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Développement local et population. Quelles participations? Cas du département de grand-Bassam.

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par Topra Guy Venance GNAKO
Université Félix Houphouet Boigny - Abidjan- Cocody - Maîtrise de recherche 2012
  

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3-1-2- Présentation des résultats qualitatifs

La présentation des résultats qualitatifs va consister à faire une analyse de contenu des différents entretiens que nous avons eu avec les populations, les responsables de communication des collectivités territoriales et les élus. Il s'agira, dans cette analyse de contenu, de regrouper les questions de façon thématique afin de les présenter.

Tous les entretiens que nous avons eu à faire est disponible dans l'annexe 5,6 et 7.

Connaissance des collectivités territoriales

De façon générale, les populations ont une vague connaissance des collectivités territoriales et de leur rôle:

Cour royale de Bonoua : « oui, je connais le conseil général, mais son rôle, personnellement, je n'ai aucune idée. »

Fédération des femmes : « oh, vaguement »

Plate forme des ONG : « nous connaissons plus ou moins le conseil général. »

Par contre le rôle de la maire est un peu plus connu surement par sa proximité avec les populations :

Plate forme des ONG : « la mairie nous connaissons mieux car avec elle, nous avons mené des activités. »

Le véritable problème se pose dans la confusion au niveau des compétences dévolues à chaque entité décentralisée. Les populations n'arrivent pas à établir une ligne de démarcation entre les compétences du conseil général et celles de la mairie.

Royauté de Moossou : « Nous en avons entendu parlé, il y a eu des élections, mais quand il s'agit de réaliser des projets, on nous dit que Moossou n'est pas sous la compétence du conseil général, cela fait que nous n'avons pas trop de rapport avec le conseil général. »

Association des jeunes : « ils ont pratiquement le même rôle, la mairie pour la ville et le conseil général pour les villages. »

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Sensibilisation et formation des populations, des responsables de
communication et des élus

La sensibilisation et la formation de tous les acteurs (populations, responsables de communication, élus) aux principes du développement local et da la décentralisation est un élément important pour la réussite du développement local. Les entretiens que nous avons menés montrent que la sensibilisation et la formation des acteurs sont le maillon faible dans la chaine de mise en oeuvre du développement local.

Les populations ne sont pas assez sensibilisées sur la politique de décentralisation. Les énoncées suivants nous le montre :

Royauté de Moossou : Nous avons été conviés aux assemblées générales annuelles du conseil général mais à part ça nous n'avons jamais assisté à une réunion ou une conférence sur le développement local.

Association des jeunes : Oui, une réunion sur la décentralisation au ministère de la jeunesse. Le thème était ... (hésitation) je pense que les collectivités locales et jeunesse : quel rôle quelque chose comme ça.

Plate forme des ONG : De façon générale non, nous n'avons jamais assisté à une conférence, un séminaire qui avait pour objet la décentralisation ou le développement local.

La question de la formation se pose également au niveau des responsables de communication des collectivités territoriales et des élus du département de Grand-Bassam.

Responsable communication Conseil général : Malheureusement nous n'avons pas eu de formation depuis que nous sommes là, nous avons participé à des rencontres mais pas de formation.

Responsable communication Mairie de Grand-Bassam : Nous avons fait des demandes dans ce sens mais les décisions n'ont pas encore été prises.

Maire de Bonoua : Nous avons eu une séance de formation à la demande du conseil municipal et pendant deux (2) jours. Les gens nous ont entretenus sur les attributions du conseil municipal. Nous avons eu une seule formation.

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Les outils de communication utilisés par les collectivités territoriales

Les entretiens montrent que les collectivités territoriales du département de Grand-Bassam utilisent une gamme variée d'outil de communication. Selon les populations nous avons les courriers, le téléphone, le bouche à oreille, les radios de proximité.

Les élus et les responsables de communication ajoutent à cette liste internet et les journaux édités par les collectivités elles même.

Prise en compte des besoins des populations

L'un des principes du développement local, c'est permettre aux populations de définir ses besoins et d'y apporter des solutions. Cela passe nécessairement par la mise en place d'une bonne politique de communication. Les populations à travers les entretiens montrent que ce grand principe du développement local n'est pas mis en pratique. En effet, les projets prioritaires des populations n'ont quasiment pas été pris en compte par les gouvernants locaux :

Royauté Moossou : C'est l'ouverture de l'embouchure. Si l'embouchure est ouverte vraiment... maintenant on nous parle de l'autoroute Abidjan-Bassam. On ne nous a jamais invités à parler de l'ouverture de l'embouchure. C'est une fois il y a eu une enquête environnementale sur l'autoroute organisée par une structure mais pas la mairie ou le conseil général.

Royauté des N'zima Kôtôkô : Le gros projet qui nous tiennent à coeur c'est l'ouverture de l'embouchure. Mais il faut bien ouvrir pour ne pas qu'il ait des dégâts. Le ministre de l'environnement nous a annoncé le début des travaux. Donc on pense que si s'est bien fait avec des granites et autre, cela peut faire reculer la mer, parce que si ça continue de ronger la terre nous pouvons être délogés d'ici. Nous avons discuté de cela avec la mairie mais pas le conseil général.

Fédération des femmes : Nous avons un projet qui nous tient à coeur. C'est un projet sur l'alphabétisation. Puisque une étude montre que 80 % des femmes de Grand-Bassam sont analphabètes. Notre souhait serait d'avoir un centre d'écoute pour les femmes où sera logé un centre d'alphabétisation.

