III.4. Une chasse étendue sur toute
l'année
Dans l'interzone, la chasse se déroule pendant toute
l'année même si elle est plus prolifique pendant la saison de
pluie. Selon les villages, la période de chasse est plus ou moins longue
et est comprise entre le mois de mars et celui de décembre lorsque la
pluie permet de repérer les traces du gibier pour poser des
pièges à collet. La chasse à fusil se pratique tout le
long de l'année sans interruption malgré l'existence d'une
période de fermeture de chasse qui va du 1er décembre au 30 juin.
La chasse villageoise outre les raisons alimentaires, est basée sur le
fait qu'elle constitue aussi une source de revenus aux populations locales.
D'après notre enquête de terrain, 34 personnes soit 53 % chassent
toute l'année. Ils ont quotidiennement besoin de la viande dans leur
ration alimentaire. Il est impossible à un Baka de passer une semaine
sans manger de la viande. A propos de la consommation de la viande de brousse,
un autochtone rencontré à Ngoyla nous a répliqué,
« vous pensez que nous mangeons trop le gibier parce que vous qui
venez de la ville, vous variez viande de porc, de boeuf, de poulet, poisson et
autres, alors que nous n'avons que du gibier comme source de
protéine. Nous sommes donc obligé de chasser toute
l'année même si le gibier est rare en saison sèche.
» Ceux qui disent qu'ils ne chassent pas toute l'année, affirment
qu'en saison sèche ils font plus la pêche.
La chasse dans notre zone d'étude se déroule
aussi bien le jour que la nuit. D'après les études
réalisées sur le terrain, les moments où les personnes
enquêtées vont à la chasse sont représentés
à travers le graphique ci-après.
40
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35
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25
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20
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35
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15
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27
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10
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5
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0
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2
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Nuit Jour Nuit et jour
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Effectifs
Source : Enquête de terrain, 2011
Figure N°16 : Les moments de chasse
quotidienne.
Il ressort de ce graphique que 55 % des personnes
enquêtées chassent uniquement le jour. Ceux qui chassent le jour
et la nuit représentent 42 % et 3 % chassent uniquement la nuit. Pendant
la nuit la chasse se fait à l'aide des torches et des fusils. La chasse
nocturne est
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formellement interdite mais elle permet aux populations de
prélever les espèces comme le
céphalophe.
La chasse dans l'interzone n'obéit pas toujours aux
normes définies par la loi au Cameroun. Elle utilise de plus en plus les
techniques interdites par la législation régissant la faune. Les
périodes de chasse ne sont pas aussi respectées ; mais ceci est
dû au fait que les produits de la chasse constituent leur principal
source de protéines animales. La chasse des espèces
protégées est aussi relevée dans la zone. Ce qui nous fait
penser de prime abord que cette chasse n'est pas compatible avec conservation.
Cependant, la pratique de la chasse dans notre zone d'étude
bénéficie des atouts qui sont la faible densité des
populations, l'abondance des ressources et l'enclavement. C'est sans doute ce
qui avait poussé le MINFOF à conclure que « le manque de
voies de communication a préservé le potentiel biotique de la
zone du point de vue biodiversité » MINFOF, (2004). Ces deux
facteurs réduisent les pressions des populations sur la faune, rendent
cette activité compatible pour l'heure et permettent aux animaux de se
reproduire. Mais le développement de nouvelles infrastructures et
l'arrivée des populations en quête du travail dans les
différents sites miniers pourraient porter préjudice à
cette ressource.
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