avons vu est le principal mode
de déplacement des sahéliens. A Niamey, la proportion de la
marche augmente de plus en plus. Car en 1985, la marche représente 47%
seulement des déplacements des niaméens, alors qu'elle est de 69%
en 1996. La baisse du pouvoir d'achat explique ce phénomène.
Globalement, on constate un transfert modal vers les modes de transports les
plus économique pour les citadins niaméens. « En 1985,
50% des ménages niaméens étaient non motorisés, ils
sont 58% en 1996, alors même que la taille des ménages s'est
largement accrue » (OLVERA, PLAT, POCHET, 2002)
En 1985 : marche : 47%, 2 roues : 15%, voitures : 22%, taxi :
13%, Bus : 2%, Autre : 1%
En 1996 : marche : 69%, 2 roues : 15%, voitures : 11%,
transport collectif : 11%, bicyclette : 2%
65
D'autres chiffres permettent encore de constater ce transfert
modal des déplacements des niaméens comme sur le tableau suivant
:
Tableau 3.3 répartition modale des déplacements
à Niamey sur le cordon intérieur32.
Mode de transport
|
Enquête ménage 1985
|
Comptage 2002
|
Deux roues
|
28%
|
12%
|
Voitures particulières
|
41%
|
36%
|
Taxis
|
25%
|
35%
|
Bus
|
4%
|
6%
|
Minibus et autres
|
2%
|
12%
|
Total
|
100%
|
100%
|
Source : A. BALTAGI, étude sur la mobilité urbaine
à Niamey, 2002.
Ainsi, ce tableau montre une régression de la part des
deux roues et des voitures particulières au profit des taxis collectifs
et des minibus. La baisse du pouvoir d'achat explique ce
phénomène. Ce transfert modal se traduit par le transfert vers
les modes les plus économiques. Ainsi, les ménages aux revenus
modestes préfèrent la marche à pied qu'aux deux roues ;
les ménages aux revenus intermédiaires optent eux pour les
transports collectifs au détriment de la voiture particulière.
> Motifs des déplacements
Les motifs des déplacements des niaméens sont comme
partout ailleurs divers : travail,
études, achats, visites, loisirs mais peuvent
être regroupés en trois groupes :
activités professionnelles, activités domestiques,
activités sociales. Pour les citadins de Niamey, les déplacements
pour des motifs professionnels sont pour la plupart liés au travail et
les études. Les déplacements pour motif social peuvent être
nombreux : visites, baptêmes, mariages, enterrement, loisirs, etc. Les
déplacements pour activités domestiques sont liés aux
achats, accompagnements, religion,...... Les déplacements domestiques,
et dans une certaine mesure ceux liés à la sociabilité,
correspondent à des flux internes et se font à pied. Les
déplacements professionnels eux se font généralement sur
des longues distances et utilisent les modes motorisés. En 1996, les
déplacements pour motif professionnel représentent 41%
32Le cordon intérieur est le cordon le plus
significatif pour les déplacements urbains à Niamey. Il s'agit du
cordon central qui ceinture le secteur central de la ville de Niamey ; au nord
il épouse le boulevard de ceinture (Boulevard de l'Indépendance),
à l'ouest, il emprunte l'Avenue François Mitterrand, et à
l'est par les rues du Terminus, du Maroc et du Togo.
66
des déplacements des niaméens contre 30% pour
les déplacements domestiques et 29% pour la sociabilité.
3.2.2. I iveaux de mobilité des niaméens
Si l'on se réfère au niveau de mobilité
des citadins de la ville de Niamey qui est de 4.4 déplacements, nous
disons que les niaméens sont très mobiles. Mais il faut tout de
suite préciser que ce niveau de mobilité repose essentiellement
sur la marche à pied, que mous avons vu est de 69%. Le faible
équipement des ménages en véhicules et le caractère
limité de l'offre de transport que nous allons voir, expliquent ce
niveau élevé de mobilité des niaméens. La
mobilité motorisée est de 1.4 déplacements par personne
(GODARD, 2002).
> Mobilité masculine et féminine
Comme nous l'avons vu dans les chapitres
précédents, la mobilité est différente quant il
s'agit de l'homme ou de la femme Les hommes sont en général plus
mobiles du fait de leur statut de chef de famille, donc des travailleurs ;
alors que les femmes sont à la maison et jouent le rôle de
mère ou d'épouse au foyer; cela diminue leur mobilité.
Ainsi «quelle que soit la ville, les hommes effectuent quotidiennement
plus d'un déplacement de plus que les femmes » (D.
PLAT, 2003). A Niamey, l'écart est même un peu grand
puisque la mobilité des hommes est presque deux fois supérieure
à celle des femmes : 5.5 contre 3.3
Tableau 3.4 mobilité homme/femme à Niamey
|
interne
|
limitrophe
|
radial
|
Eclaté
|
Autre
|
Total
|
femme
|
1.6
|
0.5
|
0.4
|
0.6
|
0.2
|
3.3
|
Homme
|
2.3
|
0.6
|
0.7
|
1.1
|
0.7
|
5.5
|
Total
|
1.9
|
0.6
|
0.6
|
0.8
|
0.4
|
4.4
|
Source : X. GODARD, les transports et la ville en Afrique au sud
du Sahara, 2002
Interne, à l'intérieur du quartier
d'habitation ; limitrophe, entre le quartier d'habitation et un
quartier contigu ; radial, entre le quartier d'habitation et le centre
; éclaté, entre le quartier d'habitation et un quartier
autre que contigu ou au centre ville ; autre, sans aucune
extrémité dans le quartier d'habitation.
