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Ethnicité et pouvoir politique en côte d'Ivoire.

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par Harkité Hippolyte SIB
Université Générale Lansana Conte/Conakry - Master II 2015
  

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SECTION IV: LAURENT GBAGBO LE REFONDATEUR (2000-2010)

La politique, dite de "refondation", est fortement teintée de socialisme, de nationalisme identitaire et d'anticolonialisme, particulièrement à l'égard de la France. Venu à la présidence en Novembre 2000, D'après Human Rights Watch:

Laurent Gbagbo a, pendant son mandat, considérablement favorisé les groupes ethniques lui étant loyaux, au détriment des autres groupes ethniques du pays. Il use des concepts d'ethnicité et de citoyenneté dans le but de stigmatiser les Ivoiriens du Nord ou les immigrés d'Afrique de l'Ouest, qui sont alors considérés comme des « étrangers » dangereux par les partisans de Laurent Gbagbo, alors même que ces personnes ont passé

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Mémoire de Master 2. Thème : Ethnicité et Pouvoir Politique en Côte d'Ivoire.
SIB Harkité Hippolyte. hyppolytesib@gmail.com . Année académique 2013-2015.

toute leur vie en Côte d'Ivoire, souvent dans des villes du Sud comme Abidjan, très éloignées de leur région ethnique d'origine.

La corruption, implantée depuis longtemps dans le pays, s'amplifie sensiblement notamment dans la filière café-cacao, dont la libéralisation profite finalement aux « barons » et à leur entourage et non aux producteurs. De nombreuses actions sont entreprises sans aucun contrôle de la part de l'Etat Ivoirien, les pots-de-vin sont également devenus monnaie courante au sein des services publics ivoiriens.

C'est sous les Refondateurs idéologues du changement sous l'administration Gbagbo, entre 2000 et 2010 que les planteurs de café et cacao ont été dépouillés de tous leurs revenus au profit d'aigrefins, que la corruption a totalement gangréné notre tissu social. (Slate Afrique ; 2012).

C'est dans ce contexte socio-économique que le 19 septembre 2002 des soldats se rebellent, contre le Président Laurent Gbagbo et attaquent des villes. La situation tourne rapidement à un conflit entre le Sud tenu par les militaires Kru et Akan favorables au gouvernement et le Nord tenu par les rebelles issus des groupes Mandé, Voltaïque et une minorité Akan. Les trois rebellions, MPCI, MJP et MPIGO coalisent en FAFN portant à sa tête Guillaume Soro (2005).

C'est ainsi que les FAFN lancent une offensive sur les principales villes du pays. Malgré leur échec aux portes d'Abidjan après d'intenses combats, les FAFN sont parvenues à prendre la moitié du territoire. Les positions se figent. Les FAFN occupent ainsi le Nord, le Centre et l'Ouest de la Côte d'ivoire et les Force de Défense et de Sécurité (FDS) restés fidèles au Président Laurent Gbagbo occupent quant à eux le Sud et l'Est du pays.

Cette violence politico-militaire sur fond ethnique engendre dans les universités publiques ivoiriennes des violences et des exactions, en particulier de la part de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (FESCI), devenue une milice « galaxie patriotique » au service du pouvoir en place avec à sa tête Charles Blé Goudé.

Les populations du Nord se sont ralliées au mouvement de rébellion parti du Nord. L'insurrection armée va générée d'énormes troubles dans la population. Les populations étrangères en Côte d'Ivoire et celles du Nord en sont les premières victimes. Près d'1.300.000 personnes dont 600.000 à 700.000 ont été déplacées suites aux troubles.

Le ressentiment envers la population émigrée s'exprime de nouveau au grand jour. Les FDS, l'armée loyaliste, se sont rendus coupables d'exactions répétées, tant contre les rebelles capturés

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que contre la population civile, notamment lorsque cette dernière est accusée d'être étrangère. Au moins 150.000 Burkinabés, 60.000 Guinéens, 45.000 Libériens et 40.000 Maliens ont été contraints de quitter le territoire.

Après la médiation régionale sous l'égide de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), la France s'est retrouvée de nouveau aux avant-postes. Une table ronde à Linas-Marcoussis réunit du 15 au 24 janvier 2003 les principaux partis en conflit. Les deux points clivant de la société ivoirienne ont été bien sur au centre des débats avec la question de la nationalité, la mise en place d'un recensement des populations et la fin des pratiques administratives discriminatoires à l'encontre des populations du Nord.

