I-5 les Produits susceptibles de générer
un BLEVE
Nature
|
Température d'ébullition en c°
|
TLS(température limite de surchauffe) en c°
|
Pression à TLS en
bars
|
Ammoniac
|
-33
|
83
|
43,5
|
Dioxyde de carbone
|
-79
|
-6
|
25,5
|
Eau
|
100
|
280
|
62,6
|
20
Propane
|
-42
|
53
|
18,4
|
Butane
|
-1
|
105
|
16,7
|
Ethylène
|
-104
|
-24
|
22,4
|
Propylène
|
-48
|
52
|
21,4
|
Isobutane
|
|
95
|
17
|
Butadiène
|
-4
|
104
|
18,7
|
Cyclohexane
|
81
|
220
|
18,0
|
Diméthyle éther
|
-24
|
78
|
21,1
|
Acide chlorhydrique
|
-85
|
11
|
34,7
|
Chlorure de méthyle
|
-29
|
95
|
30
|
Chlorure de vinyle
|
|
105
|
25
|
Tableau n°1 : quelque produit génère
le BLEVE I-6 les differents types de BLEVE
Birck, Maillette, Ye et Cunningham [6] ont effectué une
série de tests qui ont consisté à exposer des
réservoirs de propane de 300 et 380 litres à des flux thermiques
importants.
Dans ce contexte, en réduisant localement
l'épaisseur et par conséquent la résistance d'un
réservoir, ils ont obtenu un phénomène qui, par ses effets
de pression, par l'apparition d'une boule de feu, et bien que la
température moyenne du liquide soit inférieure à la
température limite de surchauffe, s'apparente à un BLEVE.
Cependant les effets de surpression sont moindres que ceux
obtenus consécutivement à la perte de confinement d'un
réservoir contenant un liquide dont la température est
supérieure à la température limite de surchauffe.
Les auteurs ont choisi d'appeler ce phénomène
BLEVE froid car la température moyenne du liquide était
très inférieure à la température limite de
surchauffe à la pression atmosphérique.
Certains auteurs (Londiche, 1996) [7] suggèrent que des
BLEVE qui se sont produits alors que la température moyenne de la phase
liquide était inférieure à la température limite de
surchauffe du produit concerné, pourraient être expliqués
par des phénomènes de stratification de la phase liquide lors de
l'échauffement du réservoir soumis à un flux thermique
extérieur. C'est ainsi que le liquide aurait bien dépassé,
localement, sa température limite de surchauffe.
Birck, Maillette, Ye et Cunningham [4] ont également
observé des BLEVE à partir de la
rupture de réservoirs contenant du propane à une
température de 54°C, c'est-à-dire supérieure à
la température limite de surchauffe à la pression
atmosphérique de ce produit.
Ce type de BLEVE se développerait en deux étapes
: une brèche apparaîtrait sur le réservoir (sur la partie
la moins résistante, le plus couramment en contact avec le ciel gazeux),
le liquide se vaporiserait de manière explosive dans le réservoir
ce qui repressuriserait violemment ce dernier, et entraînerait sa ruine
totale.
21
Ce mode de rupture est vraisemblablement celui décrit
par Venart (Venart, Rutledge et al, 1993 ; Venart et Yu, 1996) [8] qui propose
une théorie qu'il nomme Boiling Liquid Compressed Bubble Explosion
(BLCBE) et qui suppose :
- la rupture du réservoir,
- la formation et le développement de bulles dans la
masse du liquide contenant des
sites de nucléation,
- le gonflement de la masse diphasique, repressurisation, et
compression des bulles formées,
- une remise sous pression de la rupture initiale du fait du
choc engendré par la compression des bulles formées,
- une violente distribution de la masse diphasique en un fin
aérosol et formation d'une onde de choc,
- et l'inflammation éventuelle si le produit mis en jeu
est inflammable, avec détonation potentielle.
Les auteurs [4] proposent un diagramme résumant les
différents types de BLEVE possibles.
Le diagramme, présenté sur la figure 8 suivante,
reste qualitatif dans la mesure où les influences du niveau de
remplissage du réservoir et de la taille de la rupture initiale sont
encore mal connues et non quantifiées.
22
Corrosion
Impact Mécanique
Fatigue Mécanique
Exposition à un incendie
Construction Défectueuse
Rupture initiale
Perte de
Confinement
La fissure S'arrête
Oui
BLEVE "froid" O
Chute rapide de Pression
Oui
T > TLS
Oui
Vaporisation explosive
Oui
Ebullition violente
Non
Pression > Résistance du réservoir
Pression > résistance du réservoir
Oui oui
Non
Le réservoir Résiste
BLEVE « chaud »
BLEVE
«intermédiaire»
Figure 4 : Diagramme résumant les
différents types de BLEVE possibles
BLEVE recensés par [4] ont une cause commune : une
perte de confinement amenant à la dépressurisation du contenu du
réservoir. Cette perte de confinement peut être notamment due :
Rejet
Diphasique
23
- à l'impact d'un projectile,
- à l'exposition du réservoir à un
incendie,
- à la fatigue du réservoir,
- à de la corrosion,
- à une construction ou à des équipements
défectueux.
