2.1.3.2 La croissance spatiale de la ville
A l'instar, des autres villes d'Afrique subsaharienne, Zinder
connait une croissance spatiale sans précèdent.
Avant 1800, la ville de Zinder se limitait au seul quartier
Birni qui signifie cité fortifiée. Ce dernier qui est le plus
vieux quartier de Zinder abrite le sultanat et l'aristocratie kanouri venu du
Bornou. Durant le règne de Tanimoune, pour des raisons
stratégiques, ce quartier qui constituait la ville à
l'époque, fut entouré par une muraille qui lui servait de
bouclier contre les agressions extérieures notamment celles des
touaregs.
La situation géographique de la ville fait d'elle un
carrefour de routes transsahariennes Alger -Tamanrasset - Agadez en direction
de Lagos (Nigeria) et l'axe du Niger-ouest-Lac Tchad à destination du
Bornou. Ces caravaniers (généralement touareg),
considérés comme des étrangers, reçurent
l'autorisation de rester en dehors du quartier du sultan à quelques
kilomètres pour échanger leurs produits avec les habitants de la
ville. C'est ainsi que fut créé le quartier Zengo (quartier des
étrangers).
Pendant la période coloniale la ville a commencé
à s'étendre en raison de la construction de certains
bâtiments et des résidences des colons. La mise en place de FIDES
(fonds d'investissement pour le développement économique et
social) dans les années 1940 a permis la création des
écoles et de l'hôpital national.
Pendant que Zengo s'agrandissait, un autre noyau se
développait aussi au Nord -Est de celui-ci, C'est le quartier Garin
Malam (village du marabout). Donc, avant l'indépendance la ville
était constituée de trois noyaux : Birni, Zengo et Garin
Malam.
En 1960, les surfaces bâties ont augmenté avec
l'installation de certains services et institutions notamment entre Birni et
Zengo. Les trois noyaux (Birni, Zengo, Garin Malam) tendent à se souder
et en même temps on assiste, au sud de la ville, à la
création de l'aérogare et d'un camp militaire.
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Dans les années 1970, de nouveaux lotissements sont
effectués. Les quartiers Sabongari, N'wala et Dispensaire sont
créés. Les trois noyaux (Birni, Zengo, Garin Malam) se soudent et
forment un tissu urbain continu.
Dans les années 1980, la crise du monde rural a
engendré un exode massif vers la ville. Ces populations rurales ont
créé des quartiers spontanés : Karkada, Chare Zamna,
augmentant de façon significative la population de la ville mais aussi
l'aire urbaine.
Jusqu'en 2001, La superficie de la ville de Zinder a
augmenté au rythme de la croissance démographique. A partir de
cette période, une augmentation remarquable de la superficie
urbanisée est observée. Ce fait s'explique d'une part, par
l'avènement de la décentralisation qui a donné aux
communes une autonomie dans la gestion foncière et la terre est devenue
la source principale de revenu pour les communes ; et d'autre part la mise en
service du champ de captage de Aroungouza qui a permis la levée de la
restriction au branchement qui était de 10 branchements par an seulement
depuis 1986. La ville de Zinder dépasserait de loin ce qu'elle est
aujourd'hui, s'il n'y avait pas cette mesure de limitation de branchement au
réseau d'eau qui a implicitement agi sur le développement de la
ville (Carte n°1).
Un autre facteur important de la croissance spatiale est le
développement horizontal de la ville. En effet, comme les autres villes
d'Afrique, Zinder se caractérise par son développement horizontal
dévoreur d'espace.
L'étalement de la ville pose un problème
important qui est celui de l'extension du réseau. En effet, le
réseau de distribution d'eau potable ne suit pas le rythme de la
croissance spatiale de la ville. Dans plusieurs zones
périphériques, le réseau est faible ou inexistant.
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Carte n°1 : évolution spatiale de
Zinder
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