2.2. LE PROFIL DE LA PAUVRETE AU CONGO
2.2.1. Pauvreté monétaire
Actuellement, dans les pays en voie de développement,
les analyses de la pauvreté portent essentiellement sur la
pauvreté monétaire, souvent mesurée par la consommation
finale des ménages.
Selon l'enquête ECOM 2005, il ressort que la
pauvreté monétaire touche 42,3% de ménages congolais. Son
ampleur est plus marquée dans les milieux semi urbains (55,1%) et en
milieu rural (49,2%). Le niveau de la pauvreté est assez
élève en milieu urbain (Pointe Noire avec 23,5%, autres communes
avec 41,5% et à Brazzaville où il atteint en tout 45%.
Au niveau des individus, on note que sur une population totale
estimée à 3 551 550 Habitants en 2005, 1 779 300 personnes vivent
en dessous du seuil de pauvreté, soit un ratio de pauvreté de
50,1%7, c'est-à-dire que la moitié de la population
congolaise vit dans la pauvreté.
L'examen des indices de l'intensité de la
pauvreté indique que le revenu moyen qu'il faudrait donner aux pauvres
pour les amener au niveau du seuil de pauvreté est important dans le
milieu semi urbain (26%) relativement moins à Brazzaville et dans le
milieu rural (17%), assez faible à Pointe Noire (15%).
Globalement, il ressort que les femmes chefs de ménage
sont relativement plus pauvres (45,3%) que les hommes (41,5%) et vivent dans
une situation un peu plus précaire. Les pauvres sont identifiés
principalement dans le groupe des chefs de ménages ne justifiant d'aucun
niveau d'instruction ou d'un niveau d'études primaires. L'on constate
par ailleurs que le niveau de vie des ménages s'améliore avec
leur niveau d'instruction.
2.2.2. Pauvreté non monétaire
L'approche non monétaire appréhende la
pauvreté à partir de la perception que s'en fait le chef de
ménage ou son conjoint. Elle traduit les difficultés liées
aux conditions de vie, aux stratégies adaptatives et aux actions
prioritaires pour lutter contre la pauvreté.
L'analyse de la pauvreté non monétaire au Congo
a permis d'évaluer l'ampleur de la pauvreté subjective et de la
corruption. Il ressort que le manque de travail,
7ECOM 2005 p.91
La pauvreté multidimensionnelle des enfants et des femmes
en république du Congo : rapport UNICEF 2008 DSRP 2008-2010 p.18
-' 33 -'
la mauvaise gestion des biens publics et l'insuffisance ou la
baisse des revenus notamment les salaires et les prix des produits agricoles
représentent les principales causes de la pauvreté dans les
ménages. Ces résultats montrent à l'évidence que
l'accès à l'emploi, la bonne gouvernance et la création
des emplois sont des pistes à exploiter pour améliorer les
conditions de vie des ménages.
L'analyse de la pauvreté non monétaire
présentée ici s'articule autour de huit dimensions ou domaines
à partir desquels seront analysées les privations auxquels les
individus sont astreints. Il s'agit des domaines : monétaire,
éducation, nutrition, santé, travail, eau et assainissement,
habitation et enclavement. Ce choix est appuyé pour l'essentiel sur les
OMD. Ainsi dans le tableau ci-dessous se présente l'incidence de la
pauvreté dans chaque domaine cité.
Tableau n°3 : Congo : incidences de
pauvreté dans les différents domaines
Nutrition 42,9 43,7 43,6 40,8
population (%) 100 46,2 28,6 25,2
Domaines
Monétaire 50,7 53,71 47,8 46,2
Habitation 58,7 61,6 57,4 54,8
Education
Travail 21,0 5,64 28,3 24,5
Eau et
assainissement
Enclavement
Santé
Prévalence (pourcentages lignes)
37,9
60,23
67,5
32,1
Population
Enfants
52,52
60,9
69,9
33,8
Femmes adultes
36,7
58,5
66,1
34,6
Hommes adultes
21,2
26,4
60,5
64,9
Source : Etude
pauvreté multidimensionnelle à partir des résultats de
l'ECOM 2005, UNICEF 2007
2.2.2.1 8Au niveau alimentaire
Pour la majeure partie de la population congolaise, le droit
à l'alimentation n'est pas encore garanti. Les indicateurs sur le profil
de pauvreté au Congo relèvent que 50,7% de personnes vivent en
dessous du seuil d'un dollar par jour et que
8Rapport : république du Congo-Brazzaville
état des lieux sur le droit à l'alimentation ECOM 2005
--' 34 --'
1/3 de la population souffre de faim. Selon le rapport de la
république du Congo au sommet mondial de l'alimentation tenu en juin
2002, le nombre de personnes sous alimentées s'élevait à
900000 individus en 1996. Puis 140000 en 19981999 suite aux guerres
répétitives. En l'an 2000, ce taux est redescendu à 800000
personnes environ. La malnutrition est très manifeste auprès des
couches les plus vulnérables (enfants, femmes enceintes, personnes de
troisième âge, ménages à bas revenu) et se traduit
par un faible poids à la naissance qui affecte 13,3% des nouveaux
nés.
Ainsi, le Congo se trouve en deçà des
recommandations du comité mixte OMS/FAO pour l'Afrique soit 2400
kilocalories, 70 grammes de protéines et 12%
kilocalories/protéiniques/personne/jour contre respectivement 2393
kilocalories, 59 grammes et 9% kilocalories protéiniques/personne/jour
pour le Congo.
Au niveau sanitaire, au Congo, les indicateurs
démographiques et de santé sont préoccupants. La
santé de la population est caractérisée par une importante
mortalité maternelle, néonatale, infanto-juvénile et par
une morbidité élevée. Le Congo comptait au total 1712
formations sanitaires (publiques et privées), selon la carte du
ministère de la santé et de la population en 2006. Ces formations
sanitaires sont reparties de la manière suivante : 34,8% en milieu
urbain et 16,1% en milieu rural et 17,8% des formations sanitaires publiques
étaient fermés par manque d'équipements et de personnel.
Les formations sanitaires privées représentent 50,2% et sont
installées principalement à Brazzaville et Pointe noire.
En effet, de 2002 à2006, les effectifs du personnel de
santé toutes catégories confondues, sont passés de 941
à 5130 agents, soit une augmentation de 46%, qui ne couvre
malheureusement pas les besoins sanitaires de l'ensemble des populations du
Congo et notamment de Brazzaville.
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