On voit donc d'après ce tableau que la mobilité
des hommes quel que soit le paramètre considéré est
supérieure à celle des femmes En effet, outre les contraintes
professionnelles
67
en défaveur des femmes, les contraintes
socioculturelles telles que la religion, limitent également la
mobilité des femmes
> Mobilité en fonction de la catégorie
d'âge
A Niamey comme ailleurs l'âge joue un rôle
déterminant dans la mobilité des citadins. Les jeunes sont en
général les plus mobiles, et cela se confirment à Niamey
où les jeunes (14-18 ans) ont une mobilité de 4.8
déplacements ; 4.4 pour les jeunes adultes (18-34 ans) ; alors que les
adultes âgés (34-55 ans) ont un niveau de mobilité de 4.3
contre 3.6 pour les personnes âgées (OLVERA & PLAT, 2002). Ces
différences sont liées au caractère contraignant de la
mobilité pour les jeunes garçons et filles du fait des
études ; et pour les jeunes adultes et les adultes âgés,
des déplacements professionnels ou encore d'études pour les
étudiants (pour les garçons et filles scolarisés, les
déplacements à caractères obligatoires représentent
respectivement 54% et 62%). L'immobilisme chez les personnes âgées
du fait de la décharge professionnelle et aussi de la vieillesse qui
leur épargne certaines activités extérieures expliquent
leur faible niveau de mobilité. Pour ces personnes, les
déplacements restent essentiellement domestiques et ceux liés
à la sociabilité. Le taux d'immobilisme est de 20% pour les
personnes âgées en 1996, contre 9% pour l'ensemble de la
population.
> Mobilité : actif, inactif
La répartition des niaméens en termes d'actif et
d'inactif peut avoir des différences sensibles en termes de
mobilité. Ainsi, la mobilité motorisée d'un actif est de
2.5 contre 1.2 pour l'inactif. Elle est de 1.5 pour la femme active contre 0.6
pour l'inactive. La répartition peut aussi être faite selon
l'activité professionnelle, comme l'indique le tableau suivant :
Tableau 3.5 Mobilité selon l'activité
professionnelle
Activité
|
Non salarié
|
salarié
|
scolarisé
|
retraité
|
Sans activité
|
Niveau de
mobilité
|
4.2
|
5.9
|
5.1
|
-
|
3.1
|
Source : OLVERA, PLAT, POCHET, Démographie et transport,
2002
Ces différences sont à la fois liées aux
impératifs de l'activité professionnelle ou scolaire qui
représentent d'ailleurs l'essentiels des déplacements des
concernés, et à la flexibilité des
68
horaires de travail et possibilités de chômage
surtout pour les non salariés, et aussi à la faiblesse des
revenus pour les sans emploi.
> Habité au centre ou en
périphérie
La localisation de la résidence exerce également
une influence sur les pratiques des déplacements en milieu urbain. En
périphérie à Niamey, les pauvres effectuent deux
déplacements de moins que les riches. Mais dans les quartiers centraux,
les déplacements pour accéder aux services urbains sont courts du
fait de la présence des équipements.
Tableau 3.6 mobilité spatiale à Niamey, selon le
lieu de résidence
|
Mobilité de proximité
|
Mobilité au long cours
|
|
%
|
Mobilité
|
% à pied
|
%
|
Mobilité
|
% à pied
|
Pauvre
|
|
|
|
|
|
|
Centre
|
30
|
3.9
|
97
|
58
|
5.1
|
71
|
Périphérie Lotie
|
43
|
4.0
|
95
|
48
|
4.6
|
59
|
Périphérie non lotie
|
48
|
4.4
|
98
|
35
|
5.2
|
67
|
Riche
|
|
|
|
|
|
|
Centre
|
14
|
4.3
|
79
|
79
|
6.2
|
43
|
Périphérie lotie
|
17
|
5.2
|
67
|
76
|
6.6
|
27
|
Périphérie non loti
|
25
|
5.2
|
77
|
71
|
6.6
|
39
|
Source : OLVERA et PLAT dans GODARD, les transports et la ville
en Afrique, 2002
Les résidents du centre apparaissent donc comme les
plus ouverts sur la ville, mais les pauvres y demeurent moins mobiles et plus
dépendants à la marche que les riches. En effet, plus l'habitat
est éloigné du centre, plus les citadins demeurent cantonner dans
leur quartier. Cette situation concerne tous les habitants des
périphéries en général. Cependant, les ressources
économiques dont disposent les riches leurs permettent de se soustraire
plus facilement à la contrainte spatiale ; ce qui n'est pas le cas des
pauvres. De ce fait, la majorité des citadins inactifs des
périphéries non loties ont une mobilité de
proximité dominée par la marche à pied. Au contraire, la
mobilité au long cours qui correspond au mode motorisé, concerne
en majorité des actifs ou des scolaires contraints à des
distances élevées pour accéder à leur lieu de
travail ou d'études. Toutefois, il y a lieu de préciser que le
statut d'actif ne rime pas forcément avec une mobilité au long
cours : beaucoup sont en effet, des actifs
69
pauvres qui travaillent à proximité de leur
résidence, même si le travail n'est pas aussi
rentable qu'en ville (artisans, petit commerce ) Pour
les citadins au revenu faible ou inexistant, la centralité du lieu de
résidence leur permet de s'affranchir des contraintes financières
de la mobilité quotidienne.
3.3. Structure de l'offre des transports collectifs
à I iamey
Trois moyens de transport collectif peuvent être
distingués à Niamey :
> Les taxis collectifs appelés taxis tête
rouge ou taxis ville qui transportent 4 passagers au maximum,
allant dans la même direction et font également du porte à
porte ;
> Les minibus de 18 places appelés faba-faba
qui desservent les quartiers périphériques de la ville ;
> Enfin les autobus de la SOTRUNI, société
de transport urbains de Niamey.
3.3.1. Les taxis collectifs
Les taxis collectifs appelés taxis ville ou
encore taxis tête rouge sont le moyen de transport le plus
développé à Niamey. Ces taxis collectifs, comme le
constate RAVALET (2009), «se sont organisés de façon
naturelle dans la ville. Ils s'arrêtent à la demande et
transportent 4 passagers allant dans la même direction. « On ne
monte dans le taxi que si notre destination est à peu près
compatible avec celle des autres passagers. Libre au chauffeur de ne pas vous
prendre s'il considère que la destination est trop lointaine ou qu'il y
'a un risque de ne trouver personne pour compléter son taxi à
l'aller et au retour (RAVALET, BUEI O CEDA, 2007). Deux types de taxis
sont à distingués : les taxis qui obéissent à des
lignes et des stations bien déterminées ; et les taxis rallye,
qui n'ont pas de regroupements fixes et errent dans la ville à la
recherche des passagers. Pour les premiers types de taxis, leurs têtes de
station sont implantées aux voisinages des trois marchés centraux
de la ville. Les liaisons desservies à partir des trois stations sont
les suivantes :
> Grand marché- : Harobanda, Yantala,
Gamkallé, Wadata.
> Petit marché- : Harobanda,
Gamkallé, Boukoki, Lazaret, Goudel, Yantala.
> Marché de Katako : Harobanda,
Yantala.
70
L'activité de taximan est
réglementée, et soumise à autorisation accordée par
la CUN pour une durée de 2 ans renouvelable. Elle est aussi
contingentée de manière à réguler la concurrence
(BALTAGI, 2002).
Le parc des taxis est constitué en général
des véhicules d'occasions, marque Toyota importés de
Belgique. Ce parc est en croissance continue comme le montre le tableau
suivant.
Tableau 3.7 : évolution du parc des taxis à
Niamey
Année
|
|
|
Date arrêté municipale
|
Nombre de taxi
|
1989-
|
1991-
|
1192-1193
|
|
1250
|
1994
|
|
|
|
1300
|
1995
|
|
|
|
1350
|
1996
|
|
|
13 Février au 26
Sep1996
|
1350 à 1450
|
1997
|
|
|
3 Sep au Déc. 1997
|
1650 à 1700
|
1999
|
|
|
19 Juil. au 12 Aout 1999
|
1750 à 1800
|
2000
|
|
|
|
1800 à 2000
|
|
Source : A.BALTAGI, étude de la mobilité urbaine
à Niamey, 2002
On voit d'après le tableau que le nombre de
véhicule s'est fortement accru au cours de la période 1996- 2000,
passant ainsi de 1450 en 1991 à 2000 véhicules en début de
l'année 2000. Le parc des taxis tête rouge était d'environ
2700 en Janvier 2008 ; il est à 3100 véhicules
en Février 2010. La croissance de la population
impliquant l'augmentation de la demande de déplacement peut expliquer
cet accroissement du nombre de taxis. Les taxis pratiquent un tarif de 200
FCFA/course.
3.3.2. Les minibus faba-faba
Les minibus appelés faba-faba dans les rues
de Niamey, n'ont fait leur apparition que très tardivement dans la
capitale nigérienne contrairement aux autres villes sahéliennes.
En effet, c'est seulement en 2000 que la CUN à autorisé leur
exploitation. Les faba-faba sont des minibus de 18 places
généralement d'occasion (14 ans âge moyen) qui desservent
les quartiers périphériques de Niamey. En 2000, leur nombre est
de 37 ; en février dernier, on compte jusqu'à 250 minibus reliant
les quartiers périphériques au centre ville.
71
Le parc des minibus est dominé par des véhicules
Toyota généralement usagés importés de Belgique. La
plupart des exploitants ne possèdent qu'un seul véhicule.
Les tarifs pratiqués par les minibus sont de 125 à
150 FCFA/course en fonction de la desserte.
Photo 3.1 : minibus faba faba en stationnement.
![](Accessibilite-urbaine-dans-les-villes-du-sahel-Cas-de-la-mobilite-urbaine-de-la-ville-de-Niamey17.png)
Source : Le Sahel Dimanche du 25 Janvier 2008
3-3-3. La sotruni
La SOTRUNI, est une société anonyme
d'économie mixte crée en 1997 par l'Etat nigérien et la
CUN. En 2002, elle assurait avec un parc d'une quarantaine de bus de plus de 10
ans d'âge une vingtaine de services, dont 1/3 pour le transport des
fonctionnaires et 2/3 pour le transport à caractère commercial,
réalisant 91 rotation et un parcours de 2110 km/jour (BALTAGI, 2002). En
dehors de la desserte urbaine, la société possède des
lignes suburbaines qu'elle desserve.
Aujourd'hui, la SOTRUNI ne dispose que de 10 bus
vétustes et peu utilisés de nos jours (voire photo 3.2), qui
desservent très peu de quartier de la ville. Les tarifs pratiqués
par la SOTRUNI sont de 100 FCFA pour les trajets en ville et jusqu'à 350
pour les trajets suburbains. La société vend des abonnements
mensuels à 8500 FCFA et des cartes hebdomadaires à 2200 FCFA. Les
élèves bénéficient d'une réduction de 50%
sur les tarifs.
72
Les principales raisons de la presque faillite de la SOTRUNI
sont les mêmes que celles citées dans le chapitre2 : mauvaises
gestions, personnel pléthorique, service public mal compensé,
maintenance inadaptée, etc.
Photo 3.2. Un bus de la SOTRUNI en janvier 2006
![](Accessibilite-urbaine-dans-les-villes-du-sahel-Cas-de-la-mobilite-urbaine-de-la-ville-de-Niamey18.png)
Source : E. RAVALET, 2009
3.4. Problème de desserte dans la ville de I
iamey
3.4.1. La réalité de la desserte en
transports collectifs
La question que l'on se pose ici consiste à savoir si
les transports collectifs que nous venons de décrire permettent à
tous les citadins d'accéder aux opportunités et aux
commodités qu'offre la ville. En d'autre terme, les transports
collectifs permettent-ils à tout les citadins niaméens
d'accéder aux services urbains, et particulièrement aux
territoires attractifs où se concentrent les activités ?
Tels que nous l'avons décrit
précédemment, trois moyens de transport collectif doivent
être distingués à Niamey, les autobus de la SOTRUNI, les
minibus faba-faba et les taxis collectifs ou taxis tête
rouge. Les bus de la SOTRUNI sont très peu utilisés
aujourd'hui à Niamey. D'abord, ils sont très insuffisants et
surtout très irréguliers et tombent souvent en panne. La
majorité des utilisateurs de ces bus sont des écoliers des
quartiers périphériques ou des villages proches de la ville. En
effet, étant donné le nombre insuffisant, seule la desserte
73
de quelques quartiers et villages est assurée par les bus
de la SOTRUNI. Ce sont d'une part les quartiers Koira Tégui, Aviation,
Gamkallé, Gawèye et d'autre part, les villages de Saga,
Hamdallaye, Kollo, Karey Gorou et Guesselbodi
Les minibus faba-faba comme nous l'avons
précisé desservent uniquement les quartiers
périphériques de Niamey. Comme pour les taxis, les stations des
minibus sont localisées au niveau des trois marchés de la ville.
Les différentes lignes des faba-faba sont :
> Grand marché -- Aviation- en
passant par, Talladjé
> Petit marché --Tondibia- en passant
par, Yantala et Goudel
> Katako -- Koira Tégui- en passant
par, Cité chinoise, Lazaret et Francophonie
Ils sont certes plus réguliers que les autobus ; mais un
peu plus cher que ces derniers. En plus, la fréquence des accidents,
l'excès de vitesse, la surcharge, les démêlés
intempestifs entre usagers et conducteurs,.....sont le lot quotidien sur les
lignes faba-faba.
Carte 3.5 : quartiers périphériques, quartiers
isolés
|
|
|
Dàcoupage de l'agglarner fion de
Niamey
|
|
|
|
/ Frontière au delà desquelles l'offre des taxis
collectifs est minime.
Zones périphériques desservies par
0 les minibus.
Quartiers périphériques non ou 0 peu desservis par
les transports en commun
|
Source : à partir de RAVALET, 2009
|
|
|
Le système de transport le plus
développé à Niamey nous l'avons dit est celui des taxis
collectifs. Et les conducteurs de ces taxis comme le constatent RAVALET et
BUENO CEVADA (2007) « visent avant tout la rentabilité de leur
véhicule, ce qui signifie d'une part qu'ils évitent les routes en
trop mauvais état (routes ensablées, nid de poule et tôle
ondulé que l'on retrouve surtout dans les quartiers
périphériques) et d'autres part qu'ils
74
visent les cheminements en cours desquels ils pourront
trouver des clients (ce qui favorise les zones ou il y'a plus d'activité
c'est-à-dire le centre) ». Ainsi à Niamey, les
principales zones desservies par les taxis collectifs sont d'abord les
quartiers centraux et ensuite les quartiers péricentraux et les
quartiers « riches » ; puis les quartiers de la
périphérie Nord-Est certainement parce que il n'y'a pas de
discontinuité ave le centre. Dans les autres quartiers situés
à la périphérie de la ville, les taxis ne vont que
très peu. Ce sont certains quartiers de la zone Harobanda
situés à la rive droite, et les quartiers
périphériques Ouest et du Sud -- Est de Niamey. On peut
dès lors parler de l'exclusion sociale pour les habitants pauvres de ces
quartiers. Certes, certains quartiers périphériques
(Talladjé, Koira Tégui, Aviation, Goudel.....) sont desservis par
les faba-faba mais au prix d'inconfort et d'insécurité
croissant. Les taxis collectifs offrent à tout égard
sécurité, confort et rapidité même s'ils ne sont pas
forcément les plus économiques et les plus durables.
Si le temps d'attente au niveau des gares de stationnement
des taxis et des minibus ne dépasse en générale 9 mn
(BALTAGI, 2002), dans certains quartiers de la périphérie
nord-est on peut attendre pendant plusieurs minutes avant de voir passer un
taxi. Aussi, pendant les heures creuses de la journée, le temps
d'attente au niveau des stations des minibus est assez élevé du
fait de la règle de tour à tour imposée par les
syndicats.
3.4.2. Difficultés de déplacement et
exclusion sociale
Se déplacer à Niamey pour ses activités
quotidiennes est difficile voire problématique surtout pour les citadins
pauvres de la périphérie. Nous pouvons résumer ce
problème de mobilité en deux points : la faiblesse de la desserte
en transport collectif et le cout élevés des dépenses
transport pour les ménages niaméens.
En effet, nous avons vu que les taxis collectifs qui
constituent le principal moyen de transport urbain de la ville, ne desservent
de façon plus ou moins satisfaisante que les quartiers centraux,
péricentraux et ceux du Nord- Est de Niamey. La desserte par les bus et
les faba-faba est tout à fait insuffisante puisqu'elle ne
concerne pas tous les quartiers périphériques de Niamey. Aussi
les déplacements vers les périphéries à partir des
quartiers péricentraux ou ceux du Nord-est sont difficiles puisqu'il
faut payer le prix de deux courses de taxi, quand bien même vous
trouverez un taximan prêt à vous y amener. Cela nous amène
au deuxième point, celui des dépenses en transport des
niaméens. Les coûts de transport restent élevés pour
les ménages niaméens de telle sorte que la part des transports
dans le
revenu s'élevait à 18.4% en 1996. D'une part,
les coûts d'acquisition et d'entretien des véhicules particuliers
sont assez élevés d'où l'inaccessibilité pour une
grande partie des ménages. Déjà en 1996, le cout mensuel
d'usage de la voiture particulière était de l'ordre de 45 000
FCFA, 12 800 pour les deux roues moteur et 500 FCFA pour la bicyclette (OLVERA,
PLAT, POCHET,). Cette dernière apparait comme la plus accessible si on
oublie son prix d'achat et le frein psychosoliologique qui limite son
utilisation. D'autre part, les transports collectifs qu'on suppose capables de
permettre à tous les citadins l'accès aux systèmes de
transport et à la ville, apparaissent également onéreux
pour le citadin pauvre. Mise à part l'inadaptation des transports
collectifs niaméens, en termes de fréquences et de couverture
spatiale, leur caractère onéreux pour les ménages pauvres
limite leur accès. Aujourd'hui, pour un ménage vivant avec un
revenu moyen de 60 000 FCFA/mois, vingt allers-retours en taxi du chef de
ménage consommeraient plus de 13% du revenu, sans compter le
déplacement des autres membres de la famille. Pour un habitant de Koira
Tégui, quartier périphérique de Niamey, qui gagne 30 000
FCFA/mois, revenu très proche du SMIG33, vingt allers-retours
en faba faba prendraient 20% de son revenu. Pour les citadins de la
périphérie, qui leur revenu ne leur permet pas d'utiliser les bus
ou les faba faba, ils sont contraints à marcher sur des
très grandes distances pour accéder aux services urbains. C'est
sont ces citadins que GODARD(2002) qualifie « des grands marcheurs de
I iamey ». Pour les autres citadins très
défavorisés des périphéries non desservis par les
transports collectifs (karadjé, Lamordé, Gamkallé Dar es
Salam ...), ils sont en situations d'exclusions sociales du fait de
l'étalement urbain, engendrant des déséquilibres
territoriaux et l'exclusion spatiale. Nous pouvons parler pour cette
catégorie de la population, du cercle vicieux de l'exclusion.
75
aa SMIG : salaire moyen
interprofessionnel garanti qui est de 28750 FCFA
76
Fig. 3.1 : cercle vicieux de l'exclusion
![](Accessibilite-urbaine-dans-les-villes-du-sahel-Cas-de-la-mobilite-urbaine-de-la-ville-de-Niamey20.png)
exclusion spatiale
|
|
périphérisation des citadins
|
|
|
etalement urbain
![](Accessibilite-urbaine-dans-les-villes-du-sahel-Cas-de-la-mobilite-urbaine-de-la-ville-de-Niamey23.png)
3.5. Problème d'organisation et de gestion des
transports à I iamey
3.5.1. Insuffisance de la voirie urbaine à I
iamey
> Les routes bitumées de la CUN sont très
limités (150 km en 2002). Ces routes correspondent :
· aux pénétrantes traversant la ville et
gérées par la direction générale des travaux
publics. Il s'agit : de la route de Oualam, la route de Filingué, la
route de Torodi, la route de Gaya et la route de Kollo ;
· aux axes routiers structurants de la rive gauche et en
particulier du boulevard de l'indépendance qui forme une ceinture autour
de la zone centrale et du boulevard de liberté ;
· aux voies secondaires et tertiaires de la zone
administrative (Plateau 1) et de la zone centrale (Grand marché, Petit
marché, terminus, et zone industrielle).
> Les voies tertiaires pavées qui totalisent
environ 30 km concentrées au niveau de la zone centrale et dans les
quartiers de route Filingué et Abidjan. L'état du réseau
routier de Niamey est en général médiocre du fait
particulièrement de l'âge avancé du revêtement (plus
de 15 ans) et de l'insuffisance de l'entretien courant.
> Les voies non revêtues sont la plupart de temps
non aménagées, ce qui traduit pour les véhicules de
transport collectif des difficultés d'accès aux quartiers au
cours de la
77
saison des pluies. Notons également que Les terminus et
les arrêts des transports collectifs sont rarement aménagés
ou équipés d'abris.
3.5.2. Conditions de circulation difficiles
La circulation à Niamey est difficile ; plusieurs
facteurs concourent à la désorganisation de cette circulation
routière dans la ville :
> L'occupation anarchique des trottoirs
A Niamey, les trottoirs et les accotements situés dans
la zone centrale sont généralement occupés par les
marchands ambulants et les revendeurs. Cela oblige les piétons à
marcher sur la chaussée à la rencontre des véhicules ; et
cela occasionne parfois des accidents graves.
> Les difficultés de gestion des espaces publics
Ce sont surtout les espaces situés autours des
marchés de la ville, des écoles et des centres de santé
qui posent problèmes. Des conflits importants ont lieu autour du Grand
marché ou la circulation est intense mais gênée par les
stationnements anarchiques des véhicules, des poids lourds et des
charrettes. C'est la même chose au niveau du marché de Katako ou
des conflits opposent très souvent piétons- véhicules
-charrettes, etc. ou encore au niveau du Petit marché ou les files de
taxi qui y disposent de tête de station créent une gêne
importante pour les autres usagers de la voie. Les difficultés de
gestion des espaces sont aussi fréquentes aux niveaux des abords des
établissements scolaires ou des accidents se produisent du fait de
l'absence d'aménagement adéquat tel que les ralentisseurs, la
signalisation, trottoirs assez
large
> La circulation des gros-porteurs
La circulation et le stationnement des poids lourds à
Niamey posent des gros problèmes de circulation. Ils tombent parfois en
panne pendant les heures de pointes, bloquant ainsi toute la circulation.
Pourtant plusieurs arrêtés ont été pris par la
Communauté Urbaine de Niamey leur interdisant de circuler au centre
ville afin de réguler le trafic. Les poids lourds disposent d'ailleurs
des parkings situés à l'extérieur de la ville mais
continuent encore à entrer au coeur de la ville. Ils sont
particulièrement fréquents aux alentours des marchés ou la
circulation est déjà intense, contribuant ainsi d'avantage
à saturer et à congestionner cette circulation. Le nouveau
président du Conseil Régional de Niamey indiquait le 6 Avril
dernier d'ailleurs,
78
qu'il ferrait usage de tous ses pouvoirs de police pour
réguler la circulation des grands camions sur tous les axes de la ville.
Ainsi des instructions fermes seront données pour interdire
l'entrée des gros camions pendant les heures de pointes, et faire en
sorte qu'aucun camionneur ne puisse accéder à la ville qu'aux
heures autorisées.
> Les deux roues
Les deux roues constituent une composante non
négligeable de la circulation routière (15% du trafic en 2002).
Mais l'état de la voirie dont la largeur ne dépasse pas 7m en
général, les nids de poule et les étalages de marchandises
obligent souvent les usagers des troues à se placer presque au milieu de
la chaussée. Ce qui n'est pas sans risque important pour les conducteurs
de ces deux roues souvent impliqués dans les accidents de la route
à Niamey.
> Les charrettes
Ce moyen de transport constitue une source de problème
pour la circulation routière. Il favorise parfois des embouteillages
surtout aux heures de pointes sur les voies situées autours des
marchés.
> Les piétons
Ils sont très nombreux dans la circulation urbaine
à Niamey. Ils constituent d'ailleurs la catégorie des usagers la
plus vulnérable. Du fait de l'occupation des trottoirs par les
étalages, les piétons sont souvent obligés de marcher sur
la chaussée, ce qui les exposes aux accidents.
> Le non respect du code de la route
Les difficultés de la circulation sont
aggravées par l'inobservation du code de la route par les
différents usagers de la route. Les infractions au code de la route
concernent en général l'excès de vitesse, le non respect
des panneaux de stop, le non respect des feux tricolores et des lieux de
stationnement.
3.5.3. La défaillance de l'Autorité
Organisatrice des Transports urbains à I iamey
La Communauté Urbaine de Niamey est l'entité
chargée de l'organisation des transports urbains à Niamey. En
effet, la loi 98-32 du 14 Septembre 1998 portant statut des communautés
urbaines, mentionne dans son article 30, la réalisation et l'entretien
de la voirie primaire et l'organisation des transports urbains parmi les
compétences des conseils
79
de la Communauté Urbaine (BALTAGI, 2002). Mais dans les
faits, cette autorité se charge seulement de délivrer les
autorisations des transports pour les taxis et les minibus, de contingenter le
nombre de taxi circulant dans la ville et le contrôle de police afm de
dissuader les taxis clandestins (RAVALET, 2009). Le contrôle du respect
des lignes de transport et d'autres règles de dessertes sont souvent
assurés par les syndicats. Les conducteurs des taxis et des minibus sont
en effet regroupés respectivement autours de la SOCUTAN et de la
SYNCOBUS, syndicats de défense des droits des conducteurs.
3.6. Synthèse des problèmes de
mobilité et recommandations
Nous pouvons résumer les problèmes influant sur
la mobilité et l'accessibilité urbaine à Niamey comme suit
:
> La non maitrise de l'urbanisation entrainant l'extension
anarchique de la ville et l'allongement des distances ;
> La répartition inégale des
activités et des services urbains, concentrés dans le centre de
la ville entrainant des longs parcours pour les citadins des
périphéries ;
> L'insuffisance de la desserte en transports collectifs
dans la ville;
> La cherté des transports collectifs
particulièrement les taxis collectifs pour les ménages ;
> L'insuffisance des routes bitumées et de
l'aménagement des voiries urbaines entrainant la non desserte de
certains quartiers de la ville surtout pendant la période des pluies
;
> Les difficultés de gestion des espaces publics :
occupation anarchique des trottoirs obligeant les piétons à
marcher sur la chaussée ;
> problème de gestion de la circulation urbaine
;
> la défaillance de la CUN, autorité
organisatrice des transports urbains de la ville.
80
Recommandations
Pour remédier aux problèmes de mobilité et
de l'accessibilité aux services urbains à Niamey, nous
recommandons les solutions suivantes :
1) Meilleure planification et aménagement de la
ville :
Il s'agit ici d'une part de maitriser l'extension anarchique
de la ville, qui a entrainé l'étalement urbain et l'augmentation
des distances parcourues, et d'autre part, la déconcentration des
activités au profit des quartiers périphériques ; par la
création des écoles, des marchés et les services de bases
afin de rendre ces quartiers plus attractifs et surtout moins dépendants
du centre.
2) L'amélioration de l'offre de transport
collectif par :
> La desserte des quartiers périphériques
non desservis ou très peu desservis par les transports collectifs. Nous
distinguons ici deux cas :
- Les quartiers à desserte prioritaire : il s'agit des
quartiers plus ou moins démunis et très peu ou non desservis par
les transports collectifs : Kirkissoye, Karadjé, Gamkallé, Banga
Bana,
- Les quartiers moyens voire aisés, peu desservis par
les transports collectifs : Dar es Salam, Banifondou2, Garbado, Lamordé,
Cité caisse, Koira Kano, Bagdad, Route Filingué.
> L'augmentation et surtout une meilleure organisation de
la desserte pour les quartiers périphériques desservis : Koira
Tégui, Goudel, Lazaret, Aviation, Foulan Koira, Talladjé, etc.
afin de diminuer le temps d'attente pendant les heures creuses.
> L'ouverture de la desserte pour les faba-faba
des lignes autres que les liaisons périphéries -- centre
ville. Il s'agit ici d'une plus grande ouverture de la concurrence entre les
différents moyens de transport collectif. Les taxis villes ont depuis
toujours dominé le marché de l'offre à Niamey, mais comme
nous l'avons vu, ils ne satisfont pas la population tant par leur couverture
spatiale et leur fréquence que par le prix assez cher pour la plupart
des niaméens. Donc une très grande place doit être faite
aux faba-faba pour leur permettre la desserte de plusieurs quartiers
de la ville, notamment les liaisons inter quartiers.
> Améliorer la desserte des villages proches de la
ville : Hamdallaye, Saga, Kollo, Karey Gorou, Guesselbodi, etc.
>
81
La restructuration de la SOTRUNI, en lui dotant des nouveaux
bus et en compensant les services publics. En effet l'une des raisons de
dysfonctionnement de cette société tient du fait que le service
public est très mal compensé. Dans les clauses de la
création de la société, l'Etat doit compenser les 65% des
déficits de l'exploitation de la société, la CUN 10%, et
les employés 25%. Mais dans les faits, seul l'Etat honore plus ou moins
ses engagements. A titre d'exemple dans la période 1998- 2001, la CUN
n'a versé que 6.4% des montants fixés ; l'Etat a versé 60%
et le prélèvement sur les employeurs n'a pas été
mis en place (BALTAGI, 2002). Le caractère social de la SOTRUNI fait que
son tarif est très compétitif par rapport aux concurrents et plus
ou moins accessible pour les démunis. De ce fait, la remise sur pied de
cette société est plus que jamais nécessaire afin
justement de permettre au plus démunis une mobilité minimale et
l'accès à la ville.
3) Meilleure gestion de la voirie et de la circulation
urbaine :
> Par l'entretien, le développement des routes
bitumées et l'aménagement des routes non revêtues pour
permettre aux véhicules des transports collectifs de desservir les
quartiers périphériques ;
> En luttant contre les occupations anarchiques des
espaces publics, occasionnant des conflits et l'insécurité
surtout aux abords des marchés centraux de Niamey. Des nouveaux lieux
doivent être aménagés pour ces vendeurs afm de leur
permettre d'exercer leurs activités sans pour autant porter atteinte
à la circulation urbaine.
> Par le renforcement de l'interdiction de circuler pour
les poids lourds, et leur stationnement anarchiques qui constituent une
gêne importante pour la circulation. Des nouvelles mesures viennent
d'être pises par les autorités interdisant la circulation aux gros
porteurs pendant certaines heures de la journée. Mais ces mesures ne
seront efficaces que par le renforcement des contrôles de polices, et des
sanctions sévères afin de dissuader les conducteurs de ces engins
d'emprunter la voirie urbaine à certaines heures de la journée
;
> En réglementant la circulation des charrettes qui
sont aussi sources de problème ;
> Par le renforcement de contrôle policier afin de
contribuer à sécuriser les voies de circulation et à
sanctionner les auteurs d'infractions au code de la route ;
> Par le renforcement de la signalisation routière
et en sécurisant les abords des écoles et des autres espaces
publics ;
>
82
Par l'aménagement des points d'arrêts des bus et
des minibus et aussi des lieux de stationnement pour ces moyens de transport
collectif.
> Par l'éducation routière, l'information et
la sensibilisation des conducteurs et du public d'une manière
générale sur la nécessité de respecter le code de
la route.
4) Amélioration de l'efficacité de la
CUI
La Communauté Urbaine de Niamey est l'autorité
organisatrice des transports urbains. Mais nous avons vu qu'en
réalité, le rôle de la CUN se résume seulement
à la délivrance des titres de transport, le contrôle de
police et le contingentement du nombre de taxi. Dans le souci d'assurer une
bonne organisation des transports publics à Niamey, afin de rendre
l'accès à la ville pour tous les citadins de la cité, le
renforcement de l'autorité qu'est la CUN est plus que jamais
nécessaire. Cela passe, par l'amélioration de sa capacité
technique de gestion du secteur notamment par :
> L'analyse de la demande : par des études
concrètes sur la mobilité des citadins de la ville afin de
déterminer leur besoins réel de déplacement.
> Une meilleure organisation de l'offre de transport : par
l'ouverture de la concurrence et l'hiérarchisation de la desserte en
fonction des différents moyens de transport collectif.
> Le suivi de l'exploitation des différents types
de transport et la mise en place d'un cadre de concertation entre tous les
acteurs intervenant dans les transports de manière à rester
à l'écoute des problèmes de transport dans la ville.
83
Conclusion
Il ressort de ce qui précède, que la
mobilité motorisée des niaméens reste limitée aux
déplacements obligés : domicile -- travail, domicile --
école. Le budget transport reste aussi excessif pour les ménages
à revenu réduit. Les taxis collectifs, principal moyen de
transport urbain de la ville sont non seulement d'un tarif élevé
pour beaucoup de citadins de la ville, mais aussi ne desservent que les
quartiers centraux et les quartiers se situant pas trop loin du centre. Les
autobus de la Sotruni, accessibles mais très insuffisants et très
irréguliers aussi, du fait de leur état, jouent un rôle
marginal dans l'offre de transport à Niamey. Les minibus moins chers que
les taxis ne desservent que quelques quartiers périphériques de
la ville. La marche à pied reste pour la plupart des citadins la seule
alternative au risque de ne pas sombrer dans l'immobilisme. C'est dire que
l'accès aux services urbains reste assez problématique pour bon
nombre de citadins de Niamey.
84
Conclusion générale
La mobilité et l'accessibilité sont deux notions
fondamentales pour comprendre les déplacements en milieu urbain. Ces
deux concepts loin de s'exclure mutuellement s'entretiennent et se
complètent. En effet, nous avons montré tout au long de cette
étude qu'une mobilité minimale est nécessaire et
indispensable pour accéder aux services urbains. L'accessibilité
minimale aux services et au système de transport facilitent bien
évidemment cette mobilité.
L'accessibilité urbaine, en d'autres termes,
l'accès aux services et aux opportunités qu'offrent la ville
demeure assez délicat, voire problématique pour bon nombre de
citadins sahéliens. La faiblesse du revenu de la population au Sahel
constitue un handicap quant à leur mobilité. Mais au delà
de ce caractère limité des ressources, nous pouvons noter le
désengagement des autorités dans les transports urbains qui se
traduit par la montée en puissance du transport artisanal,
l'insuffisance des infrastructures de transport et la mauvaise organisation des
transports publics. Pourtant la notion de service public est apparue
très tôt au Sahel. A l'origine le service public est un service
social qui à pour but d'assurer le déplacement d'une
minorité qui n'a pas les moyens physiques ou financiers de
posséder une automobile. Or dans les pays africains et sahéliens
en particulier, c'est une infime minorité qui est motorisée. Le
service public apparait donc plus que jamais nécessaire pour
répondre aux besoins de déplacement d'une majorité non
motorisée, contraint aujourd'hui à la marche à pied pour
satisfaire les besoins quotidiens de déplacement.
L'offre de transport étant limitée au Sahel,
particulièrement à Niamey, la marche reste le principal moyen de
déplacement des citadins. C'est le mode de transport le plus
utilisé par les niaméens pour accéder aux services
urbains.
A Niamey, les taxis collectifs principaux moyens de transport
urbain de la ville, sont non seulement d'un prix onéreux pour la plupart
des niaméens, et sont aussi d'une couverture spatiale insuffisante, car
ne desservant pas tous les quartiers de la ville. D'ailleurs, étant
donné la croissance démographique continue de la population,
l'extension et l'étalement de la ville, l'insuffisance de la voirie, la
dégradation du pouvoir d'achat, la congestion de plus
85
en plus croissante dans la ville, l'on peut se demander si les
taxis collectifs sont à long terme une solution durable !
Les minibus faba-faba par contre, jouent un
rôle important dans les transports urbains à Niamey, car ils
desservent les quartiers périphériques de la ville ; et son
encore moins chers que les taxis. La concurrence doit être ouverte afin
de permettre à ces minibus de desservir plusieurs quartiers de la
ville.
Les bus de la SOTRUNI sont encore moins chers que les minibus
; la remise sur pied de cette entreprise à caractère social,
actuellement moribonde, apporterait un ouf de soulagement pour les usagers des
transports collectifs en particuliers, les scolaires des quartiers
périphériques.
Même si, dans cette étude, nous n'avons pas
approfondi les recommandations de solutions, nous croyons que notre
mémoire constitue une première ébauche au problème
de la mobilité urbaine dans les pays du Sahel, notamment dans la ville
de Niamey. En effet, notre travail à permis de cibler les insuffisances
du système de transport dans notre zone d'étude, ce qui constitue
la première étape d'un projet d'ouverture et de
développement.
86
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com
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dakar.bondyblog. fr
www.sitrass.org
90
Tableau des illustrations
Numéros des tableaux
|
Titre des tableaux
|
Pages
|
Tableau 1.1
|
Système de mobilité spatial
|
12
|
Tableau 2.1
|
IDH des pays sahéliens en comparaison avec la France et
l'Algérie
|
33
|
Tableau 2.2
|
Taux d'urbanisation dans les pays sahéliens
|
36
|
Tableau 2.3
|
La population sahélienne totale et urbaine (en
millions) et le niveau d'urbanisation
|
36
|
Tableau 2.4
|
Taille des flottes et l'âge moyen des minibus et des
autobus à Bamako et à Dakar.
|
46
|
Tableau 2.5
|
Pourcentage des ménages équipés en
véhicule privé, en milieu urbain
|
46
|
Tableau 2.6
|
Mobilité masculine et féminine dans les
capitales sahéliennes
|
47
|
Tableau 2.7
|
Répartition de la mobilité en fonction de
l'âge
|
47
|
Tableau 2.8
|
Répartition des déplacements selon les trois
types de motifs en semaine
|
49
|
Tableau 2.9
|
Part de la marche à pied dans les déplacements
pour la population de 13 ans et plus
|
50
|
Tableau 3.1
|
Evolution de la population niaméenne
|
58
|
Tableau 3.2
|
Répartition spatiale de flux en % à Niamey
|
63
|
Tableau 3.3
|
Répartition modale des déplacements à
Niamey sur le cordon intérieur
|
65
|
Tableau 3.4
|
Mobilité homme/femme à Niamey
|
66
|
Tableau 3.5
|
Mobilité selon l'activité professionnelle
|
67
|
Tableau 3.6
|
Mobilité spatiale à Niamey, selon le lieu de
Résidence
|
68
|
Tableau 3.7
|
Evolution du parc des taxis à Niamey
|
70
|
Numéros des figures
|
Titre des figures
|
Pages
|
Fig1.1
|
Les types de mobilité
|
13
|
Fig1.2
|
Les types de mobilité dans le monde en
Pourcentage de déplacement
|
14
|
Fig. 3.1
|
Cercle vicieux de l'exclusion
|
76
|
Numéros des cartes
|
Titre des cartes
|
pages
|
Carte 2.1
|
La ceinture sahélienne
|
32
|
Carte 2.2
|
Les pays retenus pour l'étude
|
32
|
91
Carte 3.1
|
Le Niger
|
56
|
Carte 3.2
|
Les communes et les quartiers de la Communauté Urbaine
de Niamey
|
57
|
Carte 3.2
|
Localisation du centre de Niamey
|
60
|
Carte 3.3
|
Les zones attractives de Niamey
|
61
|
Carte 3.4
|
Les etapes de la croissance de Niamey
|
63
|
Carte 3.5
|
Quartiers périphériques, quartiers isolés
|
73
|
Numéros des photos
|
titre des photos
|
Pages
|
Photo 2.1
|
Véhicules en stationnement et en circulation à
Niamey
|
42
|
Photo 2.2
|
Car rapide à Dakar
|
44
|
Photo 3.1
|
Minibus faba-faba en stationnement
|
71
|
Photo 3.2
|
Un bus de la SOTRUNI en janvier 2006
|
72
|
|