Le 6 Novembre 2004 Président Laurent Gbagbo lance l'opération dignité. Des avions de type Soukhoï 25 et les hélicoptères MI-24 bombardent les villes de Man et Bouaké sous le commandement des FDS. Ces bombardements font état de neuf morts parmi les soldats français. En riposte, l'armée française détruit la flotte aérienne des FDS. Le mandat du Président Laurent Gbagbo prenant théoriquement fin en 2005 sera repoussé d'année en année jusqu'en 2010.

Cependant de nombreux accords ont été signés pour résoudre cette crise. Ce sont les accords d'Accra I, II et III, l'accord de Pretoria, la résolution 1633 du Conseil de sécurité des Nations Unies adoptée le 21 octobre 2005, la résolution 1721 du Conseil de sécurité des Nations Unies adoptée le 1er novembre 2006 et l'Accord de Ouagadougou.

C'est à l'issue de l'accord de Ouagadougou le 29 Mars 2007, que le Président Laurent Gbagbo nomme Guillaume Soro comme premier Ministre. Cet accord stipulait que :

Le Premier ministre, pour l'exécution du mandat, doit disposer de tous les pouvoirs nécessaires, de toutes les ressources financières, matérielles et humaines requises et d'une autorité totale et sans entraves, conformément aux recommandations de la CEDEAO en date du 6 octobre 2006, et qu'il doit pouvoir prendre toutes les décisions nécessaires, en toutes matières, en Conseil des ministres ou en Conseil de gouvernement, par ordonnance ou décret-loi.

Le Président Laurent Gbagbo a favorisé les élections de 2010. Ses décrets ont permis de valider les candidatures d'Alassane Ouattara, d'Henry Konan Bédié du comédien Adama Dolo. Ainsi, le 4 août 2010, bien que n'étant pas officiellement lancée, la campagne électorale avait commencé.

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Le PDCI-RDA d'Henry Konan Bédié, après sa tournée dans la région des lacs, a envisagé une tournée dans l'ouest. Le parti a appelé les électeurs à voter massivement en vue d'une victoire de leur candidat dès le premier tour. Le candidat Laurent Gbagbo, occupé par ses activités présidentielles, n'entame que tardivement sa campagne. Il profite de ses visites présidentielles pour avancer ses idées. Lors d'une visite à Bongouanou le 6 août, Laurent Gbagbo a affirmé ceci à propos du report de l'élection :

Il y en a qui veulent aujourd'hui travestir la vérité. On n'a pas eu les élections avant 2010 parce que ceux qui voulaient réduire mon mandat ont fait la guerre. (..)Mais j'ai l'appui des chefs traditionnels.

Quant à Alassane Ouattara, candidat du RDR, il boucle sa grande tournée qui l'a amené à Bouaké. Lors d'un meeting le 25 septembre à Ferkessédougou, Alassane Ouattara affirme :

Trop c'est trop, nous ne pouvons pas accepter la pauvreté [...] je suis candidat pour relever la Côte d'Ivoire (...) je suis un digne fils du Grand Nord.

Après la campagne électorale d'Août 2010, le premier tour voit s'affronter quatorze candidats. Laurent Gbagbo, Président sortant et Alassane Ouattara, ancien premier ministre arrivent en tête du premier tour avec respectivement 38,04 % et 32,07 % des voix. Ils distancent Henry Konan Bédié (25,24 %).

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Carte de la répartition ethnique des voies des élections du 31 Octobre 2010

Source : CEI ; 2010

Au second tour des élections, Henry Konan Bédié appelle alors ses électeurs à voter pour Alassane Ouattara. Le PDCI et le RDR fusionnent en Rassemblement des Houphoutétistes pour le Développement et le Progrès (RHDP). A l'issue du second tour des élections, la Commission Electorale Indépendante (CEI) annonce la victoire d'Alassane Ouattara avec 54,1 % des voix contre 45, 90% des voix pour Laurent Gbagbo.

Carte de la répartition ethno-stratégique des élections du 28 Novembre 2010

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Source : CEI ; 2010

Après des affrontements entre les pro-Ouattara et les pro-Gbagbo des témoignages font état de 50 morts et plus de 200 blessés dénombrés au 19 décembre 2010, ainsi que des enlèvements effectués par des bandes armées accompagnées par des éléments des forces de sécurité. La Haute Commissaire adjointe aux droits de l'homme de l'ONU estime que :

173 meurtres, 90 cas de tortures et de mauvais traitements, 471 arrestations, 24 cas de disparitions forcées ou involontaires sont attribuables aux partisans de Laurent Gbagbo en cinq jours seulement.

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Le 18 août 2011, Laurent Gbagbo est inculpé et placé en détention préventive pour « crimes économiques », « vol aggravé, détournement de deniers publics, concussion, pillage et atteinte à l'économie nationale » (Nouvelobs ; 2011).

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