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Nous avons discuté de cela avec la mairie, nous avons fait une stratégie de communication que nous avons déposée à la mairie. D'entrée de jeu, ils sont partants. Mais comme on connait les problèmes des mairies et des collectivités de Cote d'Ivoire, c'est un problème de moyens, on nous oppose toujours les moyens.

Association des jeunes : Nous avons de multiples projets qui nous tiennent à coeur. Avec le président du conseil général nous avons parlé d'une grande ferme où les jeunes pourraient se prendre en charge. Avec la mairie aussi nous parlons aussi de nos projets, mais vous savez ici tout est politisé donc c'est difficile. Par exemple dégagé 10 à 15 million pour la jeunesse afin de se prendre en charge, ça parait un gros chiffre, mais pour moi ce n'est rien. Pour la jeunesse on peut le faire.

Les élus estiment qu'ils prennent en compte les besoins des populations, le problème se situe au niveau des priorités et des fonds disponibles :

Maire de Bonoua : Au fait, à la fin de l'année nous allons vers les villageois, nous avons trois quartiers et dans les échanges ils nous font part de leurs besoins. Après ça, nous rencontrons les jeunes. Nous avons plusieurs sous quartiers où nous avons mis les jeunes et nous les rencontrons sur leur base et là également ils peuvent nous faire des doléances. Les conseillers également vont dans les différents quartiers où ils habitent, ils reçoivent des besoins exprimés par la population. Après ça le conseil se réunit, on met ensemble les besoins exprimés par les uns et les autres et on choisit les projets par priorité.

Participation à l'identification des projets de développement

Les populations dans leur ensemble, sinon celles que nous avons interrogé estiment qu'elles ne sont pas associées à la phase d'identification des projets de développement et elles l'expriment clairement :

Royauté de Moossou : ça vraiment, ils ne nous ont jamais consultés, mais les projets qu'ils réalisent sont dans l'intérêt des populations donc nous n'avons pas à discuter.

Royauté de Bonoua : S'ils nous invitent, nous venons mais généralement les programmes de développement ne sont pas soumis à l'appréciation de la notabilité. Ni au niveau de la mairie ni au niveau du conseil général. Chaque

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année, le conseil général fait un projet de développement de la région alors ils invitent la notabilité pour demander leur avis, mais le plus souvent notre avis n'est pas pris en compte. Même quand le travail est mal fait qu'on les interpelle ils ne reprennent pas. Cela fait que les projets ne durent pas. Donc généralement après cinq ans on ne peut pas faire le bilan parce que toutes les réalisations sont abimées.

Royauté des N'zima Kôtôkô : au choix des projets ? Nous n'avons jamais été associé à quelque chose, que ce soit la mairie ou le conseil général. La preuve c'est qu'aucun jeune du quartier France n'a eu à bénéficier de quoi que ce soit.

Fédération des femmes : Je peux dire oui, surtout au niveau de la mairie, la mairie décline tout ce qu'elle veut faire, donc on peut dire que nous sommes associés.

Association des jeunes : Du coup je dis non, ils arrivent avec leur programme, vous aussi, vous avez vos projets et à un moment donné vos idées divergent. Quand vous insistez trop ils pensent que vous les combattez donc nous sommes moins associés. Les élus nous donnent des projets tout faits. Non, il ne faut pas penser à la place des jeunes, c'est ça qui fait la collectivité territoriale [....] Aujourd'hui il y a des jeunes qui font des projets de savons et autres, mais ce ne sont pas leur projet de coeur, c'est la mairie qui l'a initié et a choisi des jeunes à installer. Comme chacun cherche un peu de pain, des jeunes l'ont accepté, donc dire que nous sommes associés, je dis non. C'est vrai, avant on donnait de l'argent aux jeunes et certains fuyaient avec. Mais aujourd'hui, qu'on laisse les jeunes concevoir leur projet et ils suivent. C'est ce qu'il faut faire au lieu de penser à la place des jeunes.

Mais les élus et les responsables de communication énoncent un avis contraire. En effet, pour eux, les populations sont parfaitement associées à toutes les phases des cycles de projet :

Maire de Bonoua : Comme je l'ai dit, chaque quartier exprime ses besoins, les jeunes aussi. Nous organisons également des réunions à la mairie où la population est invitée, là également, ils nous font des propositions de projet que nous prenons en compte par rapport à nos moyens financiers.

Responsable communication du Conseil Général : Cela dénote d'une vision, ailleurs ça ne se fait pas mais de plus en plus ça devient important. Ce sont les

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populations qui savent ce qu'il faut pour elles. Je vous explique un cas, nous sommes allés dans un village où l'accès est difficile, l'accès se fait par pirogue. Tout de suite quand nous sommes arrivés, nous avons projeté fait un pont pour désenclaver le village, le dossier était avancé mais après les populations nous ont approché pour dire que le pont est bon mais leur besoin réel n'était pas un pont mais l'électrification.

Responsable communication de la Mairie de Grand-Bassam : Comme je le disais, je me souviens qu'il y a un groupe de femmes qui voulaient être formées à la fabrication de savons, c'est leur besoin qu'elles ont fait monter au niveau du conseil municipal et c'est le conseil qui a trouvé des formateurs. D'une façon ou d'une autre les populations sont impliquées dans l'identification des projets. Le maire met en oeuvre les projets en fonction des priorités des populations. Si les gens disent qu'ils veulent une école alors que le conseil a prévu l'électrification, tout de suite on réalise l'école. Le maire reçoit les demandes des populations.

Les positions totalement antagonistes exprimées par les populations et les gouvernants locaux montrent si besoin en était qu'il se pose un véritable problème de communication.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway