III.3 - Les équipements et installations de
ventes
La halle est le premier équipement et souvent le seul,
ayant été construit sur la plupart des marchés centraux en
Afrique et dont la grande majorité date de la période coloniale.
A Libreville, la halle qui a donné suite au marché de
Mont-Bouët est constitué un ensemble de galeries et à
laquelle se sont ajoutées des annexes et des pavillons. Cette
dernière traduit les projets d'urbanisme et politique affirmé par
les dirigeants de l'époque.
Dans la ville, le marché est le lieu
d'approvisionnement tant en produits vivriers qu'en produits issus de
l'artisanat local, en bien et en services. Au marché de Mont-Bouët,
la mesure et la qualité du parc bâti sur le marché est
relativement homogène, selon que l'on se trouve sur un équipement
planifié ou spontané.
- Le parc bâti de type « centre commercial »
ou planifié
De type ancien et de taille réduite, il a
été implanté avant les grandes extensions qu'a connues par
la suite le marché. Il est structuré et plus ou moins bien
"organisé", le manufacturé domine en nombre de
commerçants, les activités de stockages, de gros et de demi-gros
dans le vivrier y sont réduites. Densément bâti, les
boutiques et hangars en dur y sont représentés. Aujourd'hui, le
bâti d'origine tant à disparaître sous le nombre
d'équipements et d'installations mobiles qui occupent les espaces de la
voirie et tous les interstices disponibles.
- Le parc bâti de type « zone » ou
spontané
Il s'est implanté sur des terrains vagues et dont les
limites n'ont jamais été définies à l'origine. Il
s'est développé par adjonction des hangars bricolés en
matériaux de récupération et d'installations
précaires. Très vite rattrapé par l'urbanisation il est au
coeur des quartiers d'habitat très peuplés qui entourent le
marché de Mont-Bouët (Akébé, Petit-Paris,
Mont-Bouët, la Peyrie, la Sorbonne, etc.). De nombreuses activités
commerciales ont investi le périmètre adjacent au marché
et de nombreux bâtiments à usage d'habitation sont
transformés en entrepôts et en magasins.
Cette dualité du bâti sur le marché de
Mont-Bouët est le reflet de la division entre commerces « riches
» (produits manufacturés) et commerces « pauvres »
(alimentaire, vivrier, artisanat, friperie, etc.) qui commande à
l'organisation spatiale sur le marché.
![](Logiques-d-amenagement-d-un-marche-urbain-ou-construction-du-risque-environnemental-L-exemple-du63.png)
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III.3.1 - Typologie des installations
L'hétérogénéité des
installations de vente semble à première vue, caractériser
les marchés urbains africains. Un examen plus attentif montre qu'en
fait, on retrouve toujours les quatre mêmes grandes
caractéristiques d'installation de vente, dont le degré
d'équipement est directement fonction du niveau de revenu du commerce
considéré. Cette typologie, classée par niveau
d'équipement, on distingue : les bâtiments clos (boutiques ou
magasins), les installations délimitées par quatre poteaux
couvertes ou non (hangars), les tables et les étalages au
sol33. Mont-Bouët n'y échappe pas.
- Installations fermées : boutiques ou magasins
Les boutiques et/ou les magasins sont des installations
à usage commercial ou de service construites presque toujours en dur
pour certains et pouvant être hermétiquement fermés,
situés dans le bâtiment principal (la halle centrale et ses
annexes) ou dans des bâtiments privés. C'est par excellence la
boutique du grossiste ou du détaillant de produits manufacturés
et de certaines catégories d'artisanat du secteur "moderne" (tailleurs,
réparateurs divers, articles de bonneterie, articles de maison, bazar,
chaussures, vêtements homme femme et enfant, etc.) qui ont à
Mont-Bouët pignon sur rue. On trouve aussi dans les boutiques, des
commerces de généralité alimentaire (riz, farine, sucre,
etc.) ou d'équipements et d'ameublement ménager ou encore de la
grande distribution.
Les surfaces de ces installations peuvent varier de 10
à plus de 40m2 et selon les époques de construction.
Les magasins de grossistes de produits importés
(télévision, hi-fi, électroménager, etc.) sont
presque toujours construites en dur, tandis que celles des grossistes de
produits vivriers locaux, des vendeurs de bois et charbon de bois sont
bâtis en tôles et en bois ou en matériaux locaux.
A Mont-Bouët, les installations qui produisent le moins
de déchets et dont l'aspect architectural est assez présentable
ont été disposés à la périphérie du
marché, parallèlement à ses principales voies de
circulation (le Boulevard des Frères Bruchard et de la Rue Bivouli). Ces
bâtiments occupent en bordure de ces artères, une étroite
bande large de 20m.
Bien que la Rue Bivouli et le Boulevard des Frères
Bruchard ne soient pas les seules limites du marché, (carte n° 2)
ils concentrent néanmoins sur leurs bordures la majorité des
bâtiments à usage commercial. Tout au long de la petite voie
dénommée « un peu de tout » passant devant la
pharmacie de La Peyrie.
33 L. Wilhelm, « Les Circuits d'Approvisionnement
Alimentaire des Villes et le Fonctionnement des
Marchés en Afrique et Madagascar », FAO, 1997.
![](Logiques-d-amenagement-d-un-marche-urbain-ou-construction-du-risque-environnemental-L-exemple-du64.png)
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- Installations délimitée par 4 poteaux
Ce type d'installation peut-être éventuellement
fermée sur certains côtés, mais n'est pas close et consiste
essentiellement en une ouverture. Il s'agit du hangar soit individuel, soit
construit en travées de plusieurs unités. D'une manière
générale à Mont-Bouët, le hangar est le lieu
d'installation des marchands d'articles vestimentaires et de l'artisanat local
(vannerie, poterie, maroquinerie, etc.).
Le hangar est sur le marché l'installation la plus
évolutive. Il représente la première étape dans la
stratégie d'occupation du sol pour affirmer un droit trop menacé
à un emplacement sur le marché ; on assiste alors à la
transformation par des jeux de "revente" et/ou de "cession" d'emplacements, en
hangars et delà en boutique. Il peut s'agir enfin d'une installation
provisoire pour un commerçant le temps de trouver les fonds qui lui
seront nécessaires pour la construction d'une future boutique.
- Table ou stand
C'est l'installation de tous les petits détaillants et,
par excellence celle des vendeurs de produits vivriers frais (bouchers et
poissonniers ambulants, vivrier local, etc.), installation sur laquelle sont
exposées les diverses marchandises. Installations sommaires construites
sur les accotements des rues adjacentes au marché.
Elle peut être fixe (étale
maçonnée) ou non, couverte ou non, isolée ou
disposée en rangées solidaires (étales couvertes). La
table type est individuelle généralement faite de bois et
très souvent couverte par un parasol, une natte ou quelques tôles
pour les plus sédentaires.
L'emplacement moyen de la table (installation et vendeur
compris) varie entre de 2 à 6 m2. Les étales couvertes
sont souvent construites par ensemble de 2 ou 4 emplacements.
- Étalage au sol et invasion des trottoirs
La marchandise est présentée à même
le sol ou dans divers contenants (cuvettes, brouettes, paniers, nattes, etc.).
Le commerçant(e) et sa marchandise sont couverts ou non par un parasol
ou tout autre objet pouvant servir de toiture, improvisée et
fixée à des supports attenants. A Mont-Bouët comme dans la
plupart des marchés en Afrique ce type d'installation est celle
privilégié par les ambulants et les vendeurs à la sauvette
installés sur les rues et les trottoirs jouxtant les alentours
immédiats du marché.
L'étalage au sol est aussi le mode approprié
d'exposition pour éventail de produits alimentaires ou non :
![](Logiques-d-amenagement-d-un-marche-urbain-ou-construction-du-risque-environnemental-L-exemple-du65.png)
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- Produits vivriers vendus ou revendus au détail sont
en grande majorité issus du terroir africain : (igname, piment, poisson
séché, pâte d'arachide, graine, huile rouge,
attiéké, tubercule de manioc, de taro, feuille de manioc, de
taro, banane plantain, atangas, oignons, gombos, tomates fraiches, citrons,
condiments pour la cuisine (oignons, aubergine, riz, sel, oeuf, farine, etc.))
;
- Produits de l'artisanat local (nattes, poteries, couteaux,
machettes, daba, houes, etc.) ;
- Produits encombrants et salissant du type matériaux
de construction, bois de chauffage, de construction, charbon de bois.
Sur le marché, il existe quatre zones de concentration
autour du marché de Mont-Bouët : la Rue Sergent Bivouli à
l'Ouest, avec plus de 242 vendeurs, Les Jardins de la Peyrie, avec plus de 357
commerçants, de la "Tour"34 aux abords du Carrefour
Léon Mba on compte plus de 168, et de la "Tour" à la
Gare Routière on en dénombre plus de 32835. C'est dire
que se sont développées autour et même au-delà du
marché des secteurs d'activités secondaires qui sont sous
l'emprise direct de Mont-Bouët.
L'étalage au sol et l'invasion des trottoirs se
rencontre en grand nombre et surtout le long des rues Sergent Bivouli, d'"un
peu de tout", de l'Évêque Ndong, le Boulevard des frères
Bruchard et les axes menant au Carrefour Léon Mba, à la Gare
Routière, au Parc d'attraction de la Peyrie, à la Poste
d'Akébé et au Stade Omnisports de Libreville.
Les tables individuelles et les étalages au sol ont
dans presque tout le marché, envahi progressivement tous les espaces
interstitiels. Leur prolifération sur les voies de circulation internes
et externes au marché soulève de gros problèmes
d'organisation, d'entretien et de nettoyage.
34 Local situé au carrefour du marché,
exclusivement occupé par la police nationale et la police
municipale.
35 Inspection Générale des
Marchés et Services de Recouvrement.
![](Logiques-d-amenagement-d-un-marche-urbain-ou-construction-du-risque-environnemental-L-exemple-du66.png)
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Image n°6 et n°7 :
échantillon de produit commercialisé
![](Logiques-d-amenagement-d-un-marche-urbain-ou-construction-du-risque-environnemental-L-exemple-du67.png)
Une vue partielle de certaines denrées alimentaires
à dominantes de légumes et d'assaisonnements. Parmi les produits
exposés, nous avons des légumes, des oignons, de la tomate, de
l'aubergine, de l'ail, des compléments pour la cuisson, du poison
fumé etc.
Rue Sergent Bivouli.
Cliche : Régis Arnaud MOUNDOUNGA, novembre
2007.
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