Lorsqu'un réservoir est exposé au flux thermique
d'un incendie, sa pression interne augmente alors que sa résistance
mécanique diminue. Ainsi, la rupture initiale se produit
généralement sur la partie du réservoir en contact avec le
ciel gazeux. En effet, cette partie est susceptible de s'échauffer plus
rapidement que la partie du réservoir en contact avec le liquide (les
transferts de chaleur s'effectuant moins bien avec la phase gaz) et les
propriétés mécaniques de l'enveloppe s'y dégradent
donc d'autant plus vite.
Birck, Maillette, Ye et Cunningham (Birck et Cunnignham, 1994)
[9] ont également travaillé sur le déclenchement des
BLEVE. Ils ont ainsi exposé la partie en contact avec le ciel gazeux des
réservoirs de propane à des incendies et à des torches.
Ils ont observé que le processus de ruine du réservoir
commençait toujours par l'apparition d'une fissure ou d'une
brèche, et qu'une fois cette dernière formée, de la vapeur
s'échappait. Ils ont alors noté trois possibilités :
- la fissure s'arrête,
- la fissure se développe conduisant ainsi à une
perte totale de confinement et à un BLEVE froid,
- la fissure s'arrête provisoirement, puis repart pour
conduire à une perte totale de confinement et à un BLEVE chaud ou
intermédiaire.
Il apparaît que la résistance des parois de
réservoir et l'évolution de la pression dans ce dernier sont des
facteurs déterminants pour ce type de phénomènes.
L'évolution de la pression est fonction de la géométrie de
la brèche.
Si la brèche est suffisamment petite, le liquide se
vaporise pour maintenir la pression dans le réservoir. En l'absence
d'incendie externe, l'énergie de vaporisation provient du liquide, ce
qui conduit sa pression d'équilibre et sa température à
baisser, et ce jusqu'à la pression atmosphérique. C'est le
principe de la soupape de sécurité, il y a
auto-réfrigération du réservoir.
L'énergie nécessaire pour conduire à la
perte totale de confinement provient du contenu du réservoir.
L'énergie de la phase vapeur est disponible immédiatement, alors
que celle du liquide n'est disponible qu'après un délai
correspondant à la durée du changement de phase.
En revanche, pour des réservoirs plus
résistants, une dépressurisation peut conduire à une
ébullition plus ou moins violente, voire explosive, susceptible de mener
à la ruine totale du réservoir.
BLEVE "chauds "
On peut introduire ici les résultats des
modélisations de Birck et Cunningham[9] relatives à des BLEVE
chauds. Le modèle qu'ils ont développé table sur les
hypothèses suivantes :
- la pression de réservoir chute jusqu'à la
vaporisation, - la fraction flashée est calculée
adiabatiquement,
24
- le flash est instantané,
- la compression de toute la vapeur dans le volume disponible du
réservoir est isentropique. BLEVE "froids"
SHIELD[5] note, d'après des modélisations, que lors
de BLEVE dits "froids", la moindre surchauffe du liquide à deux
principaux effets :
- il n'y a pas assez d'air entraîné pour permettre
la combustion complète de toutes les gouttelettes d'aérosol
formées,
- des gouttelettes non brûlées sont susceptibles de
retomber au sol et d'engendrer ainsi un feu de flaque.
Le tableau 16 ci-dessous propose une comparaison
synthétique entre les BLEVE "froids" et "chauds" d'après [10]
|
BLEVE "chaud"
|
BLEVE "froid"
|
Instants initiaux
|
1-Température du liquide
initialement au-dessus de la température limite de
surchauffe
2- Le réservoir se rompt localement
3- Formation d'un jet
4- Dépressurisation
5- Remontée en pression du réservoir du fait de
l'ébullition
6- Ruine du réservoir
|
1-Liquide en dessous de la limite de surchauffe
2-Ruine du réservoir due à des Effets
essentiellement mécaniques
|
Durée entre
la rupture initiale et le
rejet à caractère explosif
|
Quelques dixièmes de secondes
après la formation d'une fissure de 20 cm
|
Quelques centièmes de secondes
|
Géométrie du réservoir
après le BLEVE
|
Le réservoir est aplati au sol avec émission
possible de missiles
|
Le réservoir est aplati au sol avec émission
possible de missiles
|
Mode de
rejet
|
Boule de feu classique ascendante
|
Nuage d'aérosol en feu au niveau du sol avec une boule de
feu ascendante
|
Boule de
feu
|
Boule de feu classique ascendante
|
Nuage d'aérosol en feu au niveau du sol avec une boule de
feu ascendante
|
Effets de
surpression
|
Le bruit de l'onde de choc suggère d'importantes
surpressions
|
Apparaissent relativement réduits d'après le niveau
sonore de ce type de BLEVE
|
25
Projectiles
|
De grandes pressions de rupture ont le potentiel d'envoyer des
projectiles sur d'importantes distances
|
Les faibles pressions de rupture limitent probablement la
distance parcourue par les projectiles
|
Conditions nécessaires
|
Liquide chaud et rupture locale afin
de déclencher une explosion par surchauffe
|
Réservoir peu résistant conduisant à sa
ruine totale
|
Tableau n°2 : comparaison entre BLEVE
"chaud" et BLEVE "froid"
|